Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 7 semaines
Ce mercredi 3 septembre, l'incroyable poussée du taux d'épargne français qui s'élève à quasiment 19% du revenu disponible a été abordée par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Face à Emmanuel Le Chiffre aujourd'hui, c'est Jean-Marc Daniel.
00:03L'incroyable poussée du taux d'épargne des Français, on est quasiment à 19% du revenu disponible.
00:07C'est un record depuis 78.
00:10Les Français stressent au niveau des déficits publics et de la dette.
00:13Du coup, ils se font un petit plan d'austérité personnel, ils mettent de côté.
00:17Est-ce que les Français épargnent trop, Emmanuel ?
00:20Oui, les Français épargnent beaucoup trop.
00:24D'abord, ils épargnent plus que la moyenne des autres grands pays.
00:27Vous avez cité les chiffres, il n'y a que les Allemands qui épargnent à peu près autant que les Français.
00:31Mais il faut savoir que les Allemands, ils sont beaucoup moins propriétaires que les Français.
00:34Donc, ceci explique en partie cela.
00:36Mais surtout, vous allez me dire, ok, bon, ils épargnent plus.
00:38Mais ce qui est fou, c'est qu'en fait, ils épargnent plus alors qu'il n'y a pas un parcours de vie moins risqué
00:45dans tous les grands pays que le parcours de vie des Français.
00:49C'est-à-dire, si vous prenez, par exemple, l'emploi, c'est en France que vous avez le moins de risque
00:54de perdre votre emploi et de vous retrouver au chômage.
00:58Si vous prenez, par exemple, les indices, pareil, de pauvreté, etc.,
01:03c'est en France que la chute sociale est la moins probable,
01:07compte tenu de tous les filets de protection qu'on a.
01:09Je vous rappelle, effectivement, les nouvelles méthodologies de l'INSEE.
01:13Grosso modo, les écarts de revenus entre les plus riches et les plus pauvres,
01:16c'est 24 fois sans être corrigé.
01:19C'est presque à moins de 4 fois quand vous corrigez de tous les filets de protection.
01:22Vous avez moins besoin qu'à l'étranger de préparer, d'anticiper un accident de santé
01:29puisqu'il n'y a pas un pays où vous êtes aussi bien remboursé de vos soins de santé.
01:32J'ai regardé le reste à charge, par exemple, chaque année des Français en matière de maladie,
01:36c'est 274 euros par an.
01:39Vous avez, en France aussi, moins besoin d'épargner pour financer les études de vos enfants.
01:43À part, évidemment, quelques cas où vous allez grandir,
01:46mais prenez le coût des études universitaires.
01:48En France, c'est quelques centaines d'euros.
01:49Ailleurs, c'est souvent plusieurs milliers d'euros.
01:53Vous avez peu de risques sur les crédits immobiliers par rapport aux pays anglo-saxons.
01:57Vous avez tous les plafonds pour éviter le surendettement, etc.
02:03Et donc, au final, on se dit, oui, les Français épargnent trop,
02:07surtout au regard quand même de ce qu'ils font de leur épargne,
02:10parce qu'au moins, ils feraient quelque chose d'utile de leur épargne,
02:12mais ce n'est pas le cas.
02:13Donc, oui, les Français épargnent trop.
02:14Jean-Marc.
02:15Alors, pas du tout.
02:16Les Français n'épargnent pas assez.
02:17Il y a un critère simple à l'économie,
02:19qui est que la situation d'épargne d'un pays se mesure à sa situation de balance des paiements courants.
02:25On apprend ça en première semaine de licence de Sciences Éco.
02:29Ça se dit S.I. plus T moins G égale X moins M avec des équations.
02:33Là, on est mauvais.
02:34Et là, on est mauvais, parce que notre balance des paiements courants est en déficit.
02:37Elle est en déficit depuis 2002.
02:39Elle a été exceptionnellement excédentaire en 2024 grâce aux Jeux Olympiques,
02:43mais les Jeux Olympiques ne se renouvellent pas tous les ans,
02:46malgré la volonté de Mme Hidalgo de nous mettre des ronds olympiques partout.
02:51Oui, bon, ok.
02:52Voilà, donc il n'y a plus les Jeux Olympiques.
02:54Donc, rien que pour le mois de juin,
02:55on a eu 3,4 milliards de déficit de notre balance des paiements courants.
03:00Alors, il faut voir que l'épargne d'un pays, c'est l'épargne des ménages,
03:02mais c'est aussi la situation de l'État, l'épargne de l'État,
03:05qui est dans des épargnes colossales,
03:07et c'est la situation des entreprises qui sont, elles,
03:09plutôt dans une situation à peu près assainie.
03:12Concrètement, si on compare d'ailleurs aux années 70,
03:14puisque dans les années, on remonte à 78-79.
03:17En fait, dans la décennie précédente,
03:19le taux d'épargne a pratiquement été systématiquement au-dessus de 20% en France,
03:24à une époque où le déficit budgétaire faisait juste son apparition.
03:27C'est-à-dire que la France n'avait pas à financer par son épargne
03:31une partie du déficit de l'État.
03:33Les Français n'avaient pas à financer par leur épargne une partie du déficit de l'État.
03:37Donc, la situation n'est pas exactement comparable,
03:41parce qu'il y a un acteur, qui est l'État,
03:43qui désépargne considérablement par rapport à la situation des ménages.
