- il y a 3 mois
Ce mardi 30 septembre, le nouveau record historique atteint par l'or, la menace d'un shutdown aux États-Unis et son impact sur les marchés, ainsi que l'accélération de l'inflation en septembre, ont été abordés parChristian Parisot, conseiller économique pour Aurel BGC et président d’Altaïr Economics, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00L'éclaireur pour décrypter les actualités de la nuit et du matin, et notamment macroéconomique.
00:07Christian Parizeau est avec nous en plateau. Bonjour Christian Parizeau.
00:09Bonjour.
00:09Merci d'être avec nous, vous êtes conseiller économique pour Aurel BCG, président également d'Altaïr Economics.
00:14Un mot rapide de ses records sur l'or, 3886 points à l'heure où on se parle.
00:21Les 4000, Christian Parizeau, c'est pour la journée ou on attend la semaine ?
00:25Non, on va peut-être attendre la semaine, mais bon, là il y a une tendance qui est très claire.
00:29Bon, il y a toujours un phénomène un peu, les gens suivent un peu la grande tendance qu'on a observée quand même depuis plusieurs mois.
00:35Mais il faut être honnête, pour l'instant, la seule chose qui pourrait casser cet appétit pour l'or pour moi,
00:40c'est soit que les taux longs américains venaient à remonter, on n'entend pas forcément le chemin vu les incertitudes économiques
00:45et vu ce risque de shutdown aux Etats-Unis, ou deuxième élément, ça serait que le dollar s'apprécie énormément
00:51puisque ça pénaliserait les acteurs qui payent en dollars l'or, donc ça réduirait le pouvoir d'achat.
00:57Deux scénarios qui ne sont pas les principaux à l'heure actuelle.
00:59Deux scénarios qui ne sont pas visibles.
01:01Et puis en tendance, sur longue période, on a quand même cette volonté de beaucoup de banques centrales émergentes
01:06d'augmenter leurs réserves d'or et ça, ça reste une vraie tendance haussière.
01:09Donc même si on a une petite correction, je pense qu'elle serait assez passagère
01:12puisqu'on a quand même des acteurs qui sont là pour acheter, qui ne sont pas sensibles, entre guillemets,
01:16aux fondamentaux si on en a de l'or, puisque c'est une vraie volonté de diversifier leurs réserves de change.
01:21Je crois qu'en juin, le Conseil mondial de l'or avait fait une étude vis-à-vis des banques centrales
01:26et 43% anticipaient augmenter leurs réserves en or cette année.
01:30Alors vous avez parlé du shutdown, le risque de shutdown aux Etats-Unis, Christian Parizeau,
01:36alors il fait beaucoup parler au niveau politique, au niveau économique,
01:38mais il n'a pas l'air d'inquiéter tant que ça les marchés financiers.
01:42Est-ce qu'on en fait un peu trop sur les marchés financiers, sur le sujet du shutdown aux Etats-Unis ?
01:46Non, parce que là, je comprends que les marchés ne soient pas paniqués,
01:49parce que si on est sur deux, trois jours, une semaine,
01:51on sait que historiquement, l'impact économique est très limité et ponctuel.
01:56Ça affaiblit la conjoncture américaine à court terme,
01:59mais derrière, étant donné que tous les employés du gouvernement américain seront bien payés,
02:05même s'ils n'ont pas travaillé,
02:06donc derrière, on a un rebond mécanique de l'économie qui efface en partie cet élément-là.
02:11Ça peut jouer sur quelques secteurs, je pense par exemple à des acteurs comme Boeing,
02:14le secteur pharmaceutique.
02:16Parce que ça gèle la sortie de nouveaux produits, les validations de l'administration.
02:21Donc ça, ça peut créer quelques retards,
02:22mais en général, on sait que c'est des retards ponctuels.
02:24Ce n'est pas ça qui va faire une récession aux Etats-Unis.
02:27Et certains, dans l'esprit qu'on a aujourd'hui sur les marchés,
02:30même on tenait un discours hier,
02:32qui était de dire, au contraire, ça donne de la visibilité
02:34sur ce que fera la politique monétaire de la Banque Centrale américaine.
02:38Parce qu'étant donné que ça va affaiblir ponctuellement l'économie,
02:40ça va plutôt inciter la Banque Centrale à poursuivre la baisse des taux.
02:43Donc ça pourrait même être une bonne nouvelle.
02:44Donc c'est plutôt pris.
