Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 10 heures
Regardez L'esprit de l'info avec Laetitia Strauch-Bonart avec Thomas Sotto du 20 novembre 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Soto, RTL Matin.
00:029h14, l'esprit de l'info avec notre grand témoin du jour, c'est Natacha Polony. Bonjour Natacha.
00:06Bonjour.
00:06Directrice de la toute nouvelle revue indépendante, l'Audace.
00:09Le premier numéro sera en kiosque et dans les librairies le 1er décembre.
00:12Comment la France et l'Europe se sont s'abordés.
00:14On va parler de drogue, consommation de drogue.
00:17On recevait tout à l'heure Amine Benyamina, le professeur Benyamina, addictologue,
00:22qui nous disait qu'aujourd'hui, la drogue, ça concerne vraiment tout le monde, partout dans le pays.
00:27Toutes les campagnes, toutes les villes, toutes les contrées de France et de Navarre sont concernées par la drogue.
00:31Tout le monde est concerné.
00:32Tout le monde, tout le monde, tout le monde, y compris le petit village,
00:35où vous n'avez peut-être pas la poste, mais vous avez le dealer qui vient,
00:38qui est plus présent que les services publics de l'État.
00:40La drogue est partout.
00:42Le phénomène est un phénomène qui s'est insinué dans toutes les interstices de la société.
00:46Alors évidemment, Natacha Polony, on a l'impression que depuis le drame de Marseille,
00:50la mort du frère d'Amine Kessassi, pardon, exécutée la semaine dernière,
00:54on redécouvre un peu tout ça.
00:55Vous êtes surprise d'entendre ça, ou c'est juste qu'on refuse d'ouvrir les yeux ?
00:59Non, alors, on a évidemment franchi un cap avec ce meurtre d'intimidation.
01:05Pour autant, ça fait très longtemps qu'on voit monter le phénomène,
01:08et en effet, ce qui est frappant, c'est surtout l'ubérisation
01:11et la dérégulation dans le domaine de la drogue.
01:16C'est-à-dire qu'on a maintenant des dealers qui vont dans des petits villages en utilisant des Airbnb.
01:22Les propriétaires ne savent même pas qu'il y a un dealer chez eux qui s'installe pendant quelques jours et qui repartent.
01:27Ça dit un bureau de vente.
01:28Voilà, c'est-à-dire que ça a quitté les quartiers, c'est absolument partout,
01:33et on est en passe d'être débordé.
01:35C'est pour ça qu'il faut absolument agir, et il n'y a pas de recette magique dans ce domaine-là.
01:39C'est-à-dire qu'il faut agir sur plusieurs éléments.
01:41Lesquels ?
01:42Premier point, on a démantelé petit à petit les services de douane,
01:46on a fragilisé les douaniers.
01:48Or, si vous regardez, ce sont eux qui font les plus grosses saisies.
01:50On a besoin de régulation.
01:51Parce que la drogue, elle vient d'ailleurs.
01:52Elle est vendue ici, mais elle vient d'ailleurs.
01:54Voilà, ça c'est le premier point.
01:56Deuxième point, il y a évidemment une question de pénalisation des dealers.
02:02C'est-à-dire que là, on voit très bien qu'il faut inverser le rapport de force.
02:04Moi, je suis pour l'incarcération dans des conditions spéciales pour les dealers.
02:09Ce sont des gens parfaitement rationnels.
02:10Donc les prisons de Vendale-Leviel, on est sur Sartre, ça vous va à vous ?
02:13Dans des conditions très dures.
02:15Pourquoi ? Parce que, autant quelqu'un qui commet un crime sous l'effet d'une pulsion,
02:19on ne pourra pas, enfin je veux dire la répression, ne freinera pas.
02:23Autant les dealers, ce sont des gens rationnels qui calculent en fonction d'un rapport de force.
02:29Donc il faut inverser le rapport de force.
02:31Ensuite, il faut prendre les choses très tôt.
02:33C'est-à-dire que le gamin qui est recruté pour aller guetter, il faut le sortir de son quartier.
02:38Donc ça veut dire avoir des internats, avoir des centres éducatifs fermés qui fonctionnent réellement.
02:45On a démantelé petit à petit ce qui avait commencé à être fait sous Nicolas Sarkozy.
02:50Mais à l'époque, c'était à la fois timide, assez inefficace.
02:54Aujourd'hui, il en reste des centres éducatifs fermés.
02:57Ils sont remplis à seulement 70%.
03:00C'est seulement pour 6 mois reconductibles une fois.
03:04C'est pas ça qu'il faut faire.
03:04Donc c'est une piste à creuser, vous dites ça.
03:05Il faut y retourner, il faut creuser.
