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Ce mardi 30 septembre, Kevin Thozet, membre du comité d'investissement de Carmignac, et Romain Aumond, macroéconomiste et stratégiste chez Natixis Investment Managers, ont échangé leur point de vue sur la réaction des marchés financiers européens face au "shutdown" aux États-Unis, ainsi que sur la solide performance des marchés asiatiques, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00Nous voici à présent dans le face-à-face, face-à-face dans Good Morning Markets, le CAC 40 qui est toujours en recul à l'heure où on se parle, moins 0,47% à 7 843 points.
00:13Deux experts sont dans le face-à-face avec nous aujourd'hui pour commenter les marchés boursiers.
00:19Romain Haumont nous accompagne tout d'abord. Bonjour Romain Haumont.
00:21Bonjour Nicolas.
00:22Merci d'être avec nous, vous êtes macroéconomiste et stratégiste chez Natixis Investment Manager et nous avons le plaisir d'accueillir également Kevin Tausé.
00:28Bonjour Kevin Tausé.
00:30Bonjour Nicolas.
00:31Bienvenue à vous également, membre du comité d'investissement de Carmignac.
00:35Petite question introductive très rapide, Romain Haumont, le shutdown aux Etats-Unis, ça n'inquiète pas plus que ça les marchés financiers ?
00:42Alors il n'inquiète pas plus que cela les marchés financiers dans la mesure où finalement les shutdowns on en connaît, on en a déjà vu dans l'histoire, plus de 21, il me semble ce sera le 22ème s'il n'y a pas d'accord qui est trouvé et je pense qu'il n'y aura pas d'accord qui est trouvé.
00:54Notamment les risques de shutdowns, on en parle régulièrement, puis on a même connu des shutdowns pour le coup, donc on sait ce que ça fait.
01:00Un vrai shutdown, c'est-à-dire que le dernier en date, le plus long d'ailleurs de l'histoire, c'est lors du mandat Trump 1, où on a eu plus de 31 jours, 32 jours de shutdowns accumulés.
01:10Et finalement, qu'est-ce que nous dit le bureau en charge du budget du Congrès ? C'est que finalement ce shutdown, à la fin des fins, on a 800 000 fonctionnaires qui vont avoir des payes, qui vont être retardés.
01:25Sur 2 millions de fonctionnaires fédéraux au total, ce n'est pas énorme.
01:29Bon, ça reste quand même une catastrophe, mais ce n'est pas énorme.
01:31Quand on rapporte ça à la population qui travaille 160 millions de salariés aux États-Unis, il y a un impact qui est tout de même limité du point de vue de la demande.
01:40Et finalement, ce que nous dit ce bureau, c'est qu'on a un impact de l'ordre de 0,4 point de PIB lorsqu'on regarde le shutdown de décembre 2018, janvier 2019.
01:52Mais donc, on va dire que les marchés semblent quand même immunisés vis-à-vis de ce genre de lutte interne caractéristique.
02:02Et j'irai même plus loin. Christian Parizeau, qui était sur le plateau il y a un instant, nous disait même, Kevin Tosé,
02:08qu'un shutdown aux États-Unis, s'il arrivait, viendrait renforcer un scénario de deux baisses de taux de la Fed d'ici la fin de l'année.
02:18C'est un scénario qui est déjà le scénario principal des marchés à l'heure actuelle, en lien avec la publication du chiffre de l'inflation aux États-Unis vendredi,
02:24si tant est que ça n'était pas le scénario des marchés avant, mais c'était quand même le scénario central à l'heure actuelle.
02:30Les marchés ne sont pas inquiets aux États-Unis, Kevin Tosé ? Ou en tout cas ceux qui tirent les marchés ?
02:35Ils ne le sont pas, comme le disait Romain, une impression déjà vue.
02:38Alors, il faut quand même faire attention parce que ça valide un scénario de baisse de taux, ça veut quand même dire qu'il y a un peu moins de croissance économique.
02:43On ne va pas non plus se réjouir qu'on ait une économie américaine qui fonctionne un peu moins bien.