02:45Alors attention, seul bémol, attention,
02:47il ne faut pas que ça dure trop longtemps,
02:48parce que ça peut avoir quand même un coût sur la croissance du quatrième trimestre,
02:52si véritablement on était sur un conflit qui durait.
02:55Et puis l'autre élément, il faut suivre,
02:56c'est le fait que l'administration américaine veut en profiter
02:59pour licencier définitivement.
03:02Donc il faudra voir si c'est une simple menace
03:04pour faire plier les démocrates,
03:05ou si c'est une réalité.
03:06Et si c'est une réalité, là, ça peut quand même avoir des impacts sur l'économie.
03:10Mais pour l'instant, aux yeux de Wall Street,
03:12ce n'est pas dangereux,
03:13parce que ce n'est pas comme lorsqu'on a un shutdown
03:15lié au plafond de la dette américaine,
03:17où là, il y a un risque de défaut de l'État américain.
03:18Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
03:19L'argument de dire que ce soit démocrate ou républicain,
03:24ils voudraient se renvoyer la responsabilité du shutdown,
03:26ne vient pas ajouter un petit peu d'inquiétude quand même ?
03:29Ça prouve qu'il y a un blocage politique encore, une fois.
03:32Et c'est vrai que les démocrates ont été très critiqués
03:34en votant la loi de finances de M. Trump.
03:37Donc, ils sont assez remontés.
03:39Et puis, de l'autre, au niveau des démocrates, des républicains,
03:41il y a une volonté de montrer une victoire supplémentaire de leur camp.
03:45Donc, c'est pour ça que je pense qu'on peut y arriver,
03:46parce que là, il y a une vraie volonté de conflit.
03:49Après, bon, ce qui en ressortira, voilà.
03:51Il faudra attendre de voir si ça dure ou pas.
03:53Et si on se met d'accord ou pas, on verra.
03:56Il faut peut-être qu'il y ait un petit coup économique,
03:58qu'on commence à s'inquiéter,
03:59pour que ça se débloque au niveau politique.
04:01Côté européen et notamment français,
04:03alors, le chiffre vient de tomber.
04:05L'inflation en France accélère sur le mois de septembre 1,2%.
04:09On était à 0,9% en août.
04:11Pour rappel, depuis février,
04:13on est globalement sur une inflation
04:14qui est entre égale ou inférieure à 1%.
04:17Là, on retrouve un peu d'inflation modérément,
04:19mais on retrouve un peu d'inflation en France.
04:21Oui, il faut quand même relativiser.
04:22Alors, on était à 0,8% le mois précédent, 1,2%.
04:24Vous voyez qu'on reste sur quelque chose de très faible.
04:26Et surtout, c'est un effet de base,
04:27puisqu'au mois, le mois, on est sur un repli des prix.
04:29Donc, on n'est pas du tout sur quelque chose d'inquiétant.
04:32Il y a la partie inflation dans les services
04:34qui connaît une petite accélération.
04:36Mais là aussi, d'après l'INSEE,
04:37c'est juste concentré dans quelques postes.
04:40Il y a quand même les coûts du transport,
04:42l'aérien qui est plutôt en réduction.
04:44Donc là, ça serait plutôt les télécoms,
04:46les coûts de la santé qui progressent un petit peu.
04:48Donc, on n'est pas une hausse généralisée
04:50de tensions inflationnistes au niveau de la France.
04:53C'est même plutôt inquiétant,
04:54cette faiblesse d'inflation en France,
04:55parce qu'on est très loin du 2%,
04:57qui est visé par les banquiers centraux.
04:59Alors, c'est en moyenne sur l'Europe.
05:01Mais la France fait partie des pays
05:02qui ont l'inflation la plus faible.
05:05Je dirais que si on prend l'Espagne,
05:07bon, alors, avec un effet énergétique,
05:08mais on est à 3% en Espagne, quasiment, d'inflation.
05:11Nous, en France, on est à 1,2.
05:15Cet écart, c'est un écart conjoncturel aussi,
05:17derrière ça.
05:18Ça veut dire que, certes,
05:19on n'a pas de temps sur l'inflationnisme,
05:20mais c'est parce que l'économie française
05:22n'est pas très dynamique,
05:23les ménages français ne consomment pas.
05:24Donc, c'est plutôt un signal de faiblesse,
05:26pour moi, de l'économie française.
