00:002 millions d'emplois créés, les baisses d'impôts, les entreprises sauvées par le Covid, des avalanches de quoi qu'il en coûte pour sauver le pouvoir d'achat pendant la crise.
00:06Zéro, zéro bénéfice politique de tout ça.
00:10Emmanuel Lechiffre, Jean-Marc Daniel, est-ce que les Français sont ingrats vis-à-vis d'Emmanuel Macron ?
00:14Il faut quand même refaire un peu l'histoire de la carrière présidentielle d'Emmanuel Macron.
00:19Finalement, il est arrivé un peu comme un consultant arrive dans une entreprise qui rencontre de graves difficultés pour essayer de trouver les moyens de la redresser.
00:28Et ça a plutôt bien marché pendant 18 mois, c'est-à-dire que comme un consultant, il a regardé ce qui n'allait pas et puis il a essayé de gommer finalement toutes les particularités françaises qui faisaient qu'on était moins performant qu'à l'étranger.
00:41C'est pour ça qu'il a finalement pris des mesures sur l'apprentissage, sur l'assurance chômage, qu'il a réduit la fiscalité sur le capital, qu'il a baissé la taxe d'habitation, supprimé la redevance audiovisuelle.
00:52Et puis après, c'est pendant les gilets jaunes, on voit bien que ça déraille et qu'à partir de là, celui qui était finalement censé être un manager de transition pour préparer l'avenir de l'entreprise, il se met à cramer la caisse complètement.
01:04Et c'est là qu'effectivement, il ne fait que dépenser.
01:06Et alors oui, du coup, on peut considérer que les Français sont ingrats, parce que les Français vous disent aujourd'hui, on a augmenté les impôts, mais pas du tout.
01:14Les impôts ont baissé. Si vous prenez la suppression de la taxe d'habitation, encore une fois, ça a diminué.
01:20Les autres impôts ont aussi diminué.
01:22Et donc, on se dit, l'exemple le plus caricatural, c'est le Covid, c'est-à-dire Bruno Le Maire a quand même été considéré pendant des mois et des mois comme le sauveur de l'économie française,
01:33avant d'être cloué au pilori comme étant finalement celui qui a dilapidé l'argent public.
01:39Et Emmanuel Macron, il est un peu victime de ça aussi.
01:41Mais il est victime aussi du fait que ça n'est qu'un manager de transition et que ce qu'on attend d'un manager de transition,
01:47ce n'est pas de proposer des perspectives, une stratégie, une vision, c'est juste de redresser la boîte.
01:51Et ça, il ne l'a pas fait puisque la France va plus mal aujourd'hui qu'à son arrivée.
01:55C'est pour ça que les gens sont en colère.
01:56Non, je ne pense pas que les gens soient ingrats.
01:58Je pense qu'ils sont à la fois lucides et qu'ils ont un comportement qui est un comportement tout à fait naturel.
02:03D'abord, l'histoire de Macron, moi, je ne ferai pas la séquence exactement comme celle que vient de faire Emmanuel.
02:10Je pense qu'effectivement, au début, il devait être le président des ruches et il est devenu le président des riches.
02:15Il devait être le président du travail.
02:17Des ruches ? Des ruches de gens qui travaillent, c'est ça ?
02:19Des gens qui travaillent, des ruches.
02:21Des gens qui travaillent.
02:21Ça va être travailleuse, d'accord.
02:23Et il est devenu le président des riches.
02:24Il a distribué l'argent, c'est-à-dire qu'on sache qu'elle était l'objet.
02:28C'était la multiplication des macrons.
02:30Vous savez, 17 milliards par 6, 34 milliards, 61 milliards.
02:34Et ça n'a pas commencé avec les Gilets jaunes.
02:36Ça a commencé pour moi dès le discours d'Aix-la-Chapelle, que je cite souvent, quand il reçoit le prix Charlemagne.
02:41On est au printemps 2018.
02:42Nous sommes six mois avant l'affaire des Gilets jaunes.
02:45Il dit qu'il faut se débarrasser du fétichisme, des excédents budgétaires et des excédents commerciaux.
02:51Et donc, je pense qu'il était dans une espèce de vision où il allait être d'une très grande générosité.
02:57Or, ça se termine toujours mal.
02:58Je vais faire une citation de Machiavel.
03:00Je voulais le texte de Machiavel.
03:02Nous sommes au XVIe siècle.
03:03Écoutez bien.
03:04Un prince qui veut se faire la réputation d'une grande générosité épargnera aucune somptuosité,
03:11ce qui l'obligera à épuiser son trésor.
03:14Il s'ensuivra que pour conserver la réputation de générosité qui s'est acquise,
03:18il sera contraint de gréver son peuple de charges extraordinaires.
