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  • il y a 6 semaines
Ce mardi 26 août, le risque d'accident de crédit évoqué par François Bayrou a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Vous l'attendez évidemment un redoutable adversaire ce matin, Jean-Marc Daniel qui est de retour.
00:07Bonjour Jean-Marc.
00:07Bonjour.
00:08On est très heureux de vous retrouver.
00:10On va évidemment parler de François Bayrou qui n'est pas allé de main morte hier dans la dramatisation de la situation économique
00:16en nous menaçant d'un accident de crédit, un défaut.
00:19Est-ce que c'est oui ou non possible Emmanuel ?
00:22Écoutez, je ne sais pas si c'est possible mais c'est souhaitable.
00:26C'est souhaitable. François Bayrou il a fait hier son exercice favori, cette pédagogie de la dette.
00:33Alors c'est vrai qu'on peut lui reconnaître cette légitimité, ça a été un des premiers en France à le faire.
00:37Rappelez-vous sa campagne présidentielle de 2007, c'était déjà la dette c'est grave, c'est catastrophique.
00:42Parce qu'il l'a redit hier, ce qui nous menace c'est effectivement une sévère sanction des marchés financiers
00:48et une sévère cure d'austérité comme ont connu pas mal de pays.
00:53Sauf que, effectivement, quand on compare la situation de la France et celle de ses pays,
00:57on se dit mais finalement il faudrait presque la souhaiter, cette sanction des marchés financiers.
01:03Vous souhaitez un défaut, je ne peux même pas entendre ça, ça me fait siffler les oreilles.
01:07Je ne vous parle pas de défaut, je vous parle de crise financière qui incite,
01:13qui oblige à mettre en place finalement des mesures, des vraies mesures d'austérité
01:18comme on en a connu des pays comme le Canada, la Suède, le Portugal, l'Espagne, etc.
01:22Parce que ces pays-là, comment ça s'est passé ?
01:24Oui, il y a eu des coupes dans les dépenses sociales, des suppressions d'effectifs de fonctionnaires,
01:30des hausses de TVA, quand je vous parle des hausses de TVA, c'est 4-5 points à chaque fois,
01:33ce n'est pas un point.
01:35Et d'ailleurs, ce qui est intéressant, c'est que souvent l'effort a été porté par les ménages,
01:38plus que par les entreprises avec, en gros, ça a coûté,
01:42si vous prenez Canada, Suède, c'était 1 500 euros sur l'année pour un ménage,
01:46je ne parle pas du cas de la Grèce, 5 000, 7 000 euros par ménage,
01:48donc des vraies cures d'austérité.
01:50Et en France, on n'a pas eu tout ça depuis 40 ans,
01:52puisque ce qu'on a appelé austérité, etc.,
01:54on avait toujours des dépenses qui augmentaient moins, grosso modo,
01:56mais qui augmentaient toujours, le SMIC qui augmentait toujours, etc.
01:59Mais quand vous regardez en 40 ans comment a évolué l'économie de ces pays,
02:03vous regardez quoi ?
02:04Finalement, c'est en France que le revenu par habitant a le moins progressé.
02:09Donc, dans le pays qui a refusé les ajustements,
02:12parce que tous ces pays se sont redressés de façon assez spectaculaire
02:15après ces gros efforts.
02:17Donc, on finit par se dire, mais plutôt que de cette agonie
02:21qu'est en train de subir la France...
02:23Allons-y un bon coup.
02:24Allons-y un bon coup, une bonne cure d'austérité,
02:27et tous les pays qui ont subi ces cures d'austérité,
02:29eh bien, il y a eu un après-austérité.
02:32Jean-Marc.
02:33Oui, je vais vous rassurer, il n'y aura pas d'accident de crédit,
02:35il n'y aura pas de défaut.
02:36C'est pas rassurant ça, Jean-Marc.
02:37Pourquoi il n'y a pas de défaut ?
02:39Parce qu'il y avait des défauts, autrefois,
02:42les États faisaient banqueroute quand ils prenaient des engagements
02:44en termes de quantité d'or à fournir.
02:46Alors, ils avaient commencé par dire,
02:47on ne remboursera pas la dette, on versera des intérêts.
02:50C'est ce qu'on continue à faire.
02:51C'est-à-dire, on ne rembourse pas la dette.