02:47C'est vrai qu'en fonction de la durée de cette fermeture, ça peut être aussi relativement rapidement rattrapé, donc moins se voir.
02:54Il y a quand même un petit caveat, c'est qu'on est tous collectivement suspendus à des chiffres de l'emploi qu'ils doivent publier vendredi.
03:02On n'aura peut-être pas si j'attends.
03:03On attend 50 000 créations d'emploi vendredi, c'est à peine plus qu'un concert de Taylor Swift.
03:07Mais, sauf que ce chiffre-là, s'il est calculé par le Bureau des statistiques du travail américain, et si on dit à ces fonctionnaires du Bureau des statistiques du travail américaine,
03:17qui peuvent rentrer chez eux et qui ne travaillent pas vendredi, ce chiffre ne sortira pas vendredi.
03:21Donc, on a d'autres indicateurs.
03:24On a notamment des indicateurs qui seront donnés par le secteur privé.
03:26On pense notamment à l'ADP, qui arrive jeudi.
03:29Mais ça tend quand même à être un indicateur qui est beaucoup plus volatile, moins certain.
03:33Et puis, ce n'est pas celui qui est suivi par la FED.
03:34Exactement, ce n'est pas l'indicateur officiel.
03:37Donc, ça, ça peut venir amener à nourrir un petit peu quand même quelques questions.
03:42Votre scénario sur les marchés actions, alors américain bien sûr, mais aussi européen, Kevin Tozet ?
03:48Notre scénario, il est plutôt, on va dire, positif.
03:51On a du risque actions embarquées dans un portefeuille.
03:53Si je prends, qui est un miac patrimoine, comme on va dire vitrine de ce qu'on peut faire,
03:58on a une quarantaine de pourcents d'expositions nettes au marché d'actions.
04:02Pourquoi ? On va dire qu'il y a trois principaux volets.
04:06Le premier, c'est quand même qu'on a des conditions financières qui sont favorables.
04:09Vous parliez des baisses de taux d'intérêt.
04:11L'invité précédent, on parlait de la baisse du dollar américain.
04:14On a des marchés d'actions qui sont sur les plus hauts, des primes de crédit qui sont sur les plus bas.
04:18Ça veut dire qu'on a un coût en capital que les entreprises peuvent s'endetter à des coûts qui sont relativement faibles.
04:22Ça, c'est de nature à venir, on va dire.
04:24C'est l'essence un peu du moteur des marchés d'actions.
04:27Donc ça, ça devrait les aider d'une part.
04:31D'autre part, on a quand même d'autres mécanismes dynamiques qui se mettent en place,
04:34et notamment dans le reste du monde.
04:38En Europe notamment.
04:39Alors, on attend ça à regarder un petit peu ce qui se passe autour de chez nous.
04:41C'est vrai qu'en France, on avait encore des chiffres d'inflation ce matin
04:44qui ne laissent pas entendre qu'on a une reprise forte.
04:46Oui, et on voit quand même une différence entre pays du Nord et pays du Sud.
04:50Exactement.
04:50On a une reprise forte en Espagne.
04:53On a une reprise fortement aidée par les fonds européens en Italie,
04:55mais ça fait quand même de la croissance économique.
04:57On a une reprise qui devrait enfin se matérialiser.
05:00En Allemagne, les budgets de 2025 ont été votés.
05:03Les budgets de 2026 sont en train d'être discutés.
05:06On a des réformes structurelles qui se mettent en place,
05:08des programmes d'amortisation plus rapide des dépenses, par exemple, d'investissement des entreprises.
05:12Tout ça, c'est de nature à venir aider la croissance économique en Europe.
05:16Et on va dire, si on regarde même de l'autre côté,
05:19alors en Chine, c'est peut-être un peu moins le cas,
05:21mais c'est quand même l'arme budgétaire qui a été utilisée.
05:24La croissance économique chinoise, elle est portée par le déficit.
05:27Il devrait y en avoir un petit peu davantage.
