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  • il y a 2 mois
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00On le disait, le timing est terrible. Le mercredi 10 septembre, deux jours plus tôt, aura lieu le mouvement Bloquons Tout, qui pourrait peut-être paralyser le pays.
00:09Écoutez, François Bayrou, qui s'est exprimé aujourd'hui à la surprise générale, il affirme que sa décision de solliciter un vote de confiance est directement liée à ce mouvement. Écoutez.
00:18– Alors je vais vous dire, moi, pourquoi j'ai fait ça. C'est en effet inédit. C'est en effet sans précédent. Mais parce qu'il était en train de se passer dans le pays quelque chose dont j'ai conclu que ce mouvement m'empêcherait à coup sûr de conduire la politique nécessaire.
00:40– Une censure ? – Et donc j'ai alerté très tôt. J'ai alerté depuis le mois d'avril dans une conférence de presse importante.
00:47J'ai alerté depuis le mois de juillet en présentant un plan et je me suis aperçu assez vite qu'on était en train totalement de perdre de vue le sujet.
00:59Et ma certitude, c'est que s'organisait autour de cette rentrée un mouvement social qui est un mouvement qui est profondément injuste.
01:13– Et pour en parler, Benjamin Amard nous a rejoint sur ce plateau. Bonsoir. – Bonsoir.
01:19– Merci d'être avec nous, membre de la direction CGT 94. Vous êtes aussi enseignant.
01:25Jean-François Amadieu, bonsoir. – Bonsoir.
01:27– Merci d'être là, professeur à l'université Panthéon-Sorbonne. Vous êtes spécialiste des relations sociales.
01:32Et Guilhem Carayon, bonsoir. – Bonsoir.
01:34– Vice-président de l'UDR. Merci d'être là.
01:38Alors, c'est vrai qu'on l'a beaucoup entendu ces derniers jours, François Véroux.
01:43Il s'est beaucoup exprimé dans les médias.
01:45Mais alors, pour la première fois, c'est vrai qu'il dit quelque chose de nouveau,
01:49notamment sur ce fameux mouvement du 10 septembre.
01:52Il dit qu'il a mis son gouvernement sur la sellette parce que ce mouvement grandissait, en quelque sorte, Benjamin Amard.
02:00– Oui, enfin, il a dit beaucoup de choses en ce moment. On le voit à peu près partout, François Véroux.
02:04– Mais il semble vouloir apparaître courageux en disant, voilà, je voyais ce mouvement.
02:08Je vois que ça vous fait rire, Serge Faubère. Ne soyez pas taquin.
02:12Mais c'est vrai que François Véroux veut apparaître comme l'homme de la nation, du courage,
02:18en disant, en quelque sorte, moi, j'ai vu ce mouvement grandir, j'ai vu que je ne pouvais rien faire.
02:22Donc, voilà, j'ai demandé le vote de confiance.
02:25– Oui, après, je vais vous dire franchement, bon, j'écoute ce que dit François Véroux, bien évidemment.
02:29Mais enfin, l'exercice de communication qui se joue, là, depuis quelques jours, est assez peu intéressant.
02:35Il ne nous dit rien de neuf. Alors, là, quelque part, il nous explique ses états d'âme.
02:40Apparemment, il aurait un don de visionnaire qui lui permet, effectivement, de justifier à postériori son positionnement.
02:47Bon, moi, je crois surtout qu'il a surpris à peu près son propre camp, là, avec cette proposition du vote de confiance.
02:58Bon, mais derrière, moi, ce qui est surtout important, je pense, c'est que derrière le 8 septembre, il y a le 10 septembre.
03:05Et le 10 septembre, il y a ce grand mouvement.
03:06Et il ne faut pas, effectivement, que, je pense qu'il y a peut-être une sorte de volonté de faire diversion, en quelque sorte,
03:13peut-être espérer un peu dégonfler la dynamique du 10.
03:16Mais derrière, finalement, pour nous, honnêtement, les états d'âme de François Véroux, c'est assez secondaire.
03:21– Comment vous expliquez cette déclaration, Bruno Jeudy ?
03:24– Oui, on voit intervention après intervention.
03:27Il essaie d'expliquer pourquoi il en est arrivé à ce choix de vote de confiance.
03:33Et maintenant, à quelques, je ne vais pas dire quelques heures, mais enfin, c'est lundi.
