- il y a 3 mois
Regardez L'esprit de l'info avec Thomas Sotto du 10 octobre 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:02Il est 9h14, c'est l'esprit de l'info et notre grand témoin de ce vendredi.
00:06C'est vous Christophe Guillouis, géographe, essayiste et auteur de
00:09Métropolia et Périphéria, un voyage extraordinaire publié chez Flammarion.
00:13Bonjour, bienvenue.
00:14Bonjour.
00:15En quelques mots, c'est quoi Métropolia et Périphéria ?
00:17C'est la suite de la France périphérique que vous avez publiée il y a plus de dix ans ?
00:21Oui, c'est même plus que ça.
00:22C'est une sorte de fable philosophique, on va dire,
00:26humoristique en tout cas sur ce qui est devenu le pays.
00:31Vous arrivez à garder l'humour sur l'état du pays ?
00:33Alors il faut absolument, surtout qu'aujourd'hui on a quand même une illustration parfaite
00:37de ce que j'appelle l'effondrement de Métropolia.
00:40Alors Métropolia, je précise, il y a évidemment de la géographie là-dedans, vous avez compris.
00:45Les grandes villes et les périphéries ?
00:46Oui, c'est ça, mais les grandes villes et les périphéries, c'est aussi l'idée,
00:49voilà, on a un modèle qui est celui de Métropolia, un magnifique modèle,
00:53les gens sont très beaux, très intelligents.
00:56On a d'ailleurs pensé l'économie française depuis 40 ans,
00:58avec cette idée géniale de tout concentrer dans les grandes métropoles,
01:01avec l'adversérialisation, la globalisation,
01:04et puis la désindustrialisation de tout le reste.
01:06Tout le reste, c'est ce que j'appelle périphéria.
01:09Il y a un petit problème, c'est qu'à périphéria vit la majorité de la population française.
01:13C'est le petit noyau qui profite et pour qui tout va bien,
01:16et puis tout le reste qui galère.
01:17Oui, alors petit noyau qui est un beau, gros noyau,
01:20parce qu'on a 30% de la population quand même dans les grandes métropoles.
01:23Parce que, vous voyez, aujourd'hui, il y a un effondrement,
01:26alors on peut cibler Emmanuel Macron,
01:29mais en réalité, il faut réfléchir à qui rend possible Emmanuel Macron.
01:33Et aujourd'hui, ce qu'on observe, c'est qu'effectivement,
01:36l'ensemble de ce modèle est en train, évidemment, de s'effondrer sur lui-même.
01:41Et d'ailleurs, on les voit actuellement,
01:44ils courent comme des poulets sans tête un peu partout,
01:46avec cette interrogation,
01:50mais que allons-nous dire aux Français ?
01:54Et d'ailleurs, vous avez...
01:54Il n'y a plus quoi dire.
01:55Il court, il n'y a plus où ils vont.
01:56Aujourd'hui, avant-hier, on a ressorti la retraite.
01:59Je ne sais pas si vous avez vu.
02:00Je ne sais pas si vous avez vu.
02:01Oui, oui, oui.
02:01Alors, je pense que c'est des sondages qu'on a dû leur dire,
02:06écoutez, on va animer un petit peu le narratif avec ça.
02:10Pardon, je vous interromps, mais les sondages,
02:11on en a à toutes les sauces, les sondages.
02:13Là, vous parlez pendant 5 minutes, je vais faire un sondage,
02:15et dans 20 minutes, je vais dire,
02:17eh bien, 67% des auditeurs d'RTL pensent que Christophe Guilloui a raison, machin.
02:21Est-ce que ça a encore du sens, le sondage ?
02:23Et à quoi il sert, le sondage ?
02:24C'est un thermomètre utile ?
02:26C'est devenu...
02:27Qu'est-ce que c'est ?
02:28Alors, il faut quand même bien comprendre que depuis une quarantaine d'années,
02:33tous ces gens ont tourné le dos à ce qu'est, finalement,
02:38la société française elle-même.
02:40C'est-à-dire que la majorité ordinaire, on ne la voit plus.
02:44Et comme ils ne voient pas ce qu'est réellement le pays,
02:48ils ont besoin de chiffres, ils ont besoin d'agences,
02:51ils ont besoin d'experts, ils ont besoin de McKinsey,
02:54ils ont besoin... etc.
02:56Bref, on a, en fait, une lecture de la société française
02:59qui est exactement une lecture marketing.
03:02Et d'ailleurs, c'est pour ça que tout ce qui marche
03:03dans le narratif ambiance, c'est toujours du narratif.
03:07C'est toujours du segment.
03:09Et je dis toujours, il y a une prison là-dedans.
03:13C'est ce que j'appelle la prison du fragmentaire.
03:15La prison du panel.
03:17Ça veut dire quoi ?
03:18La prison qui, en fait, fait qu'aujourd'hui,
03:21on est incapable de penser à la société française en elle-même.
03:25Et c'est pour ça que je parle toujours de la majorité ordinaire.
