00:00Face à Emmanuel Lechypre aujourd'hui, c'est Jean-Marc Daniel.
00:02Le FMI est-il aveugle ?
00:04Il a été très content hier de la publication du budget français,
00:07des réformes fiscales françaises suffisantes pour stabiliser la dette d'ici 2030.
00:12C'est beau, ça vous a fait quel effet, Emmanuel Lechypre ?
00:14Écoutez, j'ai l'impression de regarder un western.
00:17On vit un western, c'est absolument extraordinaire.
00:19Vous avez Sébastien Lecornu qui est attaché à son poteau.
00:24Vous avez tous les députés qui veulent sa peau,
00:26qui tournent autour de lui, l'air menaçant.
00:29Et là, d'un seul coup, qu'est-ce qui se passe ?
00:31Un sauveur !
00:31La cavalerie qui arrive et la cavalerie signe effectivement le FMI.
00:36Le FMI qui a publié hier ses nouvelles perspectives
00:40et qui fait un peu le bilan de santé de tous les pays.
00:44Et il faut reconnaître que quand même, toutes ces dernières années,
00:46le FMI avait eu la dent plutôt dure vis-à-vis de l'économie française.
00:50Et effectivement, le FMI est plutôt satisfait de toutes les mesures
00:54qui sont prises en France pour essayer de redresser les finances publiques.
00:59Effectivement, il dit que pour le moment, les réformes entreprises
01:02sont suffisantes pour stabiliser la dette d'ici la fin de la décennie.
01:07Donc moi, ce que je retiens, d'abord, c'est que le FMI dit
01:10« Ok, c'est bien, mais attendez, vous n'êtes encore qu'au début du chemin. »
01:15Donc le FMI ne dit pas « Dormez, braves gens ! »
01:17Ce que dit le FMI et que je trouve très intéressant,
01:19c'est qu'il dit « Si vous mettez beaucoup de sueur
01:23dans le redressement de vos dépenses publiques,
01:25vous éviterez quand même un peu le sang et les larmes. »
01:30Donc c'est ça qui est intéressant.
01:32Et puis le deuxième message que donne le FMI,
01:34au-delà des recommandations à l'art pré-traditionnel
01:36sur la meilleure gestion des finances publiques, etc.,
01:38ce qu'il nous dit, c'est « Attendez, mais arrêtez l'hystérie politique.
01:43Il n'y a pas d'urgence. »
01:45C'est-à-dire, oui, votre situation est grave,
01:46mais vous n'êtes pas au bord d'un gouffre financier,
01:48comme le disait François Bayrou, par exemple.
01:51Et donc, vous avez du temps pour redresser vos finances publiques.
01:54Donc j'ai trouvé…
01:54Il n'est pas à nos portes, comme vous disiez le voir.
01:56Non, il n'est pas à nos portes.
01:57J'ai trouvé le message empathique, bienveillant, mais lucide.
02:02Jean-Marc.
02:03Oui, moi, je ne sais pas exactement la même lecture.
02:05Ça m'étonne.
02:06Effectivement, le FMI, d'abord, les gens qui se sont exprimés au nom du FMI
02:10n'ont pas tenu exactement le même discours.
02:11Il y a eu un des directeurs qui s'occupe de l'Europe
02:15qui a dit, effectivement, plus ou moins ce que vient de dire Emmanuel,
02:18plus ou moins.
02:19Il a quand même mis un certain nombre de réserves.
02:21Et puis, il y a Pierre-Olivier Gourin-Chaste,
02:22qui est le responsable des études économiques,
02:24qui a dit, quand même, à court terme,
02:25on voit bien que le déficit de 2026,
02:28en l'état des choses,
02:29sur la base des informations dont nous disposons,
02:33sera plutôt à 5,8% du PIB,
02:35alors que le gouvernement annonce qu'il va réussir
02:37à 5, voire 4,7%.
02:40Et donc, il dit, écoutez, il faut qu'on en sache un peu plus, quand même.
02:44Et le même que Pierre-Olivier Gourin-Chaste a insisté sur le fait
02:47que la façon de présenter les choses des Français
02:50était toujours extrêmement confuse,
02:52alors que les Anglais, par exemple,
02:53il a comparé avec Rachel Reeves,
02:56la chancelière de l'échiquier,
02:57qui a dit, voilà, moi j'ai un objectif,
02:59c'est de stabiliser la dette.
03:00Pour stabiliser la dette,
03:01il faut que le solde primaire soit égal à zéro,
03:03donc que les recettes soient égales à ça,
03:05et les dépenses égales à ça.
03:06Donc, je vais y arriver.