03:39Maintenant, il dit, au fond, il fait sacrifice quasiment de sa personne et de son gouvernement
03:44parce que ce mouvement du 10 septembre va être très important,
03:48parce qu'il a des remontées qui lui permettent de le dire.
03:51Il faut connaître une chose, quand même, dans ce qui restera de mystérieux.
03:54Pourquoi François Véroux décide d'en appeler un vote de confiance ?
03:59– Vous trouvez que c'est un mystère, vous ?
04:00– Moi, je trouve, parce que je connais François Véroux depuis longtemps.
04:03François Véroux, il prend cette décision, il l'annonce le 25 août.
04:10Moi, je trouve aussi qu'un peu de la précipitation,
04:13peut-être qu'il a été poussé un peu à une faute politique.
04:16Il y a ce mouvement qui démarre sur les réseaux sociaux,
04:19qui surgit dans l'univers médiatique parce que Jean-Luc Mélenchon
04:26pousse au feu sur ce mouvement à partir du 17 août,
04:30avec une tribune dans la tribune de dimanche, justement,
04:33où il décide de le soutenir fortement.
04:35Et là, tout à coup, ça devient un objet médiatique,
04:37un objet de pression sur le gouvernement et sur François Véroux,
04:40comme si, au fond, finalement, il avait été un peu poussé à la faute,
04:44parce qu'il y a quand même un lien entre cette décision soudaine de François Véroux
04:47et ce mouvement qui, on ne sait pas exactement quelle importance il va prendre.
04:51Nous, ça fait trois semaines qu'un journaliste suit ce mouvement,
04:53il est allé dans des assemblées générales, on voit qu'il monte,
04:56il a un peu changé de nature, il avait démarré plutôt du côté de la droite extrême.
05:00Aujourd'hui, il est largement repris et soutenu par une partie des syndicats
05:04et des insoumis, sans qu'on sache si ce mouvement va être important.
05:09C'est vrai qu'il y a une note des renseignements qui explique qu'il y a des surveillances
05:15qui vont être mises en place autour des raffineries, autour des centres commerciaux,
05:19parce qu'il y a une tentative de blocage, pas seulement manifestée, mais surtout blocage.
05:23Est-ce que ça marchera ? Personne ne sait réellement, en fait, l'importance.
05:27Force Ouvrière, le leader m'expliquait qu'ils avaient calculé qu'au fond,
05:31il y avait maximum 100 à 150 000 likes autour de ce qui est posté sur les réseaux.
05:37La pétition de Force Ouvrière, c'est 350 000 personnes,
05:40donc combien ils seront ? Personne ne sait, c'est assez peu par rapport à...
05:43On peut développer la CGT, par exemple.
05:44On le verra assez rapidement si ce mouvement prend de l'ampleur.
05:48En attendant, que pensent les Français de ce mouvement ?
05:51Bloquons tout ? Eh bien, on en sait plus, grâce à vous, notamment Bruno Jeudy,
05:54et grâce à un sondage Ipsos pour la Tribune dimanche,
05:57qu'on peut vous dévoiler ce soir en exclusivité.
06:00Et alors, voici l'une des questions qui a été posée aux personnes interrogées.
06:04Quel jugement portez-vous sur les différentes initiatives
06:07qui se tiendront en France ce mercredi 10 septembre ?
06:10Eh bien, 46% la soutiennent.
06:14C'est déjà assez fort, Guillaume Carayon.
06:16Est-ce que ça vous étonne qu'il y ait pratiquement la moitié des Français interrogés
06:21qui soutiennent ce mouvement ?
06:22Non, c'est considérable, mais ça traduit surtout le désaveu de nos gouvernants.
06:26Les Français sanctionnent le gouvernement,
06:28les Français sanctionnent François Bayou, Emmanuel Macron,
06:30et c'est la raison pour laquelle ils sont pour un mouvement qui promet de bloquer le pays.
06:34Moi, je pense qu'il ne faut pas en arriver là,
06:35parce que la réalité, c'est qu'on a aujourd'hui en France une situation de nos finances publiques
06:40qui est complètement dégradée.
06:41On a 3 400 milliards de dettes.
06:44On a une dette qui augmente chaque minute de 300 000 euros.
06:47La charge de la dette, c'est-à-dire ce qu'on paye du fait de la mauvaise gestion de nos dirigeants,
06:50c'est 65 milliards d'euros.
