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  • il y a 3 mois
Ce mardi 9 septembre, l'exagération de François Bayrou sur la question de la dette a été abordée par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Je vous dis la dernière phrase de François Bayrou, c'était hier sur les questions de dette.
00:04La soumission à la dette, c'est comme la soumission par la force militaire.
00:08Alors c'est une image de choc.
00:09Est-ce qu'il a eu raison de dramatiser la situation, François Bayrou, Emmanuel ?
00:13Non, depuis le début, il a tort.
00:16C'est son côté un peu Don Quichotte-esque à François Bayrou.
00:20Mais vous savez comment se termine Don Quichotte, c'est-à-dire que, voilà, finalement, il perd.
00:25Alors, et puis, il y a un monsieur qui lui dit, tu vas retourner gentiment à ta vie de gentilhomme
00:31plutôt que de rêver à tout un tas de trucs impossibles.
00:33Et c'est exactement ça, c'est-à-dire qu'en fait, il a dramatisé et en fait, bon, qui dit que...
00:41Alors oui, bien sûr, l'augmentation de la dette, c'est préoccupant,
00:44mais qui dit qu'on atteint les limites de l'insupportable ?
00:46Il a dit le pronostic vital de la France est engagé.
00:52Ce qu'il a dit hier, or, il n'y a pas de limites théoriques à la dette publique.
00:58Vous ne pouvez pas vouloir redresser les finances publiques sérieusement
01:02si vous n'avez pas de majorité à l'Assemblée.
01:04C'est une loi que vous avez observée à peu près partout.
01:09En plus, si vous n'avez pas de temps, si vous n'avez pas de visibilité, c'est impossible.
01:14Parce que sur le papier, les trajectoires, elles existent.
01:16Il y a plein de pays qui l'ont fait en 3, 4, 5 ans.
01:18Il y a le CAE qui avait publié l'an dernier une trajectoire raisonnable
01:22de réduction des finances publiques sur 7 ans à peu près,
01:27qui permettait finalement de stabiliser le déficit primaire,
01:31de stabiliser la dette.
01:33Donc c'était possible.
01:35Et puis, enfin, vous ne pouvez pas, si vous voulez,
01:38systématiquement vouloir réduire les déficits
01:40en imposant d'abord les remèdes les plus douloureux
01:45et les potions les plus amères,
01:46alors que vous ne tenez même pas compte
01:48de toutes les préconisations qui ont été faites
01:51pour réaliser des économies faciles
01:53avec les gaspillages, entre guillemets, d'argent public identifié.
01:57Si vous cumulez tout ce que disent le CAE, France Stratégie,
02:01l'Inspection Générale des Finances, etc.,
02:02vous avez 5 milliards à récupérer sur les gaspillages de médicaments,
02:062 milliards sur le crédit impôt recherche,
02:073-4 milliards sur l'apprentissage.
02:09Commençons par là.
02:10Donc non seulement il n'avait pas les moyens de ses ambitions,
02:12mais en plus il s'y est extrêmement mal pris.
02:14Jean-Marc, vous l'avez aimé ce François Bayrou,
02:17Don Quichotte de la dette ?
02:18Oui, d'autant plus que Don Quichotte, lui, c'était des fantasmes,
02:21alors que François Bayrou, lui, ce qu'il décrit, c'est des réalités.
02:24C'est-à-dire que Don Quichotte, il vivait dans un monde qui n'existe pas,
02:27alors que le monde que nous décrit François Bayrou,
02:29c'est le monde dans lequel nous vivons.
02:31Et donc, puisque nous sommes en début de semaine,
02:35ma petite citation latine sera sur un exemple assez célèbre
02:39qui est tiré d'un poète qui s'appelle Terence,
02:42qui disait « obsequium amicus veritas odium ».
02:46Et donc on lui dit quelles sont les difficultés que connaît Rome en ce moment,
02:50on est au tout début de l'Empire,
02:51et il dit en fait, le véritable problème pour Rome,
02:54c'est qu'on obtient obsequium des gens qui vous flattent et tout ça,
03:00ça fait de vous des amis.
03:01Quand vous flattez quelqu'un, vous devenez son ami.
03:03Et on lui dit de la vérité, « veritas odium »,
03:06eh bien vous devenez son ennemi.
03:08Et donc, on vient de le voir avec Emmanuel,
03:11c'est-à-dire qu'il vient de considérer que son ennemi,
03:14c'est celui qui lui dit la vérité.
03:16Donc le messager, quoi.
03:17Le messager qui apporte cette triste vérité.
03:20Et donc il est temps qu'il y ait quelqu'un, effectivement, qui…
03:23Mais est-ce qu'il n'a pas fait trop d'économies et pas assez de politique ?
03:26À un moment donné, il faut vendre une vision, il faut vendre un truc.
03:28Là, c'est un peu radical quand même.
03:30C'était assez radical.
