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  • il y a 4 jours
Ce vendredi 3 octobre, le bilan d'efficacité de la Sécurité sociale 80 ans après sa création ainsi que les éventuelles modifications à apporter pour améliorer le dispositif ont été abordés par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00La Sécurité Sociale a été créée le 4 octobre 1945, ça fait donc 80 ans.
00:05Est-ce qu'il faut tout changer vu que les paramètres n'ont plus rien à voir ce matin face à vous, Emmanuel Lechypre ?
00:09Jean-Marie Daniel, est-ce que oui ou non, vous pensez-vous qu'il faut tout remettre à plat ?
00:13Alors, tout remettre à plat, certainement pas.
00:15La Sécurité Sociale, c'est le plus bel héritage de l'après-guerre, c'est le cœur du modèle social français.
00:23Et, alors, soyons clairs, là, je pense particulièrement au système de santé, les retraites.
00:28Bref, ça fait partie de la Sécurité Sociale, mais pour moi, c'est un autre sujet.
00:31Le cœur du sujet, c'est le système de santé.
00:33Et vous l'avez dit, 4 octobre 1945, le résultat, c'est qu'en 2000, l'OMS considère que le meilleur système de santé au monde,
00:42c'est le système français, parce qu'effectivement, c'est une couverture quasi universelle, tout le monde y a droit,
00:47il y a peu de restes à charge, il y a une égalité d'accès aux soins, il y a une qualité des soins hospitaliers,
00:52et ça fait de la France un des pays où l'espérance de vie est la plus élevée.
00:55Alors, c'est après, c'est après qu'effectivement, ça commence à déconner sérieusement.
01:00Et effectivement, il y a tout un tas de dysfonctionnements, etc.
01:04Le premier, c'est quand même qu'il faut être lucide.
01:07Les Français sont trop feignants pour se payer un système qui est effectivement un système exigeant en matière de financement.
01:14En gros...
01:14C'est-à-dire qu'il faut travailler plus pour avoir un système comme le nôtre, ça vous veut dire ?
01:17Pour se payer un système aussi, entre guillemets, luxueux que le nôtre, il faut travailler davantage.
01:23Et puis après, il y a tout un tas de dysfonctionnements, d'inadaptations, de gaspillages, etc. qu'on présente.
01:27Mais si vous voulez, moi, le message qui m'effraie, c'est de dire, notre système de sécurité sociale,
01:32on n'a plus les moyens de se le payer, il faut en changer, aller vers un modèle américain ou un modèle britannique.
01:35Non, vous dites que se travaillez plus, c'est le gardien.
01:37On peut le réparer, on peut l'améliorer, mais il ne faut surtout pas en changer la philosophie.
01:42Jean-Marc ?
01:43Je pense, puisque Emmanuel a parlé de problèmes de soins et tout ça,
01:48je pense que la sécurité sociale est rentrée maintenant en unité de soins palliatifs.
01:53D'accord.
01:53C'est-à-dire qu'elle est en train d'agoniser.
01:56Et pourquoi elle agonise ?
01:57Elle est en unité parce qu'elle a été assassinée.
02:00Elle a été assassinée par les dirigeants français.
02:03Si on revient au 4 octobre 1945, ce que posait comme principe cette ordonnance,
02:11c'était l'universalité avec la création d'un régime général qui devait absorber tous les régimes
02:17et une sorte d'égalité par l'universalité des Français face aux problèmes de la retraite et de la santé.
02:23Déjà d'emblée, il a été impossible de créer ce régime général
02:26et nous avons encore ce vaste et permanent débat sur les régimes spéciaux qui sont en train de disparaître.
02:32Et depuis, on n'arrête pas de bricoler avec progressivement une modification de la gouvernance.
02:38C'est-à-dire qu'on a commencé avec des gens qui étaient élus par les assurés sociaux.
02:42Puis ensuite, on a eu, à partir de 1967, des gens qui étaient désignés par les partenaires sociaux.
02:47Puis à partir du plan Juppé, il y a 30 ans, c'est l'État qui s'en est occupé.
02:51Et à chaque fois, l'objectif, c'était effectivement de répondre à ce qu'a dit Emmanuel.
02:55C'est-à-dire que la sécurité sociale coûte trop cher par rapport à la quantité de travail fournie.
03:00Or, que fait l'État qui avait comme mission de renfouer les comptes,
03:03de faire en sorte qu'au travers, notamment du vote de PLFSS,
03:07on arrive à une situation équilibrée ?
03:09Il y avait dit que la CADES qui gère la dette sociale ne durerait que 10 ans
03:12parce qu'après, grâce à la sagesse étatique, on arriverait à l'équilibre.
03:15La CADES est toujours là et l'État n'arrête pas de supprimer des recettes à la sécurité sociale.