02:53C'était issu du fait que, sous l'Ancien Régime,
02:55au XVIIIe siècle, on n'avait pas assez d'or,
02:58donc on se contentait de dire,
02:59on va vous donner 3% de ce qu'on vous a emprunté,
03:01c'est l'intérêt, puis ça, on arrivera à le trouver.
03:04Bon, maintenant, on ne donne pas de l'or,
03:06on met en regard de ce qu'on a pris comme engagement,
03:09sa propre monnaie.
03:10Les pays qui ont été en situation, effectivement,
03:13de défaut, entre guillemets,
03:14ce n'est pas les États en tant que tels, c'est les pays,
03:16et les pays ont été en défaut,
03:17parce que les engagements qu'ils prenaient en tant que pays,
03:19c'était de fournir des dollars.
03:21Nous, on prend un engagement de fournir des euros,
03:23et les gens qui ont des euros,
03:24s'ils veulent des dollars,
03:25ils vont voir la caisse commune,
03:27et il y a une caisse commune, qui est la BCE.
03:29Donc, ce n'est pas la peine de nous parler comme Antigone ?
03:32Oui, ce n'est pas ça, le véritable enjeu.
03:35De même qu'on nous menace,
03:36alors, vous savez,
03:37Emmanuel l'a dit,
03:39François Béroux, quand il était candidat,
03:40annonçait, c'est catastrophique,
03:42je vais lutter contre la dette.
03:43Ce qui est intéressant, c'est que les gens,
03:44ils n'étaient pas au pouvoir,
03:45mais les gens au pouvoir disaient la même chose.
03:47C'est-à-dire, François Fillon nous disait,
03:49quand il était Premier ministre,
03:50je suis à la tête d'un état en faillite.
03:51Je cite assez souvent le fait que
03:53Édouard Philippe, dans son discours de politique générale,
03:56citait Bob Dylan en disant,
03:57vous savez, la célèbre chanson « Blowing in the wind »
04:00en disant, combien de temps peut-on faire semblant de ne pas voir ?
04:02Et il disait, on est arrivé au moment
04:04où on ne peut plus faire semblant de ne pas voir.
04:06Et pourtant...
04:06Mais on voit, c'est juste qu'on ne veut pas,
04:08ça n'a rien à voir.
04:08Oui, mais sauf qu'il n'y a pas de conséquences immédiates
04:10sur les taux d'intérêt.
04:11Est-ce que c'est les taux d'intérêt,
04:12les marchés qui nous menacent ?
04:13Les taux d'intérêt sont à un peu plus de 3% en ce moment.
04:16Je rappelle qu'en 2007,
04:17avant la crise financière,
04:18à une époque où on accusait effectivement
04:21la banque centrale d'être plutôt assez restrictive,
04:24assez sadomonétariste,
04:25ils étaient à 4,5%
04:26avec une inflation qui était de la même nature.
04:30Et donc, on arrivait à vivre avec...
04:31À 4,5%, avec le montant de dette qu'on émet,
04:33ça commence un peu à être chaud quand même.
04:35Il y a quand même, Jean-Marc,
04:36il y a quand même sans doute
04:37un niveau de taux d'intérêt
04:39qui n'y aura pas à exercer
04:41une pression suffisamment forte sur nos économies
04:43pour qu'on prenne les bonnes décisions.
04:45Parce qu'en fait,
04:46l'effet pervers de tout ça,
04:49et Jean-Marc vous expliquera très bien
04:50tout ça avec l'équivalence ricardienne,
04:52c'est que cette cure d'austérité
04:54que les gouvernements successifs
04:56ont refusé de nous imposer,
04:58mais finalement,
04:58les Français se l'imposent à eux-mêmes.
05:01En faisant quoi ?
05:02En épargnant.
05:03Rappelez-vous, cet indicateur...
05:05Jean-Marc boit du petit lait.
05:06Non, mais cet indicateur...
05:07Je ne sais pas si Jean-Marc l'a vu.
05:10Tous les mois,
05:10l'INSEE demande aux Français
05:11est-ce que vous jugez
05:12que c'est plutôt opportun d'épargner
05:14ou de consommer ?
05:15Dans l'enquête de juillet,
05:17l'opportunité d'épargner
05:19n'a jamais été aussi élevée
05:21depuis que cette enquête existe
05:24en 1972.
05:25Donc jamais les Français
05:26n'ont été dans un état d'incertitude
05:28aussi important qu'aujourd'hui
05:30et avec l'impact négatif
05:33que ça a sur l'activité.
