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  • il y a 3 jours
Ce mardi 11 novembre, le versement de 1 000 euros à chaque naissance pour amorcer un capital retraite dès le plus jeune âge a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Gabriel Attal tente de résister au milieu des questions de retraite, c'est compliqué pour lui,
00:04il faut qu'il avale la suspension de la réforme aujourd'hui.
00:06Alors il propose de changer le système en misant sur la liberté de chacun, chacun part quand il veut.
00:11Alors pour éviter qu'il y ait des pensions trop faibles, il a cette proposition,
00:141000 euros versés à chaque enfant à partir de la naissance, c'est placé sur un fonds,
00:19chacun peut abonder après parents ou grands-parents.
00:22Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise idée, Emmanuel ?
00:24La réforme que propose Gabriel Attal, c'est vraiment un art de la synthèse
00:30de tout ce qui pourrait être effectivement une bonne réforme des retraites,
00:34c'est-à-dire qu'il prend ce qu'il y avait de meilleur dans le projet de retraite à points
00:38qui a finalement été abandonné, qui était le projet initial porté par Édouard Philippe quand même au départ,
00:46donc avec l'avantage de la souplesse, il n'y a plus d'âge de départ légal,
00:52vous cotisez en fonction d'un nombre de trimestres et vous touchez directement.
00:56C'est un système aussi où il veut de la simplicité,
00:58donc il supprime quand même les régimes spéciaux, il veut de l'individualisation,
01:03il veut de la capitalisation progressive effectivement,
01:06et là on reconnaît un peu la patte de ce qui s'est fait en Allemagne
01:10avec le chancelier Friedrich Merz qui avait proposé, lui alors un système un peu équivalent
01:14où on mettait 10 euros par mois aux enfants, etc.
01:16Donc sur le papier, tout ça est absolument parfait,
01:20simplement il y a quand même des écueils qui se dressent malgré l'aspect très séduisant de cette réforme,
01:28c'est-à-dire qu'il y a un moment où quoi qu'il arrive, que ce soit collectivement ou individuellement,
01:32si on ne travaille pas plus, il n'y aura pas plus d'équilibre du système des retraites.
01:37Là il y a un point qui est ambigu dans sa proposition, par exemple c'est que dans tous les systèmes à points,
01:40quand vous touchez, quand vous avez vos euros, vous les convertissez en points,
01:44là lui il est converti directement en euros.
01:46Oui, sauf que quand vous convertissez en points, ça vous permet d'assurer l'équilibre du régime.
01:52Donc sur le papier, c'est très séduisant, encore une fois, le diable se cache dans les détails
01:57et il y en a beaucoup encore à élucider.
01:59Jean-Marc, qu'est-ce que vous en pensez ?
02:01Ah, c'est de l'enfumage intégral, c'est-à-dire que comme l'a dit Emmanuel,
02:05à un moment donné il faut quand même voir que ce dont on a besoin c'est de production et donc de travail.
02:09Mais vous êtes pour la capitalisation dès la naissance ?
02:12Moi je suis pour la capitalisation, mais je pense que le véritable enjeu,
02:16par-delà la capitalisation, c'est effectivement de projeter de l'épargne
02:19au travers d'un système de retraite, au travers du PER, au travers de l'action de nos entreprises,
02:24dans les endroits où il y a des gens qui travaillent.
02:27C'est-à-dire que, je reviens au bon vieux principe d'Alfred Sauvi,
02:30c'est-à-dire que le problème des retraites c'est le seuil d'Anquise.
02:33Vous savez, Anquise c'est ce personnage dans la guerre de Troyes qui est le père d'Ainé.
02:37Et à la sortie, dans Virgile, à la sortie, Ainé emporte son père sur ses épaules.
02:43Et ce que dit Alfred Sauvi, c'est qu'Anquise qui est le retraité,
02:47il est sur les épaules du gars qui travaille.
02:49Et donc le véritable enjeu, c'est le nombre de gens qui travaillent.
02:52Donc vous pouvez faire tout un tas de bonnes taux,
02:54vous pouvez dire, tu as vu où est l'argent, tu as vu l'argent, c'est en euros, c'est là, c'est à gauche, c'est tout.
02:59Pour vous ça ne résout pas le problème ?
03:00Non, le seul véritable problème, si vous voulez, dans le rapport Charpin
03:03qui avait été fait à la demande de Jospin,
03:05à la fin, Charpin, avec évidemment des réserves des syndicats
03:10qui disaient, il faut regarder ça de plus près, tout ça,
03:12il disait, il n'y a que quatre éléments qui vont jouer.
03:14Le premier élément, c'est l'allongement de la durée de cotisation,
03:17c'est ça qui est un...
