- il y a 2 jours
Retrouvez Le 18/19 d'Hedwige Chevrillon en replay.
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00:00C'est La Tribune, présente
00:01Le 18-19 d'Edvie Chevrillon
00:06Retour dans le 18-19 avec mon invité, c'est l'ancien patron de BPC.
00:14Bonsoir Nicolas Mérindol.
00:15Bonsoir.
00:15Ravie de vous retrouver.
00:17Vous êtes aujourd'hui président de Temis Bank.
00:19Temis Bank, elle n'est pas très très connue.
00:21Son ancêtre, c'était le comptoir des entrepreneurs.
00:24Tiens, vous fêtez demain vos 50 ans.
00:27Enfin, la banque Temis, c'est le comptoir des entrepreneurs.
00:29C'est la numéro 1 des banques judiciaires.
00:32Bref, vous êtes le banquier de toutes les entreprises en difficulté.
00:37Juste d'abord, peut-être une réaction,
00:39parce que je disais que j'étais un peu surprise
00:40par l'expression du Premier ministre à l'instant, Sébastien Lecornu,
00:45qui dit « je ne suis pas le papa des Français ».
00:47Ça veut dire quoi ?
00:49Ça veut dire, par rapport évidemment à l'actualité économique et budgétaire,
00:53ça veut dire quoi ?
00:54J'imagine qu'il veut dire que ce n'est pas lui qui doit résoudre les problèmes.
00:59Et que chacun doit se prendre en main, probablement.
01:03Comme un père de famille se sent responsable et gère les responsables de tous ses enfants.
01:08Mais les chefs d'entreprise que je vois tous les jours sont bien dans cette philosophie-là.
01:12Ils ne demandent pas à l'État de se substituer à eux pour gérer leur PME, leur ETI.
01:18Mais en même temps, s'il n'y a pas quand même un petit travers des entrepreneurs français,
01:23je vais peut-être me faire plein d'ennemis,
01:24mais toujours un peu vivant de subventions, calculant en fonction d'eux,
01:30attendons, ça se voyait même pendant le Covid.
01:33Parfois on leur disait « mais allez-y, faites des choses ».
01:36Oui mais le gouvernement, on n'a pas encore rencontré les ministres.
01:39Je lui dis « oui mais alors, vous êtes des grands patrons ».
01:41Je pense que les entrepreneurs demandent à avoir de la stabilité, de la visibilité
01:46pour pouvoir travailler au quotidien.
01:48D'ailleurs au quotidien, franchement, heureusement pour eux,
01:51ils ne collent pas à toutes les vicissitudes du gouvernement et de la politique.
01:56Non, ils sont sensibles parce que plus de 50% de leur chiffre d'affaires part en impôts.
02:02Donc c'est légitime qu'ils s'intéressent à ce qui se passe.
02:05Et encore plus est dépensé par l'État.
02:09Donc je pense que là, leur préoccupation est légitime de savoir dans quel sens
02:15est-ce qu'on va continuer à augmenter les impôts
02:16ou est-ce qu'on va aller alléger et leur faciliter la vie.
02:19Mais je pense que la tendance, ils demandent à être libres.
02:22Et lorsqu'il dit, encore dans une lettre aux entrepreneurs
02:25qu'il a publiée sur RIC ce matin, qu'il a postée,
02:28lorsqu'il dit « en fait, pour vous, pour les entrepreneurs,
02:32il faut à tout prix un budget », parce que qui dit budget dit stabilité politique.
02:37Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
02:40Non, enfin oui et non, je pense que...
02:42Ben oui ou non, non, non, mais je comprends la position, c'est pour ça que...
02:44C'est dans le sens de la visibilité, où il faut un budget,
02:47mais il en aura un de budget dans tous les cas de figure.
02:49Ben oui, même s'il démissionne.
02:52Même s'il démissionne.
02:53Donc on a bien vu qu'à chaque fois qu'on utilise des grands mots,
02:57c'est la dernière chance, c'est la dernière possibilité, ça va être une catastrophe.
03:00Non, heureusement pour la France, la vie continue.
03:03Et les entrepreneurs, encore une fois, au quotidien, ils ont leur business.
03:07Non, ce qu'ils ont besoin de savoir, encore une fois, concrètement et simplement,
03:11c'est les impôts.
03:12C'est de combien ils vont être taxés sur les impôts,
03:14et les contraintes sur la gestion de leurs employés,
03:18et les contraintes de la loi sur les salaires.
03:20C'est pour ça que c'est un peu la semaine de tous les dangers,
03:22on va voir, puisque demain il y a le PLFSS, on va voir que...
03:24Non, mais il ne se passera rien.
03:26Il ne se passera rien.
03:26Ça ne marchera pas.
