- il y a 11 heures
Regardez L'esprit de l'info avec Thomas Sotto du 03 octobre 2025.
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00:00Il est 9h17, c'est l'esprit de l'info avec notre grand témoin du jour, Michel Vievorca, sociologue.
00:08Bonjour, bienvenue Michel Vievorca.
00:10Votre livre, dernier livre, Où va la France ? Métamorphose ou déchéance est sorti aux éditions de l'Aube.
00:16On va en parler de tout ça, d'Où va la France.
00:18Mais d'abord, on va réécouter le Premier ministre Sébastien Lecornu,
00:20qui contre toute attente a pris la parole tout à l'heure à 9h45 sur le perron de Matignon.
00:25On s'est dit, qu'est-ce qu'il va nous annoncer ?
00:26Il nous a annoncé qu'il n'utiliserait pas le 49-3, notamment pour faire passer son budget, et il a ajouté ça.
00:32On va y arriver. Pour y arriver, il faut qu'évidemment, chacun ait envie d'y arriver.
00:37Et dès lors que le gouvernement ne peut plus être en situation d'interrompre les débats,
00:41il n'y a donc plus aucun prétexte pour que ces débats ne démarrent pas la semaine prochaine.
00:46Michel Vievorca, il vit dans le monde rêvé de Sébastien Lecornu.
00:49Il a raison d'en appeler à l'envie, à la détermination de chacun.
00:52Comment vous interprétez ce qui vient de se passer ?
00:55Je suis assez sombre, dans ce que j'entends.
00:58Parce que ça me fait penser un peu à la Quatrième République, dire que le Parlement va être maître du jeu.
01:03Le gouvernement, pas vraiment, premièrement.
01:06Et puis deuxièmement, où est la Macronie ?
01:09Où est le projet d'Emmanuel Macron ?
01:12Tout ça donne l'image d'une fin de période historique.
01:15Fin de période historique ?
01:16Donc ce n'est pas la fin d'un quinquennat ?
01:18Non, c'est la fin. Je trouve vraiment qu'on rentre dans autre chose.
01:22Et je vois mal, je vois mal le Parlement donner brusquement l'image de la sérénité,
01:28de l'écoute mutuelle, de la capacité à prendre en charge l'avenir du pays.
01:34J'entendais hier le chef de l'État, pendant que les syndicats appelaient à défiler.
01:38Et j'entendais, parce que M. Lecornu a parlé aussi de la menace, la guerre, etc.
01:44Et je me disais, mais ce chef de l'État tient un discours que personne ne peut comprendre,
01:49avec un vocabulaire abscon.
01:51Il y a deux mondes.
01:53Il y a ce monde du chef de l'État, de la géopolitique, etc.
01:56Et la vraie société.
01:58Et ces gens qui défilent, ça ne pèse pas grand-chose.
02:01Il n'y a pas beaucoup de monde hier dans les rues.
02:02Parce que ça se joue ailleurs.
02:04Ça se joue ailleurs.
02:06Pourquoi aller défiler alors qu'on sait très bien que les choses vont se jouer ?
02:09Alors, on ne savait pas que ça se jouait à ce point au Parlement.
02:11Mais enfin, quand même.
02:12Dans le bureau de M. Lecornu.
02:14Donc, c'était normal qu'il n'y ait pas grand monde.
02:16Il y avait quand même un peu de monde.
02:18Est-ce qu'on entendait, là, on entend un peu d'ambiance de ces manifs ?
02:20Macron dégage.
02:21On a beaucoup entendu.
02:22C'est un classique de manif, ça, j'imagine.
02:24Où il y a quelque chose de...
02:25Non, il y a quelque chose de très fort.
02:26Il n'a jamais été aussi bas.
02:28Jamais un président, je crois même.
02:29Un président en France de la 5e a été aussi bas dans les...
02:32Alors, on a un président qui s'appelait François Hollande
02:33qui n'a même pas été en mesure de se représenter.
02:35Donc, il n'était pas très haut non plus, lui.
02:37Oui, mais je crois que le président actuel est encore plus bas
02:39et que lui, de toute façon, n'a pas le droit de se représenter.
02:43Donc, la question ne se pose même pas.