03:48Autre argument, autre élément clé,
03:50c'est que l'épargne, ça prépare l'avenir.
03:52L'avenir, c'est que la France est en train de vieillir.
03:55Les pays qui vieillissent ont besoin de préparer le vieillissement.
03:59Alors, effectivement, immédiatement, leur crédit immobilier...
04:01Enfin, c'est surtout les retraités qui épargnent.
04:03Donc, ce n'est pas ceux qui préparent la suite.
04:05Si, parce que les retraités, une fois qu'ils seront morts,
04:07ils auront des héritiers.
04:09Leur épargne arrivera entre les mains de leurs héritiers.
04:12C'est long, mais ça finit par arriver.
04:13Ça finit par arriver, et ça finira par arriver.
04:16Globalement, les pays qui sont dans la même situation que la France
04:19sont en train de dégager une épargne considérable.
04:21On a parlé de l'Allemagne, mais c'est aussi le cas de l'Italie.
04:23Sans parler du Japon, qui, lui, est dans une situation encore plus avancée
04:27en termes de vieillissement.
04:28Donc, ces pays dégagent énormément d'épargne
04:30et qu'ils investissent à l'étranger.
04:32Donc, là où je rejoindrai sur un point, Emmanuel,
04:35c'est le fait que l'épargne que nous avons est mal utilisée.
04:38Elle est mal utilisée, pourquoi ?
04:39Parce qu'elle est consacrée à financer le déficit public,
04:43mais pas exclusivement.
04:44Je rappelle quand même que la moitié de la dette publique
04:46est détenue par des étrangers.
04:47et elle est consacrée à des placements de court terme
04:51et à de l'immobilier, alors qu'il faudrait investir
04:55comme les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Japonais,
04:59dans les pays où il y a de la croissance.
05:00Emmanuel, si c'est les Français, ils refusent de consommer.
05:03En gros, ils préfèrent épargner au lieu d'aller payer de la TVA,
05:06de faire de la demande, etc.
05:08À un moment donné, l'État, il va dire
05:09c'est 6 600 milliards d'euros d'épargne que je vais aller chercher dedans,
05:13puisque moi, je fais la cigale.
05:15C'est là qu'il est l'argent, en fait.
05:17Alors, aujourd'hui, il n'y a rien qui permet dans la loi
05:19de permettre à l'État, effectivement, d'aller ponctionner.
05:23Ne vous inquiétez pas.
05:23Après, il y a des pays où ça s'est fait.
05:25Le cas de l'Islande, pas le cas de l'Islande,
05:28le cas de Chypre, c'est compliqué,
05:30parce que c'était vraiment une crise bancaire.
05:31Mais prenez l'Italie, par exemple,
05:32l'Italie en 1992, elle a décidé qu'elle prenait 0,6%
05:35sur les comptes de tous les Italiens.
05:39Donc, non, ça passera sans doute par la fiscalité, quelque part.
05:42Et notamment, je pense, par la fiscalité de l'assurance-vie.
05:44Donc, s'il y a un endroit où on peut être touché,
05:47c'est à peu près pareil.
05:49Après, par rapport à ce que dit Jean-Marc,
05:51je pense qu'il ne faut pas oublier,
05:53Jean-Marc étant un expert de la balance des paiements,
05:55que la contrepartie au déficit courant,
05:58c'est quand même des rentrées de capitaux.
05:59Ça peut vouloir dire aussi que l'étranger est très heureux
06:01de venir investir en France.
06:03Ça, c'est une bonne nouvelle.
06:05Que l'épargne est effectivement très concentrée en France
06:08et que vous avez quand même 40% seulement des ménages
06:12qui épargnent plus de 50 euros par mois
06:15et que vous pouvez effectivement avoir toutes les incitations
06:18que vous voulez.
06:18En gros, il y a une partie des Français qui a trop d'argent
06:21et vous pouvez l'inciter à faire n'importe quoi.
06:24Elle ne le fera pas.
06:24Et que cet argent est mal utilisé et qui roupille.
06:27Donc, moi, à la limite, j'ai envie de dire à Jean-Marc
06:28que je préfère de la consommation compétitive
06:31plutôt que de l'épargne improductive.
06:34Donc, ça ne me...
06:35Dix secondes, Jean-Marc.
06:36Dix secondes.
06:36D'abord, la consommation productive,
06:38je ne sais pas ce que c'est.
06:39L'augmentation de toute consommation dans ce pays
06:40se traduit par plus d'importation
06:42parce que nous sommes à un niveau d'utilisation
06:44de nos capacités de production qui est de saturation.
06:47Deuxième élément...
06:48C'est les services qui comptent, Jean-Marc.
06:49Oui.
06:50Enfin, je constate qu'effectivement...
06:51Deuxième élément, deuxième élément...
06:52Deuxième élément, concernant effectivement
06:55les pays qui nous financent
06:57parce que nous avons un déficit,
06:58ça veut dire que nous préparons
06:59la ruine de la génération future
07:00parce qu'il faudra les payer, ces financements.
07:02Et donc, on a parlé de l'égoïsme des boomers.
07:05Là, on est plutôt dans l'égoïsme des gens
07:07qui sont à l'heure actuelle aux manettes.
07:09Bien.

Recommandations