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  • il y a 3 mois
Ce mardi 16 septembre, l'indépendance des banques centrales a été abordée par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Bienvenue, alors l'indépendance des banques centrales.
00:02Aujourd'hui la réunion commence, il y aura Lisa Cook, il y aura Stéphane Miran dans des chaises à peu près à côté au bord de la Fed
00:07avec cette idée que c'est la fin de l'indépendance de la Fed puisque Donald Trump pousse à la baisse des taux.
00:12Est-ce que c'est un mythe cette indépendance des banques centrales ou est-ce qu'il faut la défendre ?
00:15En tout cas elle mérite d'être questionnée.
00:18Alors c'est vrai que cette mode, j'ai envie de dire, des banques centrales indépendantes,
00:22c'est né dans les années 80 après la vague d'inflation des années 70
00:27et c'est vrai que sur le papier l'intention est louable, c'est de dire finalement l'indépendance a interdit le financement direct
00:33notamment de la dette par les Etats qui ont tendance quand même à mettre les mains dans le pot de confiture assez facilement
00:38et puis du coup ça fait dériver l'inflation.
00:41Le problème c'est que cette indépendance elle est plus facile à définir en théorie qu'à constater dans les faits.
00:45Alors il y a des exemples extrêmes, prenez la banque centrale d'Argentine, soi-disant indépendante,
00:51qui a financé abondamment finalement, qui a alimenté l'inflation sous Kirchner
00:57et qui n'a pas du tout tenu son rôle, prenez les plus grosses banques centrales.
01:03Un, la Fed. La Fed, elle a deux mandats, rappelons-le, inflation et emploi.
01:09Est-ce qu'elle aurait mené une politique si différente que ça pour l'économie réelle
01:13si elle n'avait pas été indépendante ?
01:15Et est-ce qu'elle aurait été aussi lamentable que ça dans la gestion de ce qu'a été la véritable inflation des années 80,
01:22c'est-à-dire l'inflation financière, où la Fed a été lamentable ?
01:25C'est-à-dire que c'est la Fed qui a provoqué, qui a généré, qui a engendré l'économie de bulle,
01:30qui a déstabilisé toute l'économie mondiale ensuite pendant 40 ans.
01:35Est-ce qu'elle aurait fait mieux si elle n'avait pas été indépendante ?
01:38Et puis la BCE, parlons de la BCE, c'est dans les crises qu'on voit finalement
01:41comment se comporte la BCE.
01:43Le whatever it takes, très bien, Mario Draghi 2012,
01:47mais est-ce que c'est digne d'une BCE indépendante ?
01:50Je ne suis pas sûr.
01:51Est-ce que quand la BCE est intervenue...
01:53Ça a quand même permis de sauver l'euro, mais bon...
01:54D'accord, mais est-ce qu'une BCE indépendante aurait dit whatever it takes ?
01:59Enfin, dépendante...
02:00Si le rôle de la BCE, ce n'est pas de sauver l'euro ?
02:02Mais franchement, est-ce que c'est le rôle d'une BCE indépendante ?
02:05Est-ce que c'est le rôle d'une BCE de créer tous les filets de sécurité
02:08et de dire, je ne reviens pas sur les différents dispositifs
02:11pour sauver finalement tous les pays les plus endettés de la zone euro ?
02:15Est-ce que c'est le rôle d'une banque centrale indépendante
02:17de se mêler d'écologie, par exemple, comme prétend le faire la BCE ?
02:21Donc je vous renvoie à deux très bons papiers
02:22qui sont sortis et qui m'ont interpellé
02:25par deux économistes qu'on connaît bien ici
02:27et qui sont d'habitude diamétralement opposés.
02:29La libérale Nathalie Jansson
02:30et la plus étatiste Gézabel Coupé-Souberan
02:33qui signent des très bons papiers dans la revue Banque.
02:35Allez les voir, ça vous fera réfléchir.
02:37Jean-Marc ?
02:38Oui, justement, le véritable enjeu autour des banques centrales
02:41c'est qu'est-ce qu'on attend de la Banque centrale ?
