00:00Face à Emmanuel Le Chypre aujourd'hui, c'est Jean-Marc Daniel.
00:02Deux rapports sur les étudiants sont publiés.
00:04Un qui propose de réformer le système d'aide, notamment les bourses,
00:08pour aider les étudiants en situation de précarité.
00:12Et un autre rapport de l'inspection générale qui propose d'augmenter les droits d'inscription.
00:16Alors là, ça fait mal, on passe de 178 euros par an, notamment en licence, à 2850 euros.
00:22Est-ce qu'il faut tout revoir sur le système étudiant aujourd'hui, Emmanuel Le Chypre ?
00:26Il serait bien de s'inspirer de ce qui marche pas mal à l'étranger.
00:31Alors moi, j'ai été assez frappé de voir qu'on a quand même des systèmes qui sont extrêmement polarisés
00:35et qui sont quand même très ancrés dans la culture de chaque pays.
00:38Le système français, c'est une forme quand même d'assistanat, finalement, sans contrepartie.
00:44C'est ce que propose notamment un des rapports, c'est-à-dire qu'il faudrait créer un revenu étudiant.
00:48Ça, c'est la France. En gros, vous ne faites pas grand-chose, vous ne touchez pas grand-chose.
00:53Et au final, vous avez souvent des études qui vous offrent des diplômes qui ne rapportent pas grand-chose.
00:59Alors à l'autre bout, vous avez le système élitiste très américain, où là, les études coûtent très cher,
01:04vous vous endettez jusqu'à vos 50 ans.
01:07Et puis, au final, un système dans lequel le coût arbitrage risque efficacité, c'est l'arbitrage américain.
01:15C'est-à-dire qu'en gros, ça vous coûte très cher.
01:17Vous pouvez avoir des super diplômes, mais vous laissez énormément de gens en cours de route,
01:20puisque tout ce que vous disent les étudiants américains qui ne vont pas au bout des cursus, c'est que c'était le prix.
01:25Et donc, moi, en regardant un peu les systèmes qui fonctionnent,
01:29moi, je trouve que le système allemand, c'est quand même sans doute celui qui marche le mieux,
01:33parce que vous avez en fait, en Allemagne, des structures qui s'appellent les Student Verqueux,
01:39où là, vous avez des vraies structures efficaces dans les Landes qui apportent au quotidien de l'aide assez intelligente aux étudiants
01:48sur les logements sociaux, sur l'alimentation, sur le financement de leurs études, etc.
01:52C'est assez proche du terrain, c'est assez concret.
01:55Et finalement, c'est ce qui offre, à mon avis, parce que c'est ça qui compte,
01:58c'est ce qui offre, à mon avis, le meilleur rapport qualité-prix, finalement, des études,
02:02parce que ce qui compte, ce n'est pas le prix de vos études, au final,
02:04c'est aussi qu'est-ce que vous mettez en face.
02:06Jean-Marc, pour vous, le prix des études, ça compte ?
02:08Oui, oui, je pense que le système le meilleur, c'est ni l'allemand, ni l'américain, ni le français.
02:13Évidemment, c'est le système britannique.
02:16Britannique, oui !
02:16Britannique, il a compris !
02:18C'est le système britannique !
02:20Il n'y aurait un système bordelais que vous m'auriez dit que le meilleur système, c'était le système bordelais !
02:25Donc, les Britanniques, évidemment !
02:27Alors, pourquoi le système britannique ?
02:28D'abord, ce qu'ont fait les Britanniques, sur la base d'ailleurs de rapports assez anciens,
02:32je rappelle quand même que les premiers rapports sur l'éducation ont été faits au XVIIIe siècle par des Français,
02:37et on distinguait à l'époque trois formes d'enseignement.
02:40L'enseignement indispensable, qui est l'enseignement qui consiste à lire, apprendre à lire, à écrire à la population.
02:45L'enseignement utile qui consiste à apprendre un métier, c'est-à-dire des systèmes assez axés sur l'apprentissage
02:50ou sur des formes de professionnalisation des études.
02:54C'est-à-dire, quand on fait des études de droit, c'est avec vocation à avoir un métier clairement identifié.
02:58Quand on fait des études de médecine, il en va de même.
03:01Et puis, ce qu'on appelait les études agréables, et à l'époque, Condorcet, pendant la Révolution, disait,
03:07il fallait rendre l'indispensable gratuit, l'utile négocier avec les entreprises,
03:12et l'agréable, c'était au genre d'assumer les conséquences.