05:29Et puis, on a des élections au Japon ce week-end.
05:31Et là aussi, on a quand même deux candidats.
05:33Alors, le scénario, ce n'est pas tout à fait le même,
05:35en tout cas pour la devise japonaise,
05:36mais les deux candidats favoris, et notamment M. Koizumi,
05:40sont tous les deux plutôt à même d'aller faire de la relance budgétaire au Japon
05:46et de venir porter la croissance économique au Japon.
05:48Et ça, ça fait quand même quelques temps que ça s'est...
05:50Alors, la Chine et l'Asie, on en reparlera dans un instant.
05:53Juste avant, Romain Haumont.
05:54Alors effectivement, Kevin Tozet parle de la situation économique en Europe.
05:58Je vais vous donner à les quelques chiffres qui sont tombés ce matin,
06:00puis vous allez nous donner de la perspective sur ces chiffres.
06:03une inflation en France qui accélère en septembre, 1,2%.
06:06On reste quand même sous les 2%,
06:08mais on repasse au-dessus des 1%,
06:09qui était effectivement le niveau en dessous duquel on était depuis février de cette année.
06:18La consommation des ménages français qui augmente très légèrement au mois d'août,
06:21plus 0,1%.
06:21Et des ventes au détail en Allemagne,
06:23qui par contre, elles, ont reculé de façon inattendue,
06:25moins 0,2% sur le mois,
06:27alors qu'on attendait plus 0,6%.
06:30Ça, c'est les chiffres qui sont tombés ce matin.
06:31Comment est-ce que vous, vous analysez la croissance économique européenne
06:36et cette séparation qui est en train de se créer
06:39entre 10 pays du Nord et 10 pays du Sud ?
06:42Donc, il y a vraiment une hétérogénéité, en effet,
06:44entre ces deux zones géographiques.
06:47La manière dont on interprète ces résultats,
06:49ou du moins ces publications de chiffres,
06:51c'est que finalement, on est quand même face à une zone euro
06:54qui, bonan-malan, va en train de sortir de la grande dépression
07:00issue de la crise énergétique,
07:02suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
07:05On est quand même face à une reprise qui est timorée.
07:07Quand on regarde l'Allemagne,
07:09l'Allemagne souffre structurellement d'un déficit d'investissement,
07:12d'un déficit de consommation.
07:13Les moteurs de la demande interne sont vraiment en panne.
07:16En France, on pourrait dire finalement la même chose,
07:18en dépit du fait qu'on a des revenus réels,
07:20à la fois des entreprises et des ménages qui s'améliorent.
07:22Vous mentionniez notamment les chiffres d'inflation
07:25qui sont, à l'heure actuelle, au sein de la zone,
07:27en agrégé de l'ordre de 2% au glissement annuel.
07:30Néanmoins, ce n'est pas suffisant pour que la zone,
07:33vraiment, rentre dans une véritable course de croissance.
07:37On attend finalement 1,2%.
07:39Alors la BCE attend 1,2% de croissance pour la zone euro en 2025,
07:431% en 2026.
07:45On est un petit peu en-dessous du potentiel.
07:47Mais nous, ce que l'on attend de la part de la BCE,
07:51finalement, c'est qu'elle passe peut-être en-dessous
07:53de la neutralité monétaire pour vraiment stimuler l'investissement
07:56dans un contexte où l'on a besoin finalement
07:59de quantités assez importantes d'épargne et d'investissement
08:03pour la transition, la souveraineté.
08:05Donc une BCE qui ne soutient pas suffisamment l'économie européenne,
08:08selon vous, à l'heure actuelle ?
08:09Lorsqu'on regarde les enquêtes produites par la Commission européenne,
08:11qui sont les facteurs limitant la production au sein des services
08:14ou du secteur manufacturier,
08:17les deux vrais facteurs qui bloquent à l'heure actuelle la production
08:20d'après ces enquêtes, c'est d'abord la demande
08:22et ensuite les conditions financières.
08:25C'est-à-dire qu'il y a eu en effet un assouplissement monétaire
08:29de l'ordre de 2% depuis 2023.