06:52C'est le premier poste de dépense de l'État.
06:53Donc moi, je crois que François Bayou a plutôt raison de dire qu'il y a une crise des finances publiques
06:57et qu'il faut y remédier.
06:58Simplement, ça fait plus de 6 mois qu'il est à la tête du gouvernement.
07:01On s'attendait à des pistes audacieuses dans son budget.
07:04Et la réalité, c'est qu'on n'a rien.
07:06La seule proposition, la proposition la plus marquante, c'est de supprimer 2 jours fériés.
07:09François Bayou, ça fait 40 ans qu'il fait de la politique.
07:12Ça fait 40 ans qu'il nous dit qu'il y a une crise des finances publiques.
07:14Et les seules propositions qu'il a aujourd'hui, ce ne sont pas des réformes structurelles pour baisser la dépense publique.
07:18Donc nous, on trouve ça très décevant.
07:20Et c'est la raison pour laquelle mon groupe politique, l'IDR et le Ration national,
07:23on n'accordera pas notre confiance à ce gouvernement.
07:25Oui, mais pour en revenir justement sur ce sondage et sur ces mobilisations du 10 septembre,
07:30Jean-François Amadieu, comment est-ce qu'on peut expliquer qu'un Français sur deux soutienne ce mouvement
07:34alors que son ampleur est assez incertaine ?
07:38Oui. Moi, ce qui me frappe dans ce sondage, c'est que le niveau de soutien des Français, 46%,
07:44les autres sont indifférents ou opposés, d'accord ?
07:48C'est un chiffre particulièrement faible.
07:51Il faut savoir qu'il est même en baisse par rapport à ce qu'on avait il y a encore quelques jours.
07:56C'est vrai qu'il est légèrement en baisse, vous avez raison.
07:58Oui, il est en baisse, on devait être à 56%.
08:00Et normalement, on additionne le soutien et la sympathie.
08:04Là, dans cette question, c'est uniquement le soutien.
08:07Mais c'est un chiffre historiquement bas.
08:11Je vous rappelle que les Français, pour tous les mouvements, les Gilets jaunes,
08:15et bien sûr toutes les grandes réformes, retraites, etc.,
08:18le soutien des Français, c'est toujours entre les deux tiers et 75% dans l'ensemble de la population.
08:27Pour les Gilets jaunes, au mois de novembre 2018, nous étions à plus de 66%,
08:32parfois de 70% de soutien et de sympathie dès le début.
08:35Donc en fait, ce chiffre est un chiffre qui est faible.
08:38Ça confirme ce qu'on observait déjà il y a quelques jours.
08:40Ce n'est pas du tout une adhésion importante.
08:45Je le dis parce que si vous regardez sur des décennies en France, vraiment,
08:50tous les mouvements sociaux, quels qu'ils soient,
08:52sauf quelques rares cas de grèves à la SNCF,
08:55il y a quelques cas,
08:56mais le reste du temps, tous ces mouvements sont extrêmement populaires.
09:00Les Français soutiennent les grèves, ils soutiennent les manifestants,
09:02ils sont comme ça, voilà.
09:03Donc, en résumé, je me dis que si François Bayrouet a pris ses décisions
09:09en fonction de ce qui lui paraissait un mouvement massif,
09:12ce n'est pas vraiment le cas.
09:13Et j'ajoute que pour un homme politique,
09:15on est sans cesse confronté, en France,
09:18à l'expression de la rue, aux manifestations,
09:21à des Gilets jaunes, etc.
09:22Je dirais que ça fait partie de la vie politique.
09:24Et ça n'empêche pas de décider, de réformer, etc.
09:28Les réformes des retraites se font.
09:29Il n'y a rien d'exceptionnel dans cette journée de mobilisation.
09:34On peut tout à fait faire passer des réformes.
09:37C'est possible.
09:38Donc, c'est pour ça que cette journée...
09:40Est-ce qu'on sous-estime cette colère sociale, Benjamin Amar ?
09:43Si on en reste à cette analyse, oui.
09:45Parce que quand même, dans votre sondage,
09:46il y a 26%, je crois, d'indécis, de gens indifférents.
09:50Vous dites qu'ils n'en ont rien à faire.
