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  • il y a 1 heure
Ce mercredi 8 octobre, la question d'abandonner la réforme des retraites a été abordée par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00C'est un cas d'école quand même, les retraites, comment on peut être le pays qui dépense le plus et travailler le moins, ça reste quand même un mystère.
00:05Mais donc ce matin, cette question, faut-il abandonner la réforme des retraites, Emmanuel ?
00:09L'inquiétude, entre guillemets, vient de ce qu'a dit Elisabeth Borne hier, qui, alors manifestement, évidemment, le but du jeu, c'est de tendre la main aux socialistes,
00:18mais en disant pourquoi ne pas geler en cours de route la réforme qui avait été entreprise et qu'elle avait elle-même défendue,
00:27ce qui reviendrait à geler, finalement, à 63 ans, l'âge de départ à la retraite.
00:31Et là, ce serait une capitulation terrible, une triple capitulation politique, parce que c'est quand même la réforme emblématique des mandats d'Emmanuel Macron.
00:41Et là, au rythme où ça va, on se dit que la gelée, oui, mais pourquoi ne pas l'abandonner ?
00:46Et là, ce serait quand même, qu'est-ce qu'il resterait du mandat d'Emmanuel Macron ?
00:49Il faut quand même rappeler...
00:49L'ISF.
00:51Oui, mais l'ISF, il a aussi...
00:52Et l'emploi.
00:52Oui, l'ISF, il a quand même des possibles qui reviennent.
00:59Et vu qu'on va augmenter la fiscalité sur le capital, certainement, voilà, bon bref, il ne resterait pas grand-chose.
01:05Et puis surtout, remettez un peu en perspective Emmanuel Macron, il y a eu huit réformes des retraites, grosso modo, des grandes réformes depuis 1981.
01:14Toutes ont réussi, Emmanuel Macron serait quand même le président de la République, qui en aurait raté deux, c'est-à-dire la réforme à points.
01:20Et puis, celle-là, ce serait quand même un échec terrible.
01:22L'échec économique, c'est qu'effectivement, on sait très bien qu'au cœur de la problématique de la compétitivité française, il y a cette affaire d'insuffisance de travail.
01:31Donc, on sait que le meilleur moyen pour augmenter la quantité de travail, c'est de repousser l'âge de départ à la retraite.
01:36Donc, c'est quand même un énorme coût pour la compétitivité de nos entreprises.
01:39Et puis, financièrement, là aussi, il y a le coût mécanique qui est, alors la Cour des comptes nous dit, 5 milliards au sens strict d'ici 2035, 13 milliards au sens large.
01:49Mais il y a le coût de ce qu'a été le combat de cette réforme, toutes les non-réformes, toutes les réformes qui n'ont pas été faites.
01:55Et puis, dernièrement, que vont penser nos investisseurs internationaux que la France, finalement, n'a pas changé, alors qu'ils avaient cru qu'elle avait changé ?
02:02– On en parlera avec Gilles Mouèque dans un instant. – Et ça, ça va coûter très cher aussi.
02:04– Mais si vous vous dites qu'il ne faut pas la toucher, vous n'allez pas me dire, Jean-Marc, qu'il faut revenir sur la réforme des retraites ?
02:08– Je pense que ce n'est pas une question de revenir, on est déjà revenus.
02:11Quand Emmanuel nous dit qu'il y a eu 8 réformes qui ont réussi, elles ont échoué, puisqu'à chaque fois, il faut refaire une réforme.
02:16Et donc, je pense qu'on est arrivé à une situation… Vous savez, je cite assez souvent cette phrase de Saint-Just.
02:20Alors, Saint-Just, ce n'est pas forcément le champ intellectuel auquel je me rattache, mais Saint-Just, un jour, dit à propos des Girondins,
02:27ceux qui font les réformes et les révolutions à moitié creusent leur tombe. Et donc, je pense qu'à force de faire des réformes qui sont des réformes…
02:34– Donc, elles sont tellement nazes, les réformes, que vous mieux recommencez.
02:37– Oui, on creuse sa tombe. Et avoir l'idée qu'effectivement, on fait un conclave sur les retraites, c'était déjà une façon de dire « la réforme est morte ».
02:44Donc, ce n'est pas aujourd'hui Elisabeth Borne qui dit « il faut abandonner la réforme », c'est François Béroux qui a dit « j'ai abandonné la réforme ».
02:50Et donc, à partir du moment où elle a été abandonnée, au lieu de se battre sur des points de détail,
02:55il faut dire une bonne fois pour toutes, on va faire une vraie réforme qui ne sera pas…
03:00– Non mais d'abord, Jean-Marc, il faut laisser tomber la réforme.
03:02– Il faut la geler. Ce que dit Elisabeth Borne, c'est « on la gèle ».
03:05Et donc, elle ne dit pas qu'il n'y a pas de problème. Elle constate qu'il y a un problème.
