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  • il y a 4 mois
Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 01 septembre 2025.

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Transcription
00:00Thomas Soto, RTL Matin
00:03Bonne rentrée sur RTL
00:06Bonne rentrée sur RTL, bonne rentrée à tous, tous ceux qui reprennent, les parents, les enfants,
00:11oui il y a les parents qui reprennent aussi aujourd'hui, jusqu'à 9h30, c'est l'esprit de l'info.
00:14Nouveau rendez-vous pour vous donner quelques clés de compréhension de l'actualité avec notre grand témoin du jour
00:18et c'est Roger Paul Droit, écrivain et philosophe. Bonjour et bienvenue à vous Roger Paul.
00:23La rentrée, tiens, ça évoque quoi pour vous ?
00:26D'abord des souvenirs personnels parce que, comme tout le monde, alors j'ai été élève évidemment.
00:32Vous êtes élève ?
00:33Plutôt, oui. J'adorais l'école, c'est elle qui m'a fabriqué, qui m'a formé.
00:39Ensuite, j'ai été prof pendant une dizaine d'années et après j'ai eu des étudiants, etc.
00:47Mais c'est surtout ce qui m'intéresse le plus, c'est que c'est à la fois le plus intime,
00:52finalement les 12 millions d'enfants qui entrent aujourd'hui.
00:56Ils ont chacun leur histoire, leur émotion, leur parcours, leurs appréhensions, leur joie
01:01et en même temps c'est une grande histoire collective.
01:04Il n'y a pas un seul, je crois, français ou presque, qui ne connaisse aujourd'hui un élève qui entre en classe.
01:12Ça peut être le voisin, c'est les petits-enfants, c'est les enfants, c'est les ados, c'est tout le monde.
01:16Il n'y en a plus beaucoup des histoires collectives aujourd'hui dans la société ?
01:18Il n'y en a plus beaucoup et c'est cette articulation entre le plus singulier, le plus intime
01:24et puis la grosse machinerie de l'éducation, des budgets, de l'organisation
01:29et de ce vécu collectif, c'est ça me semble-t-il, qui marque le mieux la rentrée.
01:36Alors il y a quand même une nouveauté qu'on n'a pas connue, ni vous ni moi,
01:39c'est l'arrivée de l'intelligence artificielle dans les classes.
01:41Tous les élèves vont y être formés, les profs vont pouvoir l'utiliser, a expliqué Elisabeth Borne,
01:46ils vont avoir un outil pour, dit-elle, dépoussiérer leur travail,
01:50une sorte de cerveau auxiliaire, ce sont les mots qu'elle a employé.
01:53Il faut s'en réjouir ou s'en inquiéter de ça, l'intelligence artificielle qui arrive à l'école ?
01:58Les deux à la fois.
01:59Les deux à la fois parce que...
02:00Vous êtes dans le même temps ce matin, Roger.
02:01Oui, oui, pour une fois je suis dans le même temps, parce qu'on aurait évidemment tort
02:06de diaboliser l'intelligence artificielle
02:10qui va probablement modifier très profondément la totalité de notre existence,
02:16mais aussi des tas de métiers.
02:18Mais on a tort aussi de la diviniser, d'en attendre.
02:22C'est ni le paradis, ni l'enfer.
02:23C'est juste un outil très nouveau.
02:25C'est ce qu'on en fera en fait.
02:25C'est ça.
02:26C'est un outil très nouveau, très puissant,
02:29qui a d'immenses avantages et qui offre aussi d'immenses pièges
02:34ou qui présente des risques.
02:35Je vous propose d'écouter quelques déclarations de nos politiques.
02:38On a trouvé ça sur le site Instagram, le compte Instagram de David Nimal.
02:42Bon, le 8 septembre, je vous demande la confiance.
02:46Donc, soit vous me suivez ou soit vous me laissez crever seul.
02:51C'est tout vu, salopard.
02:5244 milliards d'économies sur nos salaires, nos pensions, nos jours fériés.
02:56Ce n'est pas de la confiance, c'est du pillage.
02:58Évidemment, il ne s'agissait ni du vrai François Bayrou,
03:01ni du vrai Jean-Luc Mélenchon, mais c'est extrêmement troublant.
03:03Et là, ça nous fait sourire parce que le trait est gros.
03:06Mais on voit à quel point ça peut devenir angoissant quand même, non ?
03:09Bien évidemment, vous avez aujourd'hui des possibilités
03:14de discuter avec Taylor Swift ou qui vous voulez.
03:20Enfin, presque Taylor Swift.
03:21C'est ça exactement, c'est-à-dire que ce sont de pures images fabriquées.
03:26Et l'extraordinaire puissance de l'IA, c'est une puissance de simulation.
03:30Simulation du langage, simulation de la pensée, simulation des images.
03:35Et si on n'éduque pas en même temps tous les personnes et tous les élèves,
03:41évidemment, et les étudiants, à une vigilance, à une forme de discernement,
03:46d'apprentissage de la logique, de retrouver sa tête face à ce qu'on voit,
03:51eh bien là, on serait perdu.
03:53Si vous voulez, personne ne peut manger à votre place.
03:57Personne ne peut dormir à votre place.
04:00C'est heureux.
04:01C'est heureux.
04:01Personne ne peut respirer non plus à votre place.
