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  • il y a 1 jour
Ce jeudi 13 novembre, l'impact de la réforme systémique des retraites sur les marchés obligataires a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Face à mes deux chiffres aujourd'hui, c'est Jean-Marie Daniel.
00:02On l'a dit 100 fois sur ce plateau, Emmanuel.
00:05La réforme des retraites, c'est systémique.
00:07Si on revient dessus, ça va faire monter les marchés obligataires.
00:09Rien de rien, on vient de le voir avec Étienne.
00:11On a même signé un record sur le CAC 40 au même moment où on votait le texte à l'Assemblée.
00:15C'est des autruches, le marché ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:17Non, mais je crois qu'il y a à la fois un problème d'horizon,
00:22c'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'on se trompe sur ce qui relève du court terme,
00:25de ce qui relève du long terme,
00:27et qu'il y a quand même toujours une logique sur les marchés.
00:30Bon, évidemment, quand il y a un marché directeur qui est les États-Unis, par exemple,
00:37eh bien oui, quand il se passe quelque chose aux États-Unis, tous les marchés suivent.
00:41Mais il y a une logique, en fait, hier, dans cette histoire d'adoption,
00:44finalement, des retraites simultanées et du record du CAC,
00:47c'est que, bon, quand vous êtes sur les marchés, vous regardez quoi ?
00:50Vous regardez le coût, finalement, de ce renoncement,
00:53et on voit que pour 2026-2027, c'est un coût qui est, allez, 300 millions pour 26,
01:01un peu plus, presque 2 milliards pour 27.
01:04Oui, mais sauf que quand vous mettez en face de ça le coût de l'instabilité politique,
01:09qu'on connaît maintenant, puisque ça a été chiffré,
01:11grosso modo, c'est 1 milliard par mois.
01:121 milliard d'euros, 1 milliard d'euros de PIB en moins par mois.
01:18Donc, puisque vous avez les recettes publiques qui font à peu près la moitié du PIB,
01:23500 millions par mois de recettes en moins pour les caisses de l'État.
01:26Donc ça vaut le coût.
01:27C'est-à-dire que si on se dit, ben là, c'est qu'une pause après, on a l'élection présidentielle,
01:32et en gros, le coût économique, finalement, de la stabilité politique, certes acheté cher,
01:37eh bien, c'est quand même mieux que le bazar politique.
01:40Et puis après, à long terme, effectivement, et ça, Étienne l'a rappelé,
01:43les marchés, ils ne sont pas fous.
01:44Quand on dit les marchés, ça salue les licenciements boursiers, etc., etc.
01:48Mais la réalité, c'est qu'à long terme, il n'y a pas de miracle,
01:50et qu'effectivement, on est dans une situation d'instabilité politique
01:54et de régression sur les réformes économiques et sociales,
01:57et que la Bourse de Paris, du coup, performe beaucoup moins que les autres,
02:02et que c'est un appauvrissement pour le pays,
02:03et c'est un appauvrissement pour nous aussi, les épargnants.
02:05Jean-Marc.
02:06Écoutez, je pense que sur les marchés,
02:10je reprendrai la formule d'un des grands spécialistes,
02:12un prix Nobel d'économie, qui était Robert Schiller,
02:14qui citait cette formule célèbre du philosophe allemand Hegel,
02:18qui est « l'oiseau de Minerve s'envole au crépuscule ».
02:21Ça veut dire quoi en français ?
02:22Ça veut dire que l'oiseau de Minerve, c'est l'intelligence,
02:25et « s'envole au crépuscule », c'est-à-dire qu'elle s'envole
02:27à la fin de la journée, parce qu'elle ne sait pas
02:30ce qui va se passer dans la journée.
02:32Et donc, elle combat avec intelligence le passé,
02:35parce qu'elle est incapable de prévoir l'avenir.
02:37En réalité, tous les gens rationnels,
02:39ils sont capables d'expliquer ce qui s'est passé,
02:41mais rarement capables de véritablement prévoir ce qui va se passer.
02:45Alors, pourquoi Robert Schiller réagissait ?
02:47Il réagissait à une formule célèbre d'Alan Greenspan,
02:50qui n'a utilisé ça qu'une seule fois,
02:52c'était en décembre 1996,
02:53il a parlé d'exubérance irrationnelle des marchés.
02:57C'est-à-dire, effectivement, il y a des périodes
02:59où les marchés s'emballent.
03:00Alors, est-ce qu'il peut y avoir de la rationalité dans tout ça ?
03:02Je pense qu'il y a quand même deux éléments qui jouent.
03:04Le premier élément, c'est que normalement,
03:06en théorie, ce qu'on apprend à nos étudiants,
03:07c'est que les cours de bourse représentent
03:10les anticipations de bénéfices futurs des entreprises.
