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  • il y a 3 mois
Ce mercredi 3 septembre, l'envolée du taux français à 30 ans a été abordée par Philippe Trainar, professeur honoraire au Cnam et membre du Cercle des économistes, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et notre éclaireur ce matin, c'est Philippe Trenard, professeur au CNAM et membre du cercle des économistes.
00:06Merci d'être avec nous, Philippe Trenard. Je le disais en préambule, le sujet de marché en ce moment, bien sûr, c'est l'obligataire,
00:13avec tous les taux longs qui sont en train de progresser. Ça inquiète, bien sûr, en France, mais ce sont l'ensemble des taux qui progressent,
00:19que ce soit aux États-Unis, au Japon, en Europe. Néanmoins, regardons la situation française.
00:24Au milieu de toute cette incertitude politique, j'ai envie de vous dire, comment va la France par rapport aux différents indicateurs
00:30qui ont pu être publiés ces derniers jours ?
00:33Alors, la France est dans une situation qui est médiocre. Le marché de l'entourant va bien.
00:40Le chômage est historiquement faible, les salaires qui augmentent. Inversement, l'inflation est très faible,
00:46ce qui pourrait laisser penser que les tarifs américains commencent à avoir des effets.
00:51Mais très curieusement, l'activité qui est médiocre n'est pas non plus mal orientée.
00:58Le climat des affaires a plutôt tendance à s'améliorer. Il n'est pas formidable, mais il s'améliore.
01:05Et l'industrie, la production industrielle a rebondi en juin, mais nous devons attendre maintenant des nouvelles plus récentes.
01:11Voilà vraiment rapidement résumé la situation française.
01:16Avec notamment un taux d'épargne. On en parlait ce matin dans la matinale qui continue de progresser,
01:20qui frôle désormais les 20% en France.
01:23Un moral des ménages qui continue de se dégrader, avec bien sûr la situation politique qui inquiète.
01:29Comment vous regardez cela ?
01:31Quelles sont aujourd'hui les prévisions que vous voyez au cercle des économistes et au CNAM pour la deuxième partie de l'année ?
01:38Pour la deuxième partie de l'année, normalement, nous devrions voir un ralentissement de l'économie,
01:43parce que ce que nous observons, c'est que les tarifs douaniers américains ne se sont pas traduits par une hausse des prix aux États-Unis,
01:51ce qui implique que ces tarifs aient été absorbés dans les marges des entreprises,
01:57et très probablement des entreprises exportatrices, parmi lesquelles les entreprises exportatrices françaises.
02:03Ce qui veut dire moins d'activités, moins d'investissements, et donc des difficultés d'un côté et d'un autre côté.
02:11Comme vous le disiez tout à l'heure, une montée en charge de la charge d'intérêts en France,
02:18du fait de la hausse des taux d'intérêts, et notamment de la charge des intérêts publics.
02:22C'est d'ailleurs ce que prévoyait déjà le FMI en juillet dernier.
02:27Avec notamment des statistiques qui ont des effets de base assez défavorables,
02:31et puis surtout cet effet de stop and go par rapport à la guerre commerciale.
02:34Est-ce qu'aujourd'hui, les statistiques, il faut les prendre au premier degré,
02:37ou il faut peut-être attendre la deuxième, la troisième révision,
02:40et puis surtout des données plus longues sur la durée ?
02:44Pour moi, il faut attendre un peu, parce que vous voyez, l'ensemble de ces données
02:48ne donne pas une image totalement cohérente de la situation.
02:53Donc quelque part, le nœud gordien de Trump n'a pas encore été tranché,
02:59tout au moins en France, et probablement plus largement en Europe.
03:03Et notamment, nous devons voir comment va se traduire ce fait
03:07que ce sont les entreprises exportatrices qui, pour le moment,
03:12absorbent l'essentiel du choc, ce qui devrait avoir des conséquences négatives
03:16sur l'activité que nous ne voyons pas encore, mais qui devrait se manifester.
03:21Mais attention, soyons prudents, nous avions prévu précédemment plus d'inflation
03:26parce que nous pensions que les entreprises n'avaient pas beaucoup de marge
03:30pour absorber le choc, ça ne s'est pas passé ou pas encore,
03:35et donc soyons prudents aussi pour l'avenir, il y a encore une incertitude,
03:39inflation ou réduction de l'activité, tel est le dilemme d'aujourd'hui.
03:44Et c'est une incertitude, bien sûr, qui se répercute sur le marché obligataire,
03:48avec donc un 10 ans français qui revient à 3,58,
03:52quand le 30 ans de son côté est sur des plus hauts de 2011.
03:56Comment vous regardez ce sujet du marché obligataire de la dette publique, Philippe Trénard ?
04:02Là, c'est quand même préoccupant parce que ce qu'on appelle le spread,
04:07l'écart de taux avec l'atteint, l'Allemagne atteint maintenant 0,8.
04:11Nous avons donc des taux très élevés, des taux qui côtoient les niveaux italiens,
04:16ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour la France,
04:19et avec des marchés, notamment des marchés de la dette, du risque de défaut,
04:26qui anticipent une probabilité défaut de 2%, vous me direz 2%, c'est peu,
04:32mais c'est quand même le double de ce que nous observions il y a un an.
04:36Donc, à prendre très au sérieux, la probabilité de défaut de la France
04:40est en train de croître rapidement,
04:43et donc, il est sûrement urgent de traiter le problème du déficit public
04:48et de la dette publique en France.
04:50Merci beaucoup, Philippe Trénard, de nous avoir accompagné ce matin
04:52dans Good Morning Marquet.
04:53Je rappelle que vous êtes professeur au CNAM
04:55et membre du cercle des économistes.
04:57Et donc, ce 10 ans français qui se stabilise ce matin à 3,58,
05:01un écart de taux entre la France et l'Allemagne qui est de 9 points,
05:03quand entre la France et l'Italie qui est de 9 points
05:07et entre la France et l'Allemagne qui est de 80 points.
05:10Merci beaucoup, Philippe Trénard.
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