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Regardez L'esprit de l'info avec Laetitia Strauch-Bonart avec Thomas Sotto du 30 octobre 2025.

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Transcription
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03RTL Matin, il est 9h15, c'est donc l'esprit de l'info avec Laetitia Stroche-Bonard, essayiste et journaliste.
00:08On va commencer peut-être par l'info étonnante du moment, Laetitia.
00:11A chaque jour, son annonce, et presque à chaque heure, son annonce pour Donald Trump, on l'a encore vue ce matin.
00:15Dernière en date, le président américain a décidé, écoutez bien, de faire démolir une partie de la Maison Blanche
00:22pour se faire construire à la place une salle de balle.
00:25Vous entendez sans doute le magnifique bruit du chantier derrière moi.
00:30Oh, c'est de la musique, j'adore ce bruit.
00:33Ça me fait penser à l'argent.
00:34Dans ce cas, ça me fait plutôt penser au manque d'argent, parce que c'est moi qui fais.
00:39Ça vous fait sourire, mais vous n'êtes pas tombé de votre chaise quand même ?
00:42Vous imaginez Emmanuel Macron qui dit, tiens, on va casser une aile de l'Elysée, puis on va faire une boîte de nuit ?
00:47Alors, on est dans un contexte un peu différent, parce qu'aux Etats-Unis, chaque président imprime sa marque sur la Maison Blanche.
00:55Alors, les prédécesseurs directs de Donald Trump ne l'ont pas forcément fait,
00:58mais si vous regardez l'histoire de la présidence américaine dans le long terme,
01:03il y a toujours eu une implication, même dans l'architecture,
01:06et dans le choix de la configuration de la Maison Blanche.
01:11Mais la configuration, c'est une chose, démolir une partie du bâtiment, non ?
01:14Oui, alors, écoutez, c'est peut-être parce que j'ai un esprit de contradiction un peu systématique,
01:20mais comme tout le monde critique très très fortement ce projet,
01:25eh bien, j'ai plutôt envie de le défendre, mais pour une raison un peu différente,
01:28c'est que ce que je trouve intéressant, c'est l'ambition de construire une salle de balle,
01:35qui est en fait une salle de réception, mais qui soit belle.
01:38Et ça, c'est quelque chose que Donald Trump et son entourage aiment à répéter.
01:42Alors, on peut trouver ses goûts parfois un peu vulgaires, un peu rococo,
01:47mais lui tient à réhabiliter une forme de beauté architecturale classique ou néoclassique.
01:54Et on ne peut pas s'empêcher de voir que c'est une rupture avec ce qu'on fait depuis, disons, l'après-guerre,
02:01où on a plutôt privilégié l'architecture moderniste, le brutalisme, ce qu'on appelle l'art contemporain.
02:07Alors, je sais bien qu'il y a des détracteurs, mais moi, je défends cette ambition d'architecture classique.
02:13Quand on met des lunettes américaines, on peut comprendre que nos lunettes françaises, c'est plus compliqué,
02:16parce qu'on n'imaginerait pas ça, encore une fois, sur un bâtiment public français.
02:19Alors, bien sûr, parce que déjà, nous avons des bâtiments qui sont déjà très beaux, qui sont magnifiques,
02:24qui sont parfois des monuments historiques, donc on ne peut pas les détruire de la même façon.
02:28Aux Etats-Unis, vous le savez bien, le Nouveau Monde, c'est un monde de grande étendue territoriale,
02:34où l'on construit beaucoup, on l'on détruit, on l'on reconstruit.
02:36Donc, c'est vrai qu'il faut se placer dans ce contexte.
02:39Mais ceci étant dit, même en tant que française, je trouve ce projet intéressant.
02:45Et par ailleurs, il faut voir aussi l'ambition diplomatique qu'il y a derrière.
02:48Qu'est-ce que vous trouvez intéressant ? C'est l'audace qu'eux ont et que peut-être nous en avons ?
02:52Oui, tout à fait. L'audace esthétique.
02:53Même s'il ne s'agit pas d'innovation esthétique, mais l'audace et l'envie de revenir à une beauté un peu classique, au néoclassique.
03:00Et puis, l'ambition aussi diplomatique, qui est de dire, il faut un endroit, une salle de réception
03:06qui soit à la hauteur de ce qu'est l'Amérique ou de ce que doit être l'Amérique.
