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  • il y a 14 minutes
Ce mercredi 26 novembre, la proposition d'un amendement socialiste de contraindre les 20 plus grandes fortunes à prêter de l'argent sans rémunération à l'État a été abordée par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Face à Emmanuel Lechypre aujourd'hui, c'est Jean-Marc Daniel, emprunt forcé.
00:03Rien que le terme est quand même un peu compliqué, ça fait un peu froid dans le dos,
00:08ça rappelle les années Mitterrand, et si on obligeait les 20 000 grandes fortunes
00:11à prêter de l'argent sans rémunération à l'État, c'est ce que propose un amendement socialiste.
00:16Vous dites oui ou vous dites non Emmanuel Lechypre ?
00:17Moi je dis plutôt oui, alors effectivement, forcé, le terme n'est pas particulièrement bien choisi.
00:23Quand on ne vous demande pas votre avis que c'est obligatoire, c'est forcé.
00:25Oui mais obligatoire déjà, vous voyez, ça sonne mieux qu'emprunt forcé.
00:30Alors d'abord, vous l'avez dit, c'est absolument pas une nouveauté,
00:33la France a déjà expérimenté ce dispositif plusieurs fois dans l'histoire,
00:37alors je vous concède que ça n'a pas toujours été aux heures les plus glorieuses de notre pays,
00:42mais ça a été le cas en 1920, 1916, 1940 et 1983,
00:46qui est quand même l'expérience la plus proche de ce qu'on pourrait vivre.
00:50Alors pourquoi ça a des avantages ?
00:52D'abord parce que ça n'est qu'un emprunt, c'est-à-dire que c'est de l'argent qui sera remboursé,
00:58ça n'est pas un prélèvement obligatoire.
01:01Pourquoi vous me regardez ça ?
01:02Parce que vous pouvez me dire, je vous rembourse en 29, bah non, je vous rembourse plus tard.
01:06Dans l'histoire, ça a toujours été remboursé, parfois un peu tard, je vous le concède,
01:10mais ça a quand même toujours été remboursé.
01:13Ça mobilise du cash très vite, ça n'a aucun impact, effectivement, sauf positif, sur les déficits publics.
01:20C'était l'équivalent de 2,5 milliards d'euros, il me semble, en 1980-83.
01:25Ça cible quand même les détenteurs de patrimoine plutôt que les classes moyennes,
01:29et c'est quand même ça qu'il faut éviter aussi dans ce pays.
01:31Et puis moi, je crois à l'effet patriotique, vous voyez ?
01:36Ah, parce que comme c'est pour financer l'armée, vous dites allons-y, quoi.
01:39On se dit, oui, on finance, et puis c'est plus sympa, je trouve,
01:42de demander une contribution obligatoire que d'imposer.
01:47Même vous, vous rigolez, alors arrêtez Jean-Marc qui est devenu fou, quoi.
01:51Mais alors, effectivement, c'est des heures peu glorieuses,
01:54et si on remonte encore plus loin dans l'histoire,
01:55la première fois que ça s'est fait, c'était pendant la convention montagnarde.
01:59C'est quand même pas, c'est-à-dire à l'époque, on guillotinait les gens,
02:02et on leur piquait leur argent, et on le détruisait par l'inflation.
02:05Vous, vous êtes dans l'ambiance, on guillotinait.
02:08Voilà, voilà.
02:09Alors, néanmoins, je rappelle également que ce qu'on appelle l'impôt sécheresse,
02:14qui avait été lancé par Raymond Barre en 1976, était un emprunt.
02:18Et donc, et c'est un emprunt qui a été pour 5 ans,
02:20et qui a été remboursé en 1981, avec des cris d'orfraie des gens qui ont remboursé,
02:25puisque c'était la gauche qui a remboursé,
02:27un emprunt qui avait été lancé par Raymond Barre.
02:28Donc, on peut considérer que ce n'est pas uniquement la confiscation sociale ou communiste
02:34qui est derrière les emprunts forcés.
02:37Mais, néanmoins, je trouve assez surprenant cette idée.
02:40Alors, les trois raisons.
02:41La première raison, c'est que ça reste un emprunt, donc ça ne diminue pas la dette.
02:45Simplement, ça a comme conséquence, effectivement, de changer le type de prêteur.
02:50C'est une avance de trésorerie, j'en veux.
02:51Oui, c'est sans rémunération.
02:54Oui, c'est sans rémunération.
02:55Mais il n'y a pas d'inflation.
02:57Oui, c'est sans rémunération.
02:58Mais effectivement, c'est un jeu sur les taux d'intérêt.
03:00Mais globalement, la dette ne bouge pas.
03:02C'est-à-dire, la dette reste la même.
03:04Elle continue à être, puisque c'est un emprunt, elle continue à être présente.
