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  • il y a 2 jours
Ce lundi 29 septembre, les chiffres de l'inflation qui s'accélèrent aux États-Unis, et les surtaxes qui frappent les ménages américains, ont été abordés par Philippe Trainar, professeur honoraire au Cnam et membre du Cercle des économistes, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et l'éclaireur du jour, il s'agit de Philippe Trenard, professeur honoraire au CNAM et membre du Cercle des Économistes, qui est en duplex avec nous.
00:10Bonjour Philippe Trenard.
00:12Bonjour Nicolas.
00:13Merci d'être avec nous dans Good Morning Markets.
00:15Alors on va réagir ensemble à ce chiffre de l'inflation publié vendredi.
00:18Cet indice PCE, l'indice le plus suivi par la Fed dans son pilotage de stratégie monétaire.
00:252,6% en juillet, 2,7% en août, 2,9% en version corps.
00:32On constate, Philippe Trenard, qu'on reste sur une inflation persistante aux Etats-Unis.
00:39À mettre peut-être en regard aussi des dernières annonces de Donald Trump sur les droits de douane.
00:45Et une croissance, une croissance, et je vous laisse ensuite réagir à tous ces éléments.
00:49Mais une croissance du PIB au deuxième trimestre qui est ressortie finalement un peu plus haute que prévu, 3,8% en rythme annualisé.
00:59On a l'impression, Philippe Trenard, que malgré des annonces de droits de douane toujours plus conséquentes et toujours plus régulières,
01:08que ce soit du côté de l'inflation ou que ce soit du côté de la croissance, ça résiste, Philippe Trenard ?
01:15Oui, oui, ça résiste. C'est au fond, les économistes et les analystes financiers sont un petit peu pris de court
01:21puisque ils prévoyaient un effet récessif et inflationniste des droits de douane.
01:28Et on fait ce qu'on observe, c'est une petite accélération très très progressive de l'inflation
01:33et une activité qui demeure dynamique, ce qui est d'ailleurs aussi la conséquence d'une inflation qui ne dérape pas.
01:42Et je crois que ça, ça a été un peu la surprise.
01:45Et cette surprise, elle s'explique probablement par le fait que l'essentiel du choc des droits de douane aux États-Unis
01:52a été absorbé par les marges des entreprises et plus précisément, non pas par les exportateurs,
01:59les Européens ou les Chinois, mais par les entreprises américaines,
02:03elles-mêmes par les marges des entreprises américaines.
02:07Ça veut dire que moins d'inquiétude que prévu quand on est économiste
02:10et qu'on regarde un petit peu la situation aux États-Unis, si je comprends bien, Philippe Trenard,
02:14les entreprises pour l'instant réussissent à absorber les droits de douane,
02:18donc finalement n'ont pas plus d'inquiétude que ça, c'est ça ?
02:21– Ce serait peut-être une conclusion un peu rapide, je veux dire un tout petit peu plus prudent,
02:27en effet, parce que tout simplement, pourquoi les entreprises ont pu absorber ces hausses de tarifs ?
02:34Tout simplement parce qu'elles avaient beaucoup importé avant la hausse des tarifs
02:38et qu'elles sont en train d'épuiser leur stock d'importation qu'elles avaient acquis à des prix beaucoup moins élevés,
02:46ce qui avait causé d'ailleurs un fort creusement du déficit américain.
02:50Mais nous allons arriver au terme de ces stocks, n'est-ce pas, qui commencent à s'épuiser.
02:57Alors il y avait un deuxième facteur qui a pu inciter les entreprises américaines
03:02à rester modérées dans la hausse des tarifs,
03:04c'est l'incertitude sur la constitutionnalité de la décision de Donald Trump
03:09d'accroître les droits de douane unilatéralement, sans passer par le marlement.
03:15Non, rappelez-vous, les droits de douane, ce sont des taxes, et normalement, c'est le Parlement qui les vote.
03:21Voilà, donc il y a une incertitude, et nous serons d'ici novembre d'ailleurs fixés sur cette incertitude,
03:27puisque la Cour suprême va décider.
03:29Et donc, s'il faut voir, c'est qu'à terme, l'inflation pourrait, là pour le coup, réellement s'accélérer
03:35et les choses devenir plus sérieuses que ce que nous observons aujourd'hui.
03:39Alors, pour autant, on entend quand même, effectivement, vous l'avez dit,
03:44il y a ce sujet des entreprises qui ont déjà beaucoup commandé en amont
03:49pour éviter justement cet effet sur les droits de douane,
03:51et la Fed elle-même estime qu'il y aura effectivement un impact sur les primes
03:56et que ce sera un impact de courte durée qui, justement, n'aura pas d'incidence sur l'inflation à ce stade,
04:03même si, effectivement, la Fed suit ça de très près.