03:10Et vous imaginez quand même l'effet que ça peut avoir, de pouvoir inviter beaucoup plus de personnes.
03:15Et tous ceux qui ont été dans des réceptions à la Maison Blanche, quel que soit leur bord politique, ont toujours été impressionnés.
03:21Donc, on peut quand même aussi admirer l'ambition.
03:25Donald Trump, c'est quelqu'un, on ne peut pas lui enlever, qui voit toujours les choses en grand.
03:30Oui, ça c'est sûr et qui ne recule devant rien.
03:32Alors, le coût quand même de ces travaux, ça va coûter 250 millions de dollars, financés par de généreux donateurs.
03:39Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce sont des entreprises du secteur privé qui, en quelque sorte, s'approprient une partie de...
03:46Ça, ça poserait problème chez nous.
03:47Ah, bien sûr. Mais là encore, aux Etats-Unis, les entreprises, les fondations, qui sont parfois extrêmement riches,
03:55sont plus présentes dans la vie civique.
03:58Et c'est officiel, c'est-à-dire que ça n'est pas du tout quelque chose qui se fait sous le manteau.
04:01La liste est connue, on commence à connaître un certain nombre de noms.
04:06Elle sera connue.
04:08Bien sûr, alors là, j'ai peut-être un petit peu plus de réserve, donc c'est peut-être mon côté français qui réapparaît.
04:14Il est vrai que si vous échangez votre soutien financier contre les bonnes grâces du président de la République dans sa politique,
04:22cela peut poser problème.
04:23Mais les Américains sont beaucoup moins gênés que nous sur ce point.
04:28La règle, c'est que tu me soutiens pendant la campagne présidentielle et je te remercie.
04:30C'est ce qu'on a vu avec Elon Musk, notamment, et d'autres.
04:33Oui, tout à fait.
04:34Mais ça peut se retourner aussi très vite.
04:36C'est-à-dire que si demain, j'arrête de te soutenir, de l'autre côté, la politique répond.
04:41Ça va très vite aux Etats-Unis.
04:42C'est vraiment la règle du marché qui est présente partout.
04:44C'est vraiment un monde culturel qui est très différent.
04:47Pour la petite histoire, je crois que ça va être construit sur l'aile orientale,
04:50qui était traditionnellement l'endroit où on trouvait les bureaux de la Première Dame.
04:54Oui, c'est vrai.
04:55C'est délicat.
04:55Il semblerait que Mélania Trump, la Première Dame, ne soit pas enchantée par ce projet.
05:03Mais en même temps, il faut savoir que les réceptions qui sont organisées par la Maison Blanche,
05:08qui l'ont été dans l'histoire, ont souvent été orchestrées par la Première Dame.
05:12Donc, c'est quand même aussi un instrument de pouvoir pour elle, dont elle pourrait se saisir.
05:17C'est toujours intéressant de voir comment les autres pays pensent différemment de nous.
05:22Parce que finalement, je crois que ce n'est pas un sujet qui choque grand monde aux Etats-Unis aujourd'hui, si ?
05:25Alors, les opinions sont partagées.
05:27Il y a quand même, je crois, une petite majorité de gens qui ne sont pas très favorables au projet.
05:32Mais vous savez, les sondages sont ainsi faits qu'on pose une question et puis on répond un peu selon l'impulsion du moment.
05:37Non, mais ce n'est pas le sujet qui fait la une des chaînes d'info ?
05:40Alors, c'est un sujet qui fait la une de la presse plutôt libérale, progressiste, qui est très agacée, en fait, parce qu'ils y voient un projet un peu grandiose, quasiment dictatorial.
05:54Certains vont jusqu'à le comparer à une sorte de crypto-fasciste qui voudrait orchestrer, disons, une vision architecturale du monde qui soit conforme à sa politique.
06:03Je trouve que c'est allé vraiment trop loin de lui faire ce procès.
06:05C'est une liste qui est trop poussée, qui est peut-être...
06:07Je trouve que c'est aussi un petit peu de la mauvaise foi.
06:09Il pourrait se réjouir.
06:12Et que dirait-il si le même projet avait été soutenu par quelqu'un comme Barack Obama ou Joe Biden ?
06:17Peut-être aurait-il trouvé cela excellent.
06:19Ça, c'est possible.