09:52Si soyons précis, parce qu'on a quand même d'autres sondages
09:56qui ne datent pas d'il y a six mois,
09:57qui datent d'il y a quelques jours,
09:59où vous aviez, je crois, 68% des Français
10:01qui étaient favorables aux manifestations
10:03et 58% qui étaient favorables au blocage.
10:06Donc là, dans votre sondage, il y a une zone grise
10:08autour des 26%.
10:10Ne dites pas du mal de notre sondage exclusif.
10:12Je ne dis pas du mal de votre sondage.
10:14Je dis qu'il faut savoir interpréter cette zone d'incertitude.
10:18En effet, ce mouvement, c'est quand même un ovni.
10:20Il est arrivé sur les réseaux sociaux.
10:23Il y a effectivement des choses qui sont encore...
10:26C'est toute la complexité, en fait, de ce mouvement.
10:27Parce que, évidemment, vous, le CGT,
10:30et puis je crois qu'il y a nos syndicats,
10:31vous greffez sur le mouvement,
10:33mais il n'est pas à l'origine syndicale.
10:35Bien sûr, mais...
10:36Oui, c'est un acte citoyen.
10:37C'est un mouvement un peu dégagiste, en fait,
10:39quand on regarde la notion du mouvement.
10:40C'est un mouvement qui respire une colère sociale profonde.
10:46Celle des Gilets jaunes qui ne s'est jamais vraiment éteinte.
10:49Et donc, c'est vrai qu'on ne sait pas trop comment ça va s'organiser, etc.
10:54On sait qu'il y a une colère sociale profonde qui s'exprime,
10:57mais je pense que les gens, les 26%, effectivement,
11:00sont un petit peu dans l'attente des choses.
11:03Mais par contre, ce qui, quand on voit la colère sociale dans ce pays,
11:07elle est viscérale, en fait.
11:09Et ce qui s'est passé au moment des Gilets jaunes n'a jamais été soldé.
11:13Et l'agenda...
11:14M. Amadieu disait à l'instant,
11:16les syndicats ont mobilisé,
11:19mais les réformes sont passées.
11:20Enfin, les pouvoirs politiques sont en guenille.
11:22Aujourd'hui, le pouvoir politique, il est en lambeau.
11:25Parce qu'il y a eu des mobilisations
11:26qui n'ont pas été écoutées, qui n'ont pas été entendues.
11:28Il y a des votes qui ont eu lieu l'année dernière
11:31qui n'ont pas été entendus.
11:32Et aujourd'hui, on est dans une situation politique complètement nouvelle.
11:36Elle est inconnue.
11:37On n'a jamais vu ça dans l'histoire politique française.
11:39On va se retrouver avec, probablement, demain,
11:42deux gouvernements qui seront renversés
11:46par le pouvoir parlementaire.
11:48On a un risque de dissolution,
11:50une deuxième dissolution en moins d'un an,
11:52avec un très fort point d'interrogation.
11:55On n'a jamais vu ça.
11:56C'est le résultat d'un pouvoir politique complètement obtu,
11:59qui n'a rien écouté.
12:00Et aujourd'hui, on lui présente l'addition.
12:02Le 10, on ne peut pas savoir ce qui va se passer.
12:04Mais ce qui est certain,
12:05c'est qu'on a une colère sociale qui est l'attente.
12:08Et là, c'est l'énième réminiscence.
12:10Les syndicats...
12:11La CGT est là parce que c'est son rôle.
12:15Justement, je voudrais qu'on se penche sur les raisons
12:17qui expliquent l'émergence de ce type de mouvement.
12:19C'est aussi la question qui a été posée à un panel de Français.
12:23La baisse du pouvoir d'achat des ménages pour 51%.
12:27Le plan de François Bayrou pour la réduction du déficit,
12:3046%.
12:31L'hostilité à Emmanuel Macron et François Bayrou,
12:3443%.
12:35On est avec Franck Louvrier.
12:38Bonsoir, monsieur le maire.
12:39Maire les Républicains de la Baule et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
12:43Vous avez regardé avec nous toutes ces raisons qui expliquent notamment ce mouvement.
12:47Est-ce que vous, vous la comprenez, cette colère des Français ?
12:50Bien sûr.
12:51Elle traduit la désaffection des Français d'abord à la situation totalement floue
12:56et perturbante qu'ils ont depuis plusieurs semaines maintenant et plusieurs mois,
13:00aussi bien au niveau international qu'au niveau national.