03:22C'est-à-dire que ça finit mal, quoi.
03:23Ça finit mal.
03:25Ainsi, commencera-t-il bientôt à être odieux à ces sujets,
03:27et à mesure qu'il appauvrira le trésor, il sera de moins en moins bien considéré.
03:33Il est donc sage de se résoudre à être appelé avare quand on prend le pouvoir,
03:37qualité qui n'attire que du mépris,
03:39que de se mettre, pour éviter ce nom dans la nécessité d'encourir à la fin,
03:43la qualification de rapace.
03:45Et donc, il aurait dû être avare au départ,
03:48c'est-à-dire qu'il aurait dû dire, écoutez, je vais redresser les comptes publics,
03:51je suis effectivement un consultant, le Mozart de la finance,
03:55j'arrive devant un pays sinistré, je suis avare.
03:58Il s'est montré généreux, et maintenant il est vécu comme rapace.
04:01Parce que les gens voient bien qu'il va falloir faire un effort.
04:05Le niveau d'épargne obéit là aussi à une logique qui n'est pas celle de Machiavel,
04:09mais qui est celle des économistes néo-ricarniens,
04:11qui disent qu'il arrive un moment où les gens comprennent bien
04:14que cette générosité artificielle,
04:16c'est Macron qui sont en train de se multiplier,
04:19finalement c'est eux qui vont les payer.
04:21Donc ils ne sont pas ingrats, ils sont lucides.
04:24Emmanuel ?
04:24Oui, parce qu'au final, effectivement,
04:26quand on fait le bilan de ce qui va rester de deux mandats d'Emmanuel Macron,
04:30le bilan est quand même assez catastrophique.
04:33C'est-à-dire qu'il ne restera rien.
04:35Mais l'emploi quand même !
04:36Il ne restera rien sur le plan idéologique,
04:40puisque, encore une fois, comme on l'a dit,
04:41quand vous êtes juste un manager en transition,
04:43on n'attend pas de vous que vous ayez une vision stratégique,
04:45qu'on attend de vous, comme le disait Camus,
04:48pour le coup, que non pas vous prépariez le monde nouveau,
04:51mais que vous évitiez que le monde ancien se défasse.
04:54Voilà, donc il était à ce niveau-là.
04:55Mais après, si vous regardez le bilan...
04:57Non mais il y a dix ans, c'était le chômage, le sujet numéro un.
05:00Attendez, alors...
05:01L'inversion de la courbe, vous avez oublié tout ça ?
05:03Alors, il y a plusieurs choses.
05:04D'abord, un, il doit beaucoup à ce qui a été fait sous François Hollande,
05:08dont il était en partie un peu responsable.
05:11Deux, regarder l'évolution du taux de chômage
05:13avec tous les autres grands pays,
05:14notamment les grands pays européens.
05:16Est-ce que l'écart de taux de chômage
05:17entre la France et les autres pays européens,
05:20Jean-Marc, c'est considérablement réduit ?
05:22Non, pas vraiment.
05:23Donc ce n'est même pas grâce à lui, c'est le contexte.
05:25Et après, sur les deux millions d'emplois créés, certes,
05:28mais il y en a combien qui sont liés à l'apprentissage ?
05:31Chaque apprenti ayant coûté quand même un prix assez élevé.
05:36Et sur le reste, franchement, sur la dépense publique,
05:39il n'y a rien, il n'y a rien.
05:40C'est là où, quand même, on peut lui en vouloir.
05:42Et c'est là que vous pouvez avoir toutes les ambitions que vous voulez.
05:45Mais l'intendance ne suit pas, l'intendance précède.
05:47Si vous n'avez pas les moyens et que vous pouvez faire
05:50toutes les baisses d'impôts que vous voulez,
05:51si vous ne jouez pas sur la dépense,
05:52vous êtes condamné, comme le dit Jean-Marc,
05:55et c'est sa citation de Machiavel.
05:57Et puis, pardon, sur les autres grands projets,
06:00mais prenez l'exemple quand même, pour moi,
06:02le plus caricatural,
06:03qui est le cas de Marseille.
06:06Ce grand plan qu'on était censé développer en Marseille,
06:09mais il n'y en a quasiment aucune trace.
06:13Il n'y a quasiment aucun argent qui a été dépensé.
06:15Il n'y a rien fait.
06:15Donc, il y a aussi beaucoup de communication,
06:18beaucoup d'agitation.
06:20Et effectivement, le pays va plus mal.
06:24Jean-Marc, vous voulez dire un dernier mot ?
06:27Non, non, juste, j'insiste là-dessus.
06:30Les gens ont besoin d'avare
06:31et ils ont compris que le généreux était en fait un rapace.
06:34Très bien.