03:07Nous, on fait de la poésie, quoi.
03:09Voilà.
03:09Le score de l'ambiguïté qui a ses dépens.
03:11Oui, exactement.
03:12Et donc là, manifestement,
03:13on reste dans l'ambiguïté.
03:15Et donc, je ne sais pas si,
03:17une fois que la cavalerie aura chassé les Indiens,
03:19je ne sais pas si elle va détacher totalement le prisonnier,
03:22si elle ne veut pas lui dire,
03:23écoute, maintenant...
03:24On vous laisse sur l'échafaud,
03:25on viendra dans trois jours.
03:26Il faudrait peut-être que tu changes d'attitude
03:28pour que ça ne recommence pas.
03:30Et la dernière remarque que je ferai,
03:31c'est que ce que met en avant, effectivement, le FMI,
03:35c'est que la dramatisation,
03:37alors là, je rejoins ce qu'a dit Emmanuel,
03:38la dramatisation artificielle de la situation
03:40a des conséquences négatives.
03:42C'est-à-dire, il vaut mieux, là aussi,
03:44je prends un autre chancelier de l'échiquier,
03:46qui était Georges Osborne,
03:47qui disait,
03:48je ne vais pas vous donner un discours chur-chilien.
03:50En face de moi, j'ai du déficit budgétaire,
03:52je n'ai pas Hitler.
03:53Je vais vous dire la vérité.
03:54Donc, la vérité, c'est que ça va mal,
03:55mais la vérité, c'est que je ne vous promets pas
03:57du sang et des larmes.
03:58Je vous demande un effort,
03:59de la responsabilité,
04:00de la capacité à accepter les réformes.
04:02Et donc, je crois que là aussi,
04:04ce qui a été un peu négatif
04:05dans l'opération menée par François Béraud,
04:07ça a été de donner l'impression
04:09que du sang et des larmes,
04:11c'était nécessaire,
04:13alors qu'il faut savoir raison garder.
04:15Emmanuel ?
04:16Non, mais c'est toute la difficulté,
04:17effectivement,
04:18de l'intensité de l'effort
04:19qui est demandé à court terme,
04:21et puis la nécessité aussi
04:24de se projeter sur une trajectoire.
04:26Parce que la réalité,
04:28c'est ça le message du FMI,
04:29c'est qu'il dit,
04:30mais attendez,
04:30si vous avez un effort régulier,
04:33soutenu,
04:34vous n'avez pas besoin
04:36de mettre l'économie française à genoux
04:38pour redresser le financement
04:40de vos finances publiques.
04:41Encore une fois,
04:42il y a beaucoup de pays
04:43qui ont réussi cet effort
04:45de redressement de leurs finances publiques.
04:46Donc, il dit juste
04:47baisser un peu les dépenses, quoi.
04:48C'est ça,
04:48il dit baisser les dépenses,
04:49et effectivement,
04:50ce que pointe Jean-Marc est fondamental,
04:52c'est-à-dire qu'on est dans une hystérie
04:54qui, effectivement,
04:56on suit au jour le jour,
04:57heure par heure,
04:58tout ce qui se passe à l'Assemblée, etc.
05:00Vous avez donc François Beyrou
05:01qui nous a dit
05:02qu'on était au bord du Gouvre.
05:03Hier, quand vous écoutez les députés
05:05sur le projet de budget 2026,
05:07on vous parle de cure d'austérité
05:08sans précédent,
05:09on vous parle de véritable boucherie fiscale.
05:11Donc, c'est le jeu des politiques.
05:13On en fait beaucoup
05:14dans les médias généralistes
05:16sur le sujet.
05:18Et je trouve qu'effectivement,
05:19c'est intéressant de pointer,
05:21comme le fait le FMI aussi,
05:22les dangers de cette hystérisation
05:23du débat
05:25qui empêchent de se retrousser les manches.
05:27Oui, mais il faudrait pouvoir
05:29baisser les dépenses non plus
05:30sans que ça soit hystérique.
05:32C'est-à-dire que vous touchez au taxi,
05:34vous voyez ce qui se passe.
05:35Vous ne pouvez rien faire,
05:37même sur des toutes petites mesures, quand même.
05:38Il faut être courageux
05:39et pas hystérique.
05:41D'accord.
05:42Non, mais je note.
05:43Courageux, mais pas hystérique.
05:45Très bien.
05:45À demain, à tous les deux.
05:46Il est 7h17.
05:46Sur BFM Business
05:48et sur RMC Live.
05:49Merci.
05:50Merci.
05:51Merci.
05:52Merci.
05:53Merci.