05:28Ce n'est pas que le 2 est magique,
05:30mais quand on voit des pressions comme ça
05:32qui se mettent en place,
05:33ce n'est pas bon,
05:34surtout quand on a un décalage conjoncturel
05:36qui est en train de se confirmer
05:38au sein de l'Europe.
05:39Et ça, ce n'est pas bon pour la stabilité de la zone.
05:40C'est-à-dire que quand vous avez
05:41le sud de l'Europe qui va bien,
05:43le nord de l'Europe qui pourrait s'accélérer,
05:45se redresser,
05:46notamment en Allemagne,
05:47avec les dépenses publiques qui seront en hausse,
05:49et la France qui, elle,
05:50pâtit d'un environnement politique compliqué
05:52qui semble vraiment peser
05:54sur la dynamique de la croissance,
05:56ce n'est pas bon.
05:57Ça fait un décalage conjoncturel dans la zone euro.
05:59C'est complexe pour la BCE à gérer
06:01parce que, d'un côté,
06:02les pays du sud n'ont pas besoin de baisse de taux,
06:03la France en aurait besoin
06:04pour aider et faciliter finalement
06:07ces efforts budgétaires.
06:09Et de l'autre,
06:10il y a les perspectives en Allemagne
06:11qui sont quand même relativement solides.
06:13Donc, ça complexifie la politique monétaire
06:15et ce n'est pas bon pour la stabilité de la zone.
06:16Ça veut dire quoi ?
06:16Ça veut dire qu'il y aurait forcément des perdants
06:19sur un changement ou non-changement
06:20de politique de la BCE à court terme ?
06:22À court terme,
06:23c'est vrai que la BCE nous dit
06:24« je raisonne en moyenne »,
06:25mais quand une moyenne,
06:27le problème d'une moyenne,
06:27c'est qu'elle n'a pas de sens
06:28quand l'écart-type est élevé entre les pays.
06:30Bien sûr.
06:30Donc, ça lui pose quand même un vrai problème,
06:32un vrai débat.
06:33Ça explique pourquoi vous pouvez avoir
06:34M. Villeroy de Gallo
06:35qui a un discours beaucoup plus colombe,
06:37par exemple,
06:38que ses homologues allemands.
06:39Et Mme Lagarde essaye de faire la synthèse
06:41un peu au milieu de tout ça derrière.
06:42Donc, il y a 10 statu quo pour l'instant.
06:44Mais ce n'est pas facile.
06:45Ça ne donne pas de la visibilité
06:46sur la politique monétaire de la BCE.
06:48Et ça montre surtout,
06:50comme on est dans une zone
06:50où on ne peut pas ajuster
06:51avec les taux de change,
06:52ça montre que tout le monde
06:53a le même costume
06:55en termes de politique monétaire.
06:56Et aujourd'hui,
06:57c'est vrai que la France,
06:58il faut quand même surveiller.
06:59Il ne faudrait pas qu'on ait
06:59une sorte de spirale,
07:01un peu comme avait subi l'Italie
07:02en son temps.
07:03C'est-à-dire qu'on a
07:04tout le reste de l'Europe
07:06qui va bien,
07:07donc des taux d'intérêt
07:08qui montent en moyenne sur l'Europe,
07:09qui tirent nos taux d'intérêt à nous,
07:12alors que nous,
07:13conjoncturellement,
07:13on aurait besoin
07:14de taux d'intérêt beaucoup plus bas
07:15parce qu'on est dans
07:16une situation difficile.
07:17Donc, c'est à surveiller
07:18parce que là,
07:18ça peut être une spirale
07:19assez négative pour la France.
07:20En tout cas,
07:21ça va renforcer l'image
07:22sur les marchés
07:23qu'il faut arbitrer la France.
07:24Très clairement,
07:25les entreprises boursièrement parlant
07:28qui sont très exposées
07:29à la conjoncture française
07:30sont encore une fois de plus
07:31déclassées par rapport
07:33aux autres entreprises
07:34qui ont un chiffre d'affaires
07:35au même côté en France,
07:36mais très international.
07:37Donc, ça va créer quand même,
07:38s'accentue cette prime de risque
07:40sur la France.
07:41Avec un 10 ans français
07:43qui recule ce matin
07:44à moins 0,49%.
07:45Merci beaucoup,
07:46Christian Parizeau,
07:46de nous avoir accompagné
07:47dans Good Morning Market.
07:48Je rappelle que vous êtes
07:48conseiller économique
07:49pour Oral BCG,
07:50mais aussi président
07:51d'Altaïr Economics.
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