13:04Et puis, il y a aussi un sentiment de ne plus pouvoir, d'une façon ou d'une autre,
13:10répondre à leurs besoins.
13:11Et on l'a vu très clairement, je suis une ville balnéaire,
13:14sur la consommation touristique cette année au niveau national.
13:18Vous avez bien vu que les gens avaient réduit leur consommation de façon vraiment drastique,
13:24alors qu'ils ont voulu partir en vacances, mais qu'ils ont moins consommé,
13:28ils sont allés moins dans les restaurants, ils ont fait très attention à leur consommation.
13:32Donc tout ça fait que ça crée un climat qui est un climat très défavorable.
13:35Et je dirais que le sondage n'est pas catastrophique par rapport au sentiment que j'ai du climat
13:40qui est encore beaucoup plus négatif.
13:42Parce que, vous le voyez bien, les codes de popularité des dirigeants sont très basses,
13:47le désarroi des Français est très profond,
13:50et donc j'ai vraiment le sentiment qu'ils sont très déstabilisés par la situation du moment qui dure.
13:56Parce que le problème, c'est aussi la longueur de cette situation.
13:59Ça ne fait que durer.
14:01Mais est-ce que vous, Franck Louvrier, vous soutenez ce mouvement ?
14:03Quand on regarde ce sondage, justement, on se rend compte que seulement 19% des sympathisants LR
14:09soutiennent cette journée de mobilisation et de blocage.
14:12Non, parce que je ne pense pas que c'est la bonne solution.
14:15Moi, je pense que la bonne solution, c'est de faire des réformes.
14:17Malheureusement, on a un Premier ministre qui gère son agenda personnel
14:21et pas du tout celui de la France.
14:23Il gère son calendrier.
14:25Il a géré son calendrier d'entrée au gouvernement.
14:28Il gère son calendrier de sortie, ce qui est assez incroyable,
14:31parce qu'honnêtement, il aurait pu continuer à négocier plutôt que de faire des plateaux de télévision
14:35pour essayer de convaincre les Français de la dette.
14:38Personne ne pense que la dette, c'est une bonne chose.
14:40Mais par contre, il aurait dû essayer de tisser des relations plus profondes encore
14:44avec ceux qui pouvaient éventuellement faire passer un budget.
14:47Donc là, on est face à une forme de désertion, honnêtement,
14:50de la part du Premier ministre qui exaspère aussi les Français.
14:53Parce qu'il a les clés, c'est à lui de régler les problèmes.
14:56Quand on les souhaite, ces clés-là, on les prend et on gère.
14:58Vous savez, à un moment donné, il y a un esprit de responsabilité.
15:02Et là, on le voit bien, la situation.
15:04Alors, il essaie de raconter une autre histoire depuis quelques heures
15:07en expliquant que c'est le mouvement social qui arrivait.
15:09Ce n'est pas du tout ça.
15:10La réalité des choses, c'est qu'il voulait partir au bon moment
15:13pour éventuellement faire sa campagne municipale à Pau.
15:16Mais tout ça, c'est exaspère, les gens.
15:18Je peux vous l'assurer.
15:19Et donc, mon sentiment, c'est que ça ne va ne faire que croissant.
15:23Et c'est pour ça que, malheureusement, je crains que la solution soit la dissolution.
15:28Parce que le président va être poussé dehors, sinon, dans cette situation.
15:32Donc, ce n'est pas en changeant de Premier ministre qu'on va régler le problème, malheureusement.
15:36C'est en faisant des réformes profondes.
15:37Et je crains qu'on n'ait pas de majorité pour faire ces réformes profondes.
15:41Comme le disait à juste titre Alain Madelin,
15:42il faut plus déconcentrer, plus décentraliser,
15:45donner du pouvoir aux locaux pour pouvoir justement libérer l'État
15:49de ce poids qui est beaucoup trop lourd pour les Français.
15:52– On reviendra sur la question de la dissolution.
15:54Restez bien avec nous, Franck Louvrier.
15:56Mais d'abord, Serge Faubert, peut-être,
15:58sur une de ces données que l'on découvre sur ce sondage,
16:02ce qui met en colère notamment ces Français,
16:05c'est l'éloignement croissant entre le peuple et les élites.
16:09C'est intéressant.
16:10– Oui, c'est un profond sentiment d'injustice qui parcourt ce mouvement.
