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Regardez L'esprit de l'info avec Anne-Charlène Bezzina avec Thomas Sotto du 25 novembre 2025.
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00:00Économisons-la.
00:01Thomas Soto, RTL Matin.
00:04Il est 9h15, nous sommes ensemble pour un quart d'heure encore.
00:06C'est l'esprit de l'info avec ce matin notre grand témoin du mardi, Anne-Charlène Bézina.
00:09Bonjour Anne-Charlène.
00:10Bonjour Thomas.
00:11Politologue et spécialiste de la Constitution.
00:13Vous avez comme nous tous écouté attentivement l'interview du chef de l'État
00:17réalisé par Thomas Despreux en exclusivité pour RTL ce matin.
00:20Et il a été question de ce retour aussi potentiel putatif du service militaire.
00:25Voilà ce qu'en dit le chef de l'État.
00:25Il est très clair que nous devons renforcer le pacte armée-nation.
00:30Et c'est dans ce contexte-là qu'on prend plusieurs initiatives,
00:32dont celle de la transformation du service national universel.
00:35Et je pense qu'il faut vraiment tout de suite supprimer toute idée confuse
00:40qui consisterait à dire qu'on va envoyer nos jeunes en Ukraine.
00:42Ce n'est pas du tout le sens de cette affaire.
00:44Il réagissait à deux choses en fait le chef de l'État.
00:46D'un côté la déclaration du général Mandon, le chef d'État-major de Vermeer,
00:49qui disait il faut être prêt à voir nos enfants mourir au front en quelque sorte.
00:52Et puis ce bruit qui semble devoir se confirmer dans la semaine
00:56d'un retour d'une forme de service militaire
00:58pour remplacer...
00:59Il évoquait le service national universel.
01:01On est d'accord que personne ne comprend rien à ce que c'est le service national universel aujourd'hui ?
01:05Alors en réalité on a affaire à un président de la République
01:07qui est assez personnellement attaché à ce type d'initiatives civiques,
01:12service national universel qu'il a voulu rendre obligatoire,
01:15qu'il a voulu moderniser.
01:17Il nous en parlait encore l'année dernière,
01:19d'une forme de mix entre un service universel et un service militaire.
01:23Mais en fait c'est vrai qu'on voit qu'il y a des idées qui émergent.
01:26Il a même sollicité plusieurs rapports d'études sur cette question
01:29qui sont vraiment denses, où il y a beaucoup de propositions.
01:31Mais il n'y a jamais rien qui se fait.
01:34Donc là encore je me demande quelle sera la physionomie de cette proposition
01:37et si ça aillera au calendre grec comme les autres.
01:40Est-ce qu'il en a les moyens institutionnels ?
01:42S'il décide, là je dis, on va reformer un service militaire nouvelle version 2025,
01:47est-ce qu'il peut le faire politiquement ?
01:49Alors j'imagine que ça supposera que ça soit inscrit dans notre compte de la défense
01:52ou quelque part en tout cas, où une loi sera nécessaire.
01:54Et vu l'état de l'Assemblée nationale, c'est sûr qu'on se rend bien compte
01:57qu'il risque d'y avoir des problèmes.
01:59Peut-être que certaines dispositions peuvent être mises en place par lui directement
02:03pour réactiver la loi de Jacques Chirac.
02:06Mais il me semble en tout cas que ça nécessitera sûrement une initiative d'ampleur
02:09et sûrement plus large en tout cas si on parle carrément de services militaires
02:13et de le rendre au moins partiellement obligatoire.
02:15Oui, alors pour l'instant on parle plutôt de volontariat semble-t-il.
02:18Mais on n'a pas les détails et les contours.
02:19Le chef de l'état a bien dit qu'il ne voulait pas déflorer ses annonces qu'il fera jeudi.
02:24Cela dit, on se souvient que quand Jacques Chirac a supprimé le service militaire,
02:28d'ailleurs on a désossé des casernes, on a désossé...