03:27Qu'est-ce qui ne va pas marcher, Nicolas Merdon ?
03:32Il n'y aura pas une majorité pour dégager un budget autre qu'en force,
03:38donc qui sera avec une opposition en face.
03:40Enfin, je ne crois pas du tout.
03:40Donc vous direz une loi spéciale, une ordonnance, voire un 49-3, c'est ça que vous nous dites ?
03:44Oui, oui.
03:45D'accord.
03:45Non, mais vous assumez votre position ?
03:47Absolument, oui.
03:48Je ne crois pas du tout à une sortie par le haut, malheureusement.
03:50Un compromis.
03:51Un compromis.
03:52Alors que, on est probablement...
03:54Alors c'est peut-être une ruse hégélienne de l'histoire,
03:56il faut passer par ces étapes pour que demain, après-demain, dans les années qui viennent,
04:01on apprenne effectivement à avoir une coalition avec une majorité qui arrive à se dégager.
04:07Et là, dans l'immédiateté de notre situation, c'est juste impossible d'avoir toutes ces positions extrêmement différentes
04:16arrivées à dégager quelque chose de cohérent.
04:19Quelque chose de cohérent.
04:20Le problème, c'est qu'on cède à l'un sur un sujet, on cède à l'autre sur un sujet qui est contradictoire avec le premier.
04:26Ça n'a pas de sens.
04:27Ça ne peut pas marcher.
04:27Ça, ce n'est pas un compromis, Nicolas Marendal, vous savez.
04:29Non, il n'y a pas de compromis.
04:31Alors, est-ce que vous voyez la traduction presque immédiate sur le terrain ?
04:36Puisque je disais, vous êtes le banquier des entreprises en difficulté.
04:40Est-ce que ça s'est empiré depuis, on s'attend à un nombre de faillites un peu record fin 2025 ?
04:48Est-ce que vous, d'abord, où est-ce que vous prenez les entreprises, à quel niveau vous les prenez ?
04:54Et est-ce que vous voyez les résultats de cette instabilité politique dans vos chiffres ?
04:59Oui, oui, oui, c'est clair.
05:01Les chiffres sont catastrophiques.
05:03Ah bon, c'est quoi les vos chiffres ?
05:05Les chiffres, c'était, avant la crise, on avait une tendance en amélioration.
05:09C'était 60 000 entreprises par an, quand même.
05:12En défaillance.
05:13En défaillance.
05:13Oui, c'est ça, oui.
05:14Donc, principalement, redressement judiciaire et liquidation judiciaire.
05:20Dont celles qui rentrent en procédure collective.
05:22Donc, on était autour de 60 000.
05:23Ça a baissé autour de 55 000, 50 000 avant le Covid.
05:27Pendant le Covid, grâce au PGE, on est descendu à 35 000.
05:31Et on a eu les politiques qui ont eu le culot de dire à l'époque que, ben non, c'était un acquis et que, grâce au PGE, la situation allait se maintenir dans ce sens-là.
05:42Ben non, évidemment que, même si je prends les chiffres les plus, c'est-à-dire le plus bas avant le Covid et le plus haut pendant le Covid, pendant deux ou trois ans, on a eu 15 000 entreprises de moins que la meilleure moyenne possible.
05:57Donc, ça veut dire qu'il y a 30 000 entreprises post-Covid qui doivent s'additionner aux entreprises en difficulté sur un chiffre classique.
06:05Donc, c'est pour ça qu'on est aujourd'hui à 70 000 entreprises.
06:08C'est ça, la tendance actuelle.
06:0970 000.
06:10Et en 25, ça a augmenté encore par rapport à 24.
06:13Oui, en 2025, c'est encore une annusé rebelliste en termes de défaillant.
06:16Donc, on n'aura pas, entre guillemets, appuré, absorbé les entreprises en difficulté qui ont survécu grâce aux subventions et grâce à la perfusion du PGE pendant la crise Covid à fin 2025.
06:31Donc, il y en aura encore en 2026.
06:33Donc, vous pensez qu'en 2026, ça sera encore...
06:35Le chiffre sera encore très mauvais par rapport aux 50, 55 000 qu'on avait avant la crise Covid.
06:40Et il sera pire que celui de 2025 ?
06:42Je ne sais pas. Peut-être que... J'espère qu'en 2026, ce sera stabilisé.
06:45Mais on sera encore autour de 65, 70 000 entreprises.
06:48Oui, encore une très mauvaise année.
06:49C'est une très mauvaise année.
06:50Quelles sont les raisons ?
06:52Parce que vous, vous intervenez...
06:54Nous, on intervient quand...
06:58Parce que la réglementation encourage les banques à se séparer des entreprises en difficulté.
07:02Il faut le savoir. Réglementation bancaire.
07:04Oui, bien sûr.