03:31Sa référence à plusieurs reprises a été Mandes-France,
03:34avec un raisonnement qui était un raisonnement qui n'était pas totalement absurde,
03:36qui consistait à dire que Mandes-France a duré assez peu.
03:39Il a résolu quand même un problème qui était la guerre d'Indochine,
03:41qui n'avait pas ce type de problème.
03:43Mais il a aussi mis en avant la situation économique,
03:46la nécessité de retrouver une forme de dynamisme économique.
03:49Et beaucoup d'analystes disent que ça a permis le plan RUEF de 1958.
03:56C'est-à-dire qu'à partir du moment où quelqu'un avait commencé à dire
03:59« Écoutez, on ne peut pas continuer à dire ce qu'a dit d'ailleurs François Bérou. »
04:03Non seulement à s'endetter, mais à substituer cette dette au travail.
04:06Dans le message de Bérou, il y avait le fait que la dette va étouffer progressivement l'économie,
04:11mais qu'en plus, une des raisons pour lesquelles l'économie française va mal,
04:14c'est parce qu'elle ne travaille pas assez.
04:16L'affaire des deux jours fériés, c'était aussi pour dire
04:18« Il s'agit de résoudre, non pas strictement le problème de l'État,
04:21mais il s'agit de résoudre le problème du pays. »
04:23Emmanuel ?
04:23Deux erreurs majeures.
04:26Je suis désolé, François Bérou.
04:28François Bérou.
04:28François Bérou.
04:29Je lui aurais donné tous les noms.
04:31François Bérou vivait bien dans un monde chimérique à la Don Quichotte,
04:35qui est un monde dans lequel,
04:38soudain emprunt d'un esprit de responsabilité transpartisan,
04:43les élus, les parlementaires et les patrons de partis
04:46accepteraient de lui dire « Oui, la situation est urgente,
04:49on vous donne les pleins pouvoirs ».
04:51C'est un monde absurde,
04:53un monde vu le niveau très moyen de cette classe politique
04:56qui finalement ne joue que ses intérêts personnels.
05:01Franchement, c'était complètement chimérique
05:02de croire que ça pouvait changer.
05:05Je n'aime pas trop être dans des accords avec Jean-Marc.
05:07D'habitude, je préfère être d'accord avec Jean-Marc.
05:09Mais Jean-Marc, ça n'a pas marché.
05:11C'est de la dramatisation.
05:12C'est-à-dire que parler que d'économie,
05:14dire la vérité, ça ne marche pas.
05:15Il faut changer de méthode.
05:16C'est surtout que la méthode n'était pas bonne.
05:18Je termine juste sur le travail, par exemple.
05:19Évidemment, Jean-Marc dit le diagnostic,
05:21oui, il faut travailler plus.
05:22Mais travailler plus, ça veut dire faire travailler plus de gens.
05:25Là, son histoire des deux jours supplémentaires,
05:27ça demandait un effort à ceux qui travaillent déjà.
05:29Jean-Marc ?
05:30Je pense qu'effectivement, on en revient à la citation latine,
05:34immédiatement, on se fait des amis en flattant les gens
05:37et on se fait des ennemis en disant la vérité.
05:39Mais je crois qu'il y a un travail qui est un travail
05:40de longue haleine sur lequel il s'est personnellement investi.
05:46Et la rupture avec le quoi qu'il en coûte,
05:48avec ses états d'esprit où de toute façon,
05:52à la Chirac, Bruxelles ne va pas prendre de sanctions,
05:54ils ne vont pas nous envoyer des chars, ils n'en ont pas.
05:56Et puis, encore une fois, les marchés ne sont pas là pour nous sanctionner.
06:01Et puis, bon, le FMI, c'est le monde de Don Quichotte,
06:06c'est un monde qui n'existe pas.
06:07Tout ça, effectivement, est quelque chose qui est un véritable poison.
06:11Et commencer à dire aux gens, non, tout ça n'est pas la vérité.
06:15Effectivement, il n'est pas arrivé à ses fins,
06:17il n'est pas arrivé à son résultat, mais il a inversé une tendance.
06:19Il a mis en place un nouveau discours
06:21et je pense que plus personne ne pourra se permettre
06:23de gouverner ce pays en disant, écoutez, la dette, ce n'est pas un problème.
06:27Quel optimisme, ce matin, Jean-Marc !
06:30Je pense que le prochain Premier ministre,
06:32quel qu'il soit, sera obligé également de faire de la politique.
06:35Il a fait un peu de politique, il a modifié le scrutin
06:37à Paris, Lyon et Marseille sur le plan municipal.
06:40Ce n'est pas grand-chose, mais il a montré
06:41qu'il ne se limitait pas à la dette.
06:44Il a mis la dette au centre,
06:46il a dit, le véritable enjeu, c'est ça,
06:48vous ne travaillez pas assez.
06:49Eh bien, il était temps que quelqu'un le dise.
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