06:21On va se dire quelques mots d'intelligence artificielle parce qu'on a appris cette semaine, et François Langlais nous en parlait hier,
06:25qu'Amazon va supprimer 14 000 postes dans le monde pour les remplacer par de l'intelligence artificielle.
06:34Est-ce que ça vous inquiète ?
06:35Ou est-ce que vous dites qu'on ne peut pas aller contre le progrès ?
06:39Écoutez, je suis un petit peu partagée parce que si je me mets à la place de quelqu'un qui tient un petit commerce, par exemple,
06:45je pourrais me dire, tiens, ils ne l'ont pas volé.
06:48Parce que finalement, quand Amazon est apparue, Amazon a contribué à tuer un certain nombre de petits commerces locaux.
06:54Il n'y aura pas moins d'Amazon pour autant, attention.
06:55Oui, mais ça veut dire aussi que la révolution mange ses enfants, ça veut dire aussi que le progrès que vous créez, que vous amenez, peut un jour vous tuer vous-même.
07:04Donc il y a quand même une forme d'ironie.
07:06Je ne dis pas qu'il faut se réjouir de ces réductions d'emploi, absolument pas.
07:09Mais voilà, je pense qu'il faut remettre ça dans une perspective un petit peu plus longue de ce qu'on peut appeler la destruction créatrice.
07:17Ça, c'est un concept de l'économiste Joseph Schumpeter.
07:19Ça, ça veut dire qu'il y a des emplois qui disparaissent, mais il y en a d'autres qui vont naître et qu'on ne connaît pas encore forcément aujourd'hui.
07:23Exactement, que l'innovation apporte quelque chose, mais elle détruit en même temps.
07:27Mais que ça continue, c'est-à-dire que l'innovateur d'aujourd'hui, il sera détruit demain.
07:32Alors ensuite, très concrètement, ce qui est un peu inquiétant, c'est que les métiers aujourd'hui qui disparaissent,
07:39ce sont des métiers qu'on appelle en gros des fonctions de support, du middle management.
07:43Enfin, ce sont des fonctions cognitives quand même qui ne sont pas forcément évidentes à faire.
07:48Il y a des métiers de ressources humaines, de comptabilité.
07:51Ces métiers sont aujourd'hui de plus en plus remplacés par l'intelligence artificielle.
07:55Donc, ça veut dire que l'intelligence artificielle est en train de remonter la chaîne, si vous voulez, des fonctions humaines.
08:02Alors, on peut le voir très négativement en se disant que les prochains sur la liste de demain, ce seront nous, par exemple.
08:10Ce n'est pas impossible.
08:11Mais on pourrait aussi se dire qu'il y a sans doute, et je l'espère, des choses que l'intelligence artificielle ne pourra jamais remplacer,
08:18c'est-à-dire les métiers qui impliquent du relationnel, des relations humaines, le soin,
08:25et puis les métiers qui sont quand même intellectuellement très exigeants,
08:28et les métiers manuels aussi, qui ne peuvent pas être bien heureusement remplacés par des robots.
08:34Et peut-être qu'Amazon fera machine arrière,
08:37parce que j'entends que des métiers dans les ressources humaines sont supprimés.
08:40Mais tout de même, si on veut faire des ressources humaines de qualité,
08:44ce serait quand même bien qu'il y ait des humains dans l'affaire.
08:46Je ne sais pas si vous avez vu, pour finir ce petit clin d'œil,
08:48une Américaine qui a demandé à Chad J.P.T.
08:50« Dis-moi où est-ce qu'il faut que je m'installe pour être bien, pour être heureuse et pour que ma vie aille mieux. »
08:54Donc, Chad J.P.T. lui a répondu.
08:55« Va donc à Uzès, dans le sud de la France, elle est allée. »
08:58Uzès est une très belle ville.
08:59Non, mais aucun doute.
09:00Mais en tout cas, ça abolit un peu notre discernement, quand même.
09:03Ah, mais complètement.
09:04Moi, je pense que le plus grand risque, c'est que nous externalisions notre jugement,
09:09ce que nous avons de plus humain, finalement, notre jugement,
09:11notre capacité à critiquer, à choisir, à décider, à une machine.
09:16Or, toute l'aventure humaine, c'est aussi apprendre à bien juger.
09:21Absolument.
09:21Apprendre, se tromper, faire des choses, commencer, etc.
09:24Merci beaucoup à vous, Léphiastroche-Bonnard.
09:26Dans un instant, la pépite.
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