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  • il y a 1 jour
Ce jeudi 20 novembre, le vote pour la nationalisation de l'ArcelorMittal par la commission des finances de l'Assemblée nationale, a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Face à le chiffre aujourd'hui, c'est Jean-Marc Daniel, la commission des finances a voté hier la nationalisation d'harceleur Mittal.
00:06Il y aura une proposition de loi qui sera examinée le 27 novembre.
00:09Seule voie pour ne pas laisser dépérir l'acier européen selon LFI.
00:12C'est votre point de vue aussi Emmanuel ?
00:13Et comment ?
00:15Vous voulez nationaliser ?
00:16Alors, regardons les gens qui sont contre aujourd'hui, c'est la direction de Mittal, c'est le gouvernement,
00:21qui dit ça résoudrait en rien les problèmes.
00:23Mais le gouvernement, quel est son palmarès en matière de stratégie industrielle,
00:27de capacité à retenir les entreprises ?
00:29L'État, il se fait arnaquer par le premier bonimenteur qui passe.
00:32On l'a vu avec Novasco qui avait...
00:35Voilà, il y a un fonds qui arrivait...
00:36Oui, mais du coup, nationaliser, c'est encore pire.
00:38Non, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a un moment où, quand votre bilan et votre stratégie n'ont pas de nationalisation,
00:43et quand vous avez laissé partir tous les fleurons de l'industrie française depuis des décennies sans rien faire
00:48et qu'on se retrouve aujourd'hui avec le niveau d'industrie le plus bas de tous les grands pays industrialisés,
00:53aucun pays ne s'est autant désindustrialisé, il y a un moment où il faut peut-être se poser les bonnes questions.
00:56Donc oui, c'est un secteur.
00:57Alors, je ne vais pas vous refaire le coup du secteur stratégique, mais c'est quand même important.
01:00Savoir qu'il y aura de l'acier pour tout un tas de secteurs qui en ont fondamentalement besoin dans les 30 ans à venir,
01:05quand vous prenez une décision d'investissement aujourd'hui en France, c'est important.
01:09Quand on sait que la transition écologique, si cher à Jean-Marc, vous impose une intervention publique,
01:16si vous voulez passer la période difficile au cours de laquelle votre acier écolo, entre guillemets, ne sera pas rentable,
01:22et afin qu'il le devienne, vous avez besoin...
01:24Il y a que l'État qui peut porter ça.
01:25Mais oui, et puis quand même, il y a tout un tas de nationalisations qui ont fonctionné.
01:30Moi, je suis désolé, ne serait-ce que sur la période récente, prenez Alstom, prenez STX, est-ce que c'était une erreur ? Non.
01:35Je veux dire, c'est les chantiers navals, on les a gardés chez nous, regardez ce que ça rapporte à l'économie française.
01:40Alstom, ça n'a pas été non plus une bêtise.
01:42Et puis quand vous prenez des entreprises qui vont mal, vous les achetez pas cher et vous pouvez les revendre très cher.
01:48Donc franchement, oui, moi je suis favorable à cette nationalisation temporaire.
01:52Et peut-être moins temporaire.
01:54Oui, oui, ce qui est de surprenant, vous l'avez remarqué, c'est qu'il commence par dire qu'il faut nationaliser parce que l'État est absolument incapable de gérer une entreprise.
02:01Bah oui !
02:02Donc je sens que quand même son argumentation est fragile.
02:05Mais je regarde d'ailleurs ce qui s'est passé dans l'histoire, ça a déjà été nationalisé la sidérurgie en France en 1981.
02:11Et au bout d'un moment, on a effectivement privatisé en considérant justement que l'État n'était pas là pour gérer de l'acier.
02:17Alors il ne faut pas se faire d'illusions.
02:19Moi, depuis que je commence l'actualité économique, on me parle de la crise de la sidérurgie.
02:23L'année où il y a eu le plus de production d'acier en Europe, c'était 1974.
02:27Et depuis, effectivement, progressivement, la production mondiale d'acier se déplace.
02:32Elle a d'abord été au Japon, puis ensuite en Chine.
02:35Et maintenant, elle est en Inde.
02:36Sur les 1,8 milliard d'aciers qui sont produits dans le monde, il y en a la moitié qui est produite en Chine.
02:44Et la part de l'Inde est en train de monter.
02:46Et symétriquement, la part de l'Europe diminue.
02:49En 1974, on produisait 235 millions de tonnes.
02:52Maintenant, on en produit entre 140 et 150 millions de tonnes.
02:55Et puis, ça continue à décliner.
02:57Il n'y a plus que deux pays où c'est vraiment très important.
02:59C'est l'Allemagne et l'Italie.
03:00Et il y a, là aussi, des plans de réduction.
03:02Alors face à ça, il y a deux solutions.
03:04Effectivement, on fait du protectionnisme, on nationalise.
