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Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 26 novembre 2025.

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Transcription
00:00Grignoter.
00:01Thomas Soto, RTL Matin.
00:03Il est 9h15, l'esprit de l'info avec notre grand témoin du mercredi, Roger Paul Droit, écrivain et philosophe.
00:08Bonjour et bienvenue Roger Paul.
00:09Bonjour Thomas.
00:10Hier matin, Emmanuel Macron sur RTL a dit ça.
00:14La Russie a une posture beaucoup plus agressive.
00:16Elle met plus d'un tiers de son budget en matière de défense.
00:19Elle produit des sous-marins, des missiles, des tanks,
00:22et elle finance des armées chez les tiers pour les envoyer sur le front ukrainien,
00:26ou demain pour nous menacer, encore une fois, si nous sommes faibles.
00:28Donc, si nous voulons nous protéger, ce qui est ma seule obsession,
00:33nous devons montrer que nous ne sommes pas faibles avec la puissance qui nous menace le plus.
00:37Nous allons donc parler de la Russie, de l'Ukraine, de la paix et de la guerre.
00:40Il a raison, le chef de l'État, de dire que nous devons montrer que nous ne sommes pas faibles si nous voulons nous protéger ?
00:45Oui, je crois qu'il a raison, pour une fois.
00:48Enfin, il ne peut pas avoir tort tout le temps.
00:50Là, il a raison.
00:51C'est ce qu'on appelle un scud pour commencer.
00:52Non, non, mais il a absolument raison, parce qu'il est, de l'avis unanime de tous les experts,
01:00il est établi, quand même, depuis des années maintenant,
01:03que la Russie s'est transformée en économie de guerre,
01:07qu'elle a envahi une grande partie de l'Ukraine, qu'elle a agressé,
01:11et que l'essentiel, c'est d'abord, et c'est ce qui se joue à Genève en ce moment,
01:19et qui va se jouer dans les mois qui viennent,
01:21l'essentiel, c'est que la paix en Ukraine puisse être garantie par une stabilité,
01:29par des accords réels, et pas simplement une paix injuste, inique, humiliante.
01:37Et qu'il ne faut pas la paix à n'importe quel prix, à n'importe quelle condition.
01:39Bien évidemment, parce que sinon, Poutine a continué à avoir des vues,
01:46non seulement sur l'Ukraine, mais sur la Moldavie, sur les Pays de l'Est,
01:49sur les Pays baltes, éventuellement sur la Pologne.
01:52Alors, il ne faut pas non plus caricaturer et délirer,
01:55et s'imaginer qu'on aura des chars russes à Brest la semaine prochaine.
01:59Mais justement, alors, oui.
02:00Voilà, mais l'important, c'est de prendre conscience d'une menace qui existe,
02:06d'un risque fort, et que ce risque ne concerne pas simplement les Ukrainiens
02:12et des gens lointains, mais nous-mêmes, et toute l'Europe à court terme.
02:18Bon, on peut être touché, on peut être mobilisé,
02:21on peut être indigné par ce qui se passe en Ukraine, et on l'est,
02:24mais en quoi notre avenir, vous l'avez dit, on n'est pas la veille d'avoir des chars russes à Brest,
02:27en quoi l'avenir de la France, l'avenir de l'Europe, dépend-il vraiment de l'Ukraine ?
02:31C'est quelque chose qu'à mon avis, on ne voit pas assez clairement.
02:35On a l'impression, par moment, de découvrir la Lune,
02:38qu'on se réveille d'un long sommeil, enfin qu'il y a une sorte de sidération des mois,
02:43sinon ça ne ferait pas tant de bruit comme ça, et tant d'objections.
02:47Alors, en réfléchissant un peu, quels sont les éléments principaux qui bloquent notre regard ?
02:54Mais pourquoi on ne prend pas conscience ? C'est quoi les obstacles à cette prise de conscience ?
02:57La zone aveugle, c'est quoi ? Eh bien, d'abord, 80 ans de paix en Europe depuis 1945.
03:03Ça veut dire qu'il y a trois générations qui n'ont pas eu la guerre du tout dans leur horizon.
03:08C'est-à-dire que la guerre n'est pas une hypothèse, en fait, dans nos esprits ?
03:11Elle avait disparu de nos esprits.
03:13C'est le premier point.
03:14Premier point.
03:14Deuxième point, une longue tradition, plus ancienne encore que 45, de pacifisme en France, dans l'Europe,
03:24mais en France, Jaurès, Romain Rolland, les communistes qui étaient le camp de la paix,
03:30même si, évidemment, ils aidaient Staline à envahir toute l'Europe centrale.
03:36Mais surtout, il y a aussi, et c'est resté très fort en France,
03:40« Peace and love », « Faites l'amour », « Pas la guerre ».
03:44Et ce n'est pas simplement une question de choix personnel.
03:47Bien sûr...
03:48Mais c'est aussi un choix politique de dire ça, de dire « Non, on ne veut pas la guerre ».
03:51On ne veut pas la guerre, mais personne ne veut la guerre.
03:54Je suis de ceux qui pensent que c'est très bien de faire l'amour,
03:59et finalement, beaucoup mieux que de faire la guerre, et il n'y a pas photo.