02:44Juste, quand vous dites Michel Bivorca, c'est la fin d'une période historique.
02:47Vous la datez...
02:48Où est-ce que vous mettez les bornes de cette période ?
02:50Ça commence où ?
02:50C'est la fin de la 5e ?
02:51C'est la fin d'avant même ?
02:52C'est quoi ?
02:53C'est la fin de quoi ?
02:54Je pense, moi, que c'est la...
02:57C'est la...
02:58Alors, c'est compliqué, selon qu'on regarde les choses en termes sociaux, en termes politiques, en termes économiques.
03:03Mais on sort complètement d'un monde, mais on en sort sans savoir où on va.
03:06Alors, quand est-ce qu'on a commencé à en sortir ?
03:08C'est difficile à dire.
03:10Moi, j'aurais tendance à penser que le point de départ, un point de départ, en tout cas,
03:15c'est la politique de rigueur, c'est le tendant de la rigueur avec François Mitterrand.
03:18Donc, c'est 80 ?
03:19C'est 82, 83.
03:2082, c'est après Moroix, c'est l'abus.
03:22Et donc, à partir de là, les choses ont commencé à se transformer, puis une accélération incroyable avec le chef de l'État actuel.
03:29Je reprends le titre de votre livre, Métamorphose ou déchéance ?
03:32Beaucoup de Français ont l'impression que tout nous échappe en ce moment.
03:35Je ne sais pas s'ils pensent à un effondrement, mais c'est un peu ce qu'on entend.
03:38C'est peut-être des conversations de bistrot, pardon de m'en faire l'écho, mais est-ce qu'on en est là, vous ?
03:42Est-ce qu'on est dans une métamorphose ou dans une déchéance, selon vous ?
03:46J'ai essayé de donner leur chance aux deux hypothèses.
03:49Vous en sortez optimiste ou pessimiste ?
03:51Plutôt pessimiste, plutôt pessimiste, parce que j'ai regardé l'évolution.
03:54C'est un livre où je regarde deux choses.
03:56Dans une première spirale, comment l'État s'est transformé depuis plusieurs dizaines d'années,
04:01et plutôt de mal en pire, je trouve, dans l'ensemble.
04:04Et j'ai regardé ensuite comment les contestations s'étaient transformées également.
04:08Et les contestations, vous savez, ça nous dit comment la société va se transformer,
04:12que demandent les gens, comment ils arrivent à pousser dans un sens ou dans un autre.
04:16Et tout ça ne me rend pas très optimiste.
04:19Mais on ne peut pas dire qu'on est à coup sûr condamné au déclin, à la décadence.
04:23On ne peut pas dire ça.
04:25Et donc, ça va vraiment dépendre aussi de la capacité, vous le suggérez,
04:29à reconstruire des repères, à se projeter vers l'avenir.
04:32Comment on raccommode ?
04:33Souvent, et j'utilise souvent cette formule,
04:36mais Emmanuel Macron, il a été élu sur une promesse,
04:38celle de réconcilier les Français.
04:40C'était ça en 2017.
04:41Il allait raccommoder, retricoter.
04:43C'est sans doute son plus gros échec.
04:45La société n'a jamais été aussi divisée qu'aujourd'hui.
04:47Comment on raccommode ?
04:48D'abord, est-ce que c'est vrai que la société n'a jamais été aussi divisée qu'aujourd'hui ?
04:50Elle est fragmentée,
04:52mais il y a quand même aussi le sentiment d'appartenir à une société.
04:55Qu'est-ce qui nous reste ? Qu'est-ce qui nous lie ?
04:57Alors, moi, je...
04:58Ah bah, écoutez, là, oui, bien sûr.
05:00Regardez les Jeux Olympiques, le souffle que ça a donné.
05:04Non, il reste beaucoup de choses à ce pays,
05:06mais il n'y a plus la capacité de se projeter vers l'avenir.
05:10Si vous êtes dans les années 50, 60,
05:12vous êtes des gens qui vous promettent des lendemains qu'ils chantent.
05:15Et ça marche.
05:17Vous avez un parti communiste à 20 ou 25%, même parfois, du corps électoral.
05:21Vous avez l'idée que demain sera mieux.