08:33Néanmoins, ce n'est pas suffisant, on va dire,
08:36d'après ces entreprises pour avoir vraiment
08:39une demande interne robuste qui puisse finalement stimuler
08:42l'investissement par derrière.
08:44C'est plausible, Kévin Tosé, un assouplissement monétaire
08:47de la BCE d'ici la fin de l'année ?
08:49Oui, je crois que je vais employer du...
08:50Effectivement, plusieurs professionnels et les marchés le demandent.
08:53Est-ce que c'est plausible pour autant ?
08:54Alors, on voit ce qui se passe de notre côté de l'Atlantique.
08:58Quand vous travaillez dans l'immobilier,
09:00une baisse de taux, c'est la solution à tout.
09:01C'est-à-dire que quand les prix sont trop élevés,
09:04on ne peut pas avoir accès à l'immobilier,
09:05et donc il faut baisser les taux d'intérêt
09:07pour qu'il y ait plus d'acheteurs.
09:08Et quand ça ne va pas, il faut aussi baisser les taux
09:10pour venir stimuler là-dedans.
09:12Est-ce que ça suffit ?
09:13Alors, ce qu'on voit quand même, c'est que depuis maintenant deux ans
09:16que la Banque Centrale Européenne a commencé à baisser ses taux d'intérêt,
09:18on voit une reprise quand même des prêts,
09:20des prêts aux entreprises, des prêts aux ménages aussi.
09:23Et je vais employer un peu de jargon.
09:26Là où je rejoins Romain, c'est que quand même,
09:28aujourd'hui, ce qui est anticipé par les marchés,
09:30ce n'est pas grand-chose, voire rien du tout.
09:32C'est-à-dire que ce qu'anticipent les marchés financiers,
09:35c'est que sur un horizon d'un an,
09:36on est à une toute petite baisse de taux, voire pas du tout,
09:39quelque part entre les deux.
09:40Si en effet, ce scénario de reprise économique en Europe,
09:44il venait à, on va dire, tousser ou à battre un peu de l'aile,
09:48eh bien oui, la Banque Centrale Européenne a des marges de bas-d'œuvre.
09:51Comme le disait Romain, les taux de dépôt sont aujourd'hui à 2%,
09:53donc elle peut matériellement venir baisser ses taux d'intérêt.
09:56Et ça, ça viendra stimuler la demande, la croissance économique
09:58par tous les truchements qu'on lui connaît.
10:02Et donc ça, il y a quand même, je crois,
10:03ces dépositions qui sont plutôt attractives,
10:06intéressantes à avoir dans un portefeuille,
10:08avoir une exposition à des taux courts,
10:11à l'année de 2-3 ans,
10:13parce qu'en effet, si on devait avoir un ralentissement économique en Europe,
10:17eh bien là, on pourrait voir davantage de baisses de taux.
10:18Mais ça veut dire que, quelque part,
10:20on joue le ralentissement économique européen, si je comprends bien.
10:22Et donc l'intervention de la BCE ?
10:24Non, c'est-à-dire que ce qu'on a dans un portefeuille,
10:25c'est une forme d'assurance,
10:27une forme de sécurité, si vous voulez.
10:28On ne met pas tout sur le rouge.
10:31Je fais allusion à ces 40% d'exposition au marché d'action
10:33qu'on peut avoir dans des portefeuilles diversifiés.
10:35En face de ça, on n'a pas une boule de cristal.
10:37Bien sûr, bien sûr.
10:38Le caillou sur la route, il peut se produire.
10:41Et donc, on aime avoir des instruments
10:43qui vont bien se comporter,
10:44si ça, ça devait en effet se produire.
10:48Donc c'est, somme toute,
10:51une des raisons qui sous-tend aussi notre position,
10:53notre exposition à des actifs plus risqués.
10:55Romain Haumont, Kevin Tozet mentionnait tout à l'heure
10:57les marchés asiatiques
10:58qui ont tous de belles performances
11:01depuis le début de l'année.