03:20C'est-à-dire qu'au lieu de choisir le travail, on choisit la dette pour répondre aux autres.
03:25Mais donc vous remettez tout à plat ? Avec un vrai régime général ?
03:28Je remets tout à plat en disant que les partenaires sociaux ont échoué
03:31puisque Juppé a été obligé de faire le plan Juppé.
03:34L'État a échoué.
03:36Privatisation de la sécurité sociale.
03:38Suivant le modèle suisse ou suédois, parce qu'on met en avant le modèle américain pour faire peur.
03:44Ça s'appelle l'assurance.
03:45Ça s'appelle une assurance, c'est-à-dire d'identifier au sein des missions de la sécurité sociale.
03:49C'est-il dans une logique assurantielle ?
03:51Et donc ça, le confier à des opérateurs privés.
03:54C'est-il dans une logique de solidarité ?
03:55Et revenir au projet de Milton Friedman des années 60 donne un impôt négatif.
03:59C'est-à-dire que la solidarité s'exprime par le fait qu'on confie à chacun une certaine somme.
04:04Et ensuite, à partir de là, je prends les décisions, notamment les décisions vis-à-vis de l'assurance,
04:09qui consistent à choisir sa caisse maladie, à choisir son fonds de pension,
04:13à choisir les gens qui vont effectivement lui permettre d'affronter les risques de la vie.
04:17C'est une assurance, et une assurance, ça se gère non pas à grands coups de déclarations sur le pouvoir d'achat,
04:22ça se gère à grands coups de déclarations sur les menaces, les dangers, la prévention, la façon de réagir aux problèmes.
04:28Ça revient à faire, même si ça paraît séduisant, ça revient à faire une santé pour les riches, une santé pour les pauvres.
04:35Et ça, effectivement, c'est tout ce qu'on ne veut pas.
04:37C'est-à-dire, si c'est pour faire du Medicare, Medicare, ou alors pire,
04:40le système britannique, où vous avez finalement l'essentiel de la population qui bénéficie d'un système de soins...
04:45– Vous êtes bien content quand vous allez à l'hôpital, que ça ne coûte rien.
04:47– Oui, mais c'est un système de soins qui est médiocre en termes de qualité.
04:50Vous attendez combien de temps pour avoir des rendez-vous, etc.
04:53Et à côté de ça, vous avez une médecine qui peut être payée par l'éducation.
04:55Non, moi, je pense qu'on peut garder notre principe de « à chacun selon ses besoins sur le plan de la santé,
05:02mais à chacun selon ses moyens, il faut qu'on a sécu ».
05:04Il y a tout un tas de virages que notre système de santé peut faire.
05:08On n'a pas fait le virage de la chirurgie, de la maladie chronique.
05:13C'est-à-dire qu'en gros, on considère qu'on n'a pas fait ce virage-là.
05:17C'est-à-dire que notre système de santé n'est pas adapté au développement des maladies chroniques.
05:21Notre système de santé ne mise absolument pas sur la prévention,
05:24et on sait que c'est des milliards et des milliards d'économies qui pourraient être faits.
05:28Les gaspillages, les dysfonctionnements, la suradministration.
05:31Contre tout ça, on pourrait aller chercher de l'efficacité encore partout.
05:35Après, je pense quand même, effectivement, comme j'en remarque que sur certains sujets,
05:39type la retraite, etc., il faudra quand même aller vers un système d'individualisation.
05:44C'est-à-dire où à un moment, au lieu de payer et de mutualiser tout,
05:48il faudra quand même qu'on rajoute un petit étage de « chacun paye pour soi ».
05:52Oui, parce que la démographie…
05:54Mais pas sur la sécu.
05:54La démographie est comme ça.
05:56Mais sur la santé, on pourrait garder la philosophie de ça.
05:58Je voudrais juste faire deux remarques par rapport à ce que vient de dire Emmanuel.
06:02La première remarque, c'est qu'effectivement, les gens font ces réformes
06:05s'ils sont contraints, s'ils sont poussés.
06:07Et la seule façon qu'on a de pousser quelqu'un en économie à se bouger,
06:10c'est de le mettre en concurrence.
06:11Une compagnie d'assurance, effectivement, elle fera des économies,
06:15elle regardera où sont les gaspillages,
06:16elle regardera où sont les doublons,
06:18parce que son avenir, sa survie même sera en jeu.
06:21Et la deuxième remarque, c'est que commentant ces ordonnances,
06:24au mois de décembre 1945,
06:26Maurice Torres, qui était le secrétaire général du Parti communiste,
06:29avait fait cette déclaration célèbre.
06:31Il faut produire d'abord, revendiquer ensuite.
06:35Et le modèle maintenant, c'est revendiquer d'abord, endetter ensuite.
06:38Et donc, je pense qu'il faut revenir au programme de Maurice Torres.

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