07:05C'est-à-dire que la consommation de fonds propres passe d'un seul coup à x2 pour la même entreprise,
07:10alors qu'elle a le plus difficile derrière elle.
07:11Et qu'on est en train de l'aider pour son redressement.
07:15Bon, bref. En général, on intervient quand, juridiquement, elle rentre dans une procédure collective.
07:21Et ce que nous, on est en train de développer, c'est d'essayer de convaincre et d'expliquer aux entreprises
07:27qu'elles ont intérêt à titre préventif à nous solliciter en amont.
07:32Et on va continuer à les accompagner en aval, c'est-à-dire quand elles sont sorties de la procédure.
07:36Mais vous, vous faites quoi ? C'est-à-dire que vous allez voir...
07:39D'abord, c'est une méthode un peu... C'est pas du sur-mesure, parce que vous ne pouvez pas faire toutes les entreprises.
07:43Alors, vous parliez de quel type d'entreprise ?
07:45Alors, le cœur, quand même, on a une entreprise sur deux, presque, qui est sur cette niche.
07:52Temis Banque, filiale du groupe fiducial.
07:55On a une entreprise sur deux qui...
07:58Qui passe par...
07:59Qui est chez nous.
08:00Qu'est-ce qu'on a rapport ?
08:01Non, non, pas fourche-codine.
08:03Fourche, on va les aider.
08:06Donc, la difficulté, c'est celle que je vous évoquais réglementairement.
08:09C'est très pénalisant pour le banquier qui avait cette entreprise comme client.
08:16Ensuite, la deuxième difficulté, c'est que c'est très technique.
08:19C'est juridiquement très compliqué pour ne pas prendre des risques supplémentaires.
08:25Donc, les modalités d'intervention du banquier quand une entreprise est en difficulté,
08:29par rapport à tous les autres créanciers qui sont très vigilants sur la préservation,
08:35c'est très compliqué.
08:36Et juridiquement, et en termes de risques, et en termes d'analyses.
08:38Donc, on ne fait que du sur-mesure, principalement du sur-mesure.
08:43Et il y a tellement de dossiers, puisqu'on est passé de 35 000 à 70 000,
08:46il y a tellement de dossiers qu'on a réactivé une équipe dédiée,
08:50qu'on appelait le pôle entrepreneur,
08:51pour pouvoir traiter les entreprises qui sont en difficulté,
08:54qui sont petites, qui sont à moins de, on va dire,
08:582 millions d'euros de chiffre d'affaires.
09:01En fait, c'est intéressant, si vous dites,
09:04ce qui provoque peut-être ce nombre de failles d'entreprise,
09:07c'est l'attitude des banquiers qui a changé.
09:11Elle a toujours été comme ça.
09:13Oui, mais on sent que là, maintenant, il y a presque un peu de la réglementation.
09:16La réglementation est de plus en plus stricte,
09:18en allocation et en traitement du banquier.
09:22Ça veut dire quoi, par exemple, concrètement ?
09:25Concrètement, ça veut dire que, je vais vous donner une illustration
09:28qui n'est pas récente, mais quand vous êtes banquier,
09:31vous avez une entreprise in bonis, si vous vous prêtez de l'argent.
09:35Elle rentre dans une procédure collective.
09:38L'ensemble, pas le crédit en difficulté,
09:41mais l'ensemble des crédits avec cette entreprise,
09:44ses filiales, sa maison mère, etc.,
09:46sont qualifiés de, pour utiliser un jargon commun,
09:49de crédit à risque.
09:53Et ça, pour conséquence,
09:54donc, si vous n'avez que 100 000 euros
09:56qui sont exposés au risque parce que c'est dans telle structure,
10:00mais qu'au total, il y a un million sur l'ensemble du groupe,
10:03ce n'est pas les 100 000 euros qui sont traités comme à risque, crédit,
10:06c'est le million, et face à ce million, il faut mettre des fonds propres.
10:09Donc, c'est très pénalisant.
10:11Non, mais ça explique pas mal le comportement
10:12de certains banquiers,
10:15mais notamment vis-à-vis des grandes entreprises.
10:17On l'explique même à nos partenaires,
10:19les mandataires de justice,
10:20qui sont, encore une fois, en France,
10:22on a la chance d'avoir les banques judiciaires,
10:23on a la chance d'avoir des mandataires de justice,
10:25on a la chance d'avoir des procédures collectives,
10:27vraiment, qui sont assez uniques.
10:28C'est un vrai avantage pour essayer d'éviter
10:31de passer de « je suis en difficulté »
10:33à « je suis en liquidation judiciaire ».
10:34Donc, on a un vrai plus.
10:36Et donc, on a les mandataires de justice
10:37ou administrateurs judiciaires
10:39qui sont vraiment des grands pros
10:40et qui nous aident dans ce domaine-là.