02:43Je voudrais corriger une erreur qui est assez souvent faite,
02:45c'est le statut de la Réserve fédérale n'a pas deux missions.
02:49Il y a trois missions dans le statut de la Réserve fédérale.
02:51Il y a la stabilité des prix, le plein emploi
02:54et un niveau de taux d'intérêt compatible avec la croissance potentielle.
02:57Et lorsque ce statut a été adopté en 1978,
03:00non pas Nathalie Jansson et Gézabel Coupé-Souberan
03:02qui n'étaient pas encore nés à la pensée économique,
03:06Samuel Son a fait un papier en disant
03:07ce statut est absurde parce qu'il y a incompatibilité
03:10entre la stabilité des prix et le plein emploi,
03:12ça s'appelle l'arbitrage de Philips.
03:14Et donc le véritable enjeu c'est de définir
03:16une mission de la Banque centrale
03:18qui soit une mission qui soit compatible avec ce qu'elle peut faire.
03:21Mais une fois qu'on a défini la mission de la Banque centrale,
03:24on la laisse agir.
03:25Parce que si on tord par rapport à la mission qu'on lui a donnée,
03:28l'action de la Banque centrale,
03:29à partir de ce moment-là, elle perd son sens,
03:31elle perd la réalité de ce qu'elle doit être
03:33et de ce qu'elle doit faire.
03:34Alors historiquement, les banques centrales
03:35ont toutes été créées indépendantes
03:37parce qu'elles étaient privées.
03:39Et non seulement elles étaient privées,
03:40mais elles avaient des mandats.
03:41Et aux Etats-Unis, par exemple,
03:44le président Jackson avait dit
03:46écoutez, elle a rempli son mandat,
03:47elle ne sert plus à rien,
03:48je supprime la Banque centrale.
03:49Et donc les Etats-Unis ont vécu
03:51pendant 80 ans sans Banque centrale.
03:53Et puis en 1912-1913,
03:56aussi bien les Républicains que les Démocrates,
03:58mais c'est les Démocrates qui sont allés jusqu'au bout,
03:59on dit écoutez, maintenant,
04:00on a besoin d'une Banque centrale
04:01pour telle et telle mission.
04:04Alors dans les années 80,
04:05on a dit que la mission de la Banque centrale,
04:06c'est lutter contre l'inflation,
04:09c'est ce qu'a dit la Bundesbank.
04:10On arrive donc à la Réserve fédérale
04:12qui dit non, en réalité,
04:14ce que dit Samuelson,
04:15sa vraie mission,
04:15c'est de faire des taux d'intérêt
04:16les plus bas possibles.
04:17Le reste, c'est de l'habillage.
04:22Et c'est ce que dit Donald Trump.
04:24Donald Trump dit, écoutez,
04:25vous êtes en train de me dire
04:26que vous ne pouvez pas baisser les taux.
04:27Et donc c'est la croissance, en fait.
04:28Il y a que ça qui compte, non ?
04:29Non, parce que dans les taux d'intérêt
04:31les plus bas possibles,
04:32ce que dit Samuelson,
04:33ce que disent les gens qui ont voté
04:35le statut de 1978,
04:36ce que dit Donald Trump en ce moment,
04:38c'est le fait que le taux d'intérêt
04:40le plus bas possible,
04:41ça allège la charge de la dette de l'État.
04:43Et donc ça permet,
04:44non pas à faire de la croissance,
04:45mais ça permet de faire en sorte
04:47que les dépenses publiques
04:48et les charges fiscales
04:49soient les moins importantes possibles.
04:51Si vous avez des taux d'intérêt bas,
04:52la charge de la dette baisse pour l'État.
04:54Le véritable enjeu,
04:55c'est l'État dans cette affaire.
04:56Et donc ce n'est pas un sujet d'indépendance,
04:57c'est une question de mission ?
04:58C'est une question de mission.
04:59Et donc je pense qu'il faut revenir
05:00à ce qui était le 19e siècle.
05:02Encore une fois,
05:02tous les 20 ans,
05:03on revoyait le statut de la Banque centrale.
05:05Jackson dit à un moment donné,
05:06vous ne servez plus à rien, je ferme.