04:03Simplement, je prendrais comme exemple ceci, si vous décidez de faire la guerre,
04:07de faire l'amour, pardon, pendant que d'autres décident de vous faire la guerre,
04:12et que vous l'oubliez, et que vous n'y pensez pas du tout.
04:15On ne sera pas tout.
04:16On sera en tout cas dérangé dans nos ébats sans comprendre pourquoi.
04:20Vous voyez ?
04:21C'est-à-dire que commencer à penser au risque, ça n'est pas s'affoler,
04:26mais c'est le faire vivre et tenter d'y parer.
04:30Il me semble que c'est là où nous en sommes.
04:31J'ai l'impression que ce que vous dites, c'est qu'il est temps de se réveiller,
04:33de retrouver le réel.
04:35C'est ça, on en est là ?
04:36Mais oui, parce que ce risque fait partie du réel.
04:40Alors évidemment, il y a toutes sortes de raisons encore.
04:43Il n'y a pas assez de réflexion, il n'y a pas d'anticipation.
04:45Nous vivons dans l'instant.
04:47Les Français sont anxieux du budget.
04:50Ils s'occupent évidemment du Black Friday ou du réveillon.
04:54Voir d'achat, sécurité du quotidien, santé, etc.
04:56Mais oui, mille choses.
04:57C'est légitime d'ailleurs.
04:58Et alors, ajouter à ça un risque de guerre et une préoccupation,
05:02on peut dire, trop c'est trop, je ne veux pas voir, on refuse.
05:05Je crois que c'est une erreur profonde.
05:07C'est une erreur profonde parce qu'il faut justement faire face,
05:11sans s'affoler, mais il faut faire face, réfléchir, prendre position,
05:16savoir regarder un risque, tout simplement parce qu'un risque qu'on ne repère pas,
05:22un risque qu'on met sous la table et qu'on laisse...
05:24C'est un risque qui nous pète à la figure ?
05:25C'est un risque qui augmente. C'est un risque qui prend le dessus.
05:29Mais j'ai quand même une remarque, Roger Paul.
05:31C'est-à-dire qu'on entend...
05:32En fait, on a l'impression que c'est les rollercoasters, les montagnes russes.
05:36Vous voyez ?
05:36C'est-à-dire qu'on nous dit...
05:38Ah bah tiens, le chef d'état-major des armées qui dit
05:40préparez-vous à ce que vos enfants meurent.
05:42Après, hier, Emmanuel Macron dit
05:43mais non, mais non, on ne va quand même pas envoyer nos jeunes en Ukraine.
05:46Donc on a du mal aussi à prendre la mesure
05:48de ce qui relève d'une forme de communication, de politique et du danger réel.
05:53On a du mal à se situer, en fait.
05:54Bien sûr, mais c'est pour ça...
05:55Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est excessif ? Qu'est-ce qui n'est pas ? Qu'est-ce qui est... Oui ?
05:58Mais c'est pour ça qu'il faut réfléchir, qu'il faut parler, qu'il faut échanger.
06:04Mais aussi, il y a évidemment toutes les tentatives de déstabilisation
06:10que les Russes manipulent, bien évidemment.
06:14Il y a des milliers de cyberattaques, de fake news.
06:18Et l'instrumentalisation, par exemple, des propos à l'Assemblée des maires du chef des armées...
06:25L'État-major des armées, le général Mandon.
06:27Voilà, on lui a fait dire qu'on allait envoyer nos petits à Kiev ou sur le front.
06:35Ce n'est pas ça qu'il disait.
06:36Il disait qu'il y avait effectivement le risque à prendre en compte
06:41d'implications de troupes éventuellement françaises dans des conflits futurs.
06:46Le savoir !
06:48Parce que moi, quand j'écoute Roger Paul-Droit, je me dis
06:49mais en fait, quand Emmanuel Macron dit
06:51on ne va pas envoyer nos jeunes en Ukraine en réponse au général Mandon
06:53et pour essayer de rassurer tout le monde,
06:55je me dis que ce n'est pas si sûr.
06:57Parce que si, effectivement, le risque de guerre existe,
06:59une guerre, en fait, quand on est dedans, tout le monde y va ?
07:02Oui, mais le risque zéro n'existe pas non plus, nulle part.
07:06Et le fait, justement, c'est désagréable d'y penser.
07:10Mais c'est plus dangereux de ne pas y penser du tout.
07:13On se protège plus en y pensant qu'en n'y pensant pas.
07:15Exactement, c'est l'idée la plus simple, oui.
07:18Juste une petite question, vous avez fait votre service militaire, vous, ou pas ?
07:20Non, je ne l'ai pas fait, j'ai été réformé.
07:22Et vous trouvez que c'est une bonne chose de lui redonner une forme d'Emmanuel Macron
07:25devrait annoncer ça demain, une nouvelle forme de service militaire
07:28basée sur le volontariat ?
07:31C'est basé sur le volontariat, qui est un problème.
07:34Ce n'est pas une mauvaise idée du tout de remettre un service militaire,
07:37mais le service militaire, normalement, c'est obligatoire,
07:41sauf si on n'est pas jugé apte.
07:44Merci beaucoup à vous, Roger Paul-Droit, d'être venu ce matin encore.
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