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Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 05 novembre 2025.

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Transcription
00:00Et c'est l'heure de l'esprit de l'info sur RTL avec Roger-Paul Droit ce matin. Bonjour Roger-Paul.
00:08Bonjour Thomas.
00:09Le premier mot du jour c'est peut-être joie.
00:11Tiens, les deux otages français, ex-otages désormais détenus en Iran depuis plus de trois ans.
00:15Cécile Collère et Jacques Paris sont donc quittés la prison.
00:18Ils sont en sécurité à l'ambassade de France à Téhéran.
00:21Écoutez ce qu'en disait Pierre Cochard, ambassadeur de France en Iran.
00:25C'était tout à l'heure sur RTL.
00:26On s'est pris dans les bras d'ailleurs tous et c'était un grand moment d'émotion effectivement qui nous a tous réjouis, bien sûr.
00:34Ça nous a tous réjouis.
00:35Joie, c'est le mot qui résume à lui seul tout ce qui se passe en ce moment par rapport à ça ?
00:39Pas à lui seul.
00:40Je crois que d'abord il faut en parler avec prudence parce qu'on ne sait pas encore comment va se dérouler la suite.
00:45Et on n'a pas tous les éléments évidemment.
00:47Mais je crois qu'il faut à la fois se réjouir, s'interroger et peut-être ne pas oublier de s'indigner.
00:54Voilà, alors d'abord évidemment se réjouir parce qu'ils sont sortis de prison.
01:00Ils semblent avoir désormais échappé au traitement inhumain qui leur était infligé.
01:07Voilà, et c'est de toute façon une bonne chose que des êtres humains et en plus des compatriotes, des concitoyens retrouvent la liberté.
01:16Il faut s'interroger parce que finalement, pourquoi maintenant ?
01:20Que s'est-il passé ?
01:21Je ne sais pas ce qu'on découvrira, des transactions, des négociations, etc.
01:26Mais il y a au moins une première hypothèse de travail.
01:29Chacun sait, même s'il n'est pas spécialiste géopolitique, que les cartes du Moyen-Orient sont en train d'être rebattues,
01:35que l'Iran sort plutôt largement affaibli des derniers épisodes.
01:40Et il se pourrait que cette surprise, finalement, soit due, bien sûr, à l'insistance du gouvernement français, des familles et tout ça,
01:48mais aussi au changement de position de l'Iran lui-même.
01:52Bon, et s'indigner quand même, il ne faut pas oublier.
01:55Alors s'indigner, mais oui, mais pour une raison qu'on ne dit pas assez, à mon avis, c'est que la prise d'otages,
02:01Oui, mais la prise d'otages, parce que là, il s'agit finalement d'otages d'État, de gens que l'on prend dans leur activité,
02:08que l'on arrache à leur existence, à leur famille, que l'on charge d'accusations généralement imaginaires,
02:15et que l'on va faire servir de monnaie d'échange.
02:18Or, la prise d'otages, qu'il s'agisse d'un État, d'une organisation terroriste,
02:22c'est finalement la manière de faire de la guerre, ou de la politique, la plus abjecte.
02:28La pire.
02:29La plus abjecte, la plus dégoûtante, la plus obscène,
02:33et ça, finalement, c'est quelque chose qui est d'une évidence, à mon avis, absolue,
02:37mais qui n'est pas présent dans les discours, ni assez, finalement, dans les consciences.
02:43La voix et le soulagement font passer ça au second plan, et vous faites bien de nous le rappeler.
02:46On va poursuivre notre voyage parmi les mots avec, Aurion, des nouveautés fiscales.
02:50Rassurez-vous, on ne va pas décortiquer le budget.
02:51Il y a quand même un impôt sur la fortune improductive qui a vu le jour à l'Assemblée.
02:57Ce mot improductif, Roger Pauldroit, il vous interpelle. Pourquoi ?
03:01Il m'interpelle parce qu'il est faussement facile.
03:04En fait, il mêle un aspect extrêmement technique de l'économie,
03:09et puis nos représentations habituelles, quelque chose de productif,
03:14et bien finalement, c'est bien, c'est fécond, quelque chose d'improductif,
03:19c'est stérile, c'est mauvais, c'est négatif.
03:22Là, il s'agit de taxer les voitures, les bijoux, les yachts, les œuvres d'art.
03:26Voilà, les bijoux de famille, mais aussi les assurances vie, les fonds en euros,
03:30et c'est ça qui fait évidemment polémique et discussion,
03:33y compris parmi les experts et les économistes.
03:37Mais j'ai juste, je me suis dit, productif, improductif, ça veut dire quoi au juste ?
03:42Et qu'est-ce que ça veut dire chez les économistes ?
03:44Ben, c'est très compliqué.
03:45Ça, je vous le confirme.