11:02On parlait de rallye il y a un instant
11:03avec notre invité précédent.
11:06Comment est-ce qu'on regarde économiquement
11:07les économies asiatiques
11:10et notamment la Chine ?
11:12C'est vrai qu'on en parle beaucoup
11:13par le biais de l'intelligence artificielle
11:15puisque c'est quelque chose
11:16qu'on regarde beaucoup aux États-Unis
11:17et on se rend compte qu'il se passe aussi
11:18des choses intéressantes du côté de la Chine
11:21et notamment des sociétés
11:22qui annoncent régulièrement des nouveautés sur le sujet.
11:26Il n'y a pas que l'intelligence artificielle.
11:27Est-ce que la Chine redevient investissable
11:29pour un investisseur européen, Romain Haumont ?
11:32Alors la Chine, c'est une question
11:33particulièrement complexe
11:34parce qu'il y a une véritable dichotomie
11:35entre dynamique de croissance interne
11:37et performance boursière des entreprises.
11:40La performance interne de l'économie chinoise,
11:43c'est quand même quelque chose
11:44qui est très timoré.
11:45On est face à une économie
11:46qui a du mal à sortir de la crise
11:48de suraccumulation de capital,
11:50que ce soit immobilier,
11:50que ce soit productif.
11:52On a du mal à restibuler une demande interne
11:54dans la mesure où les ménages
11:56ont notamment perdu en effet de richesse
11:58suite à l'explosion de la bulle immobilière.
12:00Maintenant, ce qu'on observe,
12:01c'est qu'il y a une volonté politique
12:02pour peut-être drainer l'épargne
12:05et reconstituer l'épargne des ménages
12:07et l'orienter vers les marchés d'actifs.
12:10Avec notamment le gouvernement chinois
12:11qui a annoncé cette nuit
12:12un plan de 70 milliards de dollars
12:13d'investissement dans l'économie notamment.
12:15Donc on voit qu'il y a ce besoin
12:16quand même de soutenir la croissance
12:17et de soutenir une partie des secteurs économiques.
12:19Ça signifie que finalement
12:20on n'est pas encore sorti du marasme économique.
12:23Néanmoins, il y a une volonté
12:24et bien évidemment,
12:25les marchés anticipent cette volonté
12:27et ce volontarisme budgétaire
12:29et ce volontarisme en termes de politique structurelle.
12:31Et donc finalement,
12:32ce qu'on observe,
12:32c'est que le marché chinois
12:33à l'heure actuelle
12:34montre certaines opportunités d'achat.
12:37Alors la question qu'on peut se poser
12:38quand vous nous dites effectivement
12:39que le politique veut soutenir l'économie,
12:41ça veut dire qu'il n'y a plus
12:42de risque politique en Chine
12:43puisqu'on a vu que parfois
12:45le politique pouvait effectivement
12:47intervenir de manière assez brutale
12:50dans l'économie chinoise.
12:52Là, ça veut dire que ce risque
12:53est plus maîtrisé aujourd'hui
12:54ou pas forcément ?
12:55On reste dans un cadre
12:55d'économie dirigée.
12:57En revanche,
12:58je pense que le Parti communiste chinois
13:01a compris et a appris de ses erreurs
13:03et souhaite mettre en place
13:04des politiques économiques
13:06qui aillent dans le sens
13:07d'une reconstitution
13:08de l'effet de richesse
13:09parce qu'on ne peut que stimuler
13:11l'économie chinoise
13:12par la demande interne.
13:13Il y a une suraccumulation
13:14de capacités de production.
13:17On a des tensions commerciales
13:19qui se font de plus en plus prégnantes
13:20à travers le monde
13:21et donc la Chine doit pouvoir
13:23être en capacité
13:24d'absorber la production
13:25de ces entreprises.
13:28Kevin Tozet,
13:28même question.
13:29Comment est-ce qu'on regarde
13:29l'économie chinoise
13:31à la lumière des marchés
13:32puisque c'est peut-être
13:32la première chose
13:33qui nous parvient.
