00:00BFM Bourse, l'éco du monde.
00:04Gilles Mouac nous rejoint, chef économiste du groupe AXA. Bonjour Gilles, ravi de vous retrouver.
00:08La France ce matin a passé une forme de test sur le marché obligataire.
00:11Alors vous nous répétez souvent qu'il faut relativiser l'importance des adjudications.
00:15On en a quand même eu une ce matin à quatre jours de la possible, on verra, chute du gouvernement Bayrou.
00:20Comment ça s'est passé ? Comment sentez-vous le cas français sur le marché, Gilles ?
00:25Alors ça s'est passé, on a eu des demandes d'obligations 2,3 fois supérieures à ce qui a été alloué au final.
00:36C'est un peu plus bas que le ratio moyen de l'année qui était de mémoire aux alentours de 2,8.
00:42Mais ça reste confortable.
00:45Mais on a souvent eu l'occasion d'en parler à votre antenne.
00:49Les adjudications ce n'est pas nécessairement un indicateur très avancé de la pression sur un marché obligataire.
00:57Surtout s'agissant d'une signature comme la France avec à sa disposition un marché financier quand même assez liquide
01:04et des opérateurs financiers locaux assez importants.
01:07Donc ça tient et ça doit tenir.
01:10Si on en était justement à avoir vraiment des épisodes douloureux sur les adjudications,
01:16on n'aurait pas les spreads auxquels on est aujourd'hui.
01:19On serait malheureusement beaucoup plus avancé dans la crise.
01:22Donc voilà, ça s'est passé de manière correcte, comme ça devait sans doute se passer.
01:29Oui, c'est vrai que ce qui est rassurant dans la phase actuelle, c'est que certes les taux français,
01:32mais l'écart avec les autres ne grandit pas vraiment.
01:34Tous les taux montent en fait.
01:36Il n'y a pas que les taux français.
01:36On rappelle le 10 ans britannique, plus haut de 27 ans, plus haut historique pour le 30 ans japonais en l'occurrence aussi.
01:43Est-ce que cette flambée des taux longs un peu partout pour le coup dans les économies développées vous inquiète davantage ?
01:50Alors l'élément surprise peut-être, c'est qu'on le retrouve partout,
01:56alors que les ingrédients pour une remontée des taux à long terme,
02:00pour moi, sont quand même plus clairement du côté américain qu'ailleurs.
02:04Moi, je relèverais quatre ingrédients principaux.
02:08Une politique budgétaire quand même très à lente, c'est le moins qu'on puisse dire,
02:12avec des déficits attendus entre 6 et 7% du PIB pour la décennie à venir.
02:18Deuxième élément, on a quand même un choc inflationniste auto-infligé avec les tarifs.
02:24C'est le deuxième choc inflationniste en quelques années après celui du Covid.
02:28Donc ça, ça peut induire une espèce de dérive un peu structurelle des anticipations d'inflation.
02:33C'est jamais très bon pour les taux longs.
02:35Évidemment, troisième point, les menaces sur l'indépendance de la Fed.
02:40On pourra peut-être y revenir.
02:41Et quatrièmement, c'est un peu plus compliqué, mais disons une espèce de dégradation un peu diffuse
02:47de la qualité institutionnelle américaine avec, par exemple, le renvoi de la patronne du Bureau of Liposalistics.
02:54Donc que tout cela se traduise par une montée des taux longs aux États-Unis,
02:59ça me paraît parfaitement logique, parfaitement rationnel.
03:02Ce qui est intéressant, c'est de voir que ça se produit effectivement un peu partout.
03:05Alors il y a des pays qui ont des soucis du même type,
03:08ou en tout cas où on trouve certains de ces ingrédients.
03:10C'est le cas au Royaume-Uni, par exemple, avec une politique budgétaire,
03:13en tout cas des chiffres budgétaires un peu compliqués,
03:16et une inflation qui reste quand même assez élevée.
03:19C'est le moins qu'on puisse dire.
03:20Puis une espèce d'inquiétude sur l'orientation générale de la politique économique.
03:24En revanche, ça me paraît beaucoup moins clair dans le cas de l'Europe continentale,
03:29où pour le coup, j'ai l'impression qu'on a vraiment réussi à juguler l'inflation,
03:33où le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas de discussion
03:36sur la dépense de la BCE.
03:39Et certes, il y a une augmentation des dépenses publiques prévues en Allemagne,
03:44mais ça vient d'un pays qui a quand même les reins assez solides.
03:47Donc on a quand même, à la base, je pense, dans le cas de l'Europe continentale,
03:53une contagion qui nous vient des États-Unis.
03:55Lorsque, encore aujourd'hui, ce qui est le marché budgétaire dominant mondial se porte mal,
04:01on paye des conséquences un peu partout, y compris dans des régions qui, honnêtement,
04:06ne sont pas du tout dans la même situation macroéconomique.