16:15Les Gilets jaunes, c'était un phénomène de relégation sociale
16:18qui s'exprimait à travers le prix du gasoil.
16:21C'est-à-dire que lorsqu'on vit dans le périurbain,
16:24il faut une voiture pour se déplacer.
16:26Si le gasoil est trop cher, on ne peut plus se déplacer.
16:30Et on est vraiment exclus de la vie sociale.
16:32Là, c'est différent.
16:33C'est vraiment le sentiment que ça va trop loin
16:35dans les écarts entre, d'une part, les élites économiques et politiques,
16:39et tout le monde est muni dans le même sac, y compris les journalistes,
16:41et puis les gens qui travaillent ou qui essayent de survivre.
16:47Et cette injustice, elle ne trouve pas de cadre, pour l'instant,
16:50dans lequel s'exprimer.
16:51Finalement, on a eu deux grands mouvements sociaux.
16:54Les Gilets jaunes, ça a donné un grand débat qui a fait flop à l'arrivée.
16:57On n'a même pas numérisé les cahiers de doléances,
16:59et on ne sait pas ce qu'il en est devenu.
17:01Et puis le mouvement des retraites.
17:03– Il y a plus de 12 milliards quand même.
17:04– Le Macron a fait un chèque pour sortir de mettre un terme au mouvement.
17:09– Oui, enfin, visiblement, ça n'a pas satisfait les gens,
17:12parce que de toute manière, ça a recommencé avec le mouvement
17:14contre la réforme des retraites.
17:16Ce sont les mêmes gens, il ne faut pas s'y tromper.
17:18C'est l'expression d'une colère populaire.
17:21Dans les deux premiers mouvements, il y a des revendications identifiées.
17:25Ici, c'est un ras-le-bol général qui s'exprime.
17:27Un ras-le-bol.
17:28Alors, bien évidemment, ça inquiète.
17:30On ne sait pas qui organise ça,
17:32quelle forme ça va prendre dans la rue,
17:33est-ce qu'il va y avoir des violences ?
17:36Est-ce qu'il y a des mots d'ordre bien précis ?
17:38L'objet, finalement, du ressentiment, c'était François Bayrou et le budget.
17:42Mais dans l'intervalle, François Bayrou, vraisemblablement,
17:45ne sera plus parmi nous.
17:46Et le budget, en même temps.
17:49Et puis, quand François Bayrou dit il y a le 10 septembre,
17:52il oublie de dire aussi il y a le 18 septembre,
17:54avec la manifestation de l'intersyndicale.
17:56Il ne faudrait peut-être pas oublier les organisations syndicales dans cette affaire.
17:59Les cortèges risquent d'être, à mon avis,
18:01plus conséquents que ceux du 10 septembre.
18:04Et ce sera une bonne indication de la température sociale.
18:07Et puis, au-delà, François Bayrou savait qu'il était condamné,
18:09de toute manière, son budget ne serait pas passé sans 49,3.
18:13S'il y avait eu un 49,3,
18:15il y aurait eu une motion de censure,
18:17et il partait finalement chassé par la représentation nationale.
18:22Là, il préfère jouer celui qui a dit la vérité,
18:25dit-il, au pays,
18:26et qui s'en va draper dans sa dignité,
18:29et qui va nous faire, pendant deux ans maintenant,
18:31je vous l'avais bien dit,
18:33dans l'espoir éventuel de revenir en 2027.
18:36Mais je crois qu'il est le seul à compter sur son retour au sommet de l'État.
18:41– Jean-François Amadieu, sur ce qu'a dit Serge Faubert.
18:43Alors, il a dit beaucoup de choses, Serge Faubert,
18:45mais il a notamment parlé du sentiment de déclassement.
18:49Est-ce qu'il est toujours présent ?
18:50– Oui, ça bien sûr, depuis déjà un certain nombre d'années,
18:53c'est ce qu'on voit dans les enquêtes.
18:57Il y a une problématique différente pour les gilets jaunes,
19:00c'était la relégation dans les territoires,
19:02une des problématiques aussi économiques,
19:04vous les avez rappelées.
19:05Mais dans votre sondage,
19:07et vous le disiez à l'instant,
19:09il y a aussi cette question,
19:10ce sentiment,
19:11on le trouvait beaucoup dans le cas des gilets jaunes,
19:13que les politiques sont distants,
19:17on ne peut pas leur faire confiance.