13:34C'est des marchés
13:34qui fonctionnent bien,
13:36qui cachent peut-être
13:36effectivement une réalité
13:37un petit peu plus complexe
13:38en matière d'économie.
13:40Mais la question,
13:40c'est la question
13:41à un investisseur.
13:42Oui, alors c'est vrai
13:43que l'économie
13:44et les marchés chinois
13:45ont ceci de très particulier.
13:47C'est que la performance
13:48des actifs risqués
13:49ou des actions
13:50en l'occurrence chinoises
13:51et la performance économique
13:53de la Chine
13:53est très peu corrélée.
13:55C'est-à-dire que si vous regardez...
13:57Et pourtant,
13:58c'est ceux des entreprises
13:58qui vendent
13:59sur le marché domestique.
14:00Si vous regardez
14:00sur les 10, 15, 20 dernières années,
14:02je veux dire,
14:02l'économie qui est passée
14:04on va dire
14:05de la fin de classement
14:07à la deuxième économie mondiale,
14:09c'est la Chine.
14:10Les marchés de l'action chinois,
14:11ils en sont très très loin.
14:12Donc ça,
14:13c'est un premier élément.
14:15Alors peut-être, pardon,
14:15juste pour bien comprendre,
14:16parce que quand on regarde
14:17les chiffres de croissance chinoise,
14:19on est quand même
14:19aux alentours des 5%.
14:20ce n'est pas si mauvais
14:22quand on parlait
14:22de la croissance en Europe
14:24ou les anticipations de la BCE
14:26qui sont aux alentours
14:27de plutôt 1%.
14:27Oui, mais il y a un élément important,
14:29c'est quand on regarde
14:30la croissance économique,
14:31il faut regarder
14:31la croissance potentielle.
14:32C'est-à-dire que si vous avez
14:33une démographie aussi importante
14:35que celle de l'Inde,
14:36votre croissance économique,
14:38elle va être beaucoup plus importante
14:39que ce qu'elle va être en Allemagne.
14:40C'est-à-dire que la croissance potentielle
14:41en Allemagne,
14:42la Bundesbank nous dit
14:43entre 0 et 0,5.
14:44Donc quand l'Allemagne
14:45imprime, publie des chiffres
14:48de croissance à 1%,
14:49ça veut dire qu'elle croit
14:50deux fois plus
14:50que sa tendance de long terme.
14:52Donc c'est bien par ce prisme-là
14:53qu'il faut regarder les choses.
14:55Donc en Chine,
14:56il y a quand même
14:56cette forme de décorrélation
14:58entre la trajectoire économique
14:59du pays
15:00et des marchés d'action chinois.
15:02Je suis assez d'accord
15:03avec Romain
15:03que l'économie chinoise,
15:06c'est 5% de croissance,
15:07étant donné, on va dire,
15:08l'incertitude
15:09ou les tensions commerciales,
15:11même si on devait avoir
15:12une détente
15:12de ces tensions commerciales,
15:13je ne suis pas convaincu
15:14que ça permettra à la Chine
15:16de maintenir
15:16ces 5% de croissance économique.
15:18Et donc on va en faire davantage
15:19et notamment aider le consommateur.
15:21Il y a quand même
15:22quelques mesures
15:22qui ont été mises en place,
15:23notamment des mesures
15:24qu'on a appelées
15:24anti-involution.
15:26Je n'ai pas trouvé
15:26la version française.
15:28Disons-le en anglais
15:28dans ce cas-là.
15:29Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
15:30Ça veut dire que
15:31ce qu'a fait la Chine historiquement,
15:33c'est qu'elle a créé
15:33beaucoup de compétitions
15:35en interne
15:36sur des technologies
15:37qu'elle estime porteuses.
15:39Et cette compétition-là,
15:41ça veut dire qu'il y a quand même
15:42des morts
15:42sur le bord de la route.
15:43Il y a des entreprises
15:43qui ne s'en sortent pas.