04:09Oui, mais est-ce qu'il y a des inquiétudes aussi, et peut-être des tensions sur les taux longs,
04:12liées à un facteur ultra-structurel, ce facteur démographique, par exemple ?
04:16Est-ce que le vieillissement démographique sera à terme la cause d'une poursuite à la hausse,
04:22des tensions obligataires à long terme ?
04:24Est-ce qu'on a là des facteurs structurels qui finissent par arriver à la surface
04:27et seront amenés à durer, même si l'Europe, c'est vrai, présente peut-être moins de raisons,
04:32voire une flambée de ces taux que les États-Unis ?
04:34Non, la question démographique, elle est effectivement au centre de tout ça.
04:40La difficulté, c'est de déterminer quel est le moment auquel le marché va finalement
04:46prêter une attention extrême à ce sujet-là.
04:49Et peut-être que la question démographique, elle passe par des circuits un peu étonnants
04:55ou un peu contre-intuitifs.
04:57Par exemple, un des éléments qui peut expliquer la tension sur les taux à très long terme en Europe,
05:03c'est le fait qu'on a une réforme des fonds de pension aux Pays-Bas.
05:07On était dans un régime dit à bénéfice garanti qui devient en fait un système dit à contribution définie.
05:18Et lorsqu'on passe dans ce type de régime-là, en général,
05:21le besoin d'investir dans des obligations de haute qualité à très long terme diminue.
05:29Donc ça, c'est le système, les régimes de pension hollandaise sont les plus gros d'Europe
05:35et ont un impact sur les marchés obligataires européens.
05:38Donc là, oui, il y a quelque chose de l'ordre du démographique,
05:41mais la relation entre les taux et la démographie est souvent assez ambigüe,
05:48sachant que là, on arrive aussi à une population mature
05:54qui va sans doute modifier encore son allocation d'épargne
05:59depuis des actifs risqués vers des actifs moins risqués, en particulier obligataires,
06:03parce qu'en général, c'est ce qu'on fait lorsqu'on arrive dans les années qui précèdent son départ à la retraite.
06:08Donc c'est quelque chose d'assez ambigüe et c'est toujours difficile de déterminer
06:13quel moment où véritablement la mécanique se met en place.
06:18Bon, il reste des chiffres économiques pour faire réagir le marché,
06:21notamment l'emploi américain, attendu en fin de semaine, Gilles.
06:25Alors c'est vrai qu'on mesure un petit peu la balance de l'importance de ces chiffres
06:30par rapport à la réaction de marché.
06:32Est-ce que ça va devenir la pierre de touche
06:34ou est-ce que ça reste l'inflation qui est de regarder de plus près par la Fed ?
06:41Gilles, au secours.
06:43On a perdu Gilles, il semble que l'on ait perdu Gilles.
06:46C'est terrible parce qu'on le voit à l'image, mais on a perdu le son en l'occurrence.
06:50Gilles, on va essayer de vous rattraper.
06:51Alors que demain sera donc publié le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis
06:54que tout le monde va suivre.
06:55Aujourd'hui, on a l'NFP, l'emploi dans le secteur, l'ADP.
06:58L'enquête sur l'emploi privé, qui n'est pas terrible, qui est bien inférieure aux attentes.
07:03Chute de moitié du nombre de créations de postes en août par rapport au mois de juillet.
07:05On est du côté des 60 000 créations et ça continue d'alimenter quand même
07:09un certain nombre de craintes autour de l'emploi américain.
07:12Une phase de dégradation qui, même si Donald Trump aime bien virer les gens
07:16et casser les thermomètres, les chiffres parlent d'eux-mêmes quand même.
07:20Alors est-ce que c'est le mauvais augure pour le NFP de demain ?
07:23On suivra et on en parlera bien sûr dans la suite de BFM Bourse.
07:25Le CAC est en repli, moins 0,3%, Wall Street en petite hausse.
07:28Et puis Alexandre Baradez était avec nous tout à l'heure.
07:30Il voit venir de potentiels nouveaux Nvidia boursiers, mais ils seront chinois.
07:34Alors est-ce qu'il faudra y investir ? Est-ce qu'il faut déjà y investir ?
07:37Il a répondu cash, la bourse cash.
07:40Cette séquence est à retrouver en replay sur l'application BFM Business.
07:43Le replay est dispo.
07:43Vous pouvez l'ajouter d'ailleurs à votre to-do list du week-end.
07:46Il a cité quelques valeurs qui, à ses yeux, dans les 2-3 ans, devraient doubler.
07:50Alors ce n'est pas garanti, rien n'est jamais certain en bourse,
07:53mais ces valeurs-là, il estime que leur probabilité de voir leur cours doubler
07:56à un horizon de 3 ans est relativement raisonnable.
07:58Donc replay est disponible sur notre application.