05:34Donc c'est ça qui est pervers.
05:35C'est que ce sont les Français
05:36qui s'infligent cette crise à eux-mêmes
05:38à travers toute l'incertitude
05:39générée par ces errements fiscaux
05:42et budgétaires.
05:42Oui, alors par rapport à ça,
05:44d'abord, encore une fois,
05:45un pays qui est en déficit
05:46de sa balance des paiements courants
05:47est un pays qui n'épargne pas assez.
05:49Or, nous avons eu un équilibre
05:50de notre balance des paiements courants
05:52exceptionnel en 2024
05:53parce qu'on a eu des entrées touristiques
05:54exceptionnelles
05:56qui étaient liées aux Jeux Olympiques.
05:57Mais on a eu un excédent
05:59sur l'année 2024
06:00d'environ 4 à 5 milliards d'euros.
06:02Rien que sur le mois de juin,
06:03le dernier mois dont on a des statistiques,
06:05on a eu un déficit
06:06de 3,5 milliards d'euros.
06:08Donc on est de nouveau
06:09dans le déficit.
06:10Donc effectivement,
06:11ce mécanisme qui est un mécanisme
06:12de l'épargne des Français
06:14est un mécanisme qui est positif
06:15sauf que l'État
06:16est dans un tel niveau de déficit
06:17que cette épargne
06:18est détruite par l'État,
06:20absorbée par l'État
06:21et donc cette épargne
06:22d'une certaine façon est perdue.
06:24Je pense que,
06:24pour revenir au...
06:25Qu'est-ce qui nous menace ?
06:27L'épargne est perdue
06:277h25, c'est quand même...
06:28L'épargne est perdue
06:29parce qu'elle sert à financer
06:30effectivement le déficit de l'État
06:32et non pas la préparation
06:33de l'avenir au travers
06:34de l'investissement.
06:35C'est-à-dire que normalement,
06:36on devrait utiliser cette épargne
06:38pour le faire.
06:38Il l'a bien expliqué.
06:39Il l'a bien dit.
06:41Il parle des enfants.
06:41Voilà.
06:42Alors, juste,
06:43qu'est-ce qui nous menace vraiment ?
06:45En deux mots,
06:45je pense que ce qui nous menace vraiment,
06:47c'est, non pas le défaut,
06:49c'est la perte d'influence en Europe.
06:51C'est-à-dire que nous avons signé
06:52des traités.
06:52Nous avons signé un traité
06:53le dernier après la crise
06:56des dettes publiques
06:56dont la Grèce était devenue
06:57le symbole,
06:59mais où l'ensemble des pics
06:59s'étaient menacés.
07:00On avait signé un traité
07:01où on prenait l'engagement
07:03d'avoir un équilibre structurel.
07:05On prenait l'engagement,
07:07effectivement,
07:07d'accepter l'idée
07:08qu'il y a un déficit,
07:09mais que ce déficit
07:10serve à lisser la conjoncture,
07:12serve à absorber le cycle.
07:14Et là, on ne remplit pas le contrat.
07:15On ne remplit pas le contrat.
07:16Mais j'en remarque,
07:16un alcoolique qui ne tient pas
07:17ses promesses
07:18qu'il va arrêter de boire,
07:19il n'y a qu'une seule solution,
07:21c'est la cure de désintoxication
07:22obligée.
07:23C'est ça qu'il nous faut.
07:24Vous souhaitez l'austérité.
07:26Mais arrêtez de nous prêter
07:27de l'argent.
07:27On ne tient jamais
07:29les promesses qu'on fait.
07:30Moi, j'appelle à la cure d'austérité,
07:32mais je dis que ce ne sont pas
07:33les marchés qui vont nous imposer
07:34la cure d'austérité,
07:35ce sont nos partenaires européens.
07:37Ah !
07:38D'où qu'elle vienne,
07:39cette cure d'austérité
07:41sera la bienvenue.
07:42Vous parlez plus latin, Jean-Marc ?
07:44Je pourrais parler latin,
07:46mais juste,
07:47je reviendrai sur la citation
07:48que j'avais faite
07:49la dernière séance
07:50de l'année dernière
07:50qui reste toujours dans l'actualité.
07:53Ciné laboré,
07:54non érit panis.
07:56Il faut bosser ?
07:56Non, c'est pas ça ?
07:57Il faut bosser sans travail.
07:59On n'aura pas de pain.
08:00Il faut travailler.

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