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  • il y a 2 mois
Ce jeudi 4 septembre, Gilles Moëc, chef économiste du Groupe AXA, a abordé une adjudication réussie en France mais la demande d'obligation en baisse, la flambée des taux longs dans le monde, ainsi que la chute de création d'emplois en août, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00BFM Bourse, l'éco du monde.
00:04Gilles Mouac nous rejoint, chef économiste du groupe AXA. Bonjour Gilles, ravi de vous retrouver.
00:08La France ce matin a passé une forme de test sur le marché obligataire.
00:11Alors vous nous répétez souvent qu'il faut relativiser l'importance des adjudications.
00:15On en a quand même eu une ce matin à quatre jours de la possible, on verra, chute du gouvernement Bayrou.
00:20Comment ça s'est passé ? Comment sentez-vous le cas français sur le marché, Gilles ?
00:25Alors ça s'est passé, on a eu des demandes d'obligations 2,3 fois supérieures à ce qui a été alloué au final.
00:36C'est un peu plus bas que le ratio moyen de l'année qui était de mémoire aux alentours de 2,8.
00:42Mais ça reste confortable.
00:45Mais on a souvent eu l'occasion d'en parler à votre antenne.
00:49Les adjudications ce n'est pas nécessairement un indicateur très avancé de la pression sur un marché obligataire.
00:57Surtout s'agissant d'une signature comme la France avec à sa disposition un marché financier quand même assez liquide
01:04et des opérateurs financiers locaux assez importants.
01:07Donc ça tient et ça doit tenir.
01:10Si on en était justement à avoir vraiment des épisodes douloureux sur les adjudications,
01:16on n'aurait pas les spreads auxquels on est aujourd'hui.
01:19On serait malheureusement beaucoup plus avancé dans la crise.
01:22Donc voilà, ça s'est passé de manière correcte, comme ça devait sans doute se passer.
01:29Oui, c'est vrai que ce qui est rassurant dans la phase actuelle, c'est que certes les taux français,
01:32mais l'écart avec les autres ne grandit pas vraiment.
01:34Tous les taux montent en fait.
01:36Il n'y a pas que les taux français.
01:36On rappelle le 10 ans britannique, plus haut de 27 ans, plus haut historique pour le 30 ans japonais en l'occurrence aussi.
01:43Est-ce que cette flambée des taux longs un peu partout pour le coup dans les économies développées vous inquiète davantage ?
01:50Alors l'élément surprise peut-être, c'est qu'on le retrouve partout,
01:56alors que les ingrédients pour une remontée des taux à long terme,
02:00pour moi, sont quand même plus clairement du côté américain qu'ailleurs.
02:04Moi, je relèverais quatre ingrédients principaux.
02:08Une politique budgétaire quand même très à lente, c'est le moins qu'on puisse dire,
02:12avec des déficits attendus entre 6 et 7% du PIB pour la décennie à venir.
02:18Deuxième élément, on a quand même un choc inflationniste auto-infligé avec les tarifs.
02:24C'est le deuxième choc inflationniste en quelques années après celui du Covid.
02:28Donc ça, ça peut induire une espèce de dérive un peu structurelle des anticipations d'inflation.
02:33C'est jamais très bon pour les taux longs.
02:35Évidemment, troisième point, les menaces sur l'indépendance de la Fed.
02:40On pourra peut-être y revenir.
02:41Et quatrièmement, c'est un peu plus compliqué, mais disons une espèce de dégradation un peu diffuse
02:47de la qualité institutionnelle américaine avec, par exemple, le renvoi de la patronne du Bureau of Liposalistics.
02:54Donc que tout cela se traduise par une montée des taux longs aux États-Unis,
02:59ça me paraît parfaitement logique, parfaitement rationnel.
03:02Ce qui est intéressant, c'est de voir que ça se produit effectivement un peu partout.
03:05Alors il y a des pays qui ont des soucis du même type,
03:08ou en tout cas où on trouve certains de ces ingrédients.
03:10C'est le cas au Royaume-Uni, par exemple, avec une politique budgétaire,
03:13en tout cas des chiffres budgétaires un peu compliqués,
03:16et une inflation qui reste quand même assez élevée.
03:19C'est le moins qu'on puisse dire.
03:20Puis une espèce d'inquiétude sur l'orientation générale de la politique économique.
03:24En revanche, ça me paraît beaucoup moins clair dans le cas de l'Europe continentale,
03:29où pour le coup, j'ai l'impression qu'on a vraiment réussi à juguler l'inflation,
03:33où le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas de discussion
03:36sur la dépense de la BCE.
03:39Et certes, il y a une augmentation des dépenses publiques prévues en Allemagne,
03:44mais ça vient d'un pays qui a quand même les reins assez solides.
03:47Donc on a quand même, à la base, je pense, dans le cas de l'Europe continentale,
03:53une contagion qui nous vient des États-Unis.