03:06On refait les grands mythes des pays socialistes.
03:11C'était leur grande référence.
03:13C'était la production d'acier.
03:14C'est-on qui voulait que, dans chaque commune populaire, on produise un peu d'acier.
03:18Parce que l'acier, c'était la preuve de l'affirmation de la puissance économique du pays.
03:25Donc, tout ça, c'est terminé dans une catastrophe économique et humaine.
03:29Et puis, vous avez effectivement la capacité à accepter l'idée qu'il va falloir faire de la destruction pour pouvoir faire de la création.
03:37Je rappelle une anecdote que je mets assez souvent en avant.
03:40C'est comment est-ce que Bill Clinton s'est fait connaître en 1992 ?
03:43Il s'est fait connaître en allant dans une usine sidérurgique.
03:46Déjà à l'époque, c'était les Japonais qui étaient en train de truster le marché mondial de l'acier.
03:51Et les Américains, ce qu'il est en train d'essayer de faire, d'ailleurs, Donald Trump, mettaient des droits de douane pour sauver leur sidérurgie.
03:56Et donc, Bill Clinton arrive devant l'usine qui est menacée de fermeture.
04:00Et les ouvriers lui disent, si tu es président des États-Unis, est-ce que tu vas sauver la sidérurgie ?
04:05Et il a répondu, écoutez, moi, je suis l'élu, je serai élu pour défendre les Américains.
04:11Et le sort des Américains, ce n'est pas forcément d'être sidérurgiste.
04:14Donc, si je suis élu, je ne ferai rien pour la sidérurgie.
04:17Mais en fait, je ferai tout pour que vous ayez un emploi.
04:21Et donc, le véritable enjeu, c'est effectivement d'assurer pour la population la capacité à encher régulièrement de retrouver un emploi.
04:29Dernier exemple, et puis je rends la parole à Emmanuel, au Royaume-Uni, il n'y a plus que 2500 sidérurgistes,
04:36alors que c'était le symbole de la révolution industrielle britannique.
04:39Et donc, il y a un débat, et Rachel Reeves, la chancelière de l'échiquier, a dit, écoutez, plutôt que de nationaliser,
04:45plutôt que de remettre de l'argent public, on pourrait prendre un par un les dossiers de ces 2500 personnes,
04:51et trouver un emploi dans les secteurs d'avenir.
04:53Ça coûterait moins cher.
04:54Ça coûterait moins cher.
04:56C'est là où je ne suis pas d'accord.
04:57C'est-à-dire que, un, je ne suis pas pour la socialisation des moyens de production permanentes.
05:03Ce n'est pas le graal de la planification et des perspectives économiques.
05:08Mais la réalité, c'est que, d'abord, ça relève quand même d'une vieille vision de l'industrie.
05:12C'est-à-dire que si vous pensez redéployer une industrie un peu moderne,
05:17c'est forcément une industrie de proximité.
05:19Et donc, vous avez besoin d'avoir des clients, des producteurs, des consommateurs
05:23qui sont dans une zone plus resserrée.
05:25Il ne s'agit pas d'en faire des quantités phénoménales.
05:28Et puis, encore une fois, le principe de la nationalisation partielle
05:32avec redressement, avec des gains à la clé, encore une fois, ça marche.
05:37Prenez Alstom.
05:37Alstom, l'État a gagné 350 millions d'euros quand il a redressé Alstom.
05:42Donc, la gestion courante, je suis d'accord avec Jean-Marc,
05:45que l'État n'a aucune légitimité pour la faire, mais vraiment éviter des catastrophes.
05:49– Vous voyez l'État comme un fonds d'investissement
05:51qui prendrait de l'argent au tour d'après, quoi.
05:53– Mais combien de millions on a rapporté ?
05:57Combien les investisseurs de la République ont rapporté aux contribuables ?
06:02Mais des sommes considérables.
06:03– Mais vous ne voulez pas qu'ils gèrent ?
06:04– Oui, non, parce que je…
06:05– Ce n'est pas complètement la vision d'Elefi.
06:06– Oui, mais je ne dis pas que je partage la vision d'Elefi sur le fond.
06:11La vision d'Elefi, c'est l'État qui doit gérer parce que c'est mieux.
06:14Mais pourquoi ça ne marche jamais ?
06:16Parce qu'au-delà des simples objectifs de business,
06:18il y a toujours des objectifs de politique qui viennent se greffer à ça,
06:22défendre à tout prix les emplois, ce qui n'est pas une bonne stratégie.
06:24Non, il y a des stratégies offensives qui marchent
06:27et qui peuvent être ces nationalisations temporaires.
06:29Mais encore une fois, ça n'est pas forcément une règle.
06:31Mais dans ce cas très précis, puisque nous sommes très précis,
06:34eh bien ça ne me paraît pas une mauvaise solution.
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