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  • il y a 6 jours
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00Aujourd'hui c'est à l'Assemblée Nationale aussi que se déroulait l'actualité, avec le vote de la suspension de la réforme des retraites, 255 voix contre 146 soutiens majoritaires du Parti Socialiste, des écologistes, du RN.
00:15On va retrouver Guillaume Daré et Damien Gourlet en direct de l'Assemblée, justement parce que les débats et les discussions continuent en ce moment même.
00:23Ah oui, ça continue. Ça continue et d'ailleurs ce sera ma première question pour Frédéric Valtoux. Bonsoir.
00:27Bonsoir.
00:27Député Horizon est président de la Commission des Affaires Sociales. Il y avait des centaines d'amendements encore à examiner aujourd'hui.
00:32Est-ce qu'il y a une chance ce soir d'avoir un vote solennel sur le budget de la Sécu ou c'est mort ?
00:37Il restait 380 amendements. Là, on en a fait une quinzaine, vingtaine. Je pense que d'ici minuit, on n'aura pas terminé l'examen des derniers amendements.
00:47Donc ça veut dire qu'il y aura un choix à faire. Soit on prolonge le débat dans la nuit, voire demain, soit le gouvernement transmet le texte au Sénat.
00:56C'est effectivement plutôt vers cette version qu'on va.
00:59Vous souhaitez que le débat se prolonge éventuellement au-delà de minuit ou pas ?
01:02Je crois qu'on a examiné les articles les plus importants et le gouvernement a déjà dit qu'il garderait les amendements votés par l'Assemblée nationale dans la copie qu'il va transmettre au Sénat.
01:12C'est-à-dire qu'on peut penser aujourd'hui qu'on a fait 80% du travail, sachant qu'avec la navette, on va revoir le PLFSS en nouvelle lecture.
01:22Je pense que si ce soir, les débats s'interrompent, je le redis, ce n'est pas trop grave parce qu'on aura discuté de l'essentiel.
01:28Alors la réforme des retraites a été suspendue. En tout cas, cet amendement a été voté. Les députés Horizon auxquels vous appartenez ont voté contre ?
01:36De manière claire, unanime.
01:37Pour vous, c'est une erreur politique. Pourquoi ?
01:40Parce que d'abord, c'est une aberration économique. Je ne vais pas reprendre les grands chiffres, mais on les connaît.
01:43La réforme, compte tenu du déséquilibre démographique, la réforme de 2023 suffisait à peine à équilibrer les comptes de nos caisses de retraite.
01:52Et là, on constate finalement qu'on va vers de nouveaux déficits parce qu'on propose une mesure sans son financement.
02:00Donc c'est un cadeau social que l'on fait, mais qui n'est pas financé.
02:03Donc on accroît la fragilité de notre modèle social. Ce n'est pas une bonne mesure.
02:08Et puis politiquement, c'est quand même renoncer à ce qui a été au cœur de l'engagement de ceux qui ont soutenu le gouvernement d'Elisabeth Borne,
02:18ont soutenu l'action d'Emmanuel Macron et croient surtout qu'on ne peut pas faire des cadeaux comme ça, sociaux,
02:23sans les financer sur le dos de la dette, sur le dos des déficits, c'est-à-dire en renvoyant aux générations futures la résolution financière des promesses que l'on fait.
02:32Et donc pour toutes ces raisons, ça n'est pas une bonne mesure et il fallait clairement le marquer.
02:36Dans les mots qu'on entend dans votre bouche, ce sont les mots de la campagne d'Edouard Philippe ?
02:40Non, mais clairement aujourd'hui à l'Assemblée nationale, on constate, c'est une journée de dupe.
02:46C'est-à-dire on fait croire que cette mesure n'aura pas d'impact.
02:51Sur le plan financier, elle en aura un et il va être violent.
02:54On fait croire que c'est une suspension.
02:57Quand on lit l'amendement, c'est un décalage.
02:59Et d'ailleurs, les communistes l'ont très bien dit.
03:01Vous dites la même chose que la France insoumise ?
03:03En tout cas, je dis la même chose que ceux qui ont lu attentivement le texte et qui sont honnêtes avec eux-mêmes.
03:08Ce n'est pas une suspension, c'est un décalage de deux ans.
03:11À charge ou pas à charge, en tous les cas, on décale simplement de deux ans les effets de la réforme de Borne.
03:17On ne la suspend pas, très clairement.
03:20Et un jeu de dupe aussi parce que, je le redis, ça n'est pas financé.
03:25Et qu'à ce jeu-là, on peut faire tout un tas de cadeaux si jamais derrière, on ne s'occupe pas du financement.
03:30Eh bien, on est dans des promesses qui sont des fausses promesses.
03:35Et donc, on est dans une journée de dupe aujourd'hui à l'Assemblée.
03:38Et le débat va se poursuivre dans les heures qui viennent.
03:39Donc, jusqu'à minuit au moins, peut-être au-delà.
03:42Et c'est vrai que dans la tonalité des réactions, il y avait beaucoup de gens qui donnaient rendez-vous à la prochaine campagne présidentielle 2027.
03:46C'est sans doute là que se tranchera le futur système de retraite pour la France.
03:51Merci Guillaume Daré, Damien Gourlet.
03:53Marie Chantré, qui a gagné et qui a perdu dans cette histoire ?