05:08En 1844, les Anglais disent,
05:09voilà, le statut avant c'était ça,
05:11maintenant c'est ça.
05:12Et les rendre vraiment indépendantes,
05:13à la limite,
05:14il faut les rendre de nouveau privées.
05:16Vous savez,
05:17Privatisons les banques centrales.
05:18Privatisons les banques centrales,
05:19vous connaissez la formule.
05:20Après la SNCF,
05:21la BCE.
05:22La formule,
05:22les gros projets quand même.
05:24Je ne sais pas si vous vous souvenez,
05:25mais la gauche disait au 19e siècle
05:27et au début du 20e siècle,
05:28c'était plutôt au 20e siècle,
05:29il faut combattre les 200 familles.
05:31C'était qui les 200 familles ?
05:33C'était le grand slogan du Front populaire,
05:35nous abattrons les 200 familles.
05:36Les 200 familles,
05:37c'était les actionnaires
05:38de la Banque de France.
05:40A l'époque,
05:40la Banque de France
05:40était totalement privée.
05:42Et donc,
05:42on arrive à une situation,
05:43je vais juste conclure là-dessus.
05:45Dans l'actualité,
05:46je ne sais pas si vous avez vu,
05:47que le gouverneur
05:48de la Banque centrale
05:48de Nouvelle-Zélande
05:49a démissionné.
05:50Pourquoi il a démissionné ?
05:51Parce qu'il est indépendant.
05:53Et donc,
05:54l'État veut faire pression sur lui.
05:55Donc,
05:55ils ont trouvé qu'une seule solution,
05:57c'est de supprimer les emplois
05:58au sein de la Banque centrale.
05:59C'est-à-dire,
06:00ils ont fait voter
06:00par le conseil d'administration
06:01un nouveau budget
06:02dans lequel il n'y a plus que lui,
06:03pratiquement.
06:04On ne va pas employer
06:05qu'ils ont supprimé
06:05la Banque centrale.
06:06Donc,
06:06ils ont supprimé la Banque centrale.
06:07Donc,
06:07je dis,
06:07il vaut mieux être clair.
06:0815 secondes, Emmanuel.
06:09Une Banque centrale indépendante
06:10avec des missions claires.
06:12Alors,
06:13je ne m'attendais pas
06:14à ce qu'il y ait autant de bémols,
06:15finalement,
06:16et d'incidents ou d'accidents
06:18qui soient pointés par Jean-Marc
06:20dans le fonctionnement
06:21des banques centrales indépendantes
06:22telles qu'elles sont aujourd'hui.
06:23Ça montre bien
06:23que le sujet mérite quand même
06:24d'être questionné
06:25et de façon un peu plus simple
06:26qu'indépendante ou pas.
06:27Moi,
06:27ce que je constate,
06:28par ailleurs,
06:29puisque je suis tout à fait d'accord
06:30avec cette idée
06:31de réactualiser régulièrement
06:33les missions.
06:34Et encore une fois,
06:35aujourd'hui,
06:36l'indépendance des banques centrales,
06:38le vrai sujet,
06:39ce n'est pas par rapport aux politiques,
06:40c'est par rapport notamment
06:41aux marchés financiers.
06:42Or,
06:43la réalité,
06:43c'est qu'elles sont
06:44d'une indulgence
06:45sans nom vis-à-vis des marchés,
06:48que la plupart des banquiers centraux
06:49sont issus des marchés
06:51et que là aussi,
06:52il y aurait peut-être quelque chose
06:53sans doute à revoir
06:54dans ces missions.
06:55Mais je suis d'accord,
06:56revoyons ces missions régulièrement.
06:57Juste un mot.
06:58tête-à-tête,
06:59non,
06:59pas tout petit.
07:00Mi factum tibi jus.
07:02Oui,
07:02il faut toujours traduire,
07:03Jean-Marc.
07:04C'est-à-dire,
07:05je définis le cadre,
07:07j'analyse les faits,
07:08j'analyse la situation
07:08et après,
07:09je te donne la mission
07:10de réagir à ça.
07:11Oui,
07:11mais ce n'est pas la banque centrale
07:12de définir elle-même
07:13ses missions.
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