03:55Lorsque, encore aujourd'hui, ce qui est le marché budgétaire dominant mondial se porte mal,
04:01on paye des conséquences un peu partout, y compris dans des régions qui, honnêtement,
04:06ne sont pas du tout dans la même situation macroéconomique.
04:09Oui, mais est-ce qu'il y a des inquiétudes aussi, et peut-être des tensions sur les taux longs,
04:12liées à un facteur ultra-structurel, ce facteur démographique, par exemple ?
04:16Est-ce que le vieillissement démographique sera à terme la cause d'une poursuite à la hausse,
04:22des tensions obligataires à long terme ?
04:24Est-ce qu'on a là des facteurs structurels qui finissent par arriver à la surface
04:27et seront amenés à durer, même si l'Europe, c'est vrai, présente peut-être moins de raisons,
04:32voire une flambée de ces taux que les États-Unis ?
04:34Non, la question démographique, elle est effectivement au centre de tout ça.
04:40La difficulté, c'est de déterminer quel est le moment auquel le marché va finalement
04:46prêter une attention extrême à ce sujet-là.
04:49Et peut-être que la question démographique, elle passe par des circuits un peu étonnants
04:55ou un peu contre-intuitifs.
04:57Par exemple, un des éléments qui peut expliquer la tension sur les taux à très long terme en Europe,
05:03c'est le fait qu'on a une réforme des fonds de pension aux Pays-Bas.
05:07On était dans un régime dit à bénéfice garanti qui devient en fait un système dit à contribution définie.
05:18Et lorsqu'on passe dans ce type de régime-là, en général,
05:21le besoin d'investir dans des obligations de haute qualité à très long terme diminue.
05:29Donc ça, c'est le système, les régimes de pension hollandaise sont les plus gros d'Europe
05:35et ont un impact sur les marchés obligataires européens.
05:38Donc là, oui, il y a quelque chose de l'ordre du démographique,
05:41mais la relation entre les taux et la démographie est souvent assez ambigüe,
05:48sachant que là, on arrive aussi à une population mature
05:54qui va sans doute modifier encore son allocation d'épargne
05:59depuis des actifs risqués vers des actifs moins risqués, en particulier obligataires,
06:03parce qu'en général, c'est ce qu'on fait lorsqu'on arrive dans les années qui précèdent son départ à la retraite.
06:08Donc c'est quelque chose d'assez ambigüe et c'est toujours difficile de déterminer
06:13quel moment où véritablement la mécanique se met en place.
06:18Bon, il reste des chiffres économiques pour faire réagir le marché,
06:21notamment l'emploi américain, attendu en fin de semaine, Gilles.
06:25Alors c'est vrai qu'on mesure un petit peu la balance de l'importance de ces chiffres
06:30par rapport à la réaction de marché.
06:32Est-ce que ça va devenir la pierre de touche
06:34ou est-ce que ça reste l'inflation qui est de regarder de plus près par la Fed ?
06:41Gilles, au secours.
06:43On a perdu Gilles, il semble que l'on ait perdu Gilles.
06:46C'est terrible parce qu'on le voit à l'image, mais on a perdu le son en l'occurrence.
06:50Gilles, on va essayer de vous rattraper.
06:51Alors que demain sera donc publié le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis
06:54que tout le monde va suivre.
06:55Aujourd'hui, on a l'NFP, l'emploi dans le secteur, l'ADP.
06:58L'enquête sur l'emploi privé, qui n'est pas terrible, qui est bien inférieure aux attentes.
07:03Chute de moitié du nombre de créations de postes en août par rapport au mois de juillet.
07:05On est du côté des 60 000 créations et ça continue d'alimenter quand même
07:09un certain nombre de craintes autour de l'emploi américain.
07:12Une phase de dégradation qui, même si Donald Trump aime bien virer les gens
07:16et casser les thermomètres, les chiffres parlent d'eux-mêmes quand même.
07:20Alors est-ce que c'est le mauvais augure pour le NFP de demain ?
07:23On suivra et on en parlera bien sûr dans la suite de BFM Bourse.
07:25Le CAC est en repli, moins 0,3%, Wall Street en petite hausse.
07:28Et puis Alexandre Baradez était avec nous tout à l'heure.
07:30Il voit venir de potentiels nouveaux Nvidia boursiers, mais ils seront chinois.
07:34Alors est-ce qu'il faudra y investir ? Est-ce qu'il faut déjà y investir ?
07:37Il a répondu cash, la bourse cash.
07:40Cette séquence est à retrouver en replay sur l'application BFM Business.
07:43Le replay est dispo.
07:43Vous pouvez l'ajouter d'ailleurs à votre to-do list du week-end.
07:46Il a cité quelques valeurs qui, à ses yeux, dans les 2-3 ans, devraient doubler.
07:50Alors ce n'est pas garanti, rien n'est jamais certain en bourse,
07:53mais ces valeurs-là, il estime que leur probabilité de voir leur cours doubler
07:56à un horizon de 3 ans est relativement raisonnable.
07:58Donc replay est disponible sur notre application.

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