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  • il y a 12 heures
Ce mardi 18 novembre, les raisons des erreurs de Bercy dans les prévisions budgétaires annuelles depuis 2023 ont été abordées par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Est-ce que Bercy s'est encore compté ? Il manque 10 milliards d'euros sur le budget 2025, c'est la troisième année que Bercy se trompe sur les prévisions de TVA,
00:09sans compter l'histoire du déficit en 2023 et en 2024. Pourquoi il y a autant d'erreurs, Emmanuel ?
00:15Oui, alors le Jean-Marc Daniel, pour fondeur des cryptos, il va moins faire le malin quand on va s'attaquer au Jean-Marc Daniel, ancien, de la direction du budget.
00:22Jean-Marc, il n'a pas dit un mot que déjà...
00:25Non, mais ce qui effectivement est frappant, c'est que les erreurs se multiplient au fil des années, au point de devenir presque structurelles.
00:33Vous vous rappelez, le grand choc, ça a été les 20 milliards de 2024, où quasiment on a parlé de scandales, de dissimulations, etc.
00:43Bruno Le Maire a justifié devant la commission d'enquête parlementaire, et effectivement le cauchemar continue avec cette année,
00:485 à 10 milliards de recettes de TVA dont on ne sait pas où ils sont passés.
00:52Alors, il y a des hypothèses qui sont, par exemple, ce qu'a mis en avant Amélie de Montchalin sur les petits colis en provenance de Chine, par exemple,
01:02dont la valeur serait sous-estimée, mal déclarée.
01:06Alors, c'est avec des montants tellement bas qu'on a du mal à calculer.
01:10François Cali, il n'y croit pas, ça.
01:11Oui, mais c'est des petites fuites fiscales, mais multipliées par des dizaines de millions de colis.
01:17Ça peut faire beaucoup. Non, après, il y a forcément des explications du côté de la fraude, sans doute,
01:23du côté des nouveaux modes de consommation reportés vers des produits qui rapportent moins de TVA.
01:29Bref, la philosophie de tout ça, c'est est-ce qu'il faut vraiment s'acharner à multiplier les techniques, à revoir tous les modèles ?
01:37On n'arrive plus à prévoir.
01:38Avec précision. Oui, voilà. Et il y a des pays dans lesquels la dramaturgie budgétaire ne passe pas forcément par un calcul très précis des recettes.
01:48Je pense aux Pays-Bas, par exemple. Mais à quoi ça sert, si vous voulez, de laisser les députés s'écharper sur des dizaines d'amendements
01:55qui rapportent quelques millions quand on se gourde 10 milliards d'euros ?
01:58Jean-Marc, vous avez travaillé au budget ?
01:59Oui, j'ai travaillé à la direction du budget, avec un objectif qui était de réduire le déficit budgétaire.
02:03Et j'ai connu un échec personnel, puisque même à l'époque où j'y étais, il y avait déjà du déficit budgétaire.
02:11Mais on calculait bien à l'époque, Jean-Marc ?
02:13Alors la question qui se pose, c'est qu'effectivement, à l'époque, on mettait en avant deux éléments.
02:17La première chose, c'est que le rôle de la direction du budget, c'est de contrôler la dépense,
02:21et que la véritable maîtrise qu'a l'État dans le budget, c'est sur ses dépenses, sur les recettes.
02:26Il est dépendant de la conjoncture économique, il est dépendant effectivement d'évolutions structurelles.
02:30Et j'ai connu la période où en 1993, au moment de la récession de 1993,
02:35l'ampleur des pertes fiscales était déjà considérée comme étant totalement aberrante
02:39par rapport à ce qu'on aurait pu s'attendre vu l'évolution de la récession.
02:42Donc c'est normal de se planter en fait sur les recettes ?
02:44Oui, et j'ai connu effectivement à une époque où à la direction du budget,
02:48les anciens évoquaient une très très vieille règle,
02:50qui était celle qui avait été établie au 19e siècle par un ministre des Finances qui s'appelait Villel,
02:54qui disait, écoutez, sur les recettes, vous n'avez pas une véritable maîtrise.
02:57Ce que vous maîtrisez, c'est vraiment les dépenses.