10:41Eh bien, même, il faut leur expliquer
10:44que quand ils nous demandent à nous
10:45de l'argent et d'intervenir,
10:47qu'en fait, on s'expose en risque
10:48et ça consomme beaucoup plus de fonds propres
10:50que les autres banquiers.
10:50D'accord, on a compris où était le déclic.
10:55Non, les secteurs qui sont les plus impactés,
10:58enfin, ceux que vous voyez,
10:59parce que nous, on connaît la construction, etc.,
11:01mais ceux que vous voyez chez vous,
11:03aujourd'hui, c'est le top départ
11:04des négociations commerciales
11:06entre les grands distributeurs,
11:09les agriculteurs et l'industrie agroalimentaire,
11:12on dit qu'elles se portent extrêmement mal,
11:14notre industrie agroalimentaire,
11:15et puis les agriculteurs,
11:16parce que vous faites aussi maintenant
11:17des TPE, puis il y a des PME.
11:19Est-ce que vous confortez cette idée ou pas ?
11:21Oui, oui, absolument.
11:22Alors, 75%, puisqu'on a la moitié du marché,
11:26par construction, les dossiers que nous voyons entrer
11:30ou que nous gérons en stock
11:32correspondent à la réalité du marché,
11:36c'est-à-dire la construction,
11:37telle que vous l'évoquiez tout à l'heure,
11:39pour la majorité, presque un quart à elle seule.
11:44Ensuite, on a le commerce,
11:46l'habillement, l'informatique,
11:48donc c'est 20%,
11:49et un autre 20% du marché,
11:51c'est ce qui est restauration, hôtellerie.
11:53Donc, pas de surprise,
11:54on a cette même part de marché,
11:56l'interneur de portefeuille.
11:58Vous avez raison,
11:58il y a une nouveauté,
11:59enfin, il y a une nouveauté,
12:00il y a en croissance,
12:02pas en valeur absolue,
12:03mais en croissance,
12:04la partie agriculture,
12:06c'est plus 25, plus 30%,
12:09mais sur un chiffre
12:10qui est beaucoup plus bas,
12:11qui est beaucoup plus bas,
12:12ça représente encore,
12:15puisque les trois premiers secteurs,
12:17c'est 75%,
12:18la partie agriculture,
12:19c'est quelques pourcents,
12:21mais le chiffre est en augmentation significative.
12:25Donc, ça part de plus bas,
12:26mais c'est une croissance
12:27de près de 30%
12:28du nombre d'entreprises
12:30qui viennent du secteur de l'agriculture.
12:31Dernière question,
12:32Nicolas Maradol,
12:32est-ce que les PGE
12:34sont effectivement
12:35une cause importante,
12:37significative
12:38des défaillances d'entreprises ?
12:41Ils sont une cause significative
12:44du report
12:46des défaillances d'entreprises
12:47que j'évoquais tout à l'heure.
12:48Absolument, ça donne.
12:49C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
12:50on retrouve dans nos 70 000
12:52une partie importante.
12:54Les zombies,
12:55comme on les appelait à l'époque.
12:56De ceux ou des clandestins
12:58qui ont passé la crise du Covid
13:00grâce aux PGE.
13:01Mais maintenant,
13:02ceux qui disent
13:04qu'ils n'arrivent pas
13:04à rembourser leurs PGE.
13:06Alors, ils sont traités
13:06comme toutes les...
13:08Et c'est ce que vous voyez
13:08ou pas ?
13:09Oui, oui, oui.
13:10Il y en a, bien sûr, bien sûr.
13:12Dans les entreprises
13:14en difficulté aujourd'hui,
13:15il y a évidemment
13:16celles et ceux
13:17qui ont du PGE à rembourser.
13:18Donc encore inquiétude.
13:19Merci beaucoup, Nicolas Méradol,
13:22d'avoir été avec nous.
13:24Encore beaucoup de questions.
13:25Bon anniversaire,
13:26puisque c'est donc demain
13:26que vous avez vos 50 ans.
13:28Puis vous reviendrez nous voir
13:29pour qu'on fera le point
13:30comme ça régulièrement
13:30sur ce secteur des entreprises
13:33en difficulté.
13:34Nicolas Méradol,
13:35le patron de Témisbank,
13:36était notre invité.
13:37Dans un instant,
13:38on va reparler du budget,
13:40bien sûr,
13:41avec Agnès Verdier-Moligny,
13:42la présidente de l'IFRAP.
13:43Et face à elle,
13:44c'est Ludovic de Sautet,
13:45le directeur éditorial de la Tribune.
13:47A tout de suite.
13:50Le 18-19 d'Edwish Chevrillon
13:53sur BFM Business.
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