03:18Le deuxième élément, c'est la constitution d'un fonds de réserve,
03:21c'est-à-dire un début de capitalisation pour projeter de l'épargne
03:24et préparer effectivement l'avenir en projetant de l'épargne là où il y a du travail.
03:27L'élargissement de l'assiette de financement, c'est-à-dire on peut effectivement...
03:31Et la modification des règles d'indexation, c'est-à-dire le partage
03:34entre les actifs et les inactifs de la production qui est réalisée.
03:37Tout le reste, à mon avis, c'est...
03:39C'est du blabla, quoi.
03:40C'est du blabla.
03:40Donc il faut trouver quelqu'un qui est capable de dire aux Français
03:42qu'il faut travailler plus.
03:43Il faut travailler plus, il faut épargner plus
03:45pour aller effectivement investir dans les endroits où il y a des jeunes.
03:48Et alors, puisque c'est mardi,
03:49ça fait un certain temps que je n'ai pas fait de citation latine.
03:51Oui, c'est vrai.
03:52Je me permets de rappeler à tous ces gens-là,
03:55ave, ave, avès, avès, essai.
03:58C'est-à-dire ?
03:58C'est-à-dire, c'était ce que disaient les jeunes romains à leurs ancêtres.
04:03Ils leur disaient, salut ancêtre, salut grand-père,
04:06tu veux manger des oiseaux ?
04:08Et ils apportaient à ce moment-là un plat
04:09où il y avait les oiseaux qui étaient cuits, qui étaient cuisinés.
04:13C'est-à-dire qu'effectivement, c'est les jeunes qui doivent assumer...
04:16Qui apportent des oiseaux.
04:16Qui apportent des oiseaux aux vieux, il n'y a pas d'autre solution.
04:19Non, la difficulté, c'est qu'effectivement,
04:23c'est un peu la faiblesse de ces propositions
04:27que je qualifierais de françaises en général.
04:29C'est-à-dire qu'elles sont habillées d'une perfection technique
04:33qui fait qu'on a l'impression qu'on peut s'affranchir des lois de la gravité.
04:37Mais ce qui ne veut pas dire, travaillez plus !
04:38Oui, voilà, les lois de la gravité économique et politique aussi,
04:42parce que oui...
04:43Et démographique !
04:44Et démographique !
04:45Oui, mais c'est bien pour ça qu'à un moment,
04:46un, il va falloir quand même travailler plus.
04:48La problématique de faire travailler plus les seniors,
04:50elle reste intacte.
04:51Et puis la problématique politique,
04:53qui va consister à faire adopter cette réforme des retraites,
04:56elle est, elle aussi, intacte.
04:58Notamment quand vous voulez supprimer tous les régimes spéciaux,
05:01on voit bien à quel point c'est extrêmement compliqué.
05:03Donc ça peut être une ligne directrice.
05:06Elle a le mérite de la simplicité.
05:08Donc on avance progressivement.
05:09Mais effectivement,
05:10ça n'est pas la réforme qui va nous permettre de nous affranchir.
05:14Mais il reste 20 secondes.
05:15Pourquoi on n'arrive pas à sortir du déni démographique ?
05:17Pourquoi en France, on pense toujours qu'on est une société qui fait plein d'enfants ?
05:21Pourquoi on ne sort pas de là ?
05:22Alors je ne sais pas si on est encore une société qui pense qu'on fait plein d'enfants.
05:26Sinon, on ne reviendrait pas sur la réforme.
05:29Ah non, mais ce n'est pas pour des raisons démographiques qu'on revient...
05:31On se croit en capacité de financer le système des reprises.
05:34Mais oui, mais pas parce qu'on est dans le déni démographique,
05:37parce qu'on est dans le déni financier.
05:39Et qu'en France, la problématique,
05:41ce n'est pas la façon dont vous envisagez la démographie,
05:43c'est la façon dont vous considérez un déficit.
05:46Et en France, un déficit, on considère qu'on pourra toujours le financer.
05:49Jean-Marc.
05:49Non, juste pour répondre à cette question,
05:51dans le rapport Charpin, ce fameux rapport Charpin,
05:53que j'invite les auditeurs à lire,
05:56il y a la contribution de la CGT.
05:58Et la CGT dit, tout ça aussi, c'est très intéressant,
06:00mais vous faites des projections à 40 ans,
06:03vous êtes dans l'incapacité de prévoir ce qui va se passer
06:05dans les 40 ans qui viennent.
06:06Souvenez-vous des projections qui avaient été faites en 1938
06:08sur l'évolution de la démographie.
06:11Et donc la démographie, elle a été secouée par la guerre,
06:13puis par le baby-boom.
06:14Donc il faut aussi rester modeste dans la façon dont vous traitez
06:19l'évolution du système de retraite.
06:20Merci à tous les deux.

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