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  • il y a 2 jours
Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 24 septembre 2025.

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00:00Star. Thomas Soto, RTL Matin.
00:04Il est 9h15, c'est l'esprit de l'info avec notre grand témoin du mercredi, Roger Pauldroit.
00:08Bonjour, écrivain, philosophe, auteur notamment d'Alice au Pays des Idées, chez Albain Michel.
00:14On va parler de la situation politique et d'Emmanuel Macron, parce qu'on est un peu interloqué.
00:20Je vois les messages que nous envoient nos auditeurs au 64 900.
00:23On a l'impression qu'il y a deux mondes.
00:24Il y a un monde, ici en France, qui se cherche un gouvernement, tant bien que mal, qui consulte.
00:29Et puis, il y a Emmanuel Macron, qui parle au reste du monde, qui est à la tribune de l'ONU,
00:33qui reconnaît la Palestine dans un discours qui est plutôt salué, d'ailleurs, par tout le monde sur la forme,
00:38et que ces deux mondes, finalement, ne se rencontrent plus.
00:40Comment vous expliquez le grand décalage entre Emmanuel Macron, qui semble se voir surpuissant,
00:45et des Français qui, eux, ne veulent plus le voir ?
00:48Il est plus impopulaire que jamais, ça aussi, il faut le souligner.
00:50Plus impopulaire que jamais, effectivement.
00:5283% des Français qui sont en défiance d'Emmanuel Macron, qui ont une opinion défavorable.
01:01Vous avez pris le chiffre.
01:01Alors, en général, on dit 17% d'opinion défavorable.
01:03Oui.
01:03Quand on prend dans l'autre sens, ça prend encore une autre ampleur.
01:05Évidemment, parce que si on dit 17%, on pense que c'est pas beaucoup, mais si on voit que 83%,
01:13après 8 ans d'exercice du pouvoir, le rejette, pense qu'il a tort et ne lui font pas confiance,
01:22il y a quelque chose qui est de l'ordre de la fin de partie, si vous voulez, du game over, de la disqualification profonde.
01:30Et il me semble, principalement, que c'est son temps qui est complètement décalé.
01:36Le décalage du temps pour le maître des horloges, parce que c'est comme ça qu'on l'a dit, c'est quand même pas rien, Roger.
01:41Mais oui, mais c'était le maître des horloges, c'est devenu, d'une certaine manière, le spécialiste des horloges détraqués.
01:47Il fait tout, aujourd'hui, à contretemps, alors même que la politique, c'est l'art du bon moment.
01:54On prend une décision au temps et à l'heure qu'il faut,
01:57et selon le contexte, une décision devient mauvaise quand c'est le mauvais moment.
02:02Le timing peut transformer une bonne décision en mauvaise décision et inversement ?
02:05Absolument.
02:06Un moment choisi ?
02:07Bien évidemment, parce que la politique, c'est l'art du moment.
02:11Il faut prévoir, il faut planifier, il faut aussi intervenir au moment opportun.
02:17Or, il a dissous l'Assemblée en créant les impasses que nous vivons,
02:22qui étaient déjà là, mais qui l'a intensifiées,
02:26et finalement, d'une certaine manière, la question de la Palestine arrive, elle aussi, au pire moment.
02:34Après avoir proposé de faire une force internationale contre le Hamas,
02:39qui est l'équivalent, finalement, de Daesh,
02:41et en faisant une force internationale contre Daesh, on a fini par le vaincre.
02:45Après avoir proposé cela, le maître du « en même temps », c'est-à-dire de tout et son contraire,
02:52finit par, au moment le pire, donner des cartes au Hamas,
02:59qui se réjouit évidemment de sa politique, de ses décisions, et qui pavoise.
03:04Donc, il se trouve finalement toujours à contre-temps,
03:08et le pire, c'est qu'il me semble en contre-temps de lui-même.
03:12Je veux dire par là, ce que je veux dire, c'est que si on regarde son bilan après 8 ans,
03:17il a finalement échoué sur tout ce qu'il avait lui-même fixé comme objectif.
03:23Vous êtes d'une sévérité extrême, Roger Poldrois.
03:26Mais regardez, la France devait être en mouvement, en marche, dynamisée.
03:32Elle est paralysée.
03:34Et elle devait finalement aussi, la France, être dépassée les clivages droite-gauche.
03:41Oui, ni de droite ni de gauche.
03:42Voilà, et ils se sont intensifiés, durcis, extrémisés.
03:47Ils proposaient de réduire le déficit, il l'a accrue.
03:50De diminuer les inégalités, elles se sont intensifiées.
03:54De mettre plus de justice, il y a plus globalement d'inégalités.
03:59Et surtout, avec la start-up nation, avec tout ça,
04:02il s'agissait d'ajuster la France et le monde.
04:06Et vous l'avez dit au début, finalement,
04:08il y a un Emmanuel Macron, un président, qui se promène seul dans le monde,
04:13et une France qui devient, au contraire, décalée, désajustée, qui perd son rang.
04:18Donc, d'une certaine manière, c'est une forme, pour moi, de catastrophe.
04:23Bon, alors, vous êtes un peu le procureur du chef de l'État, ce matin.