03:06Non, mais parce que quand vous avez des gamins qui gagnent plus en allant guetter que le professeur qui est en face de dans la classe,
03:13c'est la République qui a perdu.
03:15Donc il faut absolument agir très tôt.
03:18Et puis, il faut évidemment faire très attention à la question de la corruption.
03:23Nous ne sommes pas encore un arco-étard.
03:24La corruption de qui par qui ?
03:25La corruption des matons, la corruption des policiers, la corruption des greffiers,
03:30c'est encore infime.
03:33Mais ça va petit à petit venir parce que les sommes d'argent qui sont en jeu sont gigantesques.
03:39Et quand vous voyez que vous avez des dealers qui, aujourd'hui, font de l'œuvre sociale dans les quartiers
03:44pour gagner même plus seulement le silence, mais quasiment la sympathie des familles,
03:49ça veut dire que là aussi, la République est en train de perdre pied.
03:51Donc, il faut inverser la tendance avec une politique extrêmement vaste
03:56qui va de la répression à la prévention et qui gère tous les problèmes en même temps.
04:01Sachant que les narco-trafiquants, c'est une puissance de feu, c'est une puissance financière impressionnante.
04:05Je rappelle ce que disait le chef d'état-major de la Marine Nationale tout à l'heure à Marc-Olivier Fogel.
04:09Ils ont des sous-marins, les trafiquants de drogue aujourd'hui.
04:12Ils sont équipés comme l'armée d'un pays, même si ce n'est pas un narco-état,
04:16mais bien, je ne sais pas, c'est un truc mondial.
04:19Ils ont des moyens que les états n'ont plus, bien souvent.
04:22Exactement, puisque nous, nous nous appauvrissons.
04:24C'est pour ça que quand je dis qu'il faut penser les choses globalement,
04:27c'est aussi que si on continue à affaiblir l'état, à s'appauvrir parce qu'on ne produit pas assez
04:31et parce qu'on laisse justement la dérégulation nous affaiblir.
04:35C'est-à-dire que la libre circulation des hommes, des marchandises, des capitaux,
04:39c'est le bonheur à la fois des multinationales et des narco-trafiquants.
04:43Donc, il y a un moment où il faut reprendre la main.
04:45C'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narco-trafiquants.
04:47Ça, c'est ce que disait Emmanuel Macron.
04:49Déjà, que vous inspirent ces mots ?
04:51C'est une prise de conscience ? C'est de la démagogie ? C'est de la lucidité ?
04:55C'est tout à fait vrai.
04:57Moi, je suis désolée, mais quand on consomme de la drogue,
05:00dans la mesure où c'est illégal et où on sait très bien par où ça passe,
05:04il y a un moment où il faut être responsable.
05:05Sauf que je voudrais que l'État aussi soit responsable.
05:09C'est-à-dire que si l'État fait son travail,
05:12si l'État met en place de véritables politiques,
05:15après, il peut dire aux citoyens,
05:18maintenant, vous êtes responsable.
05:19Deuxième point, on ne fait pas suffisamment de prévention.
05:23Pourquoi ? Parce qu'on s'est contenté de considérer pendant des années
05:26que le cannabis, c'était interdit, la cocaïne, c'était interdit.
05:30Donc, il n'y a pas besoin de prévenir les jeunes que c'est dangereux,
05:32puisque de toute façon, on se fait croire qu'ils vont respecter ça.
05:35Il faut faire avec la drogue comme on fait avec le tabac, en fait, aujourd'hui ?
05:38Non, mais bien sûr qu'il faut marteler.
05:39Mais pour ça, il faut avoir de quoi financer.
05:41Juste un petit exemple.
05:42Je prenais un train très, très tôt l'autre jour à Bordeaux.
05:46Juste à côté de la gare Saint-Jean, nous passons en taxi à 6h du matin,
05:51il y avait une boîte de nuit avec des gens,
05:54avec des ballons qui étaient en train de consommer du protoxyde d'azote,
05:58au vu et au su de tous.
06:00C'est-à-dire que c'est devenu quelque chose de normal.
06:02Donc, ça veut dire qu'il faut faire de la véritable prévention
06:07et expliquer aux jeunes que ça abîme.
06:12Est-ce qu'il faut sanctionner ?
06:13Je ne sais pas si vous les avez vus devant la boîte de nuit à Bordeaux,
06:16on imagine qu'on peut très bien envoyer une voiture de police,
06:19on les attrape, mais il va se passer quoi derrière ?
06:21C'est ça le problème, il va se passer quoi ?
06:23C'est-à-dire que répression.
06:24Ensuite, je pense qu'il y a peut-être une chose à faire.
06:27Là, pour le coup, je serais moins sûre de ce que je dis
06:32que tout ce que je viens de dire là, je sais qu'il faut le faire.