03:16Si vous voulez faire Grèce antique, faire vos frais.
03:18Voilà, si vous voulez faire Grèce antique, Beaux-Arts, voilà, tout ça, vous payez.
03:21Et donc, les Anglais se sont inspirés un peu de ça, avec une idée qui est très intéressante en Angleterre.
03:26Donc, il y a des droits de scolarité très élevés au niveau de l'enseignement supérieur.
03:30C'est plafonné, mais tout le monde atteint le plafond, ce qui est de 9 500 livres par an.
03:36Et par ailleurs, vous avez la possibilité de demander aux étudiants de verser une caution,
03:41qui rajoute encore 9 500 livres, et on vous rembourse.
03:45Donc, pour un master, vous versez 50 000 livres,
03:49et puis on vous rembourse tous les ans quand vous avez été reçu.
03:53Et donc, pour l'université, c'est une bonne chose.
03:56Et si vous n'allez pas au bout, vous perdez l'argent ?
03:57Vous perdez l'argent.
03:58C'est-à-dire, chaque année, chaque année que vous réussissez, vous récupérez l'argent.
04:02Petite carotte, il faut continuer.
04:03Vous récupérez 10 000 euros.
04:04Donc, à la fin, vous avez vos 10 000 livres, vous avez vos 50 000 livres.
04:08Et si vous annoncez tout de suite, vous avez perdu vos 50 000 livres.
04:11Et donc, ce système a trois conséquences positives.
04:14La première conséquence, c'est que les gens, avant de s'engager dans cette affaire, réfléchissent,
04:18sachant qu'ils évaluent leurs propres moyens.
04:21La deuxième affaire, là où on joue un peu ce qui se passe aux Etats-Unis,
04:24mais c'est beaucoup mieux fait au Royaume-Uni,
04:25c'est que la banque, avant de prêter, vérifie votre capacité à rembourser, à récupérer l'argent.
04:30C'est-à-dire, la banque va regarder, compte tenu de votre dossier scolaire,
04:33compte tenu de votre motivation...
04:35Donc, elle aussi, elle a un avis sur vos études.
04:36Elle a un avis sur vos études, elle juge vos études.
04:38Et donc, vous avez un avis qui n'est pas uniquement un avis personnel sur vos propres capacités.
04:42Et l'université, elle, retire de l'argent, puisque, en plaçant les 50 000 livres...
04:48Ça, ça ne vous dit pas comme système ?
04:49Et elle retire de l'argent et tout ça.
04:51Et donc, je trouve que ce système est à la fois efficace,
04:54et en plus, ça s'assied de plus en plus sur une privatisation des universités
04:58qui rejoint le système américain.
04:59Donc, je crois que la vraie réflexion, c'est le système britannique à adopter.
05:04Emmanuel ?
05:04Ok, à modulo quelques aménagements un peu subtils et effectivement assez intelligents
05:11en termes d'incitation, c'est la même chose que le système américain.
05:14C'est-à-dire que c'est un système hyper sélectif qui empêche quand même
05:16les catégories sociales les plus modestes à accéder aux études...
05:20Non, parce qu'il y a des bourses supérieures.
05:21Oui, mais encore une fois, Jean-Marc, le système est extrêmement sélectif quand même.
05:28Moi, je trouve qu'encore une fois, ce à quoi je suis attaché,
05:31c'est à cet équilibre entre combien vous coûtent vos études
05:35pour vous rapporter quel diplôme et pour combien d'étudiants,
05:38quelle proportion de la population.
05:40La réalité, c'est que...
05:41Mais l'on n'est pas bon en France ?
05:42Non, en France, on n'est pas bon, mais c'est pour ça que je vous dis,
05:43moi, le meilleur système, je trouve, c'est ce système allemand
05:47dans lequel vous avez finalement tout un tas de dispositifs
05:51qui sont mis en place pour assurer des meilleures conditions de vie aux étudiants
05:56qui après font leurs études et obtiennent en général des diplômes
05:58qui coûtent effectivement plus cher qu'en France,
06:00mais en France, ce n'est pas compliqué.
06:01Vous ne payez finalement pas grand-chose,
06:03mais vous n'obtenez pas non plus grand-chose en phase comme diplôme,
06:06surtout quand vous allez à l'université.
06:08Merci à tous les deux.
06:09On se retrouve demain pour un nouveau débat.