02:30Est-ce qu'on est capable, est-ce qu'on a les moyens de mettre en place un vrai service militaire
02:34comme celui qu'on a connu ou il faut arrêter de fantasmer ?
02:36C'est les mêmes mots mais pas pour dire la même chose.
02:38Alors dans tous les cas, ça mettra sûrement plusieurs années.
02:41Déjà pour reconstituer comme vous le disiez, mais aussi peut-être pour remobiliser.
02:44C'est-à-dire qu'on voit bien que pour le service universel justement, c'est quand même peau de chagrin.
02:48Là on parle d'un service militaire et à la fois on ne sait pas quel est véritablement l'objectif.
02:52Si c'est un objectif civique, c'est toujours heureux d'essayer d'apprendre à notre jeunesse
02:56ce que c'est que de servir sa nation.
02:59En revanche, si c'est dans un objectif militaire, là on peut vraiment consulter les chiffres
03:03ou consulter en tout cas les forces armées qui vous disent
03:04que ce n'est pas avec ce peu de troupes mal formées qu'il va falloir mettre des années à former
03:10qu'on arrivera à grossir nos rangs ou qu'on arrivera à rendre des moyens à l'armée.
03:14Donc c'est là que je ne perçois pas forcément l'objectif du chef de l'État.
03:18Écoutez ce qu'en pensent quelques jeunes de 18 ans qu'on a rencontrés pour RTL.
03:22On va les écouter tout de suite.
03:24Si c'est à la base du volontariat, c'est bien parce que ça n'oblige personne.
03:26Et vu que c'est rémunéré, ça peut motiver les jeunes à plus se renseigner.
03:30C'est important de défendre la France parce que c'est celle qui nous a fait grandir.
03:33On ne passe pas genre 10 mois à « rien faire », mais en même temps on gagne
03:36et on peut vivre de ça pour financer les études, les choses comme ça.
03:38Ça peut être bien pour certaines personnes qui s'y intéressent,
03:42mais moi non, je ne suis pas trop dans tout ce qui est militaire.
03:45Ça ne sent pas l'enthousiasme absolu, on retient la rémunération,
03:48on ne retient pas forcément la volonté de servir le drapeau dans ce qu'on entend.
03:50Et le caractère facultatif, c'est la première chose qu'on a saluée.
03:54Il me semble que ça dit quelque chose quand même de ce sur quoi on a du travail,
03:58c'est-à-dire la réactivation en effet d'un sens civique.
04:02Je ne suis pas sûre que ça passe par là, mais il me semble que la tâche est noble, mais immense.
04:06Ça passe par où selon vous ?
04:07J'ai l'impression que ça commence plus tôt, déjà, par l'idée d'une cohésion,
04:10parce qu'on apprend à l'école, alors moi je suis constitutionnaliste
04:13et je milite pour qu'on apprenne notre constitution, qu'on la connaisse.
04:16Vous voudriez que les enfants la récitent en CP, la constitution, je reconnais.
04:19Mais avec plaisir, il y a de très belles fables à inventer autour de l'article 5,
04:22je suis sûre que je pourrais inventer plein de choses,
04:24mais ce qui est intéressant c'est surtout de voir ça,
04:26c'est-à-dire qu'en fait il y a une forme de désagrégation de ce pourquoi on serait sous les drapeaux,
04:31et là il me semble qu'en effet il y a du travail.
04:32Est-ce que ce service militaire partiel pourrait servir à quelque chose à ce niveau-là ?
04:37On peut le tenter, encore une fois, il ne faut vraiment pas confondre avec des objectifs militaires,
04:41ou en tout cas le renforcement de notre défense.
04:43Juste, il dit quoi l'article 5 de la constitution ?
04:45Parce que j'avoue que j'en ai aucune idée.