15:44Par contre, ça veut dire
15:45qu'on va avancer très vite
15:46sur le véhicule électrique,
15:47sur les panneaux solaires,
15:49sur les renouvelables.
15:50Par contre,
15:51boursièrement,
15:52c'est très compliqué
15:52parce qu'il y a peut-être
15:54une dizaine,
15:55une vingtaine,
15:55voire une centaine
15:56d'appelées d'entreprises
15:57qui font par exemple
15:58des véhicules électriques en Chine
15:59et il n'y en a pas 100
16:00qui vont survivre à la fin.
16:01Donc ce que font
16:02les autorités chinoises,
16:02c'est qu'elles commencent
16:03à évoluer,
16:05en tout cas à bouger,
16:06à virer de bord
16:06sur ce front-là.
16:07D'accord,
16:08c'est-à-dire que derrière
16:08les performances des indices,
16:10il faut bien comprendre
16:10qu'il y a une compétition
16:12accrue et féroce en interne
16:14et que toutes les entreprises
16:16ne gagnent pas la course
16:17à l'innovation.
16:18Ça, c'était avant.
16:19Ce qui se passe dorénavant,
16:21c'est qu'on encourage moins,
16:23je ne sais pas,
16:24les autorités locales chinoises,
16:25elles vont moins encourager
16:25à avoir autant
16:27de constructeurs automobiles
16:28qu'il y avait de régions en Chine.
16:29Elles vont moins le faire,
16:30donc on va moins favoriser
16:31cette compétition interne.
16:34Donc ça, ça va plutôt
16:34avoir d'être de nature
16:35à aider les entreprises
16:36parce qu'il y en aura moins
16:37qui seront laissés
16:38sur le bord de la route.
16:39Par contre,
16:39ce n'est pas une très bonne nouvelle
16:40pour l'économie en tant que telle.
16:41Pourquoi ?
16:42Parce que ça veut dire
16:42que le véhicule électrique,
16:43par exemple,
16:43si je reste sur cet exemple-là,
16:45il va de facto coûter plus cher
16:46parce qu'il y aura moins
16:47de compétition.
16:49Donc ça, c'est une chose.
16:50Si on élargit un petit peu
16:51au reste de l'Asie,
16:54Romain parlait des tensions
16:56qui peuvent exister,
16:57qui ont pu exister depuis,
16:58alors ce n'est pas Trump 2.0,
16:59même depuis Trump 1.0,
17:01on en parlait avant
17:01de venir sur le plateau,
17:02ça a fait quoi ?
17:04Ça a fait que la Chine
17:05s'est reportée,
17:06s'est déportée
17:06sur ce qu'on appelle
17:07le sud global.
17:08Et si j'essaye de capturer
17:11tout ça dans une phrase simple,
17:12c'est-à-dire que ce qu'on voit
17:13et ce qu'on a vu
17:14à Tianjin,
17:15en grande banlieue de Pékin,
17:18on a vu il y a quelques semaines
17:19des réunions qui rassemblent
17:21Modi,
17:22donc le président indien,
17:23Poutine,
17:24le président russe
17:24et Xi Jinping,
17:25le chef du parti communiste chinois.
17:27Et qu'est-ce que ça nous amène
17:28à ça concrètement ?
17:30C'est qu'on a
17:30une puissance économique,
17:32la Russie,
17:32qui produit des matières premières
17:34parmi les moins chères au monde,
17:35c'est-à-dire que le gaz russe
17:36est 30% moins cher
17:37que le gaz dans le reste du monde.
17:38Ça c'est une chose.
17:39On a une puissance économique
17:40qui a le coût en capital
17:42le plus faible au monde,
17:43la Chine en l'occurrence.
17:44Les taux d'emprunt chinois
17:45en euros,
17:46ils sont à 2,5%.
17:47En yuan,
17:47ils sont à 1,5%.
17:48Donc c'est là que le coût en capital
17:49est le plus faible au monde.
17:51Et enfin,
17:51vous en avez un troisième,
17:52c'est l'Inde
17:53qui est le coût de production manufacturière,
17:55un des plus faibles au monde.
17:56D'une semaine
17:57ou un mois de travail en Inde,
18:00c'est à peu près 200 dollars par mois
18:02pour l'ouvrier moyen.
18:03Vous regardez aux Etats-Unis,
18:04on est plutôt autour de 7000 dollars
18:06pour le coût de l'entreprise.
18:07Donc vous voyez bien que là,
18:09se crée une dynamique
18:10potentiellement extrêmement virtueuse
18:11pour ces économies asiatiques.
18:13Très rapidement,
18:13Romain Aumont,
18:14quelle stratégie d'allocation
18:15dans le contexte
18:15qu'on vient d'évoquer aujourd'hui ?
18:17On reste très constructif
18:19sur les marchés actions américains.
18:21Premièrement,
18:22en dépit du bruit
18:22et du shutdown
18:23que l'on observe.
18:24On va chercher
18:25des durations courtes
18:27sur les emprunts d'Etat
18:29européens ou américains.
18:31On va éviter le long.
18:31Il y a beaucoup de tensions.
18:32Il y a une rareté
18:33un petit peu sur le long
18:34qui peut amener
18:34de la volatilité
18:35dans les portefeuilles.
18:36Et plus globalement,
18:37on reste quand même
18:38très constructif
18:39sur la dette d'entreprise
18:40bien notée,
18:41que ce soit aux Etats-Unis
18:42ou que ce soit en zone euro.
18:44Kevin Tozet,
18:45même question.
18:45Quelle stratégie d'allocation
18:46à l'heure actuelle ?
18:48Alors, je l'ai dit,
18:49si on doit donner
18:49des chiffres concrets,
18:50on a 40% d'exposition
18:51dans un portefeuille diversifié,
18:52une 25-30% d'exposition
18:54au marché du crédit.
18:56Et ensuite,
18:57on va essayer de chercher
18:57une forme de ceinture de sécurité,
18:59cette airbag
18:59dans ce portefeuille-là.
19:01Pas du dollar,
19:02qui sont des actifs
19:03plutôt défensifs.
19:04On va plutôt préférer
19:04les G du Yen japonais,
19:05par exemple,
19:06qui peut aussi avoir
19:06cette vertu-là,
19:07avec moins,
19:08on va dire,
19:09l'aléa morale
19:09liée à la nouvelle
19:10présidence américaine.
19:12On va avoir des taux courts
19:13plutôt européens,
19:13américains moins,
19:14parce que je trouve
19:15qu'il y a quand même
19:15beaucoup d'anticipation
19:16dans les perspectives
19:17de politique monétaire américaine.
19:19Et les taux longs,
19:19on reste très éloignés.
19:20On a encore eu
19:21des adjudications
19:22au Japon
19:24qui sont bien passées.
19:25Le Japon,
19:25c'est une thématique
19:26que vous aimez bien ?
19:27Il y a des élections
19:28ce week-end,
19:28ça tombe bien.
19:31Et oui,
19:32le Japon est clairement
19:33à contre-pied
19:33par rapport à ce qui se fait
19:35ailleurs,
19:35c'est-à-dire qu'on a
19:36une banque centrale
19:36qui va remonter
19:37ses taux d'intérêt.
19:38Ça a plutôt aidé
19:40la devise.
19:40On a enfin,
19:41on est sorti
19:42de la déflation,
19:43après 20 ans de déflation
19:44au Japon,
19:44on a enfin
19:45une dynamique favorable
19:46de boucle prix-salaire
19:47qui se met en place,
19:49qui croissent,
19:50plus de consommation
19:51et ça reste quand même
19:52largement sous-investi,
19:53je crois.
19:53Merci Kevin Tozet,
19:54membre du comité d'investissement
19:55de Carmignac.
19:56Merci également Romain Aumon,
19:58macroéconomiste et stratégiste
19:59chez Natixis Investment Manager.
20:01Je regarde tout de suite
20:02la tendance du CAC 40
20:03avec vous à l'heure
20:04où on se parle.
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