06:35La question, est-ce qu'on ne peut pas réfléchir au fait de dépénaliser,
06:40non, pas dépénaliser justement, légaliser le cannabis ?
06:44Puisque, je rappelle que les chiffres nous montrent
06:47que nous sommes les premiers consommateurs,
06:49qu'il y a environ un million de consommateurs réguliers.
06:53Donc, ça veut dire que la seule répression ne fonctionne pas.
07:01Si vous légalisez, vous mettez des criminels potentiels au volant ?
07:04Alors non, justement, avec un renforcement de toute la répression,
07:11par exemple, sur le fait de conduire sous l'emprise des stupéfiants.
07:16Parce qu'en effet, ça, c'est quelque chose qui est en train de monter.
07:19Donc ça, vous réprimez, mais alors très, très, très sévèrement les criminels de la route.
07:22En revanche, une légalisation avec filière d'État,
07:26pour que l'État seul ait le monopole et contrôle ce que les gens consomment.
07:30Vous ne pensez pas que les narcos iront chercher un autre business ?
07:33Alors, justement, en faisant ça avec filière d'État, j'y tiens.
07:38Ça veut dire que c'est l'État qui contrôle et c'est l'État qui touche de l'argent
07:42et qui peut utiliser cet argent pour la prévention
07:45et pour renforcer la lutte contre les autres trafics.
07:49parce qu'on ne va pas mettre sur le même plan
07:51la consommation de cannabis, qui est profondément dangereuse.
07:55Il faut expliquer aux jeunes, ça provoque des dépressions,
07:58ça provoque des schizophréries.
07:59Le taux de THC est très élevé.
08:00Aujourd'hui, ce n'est pas le petit joint qu'on fait dans les 60.
08:02Exactement.
08:03C'est justement pour ça qu'il faut contrôler.
08:05C'est justement pour ça qu'il faut que l'État puisse,
08:07à un moment donné, savoir exactement
08:08et que les gens aient la possibilité,
08:11puisque visiblement on n'arrive pas à les empêcher
08:13de consommer cette cochonnerie,
08:15il faut au moins faire en sorte
08:17qu'ils n'aillent pas s'intoxiquer
08:19et que nos jeunes ne soient pas totalement détruits par ça.
08:23Vaste sujet.
08:24Je voudrais qu'on se dise quelques mots pour terminer
08:25sur la déclaration du général Mendon
08:27qui est le chef de nos armées,
08:28un chef d'état-major des armées.
08:31On va l'écouter, tiens.
08:31Si notre pays flanche
08:33parce qu'il n'est pas prêt à accepter
08:36de perdre ses enfants,
08:38parce qu'il faut dire les choses,
08:41de souffrir économiquement
08:42parce que les priorités iront
08:44à de la production de défense, par exemple.
08:46Si on n'est pas prêt à ça,
08:48alors on est en risque.
08:50On doit être prêt à perdre nos enfants.
08:52Il a raison.
08:53Je pense qu'il faut...
08:55Nous sommes dans une situation internationale
08:57où il faut savoir mesurer ses paroles
08:59et savoir exactement de quoi on parle.
09:02C'est-à-dire que je suis la première
09:04à considérer qu'il faut un service militaire,
09:06qu'il faut que les citoyens s'impliquent pour la nation.
09:09Mais on est dans un pays
09:10qui a dévalorisé le patriotisme
09:12depuis des décennies,
09:14qui a écrasé petit à petit
09:16toute possibilité de mettre en avant
09:17ce don de soi pour la nation.
09:20En revanche, là, on parle de quoi exactement ?
09:23On a un chef d'état-major des armées
09:25qui nous explique que dans trois ans,
09:27il y aura la guerre avec la Russie.
09:28De quelle manière ?
09:29À quel endroit ?
09:31Nous avons une armée de métiers.
09:33Si les états baltes étaient attaqués,
09:35ce qui est à craindre peut-être
09:37dans l'état actuel,
09:39mais c'est l'armée de métiers qu'on envoie.
09:40On n'explique pas aux maires de France
09:42qui doivent préparer les citoyens
09:44à ce qu'on perde nos enfants.
09:45Vous voyez, il faut faire très attention
09:47à ce qu'on dit
09:47et ne pas jouer à la prophétie autoréalisatrice.
09:51Merci beaucoup à vous, Natacha Polony.
09:52Comment la France et l'Europe se sont sabordées ?
09:54Ce sera la une du tout premier numéro
09:56de l'Audace en vente le 1er décembre
09:58dans les kiosques et dans les librairies.
10:00C'est important aussi, les librairies.
10:01Et si vous voulez soutenir l'Audace,
10:02ça se passe sur Ulule.
10:04Vous tapez l'Audace.
10:04Merci beaucoup, Natacha.
10:05Merci à vous.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations