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Mercredi 25 juin 2025, retrouvez Nathalie Benatia (Macroéconomiste, BNP Paribas Asset Management), Raphaël Thuin (Directeur des stratégies de marchés de capitaux, Tikehau Capital) et Olivier Raingeard (Directeur des investissements, Neuflize OBC) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché, Nathalie Benathia est avec nous ce soir, macroéconomiste chez BNP Paribas Asset Management.
00:17Bonsoir Nathalie. Bonsoir.
00:19Raphaël, tu as nous accompagne, le responsable des stratégies de marché de capitaux, de tickets au capital. Bonsoir Raphaël. Bonsoir Révoire.
00:24Olivier Rajard est avec nous également, le directeur des investissements de Neuflis OBC. Bonsoir Olivier. Bonsoir Révoire.
00:29Les marchés ont vécu ces derniers jours au rythme de la géopolitique et de cette guerre dite des 12 jours entre Israël et la République islamique d'Iran, avec une implication directe des États-Unis.
00:41Aujourd'hui, à ce stade, le marché semble acter de la disparition d'un certain nombre de risques extrêmes dans cette région et spécifiquement dans ce conflit entre Israël et l'Iran, Olivier.
00:54Effectivement, il semble que le processus de désescalade soit lancé. Les investisseurs considèrent désormais que le risque géopolitique est derrière nous.
01:04Ce qu'il y a d'intéressant dans la séquence que l'on vient d'avoir, c'est qu'elle confirme les séquences traditionnelles que nous avons en période de risque géopolitique.
01:12À savoir, d'abord, les marchés financiers ne réagissent peu en préambule d'un événement géopolitique. C'est ce que nous avons eu cette fois-ci.
01:24Ensuite, lorsque l'événement se produit, la baisse est plutôt modeste. On constate que sur les 30 risques géopolitiques ou les 30 événements politiques et géopolitiques que nous avons eus depuis l'après-guerre,
01:37la baisse moyenne est de l'ordre de 5,5% à peu près. Troisième élément, lorsque la désescalade se produit, le rebond est très rapide et on efface très logiquement la baisse générée par cet événement géopolitique.
01:52Et puis enfin, dernier élément, il faut apporter un bémol à cette analyse, à savoir que lorsque nous avons des tensions fortes sur les prix du baril de pétrole, dans ce cas-là, la baisse est un peu plus marquée,
02:05la durée de cette baisse est également un peu plus marquée et le rebond prend davantage de temps à se former. Dans le cas de cette guerre de 12 jours, le pétrole n'a que peu bougé.
02:17Pourquoi ? Parce que les investisseurs ont constaté que les infrastructures pétrolières de la région, mais surtout de l'Iran, étaient préservées.
02:27Donc les investisseurs ont tablé sur le fait que nous n'allions pas être confrontés à un risque de choc pétrolier qui, évidemment, aurait remis en cause la perspective de croissance de l'économie mondiale.
02:39– Oui, pardon Olivier. – Non, non, allez-y.
02:41– Donc voilà, cette séquence est faite véritablement…
02:44– La parenthèse se referme, pour les marchés en tout cas.
02:46– Exactement, bien sûr, pour les marchés et pour les investisseurs.
02:49– Bon, on verra sur le moyen terme comment les choses évoluent et, j'allais dire, si le coût opportunité pour le régime iranien de poursuivre un programme nucléaire à visée militaire reste un coût-bénéfice intéressant
03:01ou est-ce que les choses ont changé de ce point de vue-là ? Mais sur le plan macro, oui, effectivement, le risque promenait essentiellement du choc pétrolier potentiel, Nathalie, qui n'a pas eu lieu.
03:11– Qui n'a pas eu lieu, pour plusieurs raisons, il ne faut pas oublier le rôle de l'OPEP, de l'OPEP+, qui nous a habitués ces derniers temps à réagir très très rapidement à ce qui aurait pu être une situation beaucoup plus compliquée.
03:26– Autrement dit, l'Arabie Saoudite.
03:27– Autrement dit, l'Arabie Saoudite, disons.
03:28– Oui.
03:29– Sur l'histoire de l'éventuelle fermeture du détroit d'Hormuz, il est assez rapidement apparu que ce n'était pas une bonne idée pour l'Iran non plus.
03:38Donc c'est vrai que ce risque a été peut-être moins pris en compte par les marchés.
03:43Et puis malgré tout, tout se passait comme les crises habituelles, au bémol près de l'impondérable Trump qui nous a dit,
03:50je vais peut-être y aller, je vais peut-être pas y aller, et finalement qui est allé sans rien dire à personne.
03:55Et c'est vrai que compte tenu de l'ampleur de cette surprise-là, parce que j'allais dire malheureusement qu'il y a un conflit armé entre Israël et l'Iran,
04:02ce n'était pas une telle surprise pour personne et pour les marchés financiers.
04:05la réaction des États-Unis, avec même un nom pour l'opération, comme aux plus belles heures,
04:13a finalement le marteau de milieu.
04:16Finalement, les réactions des marchés ont été relativement modérées.
04:20Et puis c'est vrai que tout s'est passé très très vite.
04:22– Raphaël, vos commentaires sur ce conflit.
04:27– C'est intéressant de noter aussi sur la partie pétrolière que Donald Trump a donné son blanc-seing visiblement à la Chine pour acheter le pétrole iranien de manière officielle.
04:37La Chine ne doit pas se priver d'acheter du pétrole iranien aujourd'hui, mais visiblement, le régime de sanctions peut s'alléger vis-à-vis de la Chine quand il s'agit de se fournir auprès de l'Iran.
04:48– Oui, la partie d'échec continue, on a l'impression que ce n'est pas tout à fait la fin de l'histoire.
04:54On observe ça avec attention.
04:55D'ailleurs, il parle de la guerre des 12 jours, en référence évidemment à la guerre des 6 jours,
04:58qui avait été un changement de régime dans la région.
05:01Donc est-ce qu'on va voir un changement de régime qui, en ruissellement, pourrait impacter aussi les marchés ?
05:07C'est à voir, mais effectivement, on est impressionné de voir à quel point les marchés ont eu cette capacité de résilience
05:12et sûrement aussi une forme de mémoire des marchés vis-à-vis de ce qui s'est passé lors du jour de la libération.
05:18Peut-être qu'on commence à s'habituer à l'administration Trump, à ses grands effets d'annonce,
05:23à cette capacité d'être très pragmatique aussi et de reculer au dernier moment pour éviter le pire.
05:29Et dans ces conditions, c'est vrai qu'assez rapidement, voyant d'une part que les approvisionnements de pétrole,
05:34a priori, ne seraient pas impactés et que, d'autre part, le déséquilibre militaire était tel qu'une escalade grave
05:43était peut-être moins probable qu'attendue, le marché a eu cette capacité de garder son sang-froid,
05:49de ne pas vendre à la baisse comme il avait pu le faire lors du jour de la libération et de juger sur pièce.
05:54Donc on est impressionné. Maintenant, c'est vrai que le risque géopolitique reste.
05:59On parle effectivement de cet échiquier.
06:01Et globalement, il y a probablement une prime de géopolitique à espérer, à attendre des actifs risqués aujourd'hui dans ce contexte.
06:08Et puis, on va pouvoir se reconcentrer sur les grands sujets qui nous occupent aujourd'hui.
06:13C'est vrai que finalement, cette thématique géopolitique sur cette séquence-là, elle avait été presque anecdotique.
06:19Là où, on sait, je suis sûr qu'on va en parler, les droits de douane, le ralentissement macro, la thématique des taux d'intérêt,
06:27ce que font les valeurs refuge. Il y a encore beaucoup de grains à moudre. Donc on se reconcentre sur l'essentiel.
06:31– Bon, restons quand même dans le domaine de la défense, puisque aujourd'hui, l'OTAN et les 32 alliés de l'OTAN
06:39viennent de valider ce qui était la demande de Donald Trump, monter, muscler les efforts budgétaires
06:48pour la défense-cœur et la sécurité en général.
06:52Donc c'est 3,5% plus 1,5%. Ça nous donne 5,5% rapporté au PIB, bien sûr, à atteindre en matière de dépenses à horizon 2035.
07:02C'est pas nouveau. Enfin, on en parle depuis un moment.
07:05Vous êtes positionné notamment à travers certaines stratégies sur la souveraineté sur ce secteur de la défense.
07:11C'est quand même important que ce chiffre de 5% soit aujourd'hui acté par l'ensemble de l'Alliance, Raphaël ?
07:18– Oui, oui. On est petit à petit en train de rentrer dans une forme de confirmation des grands effets d'annonce qui avaient eu lieu.
07:25On a beaucoup dit « attention, on est fébrile sur la thématique de la défense, il faut réinvestir la défense, se la réapproprier ».
07:3180% de nos équipements, de dépenses d'équipements, sont passés à l'étranger, en particulier aux États-Unis.
07:37On sait qu'on est en grand état de faiblesse sur certains équipements et certaines thématiques.
07:43Donc il y avait eu beaucoup d'annonces et c'est vrai que chaque jour qui passe,
07:47chaque réunion du G7 et d'autres, et de l'OTAN, nous rapproche de cette idée que oui, ça y est,
07:53on est en train de voir le déploiement de ces capitaux.
07:56Alors le budget de la défense, il a beaucoup augmenté ces dernières années déjà.
07:59Il a doublé en Europe sur 10 ans, il fait plus de 30% sur les trois dernières années,
08:04mais on sent bien qu'il y a une accélération.
08:06Et quand on parle de 3,5% du PIB ou de 5% si on inclut la sécurité,
08:10on parle évidemment de montant vertigineux.
08:13Donc qu'est-ce que ça veut dire pour les investisseurs ?
08:15Et vous me voyez venir gros comme une maison.
08:18Effectivement, de notre point de vue, c'est probablement une thématique
08:20à prendre en compte dans les portefeuilles.
08:22On est à l'aube d'une méga tendance.
08:24C'est un méga trend, voilà.
08:25C'est un méga trend.
08:26Il faut savoir se projeter sur le long terme vis-à-vis de cette méga tendance.
08:30De la même façon qu'on va dire que, d'une façon ou d'une autre,
08:33il faut être exposé à l'IA aujourd'hui dans un portefeuille de long terme.
08:36Probablement qu'il faut être exposé d'une manière ou d'une autre
08:40à cette thématique de défense européenne.
08:42Alors, un des grands questionnements que le pouvoir public a,
08:46c'est comment donner accès aux particuliers à cette thématique ?
08:51On manque de véhicules, on manque d'instruments financiers
08:54pour financer ces besoins en capitaux qui sont gigantesques.
08:58Donc effectivement, ça va être aussi une thématique.
09:01Vous savez qu'on a lancé un fonds de private equity cette semaine
09:03dédiée à la clientèle particulière qui co-investit avec nous
09:07sur des entreprises de défense et de cyber,
09:10un fonds de souveraineté sur les actions listées.
09:12Voilà, on doit avoir une multiplication de ces efforts-là
09:15pour accompagner cet effort public de défense
09:17à travers le financement de toute la chaîne de valeur.
09:20Mais ça veut dire que le constat que vous faites,
09:22c'est que sans l'épargne privée,
09:24tout ce qu'on raconte là, ça ne verra jamais le jour ?
09:27Alors, c'est une incertitude.
09:29Et ça dépasse d'ailleurs le cadre de la défense.
09:31On est vraiment sur une thématique cœur de l'Europe,
09:34à savoir qu'on a beaucoup de dépenses à engager sur la défense,
09:39sur la décarbonation, sur l'accroissement de l'âge moyen de la population
09:43et aucune flexibilité budgétaire.
09:46Donc cet argent, il va falloir le trouver.
09:47Et c'est vrai qu'en Europe, globalement,
09:49les particuliers sont peu investis.
09:52C'est un constat qu'on fait depuis des décennies.
09:54Je disais que la moyenne d'exposition au marché action des ménages en Europe
10:01est d'environ 10-12%.
10:03Aux Etats-Unis, c'est 49%.
10:05Qu'en Europe, il y a beaucoup d'épargnes disponibles,
10:1033 000 milliards d'épargnes disponibles,
10:1230% étant cash ou quasi cash.
10:15Donc c'est gigantesque, c'est deux fois plus que ce qu'on voit aux Etats-Unis.
10:19C'est vraiment ça l'enjeu,
10:20réussir à mobiliser l'épargne des Européens
10:23pour financer ces grands enjeux nationaux et européens
10:26parce qu'effectivement, l'argent public sera limité.
10:31Une question un peu peut-être triviale,
10:33mais le thème de la défense en private equity,
10:38ça se vend comment en particulier ?
10:41Je veux dire, le thème n'est pas un thème qui rebute le particulier.
10:47Alors, au contraire, c'est le début de l'approche.
10:51Effectivement, la défense, c'est finalement un segment qui est très fragmenté.
10:54On a des très grands donneurs d'ordre,
10:56beaucoup d'ailleurs français,
10:58qui sont effectivement en haut de la chaîne de valeur.
11:00Mais ensuite, cette chaîne de valeur, elle est très fragmentée.
11:03Elle est composée de petites et moyennes entreprises,
11:05pour la plupart non cotées,
11:07qui vont produire pour l'une un tel ventilateur pour le rafale,
11:12pour l'autre, telle pièce spécifique pour un autre équipement militaire.
11:16Et donc, cette chaîne de valeur,
11:18qui est clairement le pilier indispensable de ces grands donneurs d'ordre
11:22pour pouvoir fonctionner,
11:23elle a besoin de capital.
11:25Donc, aller effectivement acheter en bourse,
11:28safran et taler, c'est une très bonne chose.
11:30Mais il y a aussi cette nécessité d'adresser la chaîne de valeur en dessous.
11:33Et c'est vrai qu'aujourd'hui, comment le faire avec l'argent privé ?
11:36C'est à travers des stratégies de private equity.
11:39Et cette volonté que l'ont le gouvernement et les gouvernements
11:42de donner davantage accès à cette classe d'actifs, aux particuliers.
11:46Bon.
11:46Il y a effectivement la capacité à mobiliser l'épargne des Européens sur ces sujets.
11:51Il y a aussi peut-être la capacité de l'Europe
11:54à mettre en place des financements communs
11:56pour des projets dédiés à la défense et à la sécurité.
12:00Est-ce que valider des objectifs de 5% ambitieux
12:05de dépenses de défense et de sécurité à l'horizon de 2035,
12:09est-ce que ça nous rapproche de facto
12:11d'un moment un peu eurobonds sur ces questions, Nathalie ?
12:15C'est la question qui tourne.
12:17Mais même sans parler d'eurobonds,
12:19sans aller jusqu'aux eurobonds,
12:21c'est à mon sens une brique de plus dans la construction européenne
12:24et une brique indispensable.
12:26Et on le voit d'ailleurs dans les enquêtes auprès des Européens.
12:29Les Européens sont de plus en plus contents de l'Europe, finalement.
12:35Après beaucoup d'années, beaucoup de décennies,
12:37c'est une tendance qui se dessine très clairement.
12:40Et typiquement, le thème de la défense
12:43ou de la souveraineté, plus largement,
12:45même si ça reste à définir,
12:47c'est un thème qui séduit les Européens,
12:49qui séduit les investisseurs particuliers.
12:52Et donc, c'est véritablement un pas important à faire.
12:57Ça résonne positivement.
12:58C'était un peu le sens de ma question, Raphaël.
12:59Pour des clients privés, des particuliers,
13:03c'est un thème qui résonne positivement aujourd'hui.
13:05C'est un thème qui résonne positivement.
13:07Et au-delà, on parlait de méga-trend,
13:10évidemment, ce sont des dépenses qui vont se faire sur des décennies,
13:15avec l'idée également,
13:18mais là, on va voir si la construction européenne est bien au rendez-vous,
13:20puisqu'on sait que l'Espagne traîne un peu les pieds
13:23et a obtenu d'ailleurs des...
13:25Une forme d'exemption.
13:26Voilà, une forme d'exemption.
13:27Si on regarde des graphiques très simples,
13:30les investissements en défense pour le moment,
13:32en gros, on a la zone euro,
13:35la France et l'Allemagne à 2%,
13:37l'Italie, l'Espagne en dessous,
13:39et puis on a des gens qui sont un peu plus concernés
13:42par les conflits qui ont pu se passer
13:43et qui malheureusement se passent toujours plus à l'Est,
13:46qui évidemment ont musclé d'ores et déjà leurs dépenses.
13:50Donc c'est vraiment un thème très très important
13:51et effectivement, à un moment ou à un autre,
13:55la question des eurobonds sur ces thèmes va se poser.
13:58Oui, oui, ça fait partie forcément des solutions
14:00qui devront être explorées peut-être à un moment.
14:03Olivier, sur ce thème de la défense, de la sécurité,
14:06qui est un thème aujourd'hui très européen, il faut le dire.
14:09Je pense que le thème de la défense,
14:10il résonne avec deux questions,
14:13celle qui a été évoquée,
14:14à savoir la restauration de la compétitivité européenne
14:18et l'autre thème qui est la surperformance potentielle
14:23des marchés européens à long terme,
14:25compte tenu de cette restauration de la compétitivité européenne.
14:29Sur le premier point,
14:32si jamais ce REARM Europe se met effectivement en place,
14:36ça sera un très bon signal,
14:38selon lequel l'Europe est en train de se renforcer
14:40et est en train de suivre la feuille de route
14:42qui a été définie ou expliquée dans le rapport Draghi,
14:45puis endossée par la Commission européenne.
14:48Je le rappelle, ces trois piliers,
14:51fermer le gap d'innovation,
14:53poursuivre la feuille de route de décarbonation
14:55et réduire les dépendances excessives
14:58et renforcer la sécurité.
15:01Donc, ça serait un très bon signal
15:03et ça validerait potentiellement
15:06un re-rating des actifs européens
15:09et ça poserait logiquement la question
15:12de la place des actifs européens
15:14dans des allocations d'actifs
15:15après 10 années ou 15 années
15:17de surperformance des actions américaines.
15:21Donc, à suivre.
15:22C'est un thème structurant, effectivement,
15:24pour le retour des investisseurs en Europe.
15:27Tout à fait.
15:27Bon, ça nous amène à parler peut-être de l'euro
15:31et en miroir du dollar.
15:34Non, mais l'euro à 1,16,
15:36qu'est-ce que ça reflète
15:37à l'issue de ce premier semestre, Olivier ?
15:40Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour l'Europe ?
15:43Et est-ce que ça commence à être un sujet
15:46qui peut aussi tourner en vent contraire à un moment ?
15:50Alors, c'est désinflationniste,
15:51c'est bon pour la Banque Centrale Européenne,
15:53mais est-ce qu'on commence à atteindre des seuils
15:56qui peuvent perturber d'autres équilibres
15:58du point de vue des entreprises, par exemple ?
16:00J'ai l'impression qu'on n'est jamais content avec lui.
16:02Parce que quand il est trop faible,
16:04on dit qu'il est trop faible,
16:06ça va nous poser un problème.
16:08Et quand il est trop fort,
16:09on va chercher le problème que ça peut poser.
16:12Tout dépend de la raison pour laquelle il monte.
16:14Exactement.
16:15Donc, je pense que l'euro...
16:16Le taux de change...
16:16Parce que le dollar baisse, on en parlera,
16:18mais le taux de change effectif de l'euro,
16:21donc pondéré avec les partenaires,
16:23les principaux partenaires commerciaux,
16:24lui, est au sommet, ou quasiment.
16:26Je pense qu'il y a deux drivers.
16:28Le premier driver vient,
16:30si on se concentre sur l'euro-dollar,
16:31de la faiblesse du dollar,
16:32qui s'explique par la politique de l'administration Trump
16:36et sa volonté de faire baisser le dollar.
16:39Et en face de ça,
16:41on a des signes du restauration de la compétitivité
16:44de l'européenne
16:46qui se sont manifestés de deux manières
16:49au premier semestre,
16:51Rearm Europe et l'Allemagne.
16:53L'Allemagne qui a annoncé quand même
16:54un méga plan de relance sur les infrastructures,
16:59plus la possibilité de faire des dépenses massives en défense,
17:05qui change quand même la donne
17:06pour la première économie de la zone euro
17:08et qui ouvre la possibilité
17:12que cette zone euro se porte mieux
17:14au cours des prochaines années.
17:16D'où ce renforcement.
17:16Ensuite, quand on regarde le mouvement de l'euro
17:20contre le dollar, on va dire,
17:22sur les 20 dernières années,
17:23ce que l'on constate,
17:24c'est qu'on a deux types de mouvements.
17:26On a le mouvement cyclique,
17:28où l'euro se renforce,
17:30le dollar s'affaiblit
17:31sur des périodes qui durent de 12 à 36 mois,
17:35à peu près.
17:36On a eu deux mouvements
17:38d'une amplitude de l'ordre de 15 à 18 %
17:42en 2016-2018
17:43et en 2020-2021.
17:47Et on est à peu près
17:48dans ce type de mouvement aujourd'hui.
17:50Donc, c'est un mouvement qui est assez naturel.
17:52Et puis ensuite,
17:53on a un deuxième type de mouvement,
17:55où le mouvement de renforcement de l'euro
17:59et d'affaiblissement du dollar
18:00est beaucoup plus structurel
18:01et peut s'étaler sur plusieurs années,
18:05à l'image de ce qu'on a eu
18:06entre, par exemple, 2002 et 2006-2007,
18:10où on avait eu un euro-dollar à 1,60.
18:14On n'en est pas là.
18:16Pour l'instant, sur ce deuxième mouvement,
18:18on n'est que dans le premier mouvement.
18:19D'accord.
18:19C'est la raison pour laquelle on considère
18:21qu'au cours du second semestre,
18:23cet euro-dollar va probablement
18:24se stabiliser autour de ces niveaux.
18:27Par contre, à moyen terme,
18:29cette question d'un affaiblissement structurel,
18:31du dollar est une question
18:34que les investisseurs vont très sérieusement considérer.
18:36Et qui dépendra de quoi ?
18:38Et qui dépendra de beaucoup de choses,
18:43mais qui dépendra d'abord,
18:44probablement, de la capacité de l'Europe
18:46à délivrer ce qu'elle doit délivrer,
18:49donc restaurer sa compétitivité,
18:51et d'une dynamique de fragmentation géoéconomique
18:56qui pénalise in fine tous les actifs américains.
19:00Si cette dynamique de fragmentation géoéconomique
19:03qui semble se dessiner,
19:04qui a plusieurs piliers politiques, économiques,
19:08technologiques et financiers,
19:09se confirme et s'amplifie,
19:11on aura probablement des investisseurs internationaux
19:13qui seront moins acheteurs de dollars,
19:18et donc des problématiques potentielles
19:21de financement américain plus importants
19:24qui justifieraient que le dollar glisse tranquillement
19:27au cours de ces prochaines années.
19:29Oui, on est dans la phase cyclique,
19:30de dépréciation.
19:32Il nous semble qu'on est aujourd'hui dans la phase
19:34uniquement cyclique.
19:36Est-ce que c'est l'analyse que vous faites aussi,
19:38Nathalie ?
19:39Et partant d'une baisse du dollar,
19:41oui, de l'ordre de 10% effectivement,
19:43depuis le début de l'année,
19:45qu'est-ce qui pourrait continuer
19:46de faire baisser le dollar ?
19:49La situation fiscale semble établie,
19:51la loi n'a pas été votée,
19:53mais on sait que le déficit va quand même rester élevé,
19:55on s'est réhabitué à Donald Trump
19:58au cours de ces six premiers mois de l'année,
20:00est-ce qu'il y a encore des catalyseurs
20:01à la baisse sur le dollar ?
20:03Avec quand même un écart de taux d'intérêt
20:05majeur désormais entre les Etats-Unis et l'Europe,
20:08qui est censé servir à un moment de corde de rappel.
20:11Alors, sur l'écart de taux d'intérêt,
20:13on suit l'impact des nouvelles macroéconomiques
20:18sur le dollar,
20:19et pour le moment, il semble que ça
20:21se soit pris en compte dans les cours.
20:23On va voir si cet indicateur est tout à fait valable,
20:27mais en tout cas, il est construit à peu près proprement.
20:29Ça veut dire quoi ?
20:30Ça veut dire que le niveau du dollar aujourd'hui
20:31tient compte, intègre ce différentiel de taux ?
20:34Il tiendrait compte de ce différentiel de taux.
20:38Mais ça aussi, ça peut changer rapidement.
20:40Alors, effectivement,
20:41on est plutôt dans un mouvement cyclique.
20:43On est, j'ai l'impression, malgré tout,
20:45même si on parle de la parité euro-dollar,
20:47essentiellement dans un mouvement dollar.
20:49Les considérations sur la compétitivité sont tout à fait justes.
20:53Je ne suis pas persuadé qu'elles aient été prises en compte
20:56ces derniers mois.
20:59Et si on regarde le taux de chance d'effectif réel du dollar,
21:02il reste survalorisé, en fait.
21:05Donc, à long terme,
21:06on a toute bonne raison de penser que le dollar
21:08va continuer à baisser.
21:09Alors après, à long terme,
21:11c'est quel horizon ?
21:13Et quel sera le déclencheur ?
21:15Je ne sais pas, peut-être qu'on va reprendre l'habitude
21:16de regarder les fameux déficits jumeaux.
21:18Après tout, ça fait très très longtemps
21:20qu'on ne les regarde pas,
21:21c'est-à-dire le déficit budgétaire
21:22et le déficit de la balance commerciale.
21:27Après, on l'a vu, moi, ce qui m'a frappé,
21:29c'est qu'on écrivait tous
21:31« Fin de l'exceptionnalisme américain »,
21:33« Baisse du dollar ».
21:34Et puis, effectivement,
21:35quand il y a eu un accro géopolitique,
21:38le dollar s'est renforcé.
21:39Donc, il y a toujours un peu des esprits animaux
21:41qui tournent derrière pour compliquer la chose.
21:46Mais oui, à moyen long terme,
21:47on peut raisonnablement être baissier dollar
21:50avec de bons arguments.
21:53Après, n'oublions pas le facteur Trump
21:55qui, un jour, se réveillera peut-être
21:57en trouvant que le dollar est trop bas
21:59parce que quelqu'un lui aura dit
22:01que le dollar est très bas.
22:04Du côté de l'euro, en revanche,
22:06ce qui m'a frappé...
22:06Ce qui n'a pas que des avantages.
22:07Ce qui n'a pas que des avantages, malgré tout.
22:09Ils considèrent qu'ils sont pénalisés
22:12par ce dollar,
22:13le statut de monnaie de réserve du dollar.
22:16Mais ça présente aussi des avantages
22:18d'avoir une monnaie forte.
22:18C'est vrai que pour les États-Unis,
22:20les mécanismes d'inflation importée
22:22jouent moins
22:22puisque pratiquement tout se fait en dollars.
22:26Mais ce qui m'a frappé aussi,
22:27c'est un récent discours de Christine Lagarde
22:29où elle mettait en avant
22:32le rôle que l'euro doit jouer
22:33en tant que devise de réserve.
22:35Et ça, on serait effectivement
22:37dans une autre étape.
22:39Mais ça, ça renvoie l'Europe
22:40à ces défis,
22:43on ne l'a pas évoqué ou peu évoqué,
22:45mais l'union des marchés de capitaux
22:46est aussi, j'imagine,
22:47un instrument qui doit participer
22:49à l'accès de l'euro
22:52au statut de monnaie de réserve.
22:54On est encore à la découverte des prix
22:56dans cette affaire du dollar
22:58et face à ça,
23:00des primes de termes aussi peut-être,
23:01de la reconstitution des primes de termes
23:03sur des obligations souveraines américaines.
23:06Les deux mécaniques vont un peu ensemble.
23:07Raphaël, on n'a pas encore trouvé
23:09le point d'équilibre.
23:10Oui, tout à fait.
23:11On se cherche un petit peu
23:13sur cette thématique.
23:13On voit très bien que quelque chose
23:14est en train de s'enclencher.
23:16Alors, la fin de l'exceptionnalisme américain,
23:18ça paraît peut-être excessif,
23:19mais un rééquilibrage
23:21qui était probablement nécessaire,
23:22d'ailleurs.
23:23Si vous regardez depuis le Covid,
23:25pour un dollar investi dans le monde,
23:2780 cents l'ont été aux États-Unis.
23:30Donc, il y a une espèce d'aspiration
23:33des actifs vers les États-Unis
23:37qui n'étaient pas peut-être soutenables
23:38sur le long terme.
23:39On assiste aujourd'hui à un rééquilibrage,
23:42alors qui est très opportun aussi,
23:43c'est un rééquilibrage au moment
23:45où il y a une tension géopolitique,
23:47où le dollar sert maintenant
23:49d'arme politique,
23:51surtout vis-à-vis de l'administration Trump.
23:53Donc, effectivement,
23:54il y a une volonté tactique
23:56de réfléchir à son exposition de l'art,
23:58à sa dépendance vis-à-vis du dollar.
24:00Ça, c'est des conversations
24:01qu'on a très concrètement
24:02toutes les semaines
24:03avec des grands acteurs internationaux,
24:05des grands investisseurs
24:06en Asie, au Moyen-Orient,
24:08très exposés de dollars naturellement,
24:10qui se posent de questions.
24:12Et effectivement,
24:13quand on regarde autour de soi
24:14et qu'on cherche à investir ailleurs
24:15dans un marché peut-être moins cher,
24:18organisé avec un cadre légal
24:20et contractuel stable,
24:23une profondeur suffisante,
24:26il n'y a pas 50 possibilités non plus.
24:27Donc, effectivement,
24:28cette tendance,
24:29elle est peut-être amenée
24:30à perdurer.
24:32Et cet afflux de capitaux
24:33vers les États-Unis
24:34depuis cinq ans,
24:35elle a créé, évidemment,
24:36deux choses qui sont très liées.
24:38D'une part,
24:38une surperformance américaine
24:40qui a été remarquable,
24:41toute classe d'actifs confondus,
24:43et une survalorisation
24:45des actifs américains
24:45qui sont chers
24:47absolument partout
24:48où vous regardez,
24:49évidemment sur les actions.
24:51Le prime US
24:52est la plus élevée historique
24:54en relatif à l'Europe.
24:56sur le crédit
24:57où, pour la première fois
24:58depuis 15 ans,
24:59les primes de risque crédit
25:00aux US sont plus serrées
25:01que les primes de risque en Europe.
25:03Ce n'est jamais arrivé avant.
25:04Ça fait maintenant quelques mois
25:05que c'est le cas.
25:07Parce que la qualité du crédit américain
25:08est moins bonne
25:09que la qualité du crédit européen.
25:10En termes de levier,
25:12en termes de rating,
25:13de couverture d'intérêt,
25:14c'est un marché
25:15qui est de moins bonne qualité
25:16structurellement.
25:18Et puis peut-être aussi
25:19sur le dollar
25:19qui était peut-être
25:20effectivement artificiellement
25:22trop cher.
25:24Et donc,
25:24on est dans un mécanisme
25:25de réajustement.
25:26Est-ce qu'on va avoir
25:26un effet balancier contraire
25:28qui va nous emmener
25:29à un excès d'allocations
25:30sur l'Europe ?
25:31On n'en est pas là.
25:32Mais effectivement,
25:33on parle de très grandes sommes
25:34de capitaux
25:35à redéployer
25:36et probablement
25:37un phénomène
25:38qui pourrait perdurer.
25:38Je sais que c'est dur à suivre,
25:40mais est-ce qu'on voit
25:41des flux
25:42qui valident
25:43effectivement
25:44cette thèse-là
25:45qu'on partage tous,
25:47Raphaël ?
25:49Certes,
25:50le marché américain
25:50a connu un sacré trou d'air,
25:52mais il a connu
25:52un rebond spectaculaire
25:54également depuis deux mois.
25:56Rebond qui a été emmené
25:57par les Max 7.
25:59C'est-à-dire,
25:59ce qui a été quand même
26:01le moteur
26:01de ce marché américain
26:03pendant cette période
26:04d'exceptionnalisme
26:05sous stéroïde.
26:07Est-ce qu'on n'est pas
26:08en train
26:08de complaisance ?
26:11Est-ce qu'il y a
26:11un biais
26:11de confirmation
26:13qui s'est installé,
26:14qui est solide
26:15chez des investisseurs,
26:16des investisseurs
26:17particuliers américains
26:18qui sont une partie
26:19prenante importante
26:20aujourd'hui du marché ?
26:22Le S&P est à 50 points
26:23de ses records historiques
26:24et le Nasdaq
26:24doit être à quelques pourcents
26:26également
26:26de ses sommets historiques
26:27de début d'année.
26:28Oui, mais quand on regarde
26:29des flux
26:30à l'échelle du marché
26:31par classe d'actifs,
26:32on voit une forme,
26:33alors on ne voit pas
26:34un renversement,
26:35ce n'est pas encore
26:36très spectaculaire,
26:36mais on voit une forme
26:38d'inflexion.
26:38Effectivement,
26:39on commence à avoir
26:39des flux entrant
26:40en Europe,
26:41sur les actions aussi,
26:42sur l'obligataire
26:43en particulier,
26:44et ce déséquilibre
26:47est en train
26:47de se stabiliser
26:48avec une forme
26:49de point d'inflexion
26:50de manière plus anecdotique
26:52dans nos conversations.
26:53Là, nous,
26:53on le voit très bien,
26:54c'est-à-dire,
26:55on a beaucoup
26:55de conversations
26:56sur le sujet-là.
26:58J'ai parlé en particulier
26:59de l'Est,
27:00effectivement,
27:00où c'est manifeste,
27:02en Asie,
27:02en Chine aussi.
27:04Alors,
27:04quand on vous parle
27:04de l'Europe en Chine,
27:06on voit les grands yeux
27:08ouvrir,
27:09ouverts,
27:09parce qu'effectivement,
27:10ça paraît très exotique.
27:12Pour eux,
27:13c'est exotique,
27:13oui.
27:14On va parler
27:14à un family office
27:15en Chine,
27:16ils sont à la fois
27:17intéressés
27:18de parler Europe,
27:19mais ils se rendent compte
27:19que c'est quand même
27:20très lointain,
27:20très fragmenté,
27:21très compliqué,
27:22et qu'ils n'ont pas
27:23tellement l'habitude,
27:24donc ça va probablement
27:24mettre du temps.
27:25Mais de manière anecdotique
27:26aussi,
27:27on voit cette tendance-là.
27:28Mais vous avez commencé
27:30la conversation
27:31avec cette notion
27:32de découverte de prix,
27:33jusqu'où peut-on aller,
27:34on est vraiment là.
27:35On ne sait pas exactement
27:36jusqu'où ça peut aller.
27:37Bon,
27:38l'Europe a été quand même
27:40un bon performeur,
27:41les actifs européens
27:42ont été des bons performeurs
27:43sur cette première partie
27:45d'année.
27:46Où est-ce qu'on en est
27:47aujourd'hui ?
27:48Est-ce que les arguments
27:50restent en faveur
27:51d'une poursuite
27:52du mouvement
27:52sur les actifs européens ?
27:54Je parle pour la deuxième partie
27:55de cette année,
27:56Olivier,
27:57ou est-ce qu'il faut être
27:58aussi pragmatique ?
27:59Est-ce qu'il faut revenir
28:00à quelque chose
28:01de plus équilibré
28:02peut-être dans les portes ?
28:03Ce que l'on voit,
28:05c'est qu'en devise locale,
28:07on a quand même
28:07un marché américain
28:08qui,
28:09depuis quelques semaines,
28:10depuis fin mai,
28:12fait mieux
28:13que les marchés européens,
28:16d'où le retour
28:16sur les points où,
28:17etc.
28:18Par contre,
28:19lorsqu'on intègre
28:20l'euro
28:20et donc la baisse du dollar,
28:22effectivement,
28:22on est sur
28:23une performance relative
28:25de l'ordre de moins 20%
28:26des marchés américains
28:27par rapport aux marchés européens.
28:29donc change intégrés.
28:32La perspective
28:33pour les prochains mois
28:34nous semble être
28:36la suivante.
28:38Du côté des États-Unis,
28:39on a deux facteurs
28:41qui devraient soutenir
28:43les marchés américains.
28:46Des earnings
28:47qui vont rester probablement
28:48relativement solides
28:51et un agenda politique
28:54un peu plus défavorable
28:56et en particulier
28:57tout le sujet
28:58de la dérégulation.
29:00Plus favorable ?
29:01Plus favorable.
29:01Plus favorable.
29:02Oui, pardon.
29:02Plus favorable.
29:03Oui, oui, j'entends.
29:03Avec le sujet
29:04de la dérégulation,
29:05en particulier
29:05de trois secteurs,
29:06donc énergie,
29:07finance
29:08et tout le secteur
29:10de la tech.
29:10Donc, on doit avoir
29:12quand même des facteurs
29:12de soutien
29:13à ce marché américain
29:15et en face de ça,
29:16du côté de la zone euro,
29:19là aussi,
29:19on considère
29:20qu'on a des facteurs
29:20de soutien
29:21puisque la Banque Centrale Européenne
29:23devrait, selon nous,
29:24continuer de baisser ses taux.
29:26On imagine 1,50 sur le taux de dépôt
29:28d'ici à la fin de l'année.
29:31Les grandes annonces budgétaires,
29:33les grands plans
29:34vont commencer
29:35à avoir une matérialité
29:36et donc soutenir
29:38la croissance économique
29:40européenne en 2026
29:42et donc la croissance
29:44des résultats des entreprises
29:45qui est attendue
29:47en forte hausse
29:48l'année prochaine.
29:49Quand on regarde les analystes,
29:50on est sur des attentes
29:51de progression de bénéfices
29:52supérieures à 10%
29:54l'année prochaine.
29:55Donc, quand on regarde
29:56les deux, on se dit
29:57tout n'est pas totalement intégré
29:58de part et d'autre
29:59de l'Atlantique.
30:00Tout n'est pas totalement intégré
30:02et donc c'est la raison
30:03pour laquelle,
30:04pour notre part,
30:05en allocation régionale,
30:07on avait augmenté l'Europe
30:09au premier trimestre,
30:10réduit les États-Unis
30:12et aujourd'hui,
30:13on reste relativement équilibré
30:14entre les deux zones
30:15et on n'imagine pas nécessairement
30:17faire de mouvement
30:18au cours des prochaines semaines,
30:20des prochains mois.
30:20Après, au-delà,
30:21pour nous,
30:22la question qui se pose
30:23de manière plus stratégique
30:24est de savoir
30:24si on croit
30:26à cette restauration
30:27de la compétitivité européenne
30:29et on croit
30:30à la fin
30:31de l'exceptionnalisme américain,
30:34fin,
30:34toute relative.
30:36Et si c'est le cas,
30:37dans ce cas-là,
30:37il faudra aller plus loin,
30:38il faudra aller plus loin
30:39sur la pondération
30:40des actifs européens
30:41dans les allocations.
30:42Mais je reviens
30:43sur les perspectives bénéficiaires,
30:44notamment pour les entreprises
30:45américaines.
30:46à l'issue de Libération Day
30:47du premier trimestre,
30:49les révisions
30:50n'ont pas été si fortes,
30:51à la baisse,
30:51j'entends,
30:52n'ont pas été si majeures
30:53que ça.
30:54À considérer que,
30:56même avec un péage moyen
30:58aux États-Unis
30:58qui pourrait tomber
30:59autour de, je ne sais pas,
31:0015%,
31:01alors je me tourne vers vous,
31:02Nathalie,
31:03l'économiste,
31:03mais les droits de douane moyens
31:04pourraient tomber
31:05autour de...
31:06Oui, c'est avec quel chiffre ?
31:0716%.
31:0816%.
31:09Bon, voilà,
31:09j'ai entendu 17% à midi,
31:1116%, 15% aujourd'hui.
31:13Même avec ce péage moyen
31:15surélevé,
31:18on peut continuer
31:18d'avoir des entreprises,
31:19des multinationales
31:20en l'occurrence américaines,
31:22qui continuent
31:22d'afficher
31:23des croissances bénéficiaires
31:25soutenues.
31:26Alors,
31:27en face de ça,
31:28il y a la baisse
31:28des taux d'imposition
31:29des entreprises
31:30qui est un facteur
31:31de soutien.
31:33Aujourd'hui,
31:34les analyses sont sur
31:35une attente
31:37de progression
31:38des bénéfices
31:38sur l'année 2025
31:39qui est autour
31:40de 9%,
31:41à peu près un peu plus.
31:42Je l'ai légèrement
31:43au-dessus de 9%.
31:44Peut-être que 9%,
31:46c'est un peu trop important,
31:48mais on ne serait pas surpris
31:49d'avoir une progression
31:50des résultats
31:51des entreprises américaines
31:52autour de 7-8%
31:53sur l'année 2025.
31:55Donc,
31:55la raison pour laquelle
31:56on reste relativement confortable.
31:58Bon,
31:58sur les banques centrales,
31:59la réserve fédérale américaine,
32:01peut-être,
32:02Nathalie,
32:04bon,
32:04Jérôme Poel,
32:05réaffirme une position
32:06d'attente.
32:09Est-ce qu'il a raison,
32:10entre guillemets,
32:11ou enfin,
32:11quels sont les arguments
32:13qui plaident
32:13pour cette position d'attente,
32:14sachant qu'au sein
32:16de son board,
32:17il y a quand même
32:17des voix dissidentes
32:18de poids lourds
32:19qui se font entendre.
32:21Alors,
32:21ça a été Chris Waller,
32:23joint par Michel Baumann,
32:24qui sont des membres importants,
32:26encore une fois,
32:26des voix importantes
32:27du FOMC.
32:29Et est-ce que Jérôme Poel,
32:31en tenant cette position
32:32d'attente,
32:33prend le risque
32:34d'être en retard,
32:35peut-être ?
32:37Pour reprendre
32:37la terminologie
32:39employée par Donald Trump.
32:40Non, mais...
32:40En retard étant le surnom
32:41le plus gentil.
32:41Mr. Too late.
32:42Mr. Too late.
32:43Non, mais...
32:44C'est un risque
32:46qu'on peut évaluer.
32:47Est-ce qu'il y a un risque,
32:48effectivement,
32:48que la FED soit peut-être
32:49en retard
32:50avec une fonction de réaction
32:51telle qu'elle est définie
32:52aujourd'hui par Jérôme Poel ?
32:53L'impression,
32:54c'est que Jérôme Poel,
32:55en ce moment,
32:56et pour le moment,
32:57le comité n'a pas vraiment
32:59envie de passer
33:00à ce qu'on appelle
33:00une politique monétaire
33:03préventive.
33:05Ce qu'il nous raconte,
33:06c'est que le marché du travail
33:07tient encore bien,
33:09l'inflation baisse,
33:10et donc on est
33:11dans une formidable position
33:13pour attendre.
33:15C'est vrai que les données
33:16sont troublantes,
33:17malgré tout,
33:19puisque si on...
33:20Alors, il va falloir regarder
33:21les chiffres du premier semestre,
33:23puisque le premier trimestre
33:24a été tordu dans un sens,
33:27le deuxième trimestre devrait...
33:29Je rappelle,
33:29l'effet du commerce extérieur
33:30sur le PIB du premier trimestre
33:32a été massif, majeur.
33:33Plus le stockage en prime,
33:35j'allais dire.
33:37Donc, normalement,
33:38ces tendances sont en partie
33:39retournées,
33:41mais donc ça ne facilite pas
33:43la lecture de la conjoncture.
33:45Et c'est vrai que si on regarde
33:46l'emploi,
33:47il y a quelques petits signes
33:48de tassement,
33:50on l'a vu dans l'enquête
33:51auprès des consommateurs
33:52sur la perception
33:53du marché de l'emploi,
33:55mais on n'a vraiment pas
33:56l'impression d'être
33:56au bord du précipice
33:58pour l'emploi américain.
34:00Donc, manifestement,
34:01Powell a cette attitude
34:02« wait and see »
34:03et attendons les données.
34:06Ce qui est frappant,
34:08c'est que c'est aussi bien
34:10Christopher Waller
34:12que Michel Beaumann,
34:13ont plutôt mis l'accent
34:14pour justifier,
34:17pour indiquer
34:18qu'eux seraient en faveur
34:19d'une baisse de taux
34:20en juillet,
34:21ont plutôt mis l'accent
34:22sur l'inflation qui baisse
34:23et l'inflation qui serait
34:24transitoire,
34:26alors que Powell
34:27nous a fait le coup
34:28de l'économiste
34:28qui est loin d'être
34:29chaud,
34:30puisqu'il a dit
34:30que l'inflation
34:31peut être transitoire
34:31ou alors peut-être
34:32qu'elle va durer
34:34plus longtemps.
34:35Et finalement,
34:37c'est aussi bien
34:38Waller que Beaumann,
34:40on peut parler
34:41des risques
34:42sur la croissance,
34:43un petit peu
34:43sur l'emploi
34:44mais assez peu.
34:45Donc, on sent bien
34:46que même eux
34:47qui veulent se positionner
34:48contre Powell
34:49n'ont pas l'air
34:51bien convaincus
34:53de leur scénario.
34:55On parle juste
34:55de neutraliser
34:56une politique monétaire
34:57dont le réglage
34:58est encore modérément
34:59restrictif.
35:00C'est vrai que Powell
35:00a reconnu lui-même
35:02que c'était
35:02modérément restrictif.
35:04Et pourquoi
35:06le choc de prix
35:08lié aux tarifs
35:10ne serait pas
35:11transitoire ?
35:12Il entretient
35:14cet équilibre.
35:15Pourquoi ?
35:16Parce qu'il est traumatisé
35:17par l'épisode
35:19inflationniste précédent
35:20qui aura fini
35:21avec un peu plus
35:22de temps que prévu
35:22par être
35:23en grande partie
35:24transitoire.
35:25Est-ce que c'est
35:26une question politique
35:28j'allais dire
35:29pour gérer l'opinion ?
35:31Pour énerver
35:31un peu plus.
35:33Ou est-ce qu'il y a
35:34des vraies raisons
35:34d'imaginer
35:34que ce ne soit
35:35pas transitoire ?
35:36Quelque chose
35:37que les banquiers
35:38centraux
35:38et à mon avis
35:39partout dans le monde
35:40regardent en ce moment
35:41ce sont les anticipations
35:42inflationnistes.
35:43Parce que ça
35:44ils les ont laissées
35:44filer finalement.
35:46Jusqu'à un certain point.
35:48Mais ça doit être
35:50à mon sens
35:51leur nouvelle obsession.
35:52boussole.
35:53Et ça les anticipations
35:54inflationnistes
35:54on a des enquêtes
35:55qui sont loin
35:56d'être parfaites
35:57parce que quand on
35:57demande aux gens
35:58où est-ce que vous voyez
35:59l'inflation dans un an
36:00ils regardent ce qui s'est
36:01passé le mois dernier.
36:04Mais malgré tout
36:05ça donne une indication
36:06et typiquement
36:07si le pétrole
36:09avait continué
36:11à monter
36:13là on aurait eu
36:14une forte hausse
36:15de ces anticipations
36:16un risque de désancrage.
36:18Encore une fois
36:19ce qu'a montré
36:21cet épisode
36:22d'inflation post-Covid
36:24et donc
36:24de cette
36:25inflation transitoire
36:26qui a duré un petit peu
36:27longtemps
36:27c'est que finalement
36:28les banquiers centraux
36:30tout le monde y croit
36:31à leur objectif de 2%
36:32et tout le monde y croit
36:33encore
36:33et ça c'est évidemment
36:34une grande victoire.
36:36C'est pas tellement
36:36de ramener l'inflation
36:37vers 2%
36:38qu'il y a une grande victoire
36:38c'est que cet objectif
36:40reste encore crédible
36:42et Powell ne veut pas
36:43casser cet instrument.
36:45Alors après
36:46encore une fois
36:47beaucoup de choses
36:48peuvent se passer
36:49pour le moment
36:50les marchés ne croient pas
36:51à une baisse en juillet
36:51ça aussi c'est intéressant
36:52d'ailleurs
36:53puisqu'on a eu effectivement
36:54des gens
36:55notamment Christopher Waller
36:56normalement
36:57ces derniers mois
36:58quand il a parlé
36:59il a fait souvent bouger
37:00les anticipations de marché
37:01ça n'a pas été le cas
37:02d'une manière significative
37:03en tout cas
37:04cette fois-là
37:05ça veut dire que finalement
37:06cette position d'attente
37:07que beaucoup de banquiers
37:08centraux ont adopté
37:09pas pour les mêmes raisons
37:11que Powell
37:12mais beaucoup
37:12a l'air de faire l'affaire
37:14jusqu'à présent
37:15ça nous amène à dire
37:17un mot pour finir
37:17de la succession
37:18de Jérôme Powell
37:19tour de table
37:20mais Nathalie
37:21qu'est-ce qui
37:22comment
37:23enfin
37:23qu'est-ce qui fait
37:25que le marché
37:25acceptera l'idée
37:27que le successeur
37:27ou la successeur
37:28de Jérôme Powell
37:29soit un bon
37:30banquier central
37:31indépendant
37:33qui va quand même
37:34baisser ses taux
37:34puisque tout le monde
37:35attend quand même
37:36quelques baisses de taux
37:37de la réserve fédérale américaine
37:38fin d'année
37:39courant 2026
37:41par rapport
37:42à un profil
37:43d'un mauvais
37:44banquier central
37:45dépendant du pouvoir
37:46qui lui aussi
37:47serait amené
37:48sans doute
37:49à baisser ses taux
37:50c'est peut-être
37:51parce que la fonction
37:52crée l'organe aussi
37:52dans ce genre
37:54de métier
37:55Powell est d'ailleurs
37:56un bon exemple
37:56de cela
37:58après Bernanke
38:00et Jeannette Yellen
38:01on n'imaginait pas
38:02avoir quelqu'un
38:03capable de reprendre
38:04les rênes de la Fed
38:05et pourtant il le fait
38:06et il le fait
38:07avec
38:07j'allais dire
38:08un certain panache
38:09depuis deux mois
38:10que vraiment
38:11les attaques de Trump
38:13deviennent de plus en plus violentes
38:15le communiqué de la Fed
38:16après la
38:17donc Trump a rencontré
38:19Powell a été convoqué
38:21par Trump
38:21exactement
38:22et la Fed a publié
38:24un communiqué
38:24laconique
38:25disant qu'elle conservait
38:27son indépendance
38:27et ça avait
38:28une certaine classe
38:30en tout cas
38:30bon
38:31effectivement
38:32comment l'institution
38:32peut préserver
38:33effectivement
38:34cette indépendance
38:35ça va être un sujet
38:36quand même
38:36au-delà du côté people
38:37pour les investisseurs
38:38ça va être un sujet
38:39d'attention
38:40de vigilance particulière
38:41on parlait du dollar
38:41tout à l'heure
38:42question de l'indépendance
38:43de la Fed
38:44c'est pas neutre
38:45j'imagine
38:45dans le statut
38:46d'une monnaie
38:47ouais ouais
38:47c'est pas neutre
38:48et c'est vrai
38:48que cette indépendance
38:49elle est sous les projecteurs
38:51et attaquée comme jamais
38:52on parle même
38:53souvenez-vous
38:53d'une shadow Fed
38:54cette idée que
38:56Donald Trump
38:56pourrait mettre en place
38:58de manière officieuse
39:00le nouveau président
39:01de la Fed
39:01avant la date limite
39:03du mandat
39:05de Jerome Powell
39:05qui lui-même
39:06donnerait un peu
39:07de forward guidance
39:08donc on aura potentiellement
39:09deux sons de cloche
39:10ça serait du jamais vu
39:11et évidemment
39:12pas nécessairement
39:13une bonne nouvelle
39:14pour les investisseurs
39:15en tout cas
39:16on remettra en cause
39:17très clairement
39:18cette idée
39:18que la Fed
39:19est indépendante
39:19et mène sa politique
39:20monétaire
39:21de manière indépendante
39:22donc très compliqué
39:23pour Jerome Powell
39:23une situation aux Etats-Unis
39:25qui est quand même
39:26assez complexe
39:26aussi à gérer
39:27en termes de politique monétaire
39:28il y a des pulsations
39:30stagflationnistes
39:31qui quand même
39:32sont en train
39:33de se manifester
39:34dans l'économie
39:35la stagflation
39:36ce n'est pas la bonne
39:37la bonne sauce
39:38quand on est banquier central
39:39c'est moi qu'on peut dire
39:40on voit l'économie un peu
39:42atteindre un point d'inflexion
39:44là aussi
39:44commencer à décélérer
39:45il y a quelque chose
39:46assez léger
39:47pour l'instant
39:48mais il y a quelques signes
39:48à mon coureur
39:49que manifestement
39:50sur le deuxième semestre
39:51on pourrait avoir
39:52quelques mauvaises surprises
39:53sur ce front-là
39:54on a vu par exemple
39:56aussi côté inflation
39:57quand même
39:58certes
39:59des tendances
40:00un petit peu contradictoires
40:01mais si vous prenez
40:02les PMI de juin
40:04on a vu
40:05côté services
40:06comme côté
40:07biens et consommation
40:09des pics
40:11de hausse de prix
40:12qui avaient été
40:13assez significatifs
40:14donc d'ailleurs
40:15il le dit plus ou moins
40:16comme ça
40:16c'est-à-dire que
40:17l'incertitude
40:18sur les deux mandats
40:19inflation et
40:21marché du travail
40:22slash économie
40:23est très élevée
40:24donc quand vous mettez
40:25tout ça ensemble
40:26l'indépendance
40:27et les attaques de Trump
40:28le risque de la shadow Fed
40:29la stagflation
40:30qui guette
40:31on est effectivement
40:32sur une politique monétaire
40:33qui est très incertaine
40:35qui va peut-être
40:36nous réserver des surprises
40:37et d'ailleurs
40:37on voit ces oscillations
40:39de perspectives
40:40de baisse de taux
40:41c'est devenu
40:42une espèce
40:43de marqueur
40:44permanent
40:45du marché
40:46depuis plusieurs
40:47années
40:47depuis 2022
40:48le marché passe son temps
40:50à reconsidérer
40:51ses perspectives
40:51peut-être que la Fed
40:53a du mal à en donner
40:55c'est ça son problème aussi
40:56avec une grosse dépendance
40:57à la data
40:58qui lui coûte
40:59parce que la data
41:00elle est bruitée
41:01elle bouge beaucoup
41:02et donc il a été
41:04d'une part excellent
41:05dans sa capacité
41:06à remettre un petit peu
41:07l'inflation dans son lit
41:08et à faire fi
41:09des pressions extérieures
41:10on reste quand même
41:11sur une équation
41:12qui est très nébuleuse
41:14et qui risque encore une fois
41:15de faire bouger les marchés
41:16merci beaucoup
41:17on s'arrêtera là
41:18pour ce soir
41:19merci pour votre participation
41:21Nathalie Benatia
41:22BNP Paribas
41:23Asset Management
41:23Raphaël Thuin
41:24TKo Capital
41:25et Olivier Ringard
41:27Neuflis
41:27OBC
41:27étaient les invités
41:28de Planète Marché
41:29ce soir
41:29on s'arrêtera
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