19:18Et ça, on le trouve dans toutes les enquêtes,
19:22depuis longtemps, bien sûr, en France.
19:24Vous avez ajouté que pour les journalistes,
19:27c'est encore pire.
19:27Mais si vous voulez,
19:28il y a effectivement cette réaction des Français.
19:31On la trouve aussi dans d'autres pays,
19:33il n'y a pas qu'en France.
19:34Donc ça, c'est la toile de fond.
19:36Maintenant, pour revenir au...
19:38Je suis d'accord avec vous,
19:39le 18 sera évidemment davantage suivi,
19:43il y aura des mobilisations plus classiques,
19:45mais dans le cadre d'une journée interprofessionnelle.
19:47Et là,
19:51puisque Benjamin Amard trouvait que peut-être que la messe n'était pas dite,
19:56et je comprends qu'ils le disent,
19:57et que ce mouvement peut rencontrer l'approbation des Français plus massivement,
20:02on verra le 8, le 9, le 10.
20:05Mais il intervient dans une période assez curieuse,
20:09avec un vide,
20:10alors je ne sais pas ce qui sera annoncé le 8, le 9, peut-être,
20:12mais une situation assez atypique,
20:15parce que d'ordinaire, dans les grandes mobilisations,
20:16Benjamin Amard le sait bien, par exemple sur les retraites,
20:19eh bien, il y a un gouvernement, il y a un projet,
20:21l'Assemblée discute d'un texte,
20:23et il y a quelque chose de précis contre lequel on pourrait,
20:26on peut mener, dans ce cas, les manifestations et les grèves.
20:29Là, on est vraiment dans une situation de vide,
20:33ce qui est quand même assez atypique.
20:34Donc, au fond, comme si là, le mouvement social,
20:38par avance,
20:40avant même qu'on se mette à discuter d'un budget de mesures précises,
20:42parce qu'il n'y en a plus,
20:43je veux dire, les mesures précises ne sont plus là.
20:46Donc, c'est vraiment assez atypique, c'est rare,
20:50les mobilisations de se trouver dans ces cas de figure,
20:52pas de texte précis, pas d'exécutif,
20:55enfin...
20:56Je voudrais vous faire écouter Jean-Luc Mélenchon, tout à l'heure,
20:59qui s'est exprimé en meeting,
21:01sur la nécessité de tout bloquer.
21:03Écoutez-le.
21:04La colère est légitime et elle est profonde.
21:10Ce n'est pas par caprice qu'une nouvelle fois,
21:13des gens vont faire le sacrifice de la paix quotidienne.
21:17Ce n'est pas par caprice qu'ils vont tout bloquer.
21:21Ils le font parce que la situation est devenue invivable
21:24pour une majorité de gens dans ce pays.
21:27Guillaume Caraillon, vous êtes d'accord avec Jean-Luc Mélenchon sur ce point-là ?
21:31Sur le fait que la situation est invivable pour des millions de Français, oui.
21:35Il y a 10 millions de personnes qui vivent dans notre pays sous le souhait de pauvreté.
21:38Donc oui, la paupérisation, elle explose.
21:40Les licenciements, les plans sociaux explosent.
21:42Vous avez un chômage qui remonte.
21:44Vous avez des chiffres du déficit public, de la dette,
21:45qui sont aujourd'hui catastrophiques.
21:47Donc oui, le ras-le-bol est très fort.
21:49Moi, pour revenir à votre sondage,
21:51je pense que les Français ne veulent pas bloquer le pays.
21:52Et c'est la raison pour laquelle il y a moins d'un Français sur deux
21:54qui veulent blocage le 10.
21:56Mais ce qu'ils veulent, les Français, c'est un retour aux urnes.
21:58C'est un changement de politique.
22:00Et là, pour le coup, sur les sondages qui demandent la démission
22:03du président de la République, on est à 68%.
22:05Sur une nouvelle dissolution, on est à plus de 60%.
22:08Donc il y a une large majorité de Français
22:09qui veulent retourner aux urnes,
22:11qui veulent, je le pense, construire une nouvelle majorité,
22:13à l'Assemblée nationale, parce qu'on voit bien
22:15qu'avec ces trois blocs-là, qui n'ont pas vocation à s'entendre,
22:18il n'y aura rien qui pourra sortir de cette politique.