03:13Donc, on peut considérer que, effectivement,
03:15un certain nombre de gens considèrent
03:17que l'intelligence artificielle,
03:20tout le discours sur les nouvelles technologies,
03:23va avoir un impact sur la réalité des entreprises.
03:26même si, Étienne l'a rappelé,
03:28c'est plutôt les économies à l'ancienne,
03:31c'est plutôt les entreprises dans les secteurs les plus anciens
03:33qui performent pas mal en ce moment.
03:35Mais donc, il y a cette idée que, finalement,
03:37ce n'est pas parce qu'on n'a pas de ministre de l'économie
03:39qui dure plus de trois mois
03:40que, fondamentalement, les entreprises sont menacées
03:43dans leur existence et dans leurs projets.
03:45Ce n'est pas parce que le gouvernement est menacé
03:47que les entreprises...
03:48Non, mais quand vous votez que des dépenses,
03:50pas de recettes, à un moment donné, quand même,
03:52vous voyez, il va y avoir un problème.
03:53Oui, et après, le deuxième élément...
03:54Mais encore une fois, ça n'engage pas sur très longtemps.
03:58Le deuxième élément, si vous voulez,
04:00c'est ce que disait, notamment,
04:01alors là aussi, un économiste assez célèbre,
04:03qui est Robert Marot,
04:04toutes ces histoires d'écoïvalence ricardienne.
04:06Il y a un moment où, effectivement,
04:08la société, quand elle voit l'incapacité de l'État
04:10à équilibrer ses comptes,
04:11quand elle voit l'incapacité des élites
04:14à équilibrer la gestion publique,
04:17elle se réfugie dans l'épargne
04:18et elle va se porter sur deux éléments,
04:20l'immobilier et la bourse.
04:23Et donc, c'est Robert Marot,
04:25disait, le déficit budgétaire de Reagan
04:28aura eu comme conséquence
04:30de chasser la classe moyenne de Manhattan
04:31et d'enrichir les fonds de pension.
04:33Jean-Marc, moi, je veux bien qu'on se réfère
04:35à des gens comme Alan Greenspan,
04:36qui nous a quand même dit tout et son contraire.
04:39C'est-à-dire que, quand Greenspan dit,
04:42effectivement, l'exubérance irrationnelle des marchés,
04:44c'est le même Alan Greenspan
04:45qui disait, pour défendre l'efficacité des marchés,
04:48mais comment voulez-vous que moi,
04:50banquier central,
04:52je sois mieux informé
04:53que ces dizaines de milliers de gens
04:55qui, eux, ont des informations,
04:57qui font les marchés
04:58et dont tout le savoir et la connaissance
05:01se, finalement, concentrent
05:03dans une seule information
05:04qui est le prix,
05:05qui est le cours.
05:06Donc, la réalité,
05:08c'est qu'on est quand même
05:09sur une forme
05:10à la fois d'irrationalité par moment,
05:14mais de grande rationalité
05:15qui est qu'aujourd'hui,
05:16les fondamentaux de l'économie française
05:17sont mauvais,
05:19sont plus mauvais
05:20que ceux des autres pays européens
05:21et que, du coup,
05:23on a un indice boursier
05:25qui, sur le long terme,
05:26effectivement,
05:26ne peut pas défier
05:27les lois de la gravité économique
05:29et les lois d'apesanteur.
05:30Ce que je comprends, Jean-Marc,
05:31avec vos histoires d'oiseaux,
05:32c'est qu'on ne sait pas
05:34ce qui va se passer demain
05:34et ce n'est pas parce que
05:35les marchés aujourd'hui
05:36font un plus haut en séance
05:38que ça a garanti
05:39que demain, ça va se courir.
05:40Les gens qui vont commenter
05:41commenteront le passé.
05:42Mais leur capacité
05:43à prévoir ce qui va se passer...
05:44C'est le « je ne suis pas madame Irma ».
05:45Le « je ne suis pas madame Irma ».
05:46En clair.
05:47La seule chose qui est un peu solide
05:48dans tout ça,
05:49c'est encore une fois,
05:49il y a quand même
05:50des anticipations d'évolution de profit
05:52et donc des situations
05:53qui sont des situations
05:54des entreprises
05:54et pas de l'État.
05:55Et la deuxième chose,
05:56c'est que vis-à-vis de l'État,
05:58il faut se prémunir
05:58contre, effectivement,
06:00cette tendance de l'État
06:01à vouloir augmenter
06:02systématiquement les impôts.
06:03Et pour ça,
06:03il faut avoir mis
06:04un peu d'argent de côté
06:05donc autant le mettre en bourse.
06:06Merci beaucoup à tous les deux.
06:07On se retrouve demain.
06:09Femme et le Chiffre
06:09sera face à Raphaël Lejean
06:10puisque demain,
06:11nous sommes vendredi.

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