03:47C'est très compliqué parce qu'ils ne sont pas d'accord entre eux.
03:50Au cours de l'histoire, au XVIIIe siècle, c'était d'abord la nature qui était productive,
03:55les champs, la fécondité finalement de...
03:59Oui, parce que grâce à la nature, on se nourrit.
04:01La production agricole, ensuite la production industrielle,
04:06ensuite la production technique, mais quand on regarde de près,
04:11alors je ne veux pas vous faire un cours d'économie, rassurez-vous,
04:14d'abord je n'ai pas la compétence, mais c'est très différent entre le XVIIIe siècle,
04:18entre les fondateurs au XIXe siècle que sont Smith, Ricardo, Marx par la suite, Keynes, etc.
04:26Ils ont chacun finalement leur définition de ce qui est productif et improductif.
04:30Et des fois, c'est tout à fait contre-intuitif, je veux dire.
04:35Je prends un seul exemple, chez Smith ou Ricardo,
04:38un travailleur est productif,
04:41s'il fabrique quelque chose que l'acheteur peut revendre.
04:47Ah !
04:48Vous achetez...
04:49Il ne travaille pas pour rien, en fait, si on veut simplifier l'extrait.
04:51Oui, mais c'est quelque chose de très matériel,
04:54c'est-à-dire vous faites faire une table par votre menuisier,
04:57vous pouvez la revendre.
04:58Vous allez vous faire couper les cheveux ?
05:00Ah oui !
05:01Vous ne pouvez pas revendre votre coupe de cheveux.
05:03Non.
05:03Vous voyez ?
05:04Et donc, improductif, le travailleur dont le travail est entièrement consommé par les services.
05:11Bon.
05:12Or, une toute petite seconde pour montrer que ce n'est pas finalement facile,
05:17c'est que, là, l'économie est faite aujourd'hui aux trois quarts de services.
05:26Bien sûr.
05:27Voilà, le soin...
05:28Il y a moins d'industrie, il y a plus de services.
05:30Donc, il y a moins de choses qu'on peut revendre.
05:32Exactement.
05:32Et du coup, les trois quarts de l'économie sont faits de travailleurs...
05:36Alors, des économistes se sont élevés, évidemment, contre cela.
05:41Mais vous voyez que c'est finalement très compliqué et technique.
05:45Mais, dans notre vie quotidienne, nous appelons productifs des choses qui nous font plaisir.
05:53Oui, mais la musique, c'est productif.
05:56Alors, on pourrait dire...
05:57Si on applique la règle des économistes, on dit, non, ce n'est pas productif.
05:59La littérature, la peinture, Roger Paul...
06:01Alors, attendez, c'est encore un petit peu plus compliqué que ça.
06:03C'est parce qu'il y a...
06:04Non, non, mais il y a deux faces, bien sûr.
06:06Il y a la vie elle-même.
06:07Oui.
06:08Et tout ce que nous ressentons, la musique, la littérature, les arts, la joie, tout ça,
06:15ça produit du bonheur, des émotions, de l'existence.
06:20Est-ce que...
06:20Est-ce que la richesse, le bonheur ?
06:23Mais oui, mais les enfants sont-ils productifs du point de vue économique ?
06:27Non.
06:28Les vieillards sont-ils productifs du point de vue économique ?
06:30Non plus.
06:31Mais, il y a pourtant une économie de la pédiatrie, une économie des jouets pour enfants,
06:39il y a une silver économie aujourd'hui.
06:41Donc, vous avez, si vous voulez, à chaque fois, une face vitale et une face économique.
06:49Et il ne faut pas, d'une certaine manière, non seulement les mélanger quand on fait une discussion technique,
06:55mais en plus, il faut tenir compte de tout.
06:58Il faut tenir compte de tout, c'est-à-dire, il faut tenir compte de cette complexité du réel
07:02où il y a, effectivement, dans la musique.
07:04Vous avez des droits d'auteur, vous avez une industrie musicale, mais vous avez aussi le plaisir de l'art,
07:10vous avez la joie de la pulsation vitale.
07:15Et on pourrait se demander si nos députés ne devraient pas réfléchir.
07:21Est-ce qu'ils sont productifs, eux ?
07:22Ils sont productifs, finalement, de taxation, de façon tout à fait géniale,
07:29puisqu'ils ont fait 40 milliards de plus dans les projets actuels.
07:34Voilà, mais ce que je veux dire, si vous voulez, c'est qu'il faudrait plutôt réfléchir à la complexité de la réalité
07:40et aux différents registres qui s'entremêlent que d'extraire un seul point.
07:45Absolument. Et puis, des fois, ce n'est pas rentable et c'est productif quand même.
07:47Merci.
07:48Merci.
07:49Merci.
07:50Merci.
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