22:21Donc moi, je considère que la seule solution,
22:22c'est la dissolution de l'Assemblée nationale
22:23et construire une nouvelle majorité.
22:25Anne Deguigné ?
22:26Oui, moi, je ne sais pas vraiment ce que veulent les Français.
22:28Ce que je trouve intéressant, c'est votre sondage
22:30sur les raisons de la colère.
22:32Et le premier, c'est le pouvoir d'achat.
22:34La seconde, grosso modo, les propositions budgétaires
22:37du Premier ministre.
22:38Mais en fait, c'est complètement ambigu.
22:41Pourquoi le pouvoir d'achat est faible ?
22:43Parce que le travail ne paie très mal en France,
22:45en raison de toutes les charges qui paient sur le travail.
22:48Et pourquoi il y a tant de charges pour financer
22:50cette sphère publique si importante,
22:52et notamment l'État-providence ?
22:54Donc pour donner plus de pouvoir d'achat,
22:56il faut faire des réformes.
22:57Et on ne peut pas à la fois demander plus de pouvoir d'achat
22:59et pas de réformes budgétaires.
23:01Et donc, être en colère pour l'un et pour l'autre,
23:05c'est incohérent.
23:06Et on comprend en effet le ras-le-bol,
23:10c'est des sujets compliqués,
23:11et que seules des réformes de long terme
23:12pourra attaquer.
23:15Mais c'est vrai que j'ai trouvé très intéressant
23:17de voir ces deux premiers sujets
23:18qui arrivent tout en haut.
23:20Parce que le pouvoir d'achat,
23:21c'est évidemment le fait que le travail soit bien rémunéré.
23:24Et pour ça, ça demande de revoir vraiment
23:26les politiques publiques.
23:29Ce qui ne veut pas dire moins de protection,
23:31mais beaucoup peuvent être mieux faits,
23:33mieux calibrés, plus efficaces.
23:35Il y a beaucoup à faire.
23:36Benjamin Amart ?
23:37Oui, moi je ne suis pas du tout d'accord avec ça.
23:38C'est-à-dire qu'il n'y a pas de contradiction,
23:40il me semble-t-il.
23:41En réalité, le budget de M. Beyrou
23:47a fait visiblement exploser la colère
23:49pour des raisons très précises.
23:51Moi, je ne partage pas du tout l'analyse.
23:53Les cotisations, vous parlez de charges,
23:57les cotisations, mais enfin bon sang,
23:59il y a 75 milliards d'exonérations
24:00de cotisations patronales par an.
24:02Il y a un rapport sénatorial qui vient de tomber,
24:04qui nous présente un montant d'aides publiques
24:08aux entreprises de 211 milliards.
24:10Attendez, juste, pardon, je finis mon truc quand même.
24:13En l'occurrence, depuis 1996,
24:15le patrimoine des 500 plus grandes fortunes
24:18dans ce pays a été multiplié par 14.
24:20Il correspondait à 6% du PIB en 1996,
24:24il correspond à 40% du PIB en 2025.
24:26Voyez-vous, la colère sociale,
24:27elle est très cohérente avec ces chiffres.
24:29Et donc, le problème, ce n'est certainement pas,
24:31bien évidemment, la question...
24:33Les Français sont très attachés
24:35aux dépenses publiques d'éducation,
24:36aux dépenses publiques de santé.
24:38Et aujourd'hui, dans le ras-le-bol,
24:39dans la casse des services publics,
24:41les Gilets jaunes,
24:42au centre de la colère des Gilets jaunes,
24:43il y avait justement cette question
24:44de l'éloignement des services publics.
24:47Ça, c'est au cœur de la colère.
24:48Et donc, il n'y a pas du tout de contradiction.
24:50C'est bien une colère sociale profonde.
24:52Voilà.
24:52Et c'est bien pour ça que la CGT participe aux 10,
24:56même si, entre le 10,
24:57moi, j'ai toujours dit,
24:58entre le 10 et le 18,
25:00il n'y a aucune contradiction.
25:01Au contraire, c'est très bien
25:03qu'à la différence des Gilets jaunes,
25:04certaines organisations syndicales,
25:06dont la mienne,
25:07se remorquent à cette colère sociale spontanée,
25:10parce que pendant les Gilets jaunes,
25:12ça avait été plus compliqué.
25:13Là, ça se fait au diapason,
25:14c'est une très bonne chose.
25:15Alors,
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