03:27D'ailleurs, c'est très drôle, c'est quand vous parlez à ces gens de majorité,
03:29on vous dit, mais qu'est-ce que c'est que la majorité ?
03:31On ne sait pas.
03:31Ou quand vous parlez du peuple, par exemple,
03:33mais qu'est-ce que c'est que le peuple ?
03:34Ça n'existe pas.
03:35Et moi, je dis toujours,
03:36il y a quand même quelque chose qui est fondamental,
03:40c'est l'âme.
03:42Vous voyez, je le dis presque...
03:43C'est l'humain, en fait.
03:44Voilà.
03:45L'humain, on ne peut pas sur une scène avec un fondage...
03:47C'est pour ça que la question de l'âme...
03:49Vous voyez, par exemple,
03:50il y a un petit événement qui s'est produit en 2018
03:52qui s'appelle les Gilets jaunes.
03:54Et les Gilets jaunes, c'était exactement périphériat.
03:57D'ailleurs, je note quand même
03:57toutes les contestations politiques, sociales, aujourd'hui,
04:00sérieuses.
04:01Pas frivoles, sérieuses,
04:03viennent de périphériat.
04:04En France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne,
04:06alors elles peuvent prendre des formes très très différentes,
04:09les Gilets jaunes, ça peut être le Trumpisme,
04:10ça peut être le Brexit, peu importe,
04:12un référendum en 2005.
04:13À chaque fois, une même sociologie,
04:15un même territoire.
04:16Pourquoi ? Parce que...
04:17C'est ce que certains appellent le populisme.
04:19Ils ont raison ?
04:19Oui, évidemment.
04:20Alors, populisme,
04:21on peut ostraciser à l'infini, etc.
04:24En fait, c'est simplement,
04:25ne changeons rien.
04:26Quand vous dites populisme,
04:27vous dites,
04:28ok, leurs revendications
04:30ne sont pas légitimes.
04:32Or, je dis toujours,
04:33ce mouvement-là de contestation
04:34est le mouvement de la raison.
04:36C'est très important d'avoir...
04:37Parce qu'aujourd'hui,
04:38on avait une représentation
04:39qui était le cercle de la raison.
04:41Et je dis toujours,
04:42le cercle de la raison,
04:43c'est les Dorian Gray
04:44du progressisme.
04:46C'est-à-dire qu'en fait,
04:47on les voit,
04:48vous vous rappelez,
04:49cette histoire de Dorian Gray,
04:50à la fin,
04:51on voit le vrai visage de Dorian Gray.
04:53Et Dorian Gray,
04:54c'est un jeune homme,
04:55beau, intelligent, magnifique,
04:57qui a tout compris sur tout,
04:58etc.
04:59Sauf qu'il a vendu son âme.
05:01Donc, il y a quand même
05:02quelque chose autour de l'âme
05:03et des âmes mortes
05:05qui nous gouvernent.
05:06Et moi, je dis toujours,
05:07Macron avait une chance incroyable
05:11en 2010,
05:11c'était d'entrer dans l'histoire.
05:13de dire, nous, nous sommes trompés.
05:15Parce que le gros problème
05:16de tous ces robots
05:16qui travaillent en haut
05:18avec des sondages...
05:19Vous êtes sévère, hein ?
05:20Non, je suis simplement rationnel.
05:22Je pense que...
05:24Et je dis que...
05:26Moi, je n'ai pas de problème
05:27avec des gens qui me disent
05:28je me suis trompé,
05:29changeons.
05:30En 2018...
05:31Ce n'est pas ce qu'on entend le plus
05:32en ce moment.
05:32Bien sûr que non.
05:33Mais en 2018,
05:34on avait une chance incroyable
05:37d'entendre des gens
05:40avec des demandes rationnelles.
05:41La majorité ordinaire
05:43est très rationnelle.
05:45Et de dire, voilà,
05:46on va réindustrialiser,
05:48on va changer de modèle.
05:49Moi, j'entends quelque chose
05:50en creux dans ce que vous avez dit
05:51tout à l'heure
05:51à propos des sondages,
05:52à propos des études,
05:53des cabinets,
05:54de tout ce qu'on veut.
05:55C'est que l'homme politique
05:57ou la femme politique,
05:58on ne les voit plus
05:58sur le marché.
06:00Est-ce que c'est une remise en cause
06:01du non-cumul des mandats ?
06:02Aujourd'hui, on ne peut plus
06:03être député-maire.
06:04Est-ce que c'est un problème ?
06:05Est-ce que ça participe
06:06de la déconnexion
06:07que ressentent les Français
06:08qui existent entre leur quotidien
06:11et ce qui se passe,
06:12par exemple, à l'Assemblée ?
06:14Oui, je crois que ça,
06:14même au-delà,
06:15je pense qu'il y a
06:16un vrai problème démocratique.
06:19Il y a quand même
06:19une construction.
06:21Je reviens au gilet jaune,
06:22je ne sais pas si vous vous souvenez,
06:23à cette époque-là.
06:25Ça a été un moment
06:25de sidération,
06:26y compris dans le monde
06:28journalistique,
06:28parce qu'on tape beaucoup
06:29sur les politiques,
06:30mais aussi...