02:59Donc il faut que vous imposiez, à partir du moment où vous connaissez vraiment les recettes,
03:03c'est-à-dire celles de l'année précédente, voire de deux ans auparavant,
03:06vous dites à tous les gens qui vont dépenser que ce qu'ils ont à disposition,
03:10c'est l'équivalent des recettes.
03:12Vous gêlez quoi !
03:12On gèle effectivement une sorte d'année blanche,
03:15et puis à partir de ce moment-là, on voit comment ça évolue,
03:18on constate que si la situation économique s'améliore, il y a plus de recettes,
03:21on dégage des excédents.
03:23Si au contraire la situation économique se détériore, il y a moins de recettes,
03:26et donc on avait déjà théorisé...
03:28Donc on ne fait pas de prévision, on veut dire, dans ce cas-là.
03:29Voilà, on avait déjà théorisé l'idée qu'il y a un mécanisme de stabilisation automatique,
03:34et qu'à certains moments, il faut accepter l'idée que les recettes ne sont pas celles qui ont été prévues.
03:38C'est ce que font un peu les Pays-Bas, par exemple.
03:40Les Pays-Bas, en fait, eux, ils ont une trajectoire de croissance à moyen terme.
03:46En fonction de ça, il y a un niveau de dépense publique qui est jugé soutenable,
03:50et puis après, en fonction de la conjoncture, les recettes, elles sont parfois meilleures,
03:54parfois moins bonnes, mais effectivement, ça n'est pas la dramaturgie à laquelle on assiste chaque année en France
04:00autour de la prévision de Bercy du dixième de point de croissance.
04:05Non, je crois qu'il ne faut pas les faire, je crois qu'il faudrait effectivement accepter cette logique
04:08que vient de décrire Emmanuel, qui est la logique des stabilisateurs automatiques,
04:12qui est celle qui est prévue par les traités européens, c'est-à-dire qu'il y a des périodes
04:15où, effectivement, le déficit se creuse parce que la relativité ralentit,
04:19et puis il y a des périodes où, normalement, le déficit, non seulement s'annule,
04:22mais on dégage des excédents qui permettent de réduire la dette.
04:25Mais vous pouvez avoir des grosses, grosses surprises, quand même,
04:27avec un écart entre recettes et dépenses, si vous faites ça, parce que si l'activité se dégrade...
04:31Oui, il y a eu beaucoup d'années, on a eu des bonnes surprises.
04:32Oui, mais...
04:33Alors, ce qu'il faut, effectivement, c'est avoir une évolution des dépenses,
04:37elles, qui soient véritablement normées sur le moyen et long terme,
04:40à partir des hypothèses de croissance.
04:42Et puis, je crois qu'il y a, pour finir avec la formule latine du mardi,
04:47c'est fide, c'est quivide, c'est-à-dire qu'il faut faire confiance aux gens qui ont fait leur preuve.
04:52C'est-à-dire, dans tous les gens qui font des prévisions, maintenant,
04:55il n'y a pas que Bercy qui fait des prévisions.
04:57À la limite, il faut faire ça comme à l'anglaise, où on dit...
05:00On multiplie les instituts et on fait une synthèse.
05:02Et on fait une synthèse, et puis on rémunère en fonction de la capacité...
05:06Jean-Marc, il y avait un truc qui s'appelait le groupe technique
05:10de la Commission des Comptes de la Nation, il y a longtemps,
05:12qui réunissait tous les instituts de conjoncture
05:14pour discuter prévisions avec Bercy.
05:18Ça n'existe plus.
05:18Bah si, on n'a pas essayé de faire un groupe d'experts,
05:20dans lequel il y a tous les gens des experts d'ici qui sont à Bercy.
05:22Il y en a qui ont essayé, mais ils ont eu des problèmes.
05:24Ah bon, mais si, on a fait un truc...
05:26Oui, mais ça n'a pas vraiment été refait.
05:29Enfin, le café, quoi.
05:29Bah, en tout cas, non.
05:32Moi, j'ai connu ça, quand j'étais au centre de prévision de l'exposition,
05:34je participais à ça, avec tous nos amis qu'on revoit aujourd'hui,
05:37qui sont tous nos économistes qui défilent à l'antenne,
05:39qui participaient à ces réunions, qui étaient très intéressantes.
05:41Merci à tous les deux.

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