05:23Oui, parce qu'il y avait des idéaux portés par des partis politiques
05:26dans lesquels les gens croyaient.
05:28Et il y avait du conflit.
05:30Oui.
05:30Je vais utiliser un drôle de jargon.
05:33Allez-y.
05:34Institutionnalisé.
05:34C'est-à-dire, il pouvait y avoir de la violence,
05:36mais dans l'ensemble, les problèmes prenaient l'allure d'un débat,
05:40d'un conflit entre, quand même, disons, le monde ouvrier et le monde patronal.
05:45Il y avait quand même quelque chose d'assez central dans la société.
05:48Et nous n'avons plus ça.
05:49Et donc, la réponse à votre question, c'est la démocratie.
05:53La France est une démocratie.
05:54C'est deux choses.
05:55Premièrement, l'unité du corps social.
05:58Et tout le monde nous en parle.
05:59Et deuxièmement, la capacité de traiter sans violence de ce qui nous sépare les uns des autres.
06:05Et c'est ça qu'on a perdu.
06:06On n'a pas perdu l'appel à l'unité du corps social.
06:09Mais ça marche mal, parce qu'on ne sait pas comment gérer ce qui nous sépare les uns des autres.
06:14Parce que ça part dans tous les sens.
06:16Il y a des fragments un peu partout.
06:20Regardez, un jour c'est les pharmaciens, un jour c'est les médecins, un jour c'est les agriculteurs, etc.
06:27Et tout ça semble se déployer sans qu'on voit comment tout ça peut construire un avenir.
06:33Il nous reste une minute et je voudrais quand même qu'on aborde un point.
06:36Parce qu'il y a un sujet qui cristallise les haines, c'est le juif.
06:41On est arrivé en 2025 à se poser encore cette question-là.
06:45Pourquoi cet antisémitisme décomplexé ?
06:47Y a-t-il une haine du juif en France ou que c'est un miroir déformant ?
06:51Alors, ça existe dans différents milieux.
06:55Moi je distingue, et là aussi il y a de la fragmentation.
06:58Vous avez d'un côté la vieille haine classique de l'extrême droite.
07:02Ça n'est pas parce que, et de toute façon je crois sincère, Marine Le Pen a dit que c'était fini pour son parti,
07:08que ça a complètement disparu de l'extrême droite.
07:10Évidemment pas.
07:11Au contraire, je pense que c'est aussi activé.
07:13Ça existe aussi à gauche de la gauche, mais sous deux formes différentes et qui communiquent mal.
07:18D'une part, un discours politique qu'on trouve au sein de la France insoumise,
07:24qu'on trouve parfois chez les écologistes aussi.
07:26Ça c'est le discours dans lequel on ne sait pas très bien si c'est de l'antisionisme
07:29pour la destruction de l'État d'Israël ou de l'antisémitisme.
07:33Et puis on joue allègrement sur la conflit.
07:35Mais c'est un discours donc un peu masqué, si vous voulez, d'une part.
07:38Et puis d'autre part, des actes, comme ce qu'on vient de voir au Royaume-Uni, à Manchester,
07:42des actes où là...
07:43Un atta contre la synagogue.
07:44C'est évidemment pas des actes commandités par un parti politique.
07:48Mais il y a quand même, et d'ailleurs au Royaume-Uni aussi, d'ailleurs,
07:51un climat à gauche de la gauche antisémite qui existe.
07:54On se dit que c'est presque plus grave, ça infuse en fait.
07:56Voilà, mais c'est, comment dirais-je, c'est pas la même chose exactement.
08:01Alors au Royaume-Uni, ça avait pris des proportions assez inquiétantes à l'époque de Corbyn.
08:05Leader travailliste.
08:06Leader travailliste.
08:07Donc voilà.
08:08Donc oui, ça existe, c'est un problème.
08:10Et c'est un problème qui a commencé à monter dans le débat public au tournant du siècle, en 2000.
08:16Vous allez venir nous revoir, Michel Vievorka, et on va vous lire en attendant
08:20Où va la France ? Métamorphose ou déchéance publiée aux éditions de l'Aube
08:23qui permet de mettre un peu tout ça en perspective et de...
08:26Merci.
08:27Merci.
08:28Merci.
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