04:25Roger Pallor, on va écouter l'avocat.
04:27Un vrai avocat, pour le coup.
04:28C'est Éric Dupond-Moretti, qui était l'invité d'RTL, tout à l'heure, à 7h40.
04:32Lui, continue à soutenir le chef de l'État, coûte que coûte.
04:37Ou quoi qu'il en soit.
04:38Il n'y a pas un président de la République qui bénéficiera, aujourd'hui, d'un état de grâce.
04:42Même de dix minutes.
04:43Quand vous voyez que la presse Bolloré, par exemple, tous les jours,
04:46tous les jours, tape sur Emmanuel Macron,
04:49même quand il dit bonjour, madame, il a faux.
04:51Donc ça aussi, ça fait partie des choses qui nourrissent cette détestation dont vous me parlez.
04:57Même quand il dit bonjour, madame, il a faux.
04:59Là, pour le coup, il n'a pas complètement tort, Éric Dupond-Moretti.
05:02On a l'impression qu'on ne laisse plus rien passer à Emmanuel Macron.
05:04Il faut se demander pourquoi.
05:06Il faut se demander pourquoi, parce que, bien évidemment, c'est un homme intelligent.
05:10C'est finalement quelqu'un qui avait une originalité, une singularité dans le paysage politique.
05:17Et je crois que la source profonde de ces décalages, de ces détraquements du temps,
05:26c'est le fait qu'il prend ses paroles pour des réalités.
05:29Quand il dit bonjour, madame, il pense que la dame va avoir une bonne journée, d'une certaine manière.
05:34Ça pourrait être ça, si vous voulez.
05:35Est-ce qu'on en revient un peu à ce manque d'empathie qui lui a été souvent reproché ?
05:39Ou alors, peut-être, à ce problème du bris.
05:42Et ça, c'est Gérard Collomb, son premier ministre de l'Intérieur,
05:44qui, en partant, avait dit, attention, le problème est là.
05:47Est-ce que, finalement, le problème originel du macronisme,
05:51c'est Emmanuel Macron et c'est l'image qu'il a de lui-même ?
05:55J'avais écrit, en 2017, dans les Echos, où j'avais une chronique chaque vendredi, à l'époque,
06:03une chronique intitulée « Macron est-il une illusion ? »
06:06Parce que lui-même, au début, c'était...
06:08En 2017, vous avez écrit ça ?
06:09En 2017, il n'était pas encore...
06:10On ne pourra pas dire que vous ne l'aviez pas vu.
06:12Il n'était pas encore. Il n'était pas encore élu.
06:14Il était en pleine campagne.
06:16Mais il venait de se comparer, d'une certaine manière, à Jeanne d'Arc.
06:21C'est-à-dire, l'idée, c'était qu'une illusion ou un rêve devient réalité.
06:30Quelque chose d'improbable, quand on le dit...
06:32Alors, c'est, d'une certaine manière, très beau.
06:34C'est l'utopie, c'est l'unité.
06:36Mais si cela n'est pas confronté à des décisions réelles, à une lucidité,
06:42si l'on ne voit pas les réalités de la dette et du terrorisme et des tensions internationales,
06:47et qu'on croit qu'il suffit de dire pour faire...
06:50Il y a un grand philosophe, John Austin, qui a fait un livre,
06:56« Quand dire, c'est faire ».
06:57C'est ce qu'on appelle en philosophie le performatif, en linguistique,
07:00c'est-à-dire des phrases qui sont des réalités.
07:03Il a employé ce mot performatif hier, dans l'interview qu'il a accordé à BFN TV.
07:06Il dit, moi, je suis là pour être performatif, je ne suis pas là pour...
07:08Eh bien, le performatif, c'est quoi ?
07:10Comment ?
07:10C'est quand on dit « Je vous déclare unis par les liens du mariage ».
07:15Cette phrase, c'est le mariage.
07:18Mais dans la réalité, il y a des tas de phrases qui ne font pas des actes si on ne les transforme pas en décisions.
07:26Bon, en quelques secondes, c'est pas le premier président qui déçoit.
07:32Regardez comment est parti François Hollande.
07:34Nicolas Sarkozy a été battu.
07:36Jacques Chirac avait été réélu, mais c'était face à Jean-Marie Le Pen.
07:39Giscard a été battu.
07:41Qu'ils soient impopulaires est une chose.
07:44Qu'ils aient des bilans, même mitigés, en est une autre.
07:48C'est-à-dire que, si vous voulez, comme philosophe et comme citoyen, je pense que la politique est une chose sérieuse et importante.
07:56Et bien évidemment, elle comporte une part de comédie.
08:00Elle comporte une part parfois de ruses, de mensonges, de tout ce qu'on veut.
08:04Mais s'il n'y a pas derrière cela et des actes et un souci des réalités et une lucidité sur le réel,
08:12et qu'il n'y a que des paroles, alors on est dans un moulin à paroles qui tourne à vide.
08:18Et la comédie qui existe devient tragique parce qu'elle est vide, parce qu'elle déçoit ou parce qu'elle indigne.
08:25Et c'est pour ça, me semble-t-il, qu'il y a aujourd'hui...
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