04:04Eh bien, toutes ces fonctions vitales, la pensée, c'est la même chose.
04:06Personne ne peut penser à votre place.
04:09C'est une première personne qu'on pense.
04:11Pourquoi on donne tellement d'importance aux rentrées ?
04:14Parce qu'il y a la rentrée scolaire, la rentrée littéraire, la rentrée sociale,
04:17la rentrée politique.
04:18Tout est prétexte à rentrer.
04:20On a besoin de repères, j'ai pas le droit.
04:21On a vraiment besoin que ça soit marqué, paf, c'est la rentrée.
04:25On a besoin de rituels, évidemment.
04:27On a besoin de scansions dans l'année.
04:30Et ce qui caractérise la rentrée, c'est finalement les rentrées,
04:34vous venez de le rappeler,
04:35c'est le moment où on a...
04:38Alors, on est supposé être sorti.
04:41C'était les vacances, c'était une parenthèse,
04:43c'était un arrêt du travail,
04:45c'était... Je ne sais pas d'où on arrive.
04:47Mais en tout cas, on rentre.
04:48Et en rentrant, eh bien,
04:52à la fois, on continue,
04:54et en même temps, on recommence.
04:56On prend un nouveau départ.
04:57C'est un peu comme le jour de l'an, si vous voulez, aussi,
04:59d'une certaine manière.
05:00C'est l'idée que...
05:02On met les compteurs, les bonnes résolutions, tout ça.
05:03Voilà, il y a des bonnes résolutions,
05:05il y a des choses qu'on va faire différentes.
05:07Et dans cette rentrée, on voit très bien,
05:09et au plus haut point,
05:10qu'il y a une rentrée politique,
05:12évidemment, avec des options tout à fait différentes.
05:16Une rentrée sociale, aussi, qui s'annonce agitée.
05:18Voilà, et il y a cette idée de recommencement.
05:23Bon, il nous reste un peu plus d'une minute.
05:24Je voudrais quand même qu'on parle de la rentrée des boomers,
05:26rapidement.
05:27Ce n'est pas la fête pour eux.
05:28François Bayrou s'en est pris à eux,
05:30aux retraités, en les pointant du doigt comme autant de privilégiés.
05:33Ça n'a pas du tout plu à Édouard Philippe.
05:34Je n'ai, pour ma part,
05:36jamais adhéré à la lutte des classes.
05:38Je n'adhérerai pas plus à la lutte des âges.
05:41Sans doute, le système, et je reviendrai,
05:43dans lequel nous vivons aujourd'hui,
05:44laisse une place inconfortable et insuffisante à la jeunesse.
05:46Mais, je n'accuserai pas les boomers d'égoïsme.
05:51Je ne crois pas qu'ils soient égoïstes.
05:52Je suis convaincu, en revanche, qu'ils sont nombreux.
05:54Et que, dans une démocratie,
05:56le nombre compte.
05:57Et que leur grand nombre leur donne une grande importance.
06:00D'autant qu'ils votent beaucoup, les anciens,
06:02par rapport aux plus jeunes.
06:03En pourcentage, ce sont eux qui se mobilisent le plus aux élections.
06:06En quelques mots, la lutte des âges a remplacé la lutte des classes.
06:09Ça vous inspire quoi, ça ?
06:11Ça m'inspire de la désolation.
06:13Si, c'était vrai.
06:14Je ne le crois pas.
06:15C'est-à-dire qu'il y a évidemment
06:17beaucoup de choses que l'on pourrait reprocher
06:21à la génération à laquelle j'appartiens.
06:23Celle des boomers,
06:26qui, en gros, sont les gens qui sont nés
06:27entre 45 et 62.
06:29Ce n'est pas dangereux de montrer du doigt comme ça ?
06:31Tiens, c'est eux, en fait, là.
06:33Ils ont une responsabilité.
06:35Mais c'est tout le problème de l'ambiguïté
06:37des responsabilités collectives.
06:39Je dirais qu'ils sont responsables,
06:41mais ils ne sont pas coupables.
06:41Ils sont bien responsables, d'une certaine manière,
06:45de la dette, d'une partie du réchauffement climatique,
06:49de certaines incompréhensions.
06:51Le slogan « Ok, boomer », vous savez,
06:54qui était né depuis les années 2000...
06:55Moi, mes enfants me le balancent.
06:57Voilà, c'est quand même, excusez-moi du peu,
07:00enfin, de le dire comme ça,
07:01mais c'est cause toujours pauvre con, quoi.
07:03T'es un vieux.
07:04Tu ne comprends pas le monde d'aujourd'hui.
07:05J'ai une discussion avec les enfants.
07:06Oui, non, non, mais je parle de moi.
07:09Et donc, il y a là quelque chose
07:12qui pourrait opposer, cliver,
07:14une fois de plus, fragmenter encore,
07:16un peu plus, une société
07:17qui l'est déjà beaucoup.
07:19Le problème principal, me semble-t-il,
07:21c'est que nous ne savons plus jouer collectif.
07:24et vous qui êtes un grand amateur de foot,
07:27vous devez le savoir.
07:29Jouer collectif, c'est finalement
07:30la seule manière de gagner.
07:33Et aujourd'hui, nous sommes de plus en plus
07:36dans une perte de cette idée
07:39du collectif et de l'effort ensemble.
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