04:45L'article 5 c'est celui sur le rôle du président de la République,
04:48il nous dit qu'il est l'arbitre national,
04:49qui est censé nous protéger dans notre avenir,
04:51et être le garant de l'intégrité de la nation.
04:53Ah bah il est le garant, il a parlé de son rôle de garant ce matin aussi.
04:56Moi je suis le garant de notre indépendance,
05:00mais je refuse une alternative qui serait yaka ou on est foutu.
05:04Certains disent que cette instabilité c'est de votre faute, c'est la suite de la dissolution.
05:08Si vous souhaitez que tout soit de la faute du président, il n'y a pas de problème.
05:11Moi j'ai fait un choix, en conscience.
05:13Je suis le garant de notre défense des institutions,
05:17il se paye de mots ou c'est encore la réalité ?
05:19Est-ce qu'il n'aura pas surtout mis des coups de bourrin à la constitution ?
05:22Alors là il en a rajouté deux ou trois justement à l'article 5,
05:25il est le garant de l'intégrité du territoire et de la constitution,
05:28ça c'est une réalité.
05:29La question de savoir s'il est responsable de la dissolution évidemment,
05:32puisque c'est lui qui en a fait un usage personnel.
05:35L'état de nos forces parlementaires est quand même l'état de l'opinion.
05:40C'est-à-dire qu'en fait la fracturation en 11 groupes à l'Assemblée nationale,
05:43elle était déjà présente en 2022.
05:45Donc il y a quelque chose, et pas uniquement en France,
05:48on peut même prendre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne qui ont été des pays majoritaires,
05:51il y a quelque chose de l'ordre du délitement de l'espoir politique là aussi,
05:55qui va peut-être un petit peu avec ce que nous disions du sens civique.
05:57C'est-à-dire que c'est très difficile aujourd'hui de refonctionner
06:00sur la base de majorités godillots,
06:02comme on a pu les connaître en début de 1958 avec le général de Gaulle.
06:05Donc il y a évidemment une responsabilité présidentielle,
06:07et c'est vrai qu'il y a aussi une tentation française de tout mettre,
06:11aussi bien les espoirs que les cristallisations,
06:14sur la tête du président de la République.
06:15On lui en met trop dans son sac à dos,
06:17parce que quand il reparle de la dissolution avec Thomas Desprez,
06:20il dit oui on peut revenir à chaque fois là-dessus.
06:22La vérité c'est que les Français ont voté en masse en juin 2024,
06:26et que l'Assemblée qui est sortie des urnes,
06:27c'est la volonté de l'expression de ces bulletins de vote.
06:30Il n'a pas tort là-dessus.
06:31Elle est ultra représentative cette Assemblée nationale,
06:34donc il serait temps qu'on apprenne à en faire quelque chose.
06:36J'ai envie de vous dire c'est donnant-donnant,
06:38c'est-à-dire qu'à la fois les Français attendent trop du président de la République,
06:41mais le président de la République fait peut-être beaucoup d'autres choses
06:43que ce qu'un président de la République devrait faire,
06:45et que si évidemment il commence à s'occuper de ce qui se passe en commission mixte paritaire,
06:52s'il dicte sa loi au Parlement,
06:53il va être rendu plus responsable par les Français.
06:56Donc il serait temps que les présidents de la République
06:57se désintoxent un petit peu de nos autres institutions
06:59et qu'il leur laisse un peu d'espace.
07:01Je pense qu'on pourrait vivre dans un système constitutionnel heureux
07:03et avec des jeunes qui auraient peut-être espoir dans leurs institutions,
07:06ça serait super.
07:07C'est ça qui manque l'espoir ?
07:08Bien sûr, à tous les étages.
07:09C'est quoi l'espoir aujourd'hui ?
07:10C'est quoi avoir de l'espoir quand on est jeune aujourd'hui ?
07:12Ça c'est un sujet de bac philo, il faut faire attention avec ça.