04:05Philippe Trénard, cette incidence des droits de douane sur l'inflation,
04:08vous, quand vous regardez les chiffres et que vous analysez, vous dites,
04:12attention, tout de même, ne nous emballons pas trop vite.
04:15C'est absolument ce que je voudrais dire, parce qu'au fond, quand nous regardons le passé,
04:19les comportements passés, eh bien, in fine, les prix se retrouvent toujours dans les hausses de tarifs,
04:26pardonnez-moi, douaniers se retrouvent toujours dans les prix à la consommation.
04:30Et là, c'est plutôt une situation un petit peu étonnante.
04:33Alors, si on regarde les marchés financiers aujourd'hui,
04:36ils sont quand même un petit peu moins pessimistes.
04:38Alors, ils restent partagés.
04:39Naturellement, il y a ceux qui pensent que ça ne dérapera pas
04:42et ceux qui pensent que ça dérapera.
04:44Mais au total, nous sommes aujourd'hui à 2,9% d'inflation
04:49si on suit l'indice des prix à la consommation.
04:52Et comme vous le disiez, 2,7% si on suit l'indice
04:55que suit la Banque centrale et la Fédérale à la réserve.
04:59Mais néanmoins, les marchés financiers prévoient plutôt 3,3% à l'horizon de 12 mois.
05:05Un mot du taux US à 10 ans, 4,15 points ce matin.
05:12On voit effectivement que celui-ci réagit sûrement à ce risque de shutdown aux États-Unis,
05:18ce rapport de force entre républicains majoritaires aux deux chambres des congrès,
05:22mais qui ont besoin d'une poignée de sénateurs démocrates pour faire passer le budget.
05:27Alors, Philippe Trenard, on est habitué aux risques de shutdown aux États-Unis,
05:31ça arrivait déjà sous l'air Biden,
05:33mais là quand même, on sent que c'est là où se joue potentiellement
05:37le rapport de force entre démocrates et républicains.
05:41Comment est-ce que vous analysez la situation ?
05:43Est-ce que c'est la même situation qu'en mars dernier ou qu'on a connu régulièrement ?
05:46Ou là, il se joue quelque chose d'un petit peu différent,
05:49alors même justement qu'on a tort le rapport sur l'emploi aux États-Unis en fin de semaine ?
05:53Non, je pense que les conséquences aujourd'hui de la négociation entre les démocrates et les républicains
05:59ont beaucoup plus d'enjeux qu'autrefois.
06:01Autrefois, nous étions simplement dans une pièce de théâtre, voire une pièce de théâtre de boulevard.
06:06Aujourd'hui, on voit bien que c'est le futur des démocrates et des républicains qui se joue là.
06:12Et au fond, l'opinion et tous les analyses sont absolument incertains.
06:16Qui va être le perdant s'il y a un shutdown ?
06:19Est-ce que ce sera reproché à Donald Trump ou est-ce que ce sera reproché aux démocrates
06:23qui n'ont pas le sens du compromis et qui ne savent pas trouver un terrain d'entente avec Trump ?
06:30Là, l'incertitude est très grande et les démocrates ont naturellement apesé le pour et le contre d'une décision,
06:36alors que dans le passé, le pour et le contre étaient rapidement vus, vous n'aviez pas intérêt,
06:42l'opposition n'avait pas intérêt au shutdown qui lui aurait été proposé.
06:46Mais comme les positions sont beaucoup plus radicalement opposées aujourd'hui,
06:50il est clair que la question reste beaucoup plus ouverte,
06:55notamment en perspective de l'élection de New York à la ville de New York.
07:00On pourrait avoir intérêt au shutdown, si je comprends bien,
07:04quand on suit effectivement les épisodes passés,
07:08on se rend compte qu'une solution a toujours été trouvée.
07:10Ce que vous nous dites, c'est qu'il faut quand même regarder ça de près,
07:12parce que là, on pourrait avoir intérêt à un shutdown, même temporaire,
07:15si ça peut imputer à l'autre, justement, certains défauts, à certains opposants politiques ?
07:22Absolument. Dans la mesure où Trump a lui-même dramatisé la vie politique,
07:26il est certain que les démocrates pourraient avoir intérêt à dramatiser la vie politique.
07:32Et donc, il y a un vrai calcul et aujourd'hui, une hésitation des démocrates,
07:36alors que dans le passé, très honnêtement, il n'y avait pas d'hésitation au sein du parti de l'opposition.
07:41On savait qu'il fallait terminer par un accord.
07:44Merci Philippe Trénard d'avoir été avec nous dans Good Morning Marquette.
07:46Je rappelle que vous êtes professeur honoraire au CNAM et membre du Cercle des économistes.
07:51Merci beaucoup.

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