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  • il y a 2 jours
Ce jeudi 6 novembre, le blocage de la plateforme Shein pour des raisons d'illégalité de produits a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00C'est Jean-Marc Daniel qui débat face à vous. Je ne sais pas si vous devez garder cet essai d'esprit, il va peut-être vous découper en rondelles.
00:06Jean-Marc, on ne sait pas ce qui va se passer. Notre débat du jour, c'est autour de Chine.
00:11Le gouvernement français a saisi la justice pour demander le blocage de la plateforme, officiellement pour des raisons d'illégalité de produits.
00:17Derrière, il y a une demande de la filière textile française. Est-ce que ce type de décision peut permettre de sauver la filière en France ?
00:25D'abord, heureusement que le découpage n'est pas le style préféré de Jean-Marc Daniel.
00:30Il est très poli.
00:31Il est très poli.
00:33Vous avez peur en fait ?
00:34Non, pas du tout.
00:36Il y a une histoire qui résumerait très bien la situation de Chine.
00:43C'est Jean-Marc Daniel qui me l'avait fait découvrir.
00:44C'était Frédéric Bastia et sa fable de la pétition des marchands de chandelle, en gros,
00:50qui envoie une pétition au roi pour que le roi, finalement, les préserve de la concurrence déloyale et gratuite du soleil
00:59et qu'il oblige les gens à fermer les fenêtres pour pouvoir vendre plus de chandelles.
01:05Non, la réalité...
01:06On en est là pour vous.
01:07Oui, parce que la réalité, c'est qu'en fait, le déclin du textile français, c'est un très long processus
01:12qui démarre très longtemps avant la création des plateformes chinoises.
01:15Je me suis replongé, par exemple, dans une étude de l'INSEE de 2018 qui nous dit que dans les années 2000 et 2010,
01:22notre industrie textile a perdu les deux tiers de ses effectifs et plus de la moitié de sa production,
01:28que toutes nos marques françaises qui, aujourd'hui, crient au scandale,
01:31se sont mises à importer les trois quarts des vêtements qu'elles vendent d'Asie et d'Europe de l'Est.
01:35Les boutiques, c'est pareil, finalement, elles ont toutes diminué,
01:39et notamment, il y a eu une hémorragie dans les centres-villes.
01:41Mais si vous voulez, quand vous mettez...
01:43À chaque fois, ça a été un scandale.
01:45La concurrence de la distribution qui s'est mise à vendre des vêtements, ça a été un scandale.
01:48Les enseignes à bas prix dans les zones commerciales, les quihabilles, la halle, ça a été un scandale.
01:54Après, il y a eu dans les années 90, Zara, H&M, ça a été un scandale.
01:58Et puis, alors, évidemment, le déferlement des plateformes chinoises, surtout depuis le Covid,
02:03bah oui, mais si toutes les marques françaises ont disparu, c'est parce qu'elles n'ont pas su s'adapter.
02:06Et d'ailleurs, ce qu'on voit, c'est que ce n'est pas Internet, le problème.
02:09La preuve, c'est que les marques qui savent, finalement, proposer des produits attrayants pour les consommateurs,
02:14prenez Primark, par exemple, ça cartonne, alors que c'est 100% du magasin physique.
02:19Donc, si vous avez la bonne stratégie, vous pouvez, aujourd'hui, encore survivre.
02:23Ce n'est pas l'interdiction de Chine qui changera, quoi que ce soit.
02:25Mais si les Tati, Camayo, Jennifer, Caporal, Pimki ou Nafnaf ont disparu,
02:29c'est parce qu'ils n'ont pas su s'adapter.
02:30– Jean-Marc, quand il commence un débat, en citant vos propres idées,
02:33c'est qu'a priori, vous allez être d'accord.
02:34– Je ne suis pas un pilleur d'idées.
02:36– Non, mais là, vous êtes d'accord avec Jean-Marc ?
02:37– Non, non, non, je suis tout à fait d'accord avec la présentation générale.
02:42J'apporterai quelques amendements, pas des bémols, des amendements.
02:45La première remarque que je ferai, c'est quand même qu'en reprenant les thèses que je défends,
02:49effectivement, il cite Bastia, il cite un roi, c'est-à-dire le roi, c'est Louis-Philippe.
02:54On est au XIXe siècle, il m'accuse de vivre dans les années 70.
02:58– Non, mais c'est un peu mieux, parce que vous vivez dans les années 1870.
03:02– Oui, Philippe, c'est encore avant 1870.
03:05Donc, voilà.
03:07– Mettez-vous sur ma filière textile.
03:08– Voilà, alors sur la filière textile, moi, ce qui me frappe, d'abord, effectivement,
03:11mes trois remarques du jour.
03:12La première remarque, c'est le fait que, dans ce pays,
03:15on est en train d'annoncer régulièrement des mesures de politique industrielle.
03:20Et en fait, c'est de l'acharnement thérapeutique.
03:22Il n'y a pas d'autre mot.
03:23C'est-à-dire, on donne le nom de politique industrielle
03:25à une vision dépassée du monde qui conduit à de l'acharnement thérapeutique.