03:10Elle dit « j'ai fait une proposition ». Cette proposition ne correspond plus à la réalité que nous vivons,
03:15puisqu'il y a eu le conclave, puisque de toute façon, en pratique, les décisions qui sont prises et qui vont être prises,
03:21voire amendées, voire remettent à place ma réforme.
03:24Donc, qu'on parte de nouveau sur une base, qui soit une base acceptable.
03:29– La gauche comprend, on va revenir à 62 ans.
03:30– Oui, la gauche part sur cette situation-là. De même que la gauche, on peut considérer qu'une fois qu'elle aura abandonné cette hausse,
03:38elle va s'abattre sur l'ISF. Donc après, il y a un problème de gouvernement, là aussi.
03:42Mais sur le fond, il y a quand même un vrai problème, puisque ces réformes n'arrivent jamais à résoudre un problème
03:47qui a été mis sur la table par Michel Rocard en 1991, qui a été réexpertisé à la fin des années 90 par le rapport Charpin,
03:54donc sur lesquels on a quand même des solutions.
03:57Et le fait d'abandonner, quel est l'homme politique qui est censé être en ce moment le plus populaire ?
04:02C'est quand même Édouard Philippe, c'est lui dont on annonce…
04:04– Dans les sondages, il ne décolle pas quand même.
04:06– Il ne décolle pas, mais c'est quand même celui dont on annonce qu'il a le plus de chance à l'instant T
04:10pour être le prochain président de la République.
04:13Or, qu'est-ce qu'il a fait ?
04:13– Ah, la réforme à point, on voulait revenir.
04:15– Il a fait une réforme à point qu'il a abandonné.
04:17– Il avait la bonne réforme des retraites.
04:18– Voilà, donc il avait fait une réforme qui était une réforme assez originale.
04:21La vraie question que l'on doit se poser, c'est prendre les leçons de toutes ces réformes,
04:26prendre les leçons de toutes les impasses qui ont été constatées à ce moment-là,
04:30et une bonne fois pour toutes, se poser la question de
04:32est-ce qu'on pourrait fermer ce dossier et faire en sorte que ce ne soit pas…
04:35– Non, mais ce n'est pas possible de fermer ce dossier.
04:36– Que ce ne soit pas à l'infini l'espèce de…
04:39– Oui, mais Jean-Marc…
04:40– Le sparadat du capitaine, donc on parle de Picsou et de bande dessinée,
04:43c'est le sparadat du capitaine.
04:45– Jean-Marc, c'est inhérent au système par répartition.
04:49C'est-à-dire que dès l'instant où on a des évolutions démographiques
04:52qui imposent des ajustements, on est bien obligé de les faire au fur et à mesure.
04:56Et d'ailleurs, le texte initial de la retraite par répartition de 1941
05:01dit très bien qu'il prévoit d'ailleurs qu'il va y avoir des évolutions démographiques
05:05et qu'il va falloir faire des ajustements.
05:07Et d'ailleurs, les gouvernements qui ont réussi ces ajustements,
05:11finalement, l'ont fait quand même de façon, qu'ils soient de droite ou de gauche,
05:16de façon assez… pas facile, mais c'est bien passé.
05:20Regardez François Fillon en 2003, il fait quand même une réforme difficile qui passe bien.
05:25Regardez François Hollande, président de gauche.
05:27La réforme la plus dure, finalement, c'est presque celle qui durcissait les conditions,
05:32notamment, et l'allongement de la durée de cotisation
05:35et le nombre de trimestres qu'il fallait pour avoir la retraite.
05:38La réforme touraine.
05:39Donc tout ça s'est passé.
05:40Donc il y a quand même un vrai problème de méthode
05:43et une véritable nécessité économique.
05:45Alors peut-être que ce sera reculé pour mieux sauter
05:47et qu'un gouvernement plus libéral, dans deux ans,
05:51proposera la grande réforme qui séduira tout le monde.
05:54Mais pour le moment, on ne voit pas par quel chemin il pourrait passer.
05:56Juste une remarque.
05:57Ce que vient de dire Emmanuel, c'est qu'il dit
05:59oui, oui, on voit bien le système par répartition.
06:01Déjà en 1941, ça avait des faiblesses liées à la démographie.
06:05La réponse, c'est les fonds de pension.
06:06Les fonds de pension, ils sont dans le rapport Charpin.
06:08Ils ne sont toujours pas dans la réforme.
06:10Donc une bonne fois pour toutes, on fasse une vraie réforme.
06:13Oui, mais vous allez trop loin Jean-Marc.
06:14On n'ira pas jusqu'à la privatisation du système de retraite.
06:17Mais la conséquence...
06:18Vous allez toujours trop loin.
06:19La conséquence, c'est qu'on a, c'est le sparadon du capitaine Haddock.
06:23Ça rebondit et ça pollue le débat politique.
06:25Je...
06:26Je...

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