03:09Avec comme conséquence, c'est que, deuxième élément,
03:12les gens qui vont effectivement payer pour avoir des emprunts d'État
03:15ne pourront pas acheter des entreprises, des actions.
03:18Alors, si le taux d'épargne ne bouge pas, ça veut dire qu'on détourne une nouvelle fois
03:22une partie de l'épargne des investissements et de la création de richesses
03:26vers la gabagie publique.
03:27Donc, il faut avoir le courage de dire, non, on ne va pas effectivement faire un emprunt,
03:33on va plutôt baisser les dépenses.
03:35Et puis, le troisième argument, c'est que, fondamentalement, effectivement,
03:39taux zéro, mais on a déjà connu ça, les taux zéros,
03:44la Banque centrale a véritablement, effectivement, un certain...
03:47Et donc, si on veut avoir des taux zéros, si on veut avoir des...
03:50Il faut aller voir la Banque centrale et négocier avec la Banque centrale...
03:54Auprès d'elle, pas auprès des riches.
03:55Voilà, une politique monétaire en disant, écoutez, voilà,
03:58on va réduire notre déficit budgétaire,
04:01est-ce que vous prenez l'engagement de racheter telle quantité d'emprunts ?
04:03Parce que je rappelle que les emprunts rachetés par la Banque centrale
04:06sont à taux zéro, c'est-à-dire que la Banque centrale rachète de la dette publique,
04:10elle reverse les intérêts qu'on lui verse,
04:12quel que soit le niveau du taux d'intérêt, à l'État.
04:14Elle fait le contraire aujourd'hui, puisqu'elle évacue son bilan.
04:17Oui, absolument, c'est pour ça qu'il faut, au lieu d'aller voir les riches,
04:20de faire la confiscation, d'en avoir...
04:22Allez voir fêter la garde pour qu'elle baisse les taux.
04:24Faites la garde, c'est-à-dire qu'après...
04:26Surtout qu'elle rachète les emprunts d'État.
04:28Moi, je vois bien que vous vous pincez le nez, là.
04:30Non, je me manque de vous également.
04:32L'emprunt obligatoire.
04:33Mais la réalité, c'est quelles sont les alternatives ?
04:35Qu'est-ce que vous proposez à la place
04:37pour améliorer la situation des finances publiques ?
04:40Si vous prenez un prélèvement obligatoire supplémentaire,
04:44c'est encore pire.
04:45Alors, d'abord, évidemment, parce que ça n'a pas remboursé,
04:47mais vous savez très bien qu'un prélèvement obligatoire en France,
04:50même quand on vous dit qu'il est temporaire,
04:52il n'est jamais temporaire.
04:54Donc, on demande, là, pour le coup, un effort temporaire,
04:57et sous cette forme-là, vous êtes sûr que vous serez remboursé,
04:59quand même, d'une façon ou d'une autre.
05:01Le problème, c'est que dès qu'on parle de prélèvement obligatoire,
05:04vous savez très bien qu'on vous dit pour un an,
05:06et ça ne sera pas le cas.
05:07Et c'est là où vous avez une véritable perte de crédibilité
05:10et une véritable perte de confiance.
05:11Donc, encore une fois, je pense que si vous faites le rapport
05:14coût-efficacité de la mesure,
05:16je ne vous dis pas que c'est la mesure la plus géniale du siècle,
05:19mais je vous dis que ce n'est pas l'idée la plus bête non plus
05:21qu'on ait vu circuler.
05:21Mais on arrive à des raisonnements absurdes
05:23pour ne pas augmenter la progressivité et ne pas travailler plus.
05:26C'est-à-dire que c'est absurde.
05:27La réponse, c'est plutôt travailler plus
05:29et baisser les dépenses publiques
05:31que d'essayer d'aller chercher dans l'histoire
05:33Alors, les amis, encore une fois,
05:35le gros avantage de cette contribution,
05:39de cet emprunt obligatoire,
05:40c'est que l'argent rentre dans les caisses de l'État tout de suite.
05:42Alors, vous pouvez fantasmer sur les Français
05:44qui vont travailler plus, vont devoir travailler plus,
05:46on va créer les conditions pour que les Français travaillent plus.
05:49Vous savez très bien que ce ne sera pas à l'horizon
05:50de plusieurs années.
05:51Donc, encore une fois, le côté immédiat de la mesure
05:53est quand même intéressant.
05:55Si on fait des économistes, c'est immédiat aussi.
05:58Non, il faut voter.
05:59Donc, c'est un peu plus long.
06:00Oui, il y a une asymétrie dans le courage politique.
06:03Je ne vous mets pas dehors,
06:04mais il faut que vous alliez sur la chaîne d'en face à 7h17.
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