07:17L'espoir aujourd'hui c'est peut-être de penser encore à la grandeur de la France,
07:21c'est un peu ce qui a fait la constitution de 58,
07:23c'est ce qui fait, j'ai envie de dire, la fierté d'une nation,
07:26c'est de croire, et c'est ce qu'ont les Ukrainiens,
07:28c'est-à-dire de croire au fait qu'ils sont grands,
07:30qu'ils ont un passé grand et qu'ils veulent à nouveau être grands.
07:35Ça, c'est ce qui devrait nous motiver au quotidien,
07:37et même d'ailleurs pour ficeler un budget, pour faire des tâches de bas étage,
07:40c'est quelque chose qui s'inscrit dans l'ordre de l'avenir
07:43et de ce qu'on se raconte, de ce que l'on est, je crois.
07:46Alors à propos du budget, il y en a parlé là encore, Emmanuel Macron,
07:48il dit qu'il avait bon espoir que les forces parlementaires
07:50trouvent un compromis dans les prochaines semaines.
07:53Alors là, considérez que j'ai 8 ans, d'accord ?
07:56Je ne comprends plus rien au budget.
07:58On en est où ?
07:59Alors ils ont travaillé les députés pendant je ne sais plus combien de jours,
08:02125 heures de débat.
08:03Finalement on nous dit, finalement on reprend la copie de départ,
08:05donc ce que vous avez fait ça ne sert à rien, ça part au Sénat,
08:07il y a le budget de la sécu, il y a le budget des recettes du budget général.
08:11On en est où, professeur ?
08:13Alors, on est tous perdus, il faut être honnête.
08:16C'est-à-dire qu'il y a eu une forme d'ultra communication
08:19sur un sens du compromis qui serait celui de l'Assemblée nationale
08:22qui imprimerait une nouvelle manière de faire de la politique
08:24qui s'effondre au Sénat, donc on ne comprend plus vraiment où on en est.
08:27Alors, pour être froid et au scalpel,
08:30notre budget de la sécurité sociale va passer en commission de conciliation
08:34entre les deux assemblées, il y a très peu de chances qu'elles se mettent d'accord.
08:36Celle de la commission mixte paritaire, celle d'un côté, celle de l'autre ?
08:39Oui, elle aura lieu mercredi, celle d'un côté, celle de l'autre.
08:42L'idée, c'est de se concilier, c'est fort peu probable qu'ils y arrivent,
08:45donc on risque de recommencer des lectures au niveau du budget de la sécu.
08:49Pour le budget de l'État, on est un peu en retard de ce processus,
08:54c'est-à-dire que là, on en est à peine à la première lecture au Sénat.
08:56Et c'est vrai, il faut le dire, que comme l'Assemblée nationale
08:59n'a pas voté tout ce qu'elle a discuté,
09:01le Sénat repart d'une copie blanche.
09:03Et autant dire qu'avec ce qui s'est passé en conflit personnel
09:06entre Bruno Retailleau et Sébastien Lecornu,
09:09le Sénat est d'ailleurs plutôt dirigé par une droite assez dure,
09:15va se faire plaisir.
09:17Il va se faire plaisir avec ce budget qui va déconstruire totalement.
09:20Il n'y a pas un problème d'institution là du coup ?
09:22Parce qu'on dit, les députés et les sénateurs ne font qu'appliquer les règles,
09:25mais là, ils nous mènent dans le mur, non ?
09:27Le bicamérisme, c'est quand même aussi la certitude
09:30que toute une Assemblée ne peut pas tout diriger.
09:33Donc c'est bien qu'il y ait deux sons de cloche.
09:34Ce qu'il faudrait, c'est arriver à la fin à ce qu'ils s'entendent.
09:36Et ça, c'est la tâche du gouvernement.
09:38Merci beaucoup à vous, Arne-Charlène Bézina, pour ces précisions utiles.
09:41Je crois que...
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