06:30On n'a rien compris.
06:32Un, on n'a rien vu venir
06:33et deux, on n'a rien compris.
06:33On est comme les politiques.
06:34Je ne sais pas si vous vous rappelez,
06:35à cette époque,
06:36on a eu,
06:36mais que mangent-ils ?
06:38Où vivent-ils ?
06:39Que pensent-ils ?
06:40Ont-ils un écran 16-9ème
06:42dans leur salon ?
06:43Enfin, voyons,
06:44c'était la promenade au zoo, quoi.
06:46Et là, je me suis dit,
06:47ah oui, ça va au-delà de ça.
06:48C'est-à-dire qu'ils n'ont pas compris
06:50qu'un pays, en fait,
06:53c'est d'abord des gens.
06:55Et ça ne rentre pas
06:56dans les tableurs Excel.
06:58Ils l'ont compris maintenant ou pas ?
06:59Je ne sais pas.
07:00Malheureusement, je ne sais pas.
07:02Je crois qu'ils ont très peur.
07:04Et il y a,
07:06il y a quelque chose d'assez rationnel,
07:07c'est-à-dire que
07:08c'est jusqu'ici,
07:10tout va bien,
07:11si on peut tenir encore un mois,
07:12encore deux mois,
07:13encore trois mois,
07:14sauf que, sauf que...
07:15Jusqu'ici, tout va bien,
07:16la fin de la phrase,
07:17le plus dur,
07:17ce n'est pas la chute,
07:18c'est l'atterrissage.
07:18Bien sûr.
07:19Et surtout,
07:19ils n'ont pas compris une chose,
07:20c'est que de toute façon,
07:22on ne peut pas se passer
07:23des peuples
07:24pour gouverner.
07:25C'est-à-dire que ça n'existe pas.
07:26Ça n'existe pas.
07:27À un moment ou à un autre,
07:28périphéria reviendra.
07:30Et pourquoi je dis ça ?
07:31C'est que,
07:31de toute façon,
07:33on voit bien que la croissance,
07:34le potentiel de croissance aujourd'hui,
07:35il est sur ces territoires-là.
07:37L'avenir est sur ces territoires-là.
07:38Donc l'avenir aussi,
07:39c'est d'écouter la majorité ordinaire.
07:41Bon.
07:42Je vous écoute
07:43et je me dis que
07:44les fractures françaises,
07:46elles sont quand même
07:47de plus en plus creusées.
07:48Est-ce que vous voyez un moyen ?
07:51C'est quoi ?
07:51Ça va se régler dans l'affrontement ?
07:53Ça va se régler par la violence ?
07:56On sent bien que les gilets jaunes
07:57n'ont pas été entendus,
07:59que le problème n'est pas fini,
07:59même si les gens n'ont peut-être plus l'énergie
08:01d'aller sur les ronds-points
08:02et tout ça.
08:03Mais comment ça va se...
08:04Comment on peut résorber
08:06et réduire ces fractures-là ?
08:08Alors, justement,
08:09il y a...
08:11Quand je dis,
08:12c'est le mouvement de la raison.
08:14Je le dis exprès,
08:15c'est le mouvement de la raison.
08:16La contestation des peuples,
08:18en Occident d'ailleurs,
08:19vous remarquerez que c'est que en Occident
08:21qu'on a tourné le dos
08:22à la majorité ordinaire.
08:24L'ensemble des pays
08:25dans le monde entier
08:26travaillent pour la majorité ordinaire.
08:28Ce n'est pas le cas
08:28en Europe occidentale
08:29et c'est bien ça qui pose problème.
08:31Et d'ailleurs,
08:31on le voit dans le...
08:33L'ensemble des peuples,
08:34aujourd'hui,
08:35et le peuple français en fait partie,
08:37a une demande...
08:39Moi, j'ai défini la demande populaire
08:42avec quatre points cardinaux.
08:44Les quatre points cardinaux,
08:46le travail,
08:47du travail,
08:48les services publics,
08:49un État-providence,
08:51les questions régaliennes,
08:53sécurité et immigration.
08:54le même,
08:55l'individu,
08:57y compris les gens ordinaires,
08:59est capable de penser
09:00plusieurs choses à la fois.
09:01Ce n'est pas comme dans les sondages.
09:03Vous voyez,
09:03dans les sondages,
09:03c'est que pensent les Français ?
09:05Un, le pouvoir d'achat.
09:06Deux, le...
09:07Non, ils ont un cerveau.
09:08Ils sont comme nous,
09:09ils pensent plusieurs choses à la fois.
09:10Et en même temps,
09:10avoir des problèmes de pouvoir d'achat.
09:11Mais évidemment,
09:12évidemment.
09:13Et même,
09:14ils sont très attachés à la culture.
09:15Faites attention,
09:16parce que si Emmanuel Macron vous écoute,
09:17vous n'êtes pas à l'abri
09:17qui vous appelle
09:18pour prendre Matignon ce soir.
09:19Merci.
09:20Merci.
Écris le tout premier commentaire