03:29Il faut, à tout prix, préserver, sauver certains secteurs
03:32dont on sait, donc là, Emmanuel l'a rappelé,
03:34qu'ils sont en train de décliner régulièrement.
03:36Et donc, on va passer à autre chose.
03:38C'est le cas pour le textile, c'est le cas pour la sidérurgie,
03:41c'était le cas pour le charbonnage.
03:42– Là, il y a textile et commerce.
03:43– Et commerce, oui.
03:44– Oui, mais le commerce, il est en face d'une rupture de destruction créatrice.
03:48Alors, on est d'accord pour la création,
03:49mais il faut accepter aussi la destruction.
03:51La deuxième chose qui me frappe,
03:53c'est l'introduction dans les démarches protectionnistes
03:55de la justice et du droit.
03:59C'est-à-dire qu'avant, on faisait du protectionnisme à l'ancienne,
04:02comme le fait Donald Trump, avec des droits de douane.
04:04Là, maintenant, on accuse les gens dont on veut se débarrasser
04:06d'être en contravention avec la loi sur un certain nombre de thèmes
04:09qui n'ont rien à voir avec leur activité commerciale.
04:12Donc, on l'a vu aux États-Unis, quand on s'est abattu sur le système bancaire
04:17après la crise de 2008-2009, le système bancaire européen,
04:20à qui les Américains ont imposé des amendes colossales
04:23pour essayer, effectivement, de favoriser le système bancaire américain.
04:27Il y a cette espèce de doctrine de l'extraterritorialité du dollar
04:30qui permet à la justice américaine d'aller pourchasser des entreprises.
04:32– Ça, c'est de l'anticoncurrence pour vous ?
04:33– C'est de l'anticoncurrence.
04:34Et donc là, on fait un peu la même chose.
04:36On dit, vous savez, Cheyenne, c'est de la pornographie,
04:39Tému, il vente des armes, etc.
04:41Donc, on utilise la justice à des fins qui sont des fins
04:43qui dépassent sa mission pour essayer de trouver
04:46une nouvelle forme de protectionnisme.
04:48Mais ça reste du protectionnisme.
04:50Et pour le textile, le dernier mot, c'est corso magenta.
04:54– C'est-à-dire ?
04:55– Vous vous souvenez de corso magenta ?
04:57– Mais non, j'ai oublié les mots en latin, Jean-Marc.
04:58Je ne progresse pas en latin.
04:59– Alors là, ce n'est pas du latin, c'est de l'italien.
05:01C'est l'avenue à Milan où se fait la mode.
05:05Et donc, la France et l'Italie sont sur le plan du textile
05:11dans une position hyper favorable, mais d'un certain type de textile.
05:15– C'est la critique que j'allais faire à Jean-Marc.
05:19Il n'y a pas d'histoire de filière en général.
05:21Vous avez des segments de marché considérables.
05:23– Sur le segment de gamme, il y a quelque chose à faire.
05:24– Mais d'ailleurs, ce qui est intéressant,
05:26c'est de voir que les seules productions qui sont restées en France,
05:28c'est les productions de luxe.
05:29Et qu'il y a beaucoup de projets de réindustrialisation
05:32dans le secteur textile.
05:34Il y en a plus de 700 aujourd'hui.
05:35– Mais il faut pouvoir payer cher, ça.
05:36– Oui, mais c'est ça.
05:37Oui, mais ça s'adresse à un type de clientèle.
05:39Vous ne pouvez pas adresser toute la clientèle.
05:42Regardez quand même la remarque incroyable
05:43des premiers clients hier du BHV.
05:45– C'est trop cher.
05:45– C'est trop cher.
05:47Et donc, regardez ce qui compte.
05:49C'est ce que vous proposez, le renouvellement des gammes.
05:51Et c'est pour ça que je vous dis qu'aujourd'hui,
05:53Primark et Chine, c'est même combat
05:55que vous soyez sur Internet
05:57ou que vous soyez en magasin physique.
05:58Donc, le sujet, ce n'est pas le canal de distribution.
06:00Le sujet, c'est c'est quoi votre offre et à quel prix.
06:02Et aujourd'hui, il y a une grande majorité de clients français
06:04qui veulent de cette offre.
06:05Mais il y a de la place aussi pour tous les autres produits.
06:08Mais vouloir produire pas cher en France
06:10pour une clientèle qui veut acheter pas cher en France,
06:13non, ça, ce n'est pas de l'économie.
06:15– J'aime quand vous dites Primark.
06:16C'est un peu comme moi quand je confonds le latin et l'italien.
06:19C'est trop mignon.
06:20– Alors, Primark, est-ce que vous connaissez beaucoup de gens
06:22qui disent Primark comme on est censé le dire ?
06:24– Oui, oui, Emmanuel, je connais beaucoup de gens
06:26qui disent Primark.
06:26– Non, Corso Magenta.
06:28– Voilà, parlons l'italien, ça sera plus simple.
06:29– C'était un déjeuner.
06:30– C'était un déjeuner.

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