03:55On fait toujours le bilan après un vote.
03:57Peut-être Sébastien Lecornu, quand même, ce soir, qui gagne quand même encore un peu de temps, qui franchit une nouvelle haie.
04:04Juste revenir sur les mots de Frédéric Valtout-Horizon, qui dit quand même que le vote global, solennel,
04:11sur tout le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ne pourra pas être voté dans les temps ce soir.
04:16Et qui s'arrange finalement, au final, tout ça ?
04:19Le gouvernement, le Premier ministre et le Parti socialiste.
04:22Parce que ça va aller au Sénat avec la suspension de la réforme des retraites conservée dans le texte,
04:30sans doute détricotée ensuite.
04:32Mais s'il y avait eu vote solennel ce soir, rien ne dit du tout que le projet de loi de la Sécurité sociale,
04:38dans son entièreté, n'ait pas été rejeté.
04:41Notamment par le RN, parce que le RN ne veut pas des autres mesures.
04:44Voilà, c'est une subtilité qui n'est pas forcément ultra compréhensible et limpide.
04:48Mais le RN a voté pour la suspension, mais s'apprêtait à voter contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
04:56Pour vous expliquer, parce qu'effectivement là on est dans la technique parlementaire,
04:59le Sénat va rusher cette suspension ?
05:02Va la détricoter en tout cas, on peut l'imaginer.
05:04Ensuite, ça va revenir à l'Assemblée et l'Assemblée aura le dernier mot.
05:06Alors ça va revenir, pas complètement à l'Assemblée tout de suite, il va y avoir la fameuse commission mixte paritaire,
05:12on va essayer de se mettre d'accord, beaucoup doutent que cela puisse aboutir à quelque chose,
05:16mais en effet, vous avez raison, c'est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot sur ce budget.
05:21Et donc un autre vote, mais en l'état et au vu de ce que sont les équilibres,
05:26la suspension passerait au vu des votes de ce soir.
05:29Pardon, je vais jusqu'au bout, mais j'essaie de comprendre,
05:31si de nouveau l'Assemblée se prononce sur le budget, ça sera le budget dans son entièreté ?
05:35Absolument.
05:36Là, il sera sans doute rejeté le budget de la Sécu ?
05:38Il faudra voir si les équilibres ou pas bougent, mais c'est vrai que c'est une subtilité.
05:43Après, Sébastien Lecornu, ce n'est pas encore fait.
05:46Après, ce soir est examiné, vous savez, le gel des pensions,
05:50ou plutôt le dégel des pensions de retraite, le dégel des minima sociaux,
05:54qui était dans la copie initiale.
05:55Là, le gouvernement a introduit un amendement pour que les retraités ne soient pas touchés.
06:00Mais là où vous avez raison, c'est que c'est un vote décisif politiquement très important,
06:04et à haute valeur symbolique, mais la fin du chemin n'est pas écrite.
06:10Et cet amendement dont parle Marie à l'instant, il est très important,
06:14parce que c'est encore un geste en direction du Parti Socialiste.
06:17Parce que, bien évidemment, le Parti Socialiste ne veut pas le gel des pensions
06:21ou le gel de toutes les prestations sociales.
06:22Donc si cet amendement est voté aujourd'hui, c'est-à-dire que toutes ces prestations seront revalorisées
06:28à hauteur de l'inflation, eh bien cela fera partie du package qui sera examiné au Sénat.
06:35Donc c'est aussi l'autre grand gagnant de la journée, le Parti Socialiste,
06:39et plus particulièrement Olivier Faure, qui avait exigé, pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu,
06:45cette suspension qu'il a obtenue.
06:47– Oui, c'est vrai que pour Olivier Faure, c'est un peu la victoire de la ténacité,
06:51parce que quand il se lance sur ce chemin, il essuie d'abord la mitraille des autres partis de gauche,
06:57et notamment des LFIC, qui n'ont pas arrêté de le brocarder depuis.
07:01Il engage le parti sur une voie compliquée, parce que les électeurs du Parti Socialiste,
07:05au fond, ils sont plutôt d'accord avec l'abrogation et la suspension ne leur suffit pas.
07:08– Mais à la fois, Olivier Faure, il a aussi voulu redonner des gages à l'idée que le Parti Socialiste
07:13était aussi un parti plus raisonnable que les partenaires de gauche,
07:17même si, ça a été évoqué ici, le fait de revenir sur cette réforme des retraites n'est sans doute pas raisonnable,
07:24mais ça c'est un sujet de fond.
07:25Mais tactiquement, politiquement, Olivier Faure se démarque une bonne fois pour toutes des LFI,
07:31le parti est uni derrière lui, c'était quand même pas gagné,
07:33il gagne de justesse le Congrès, en interne il reste discuté,
07:37mais là, finalement, tout le monde se met un peu derrière lui,
07:41il s'engage quand même dans un dialogue avec Sébastien Lecornu,
07:44Premier ministre d'Emmanuel Macron, c'est compliqué cette affaire,
07:47et puis c'est lui qui quand même donne le tempo de ce débat budgétaire,
07:52bon, peut-être que ça ne passionne pas totalement les Français,
07:56mais c'est quand même lui qui impose cette ligne,
07:58et le Premier ministre qui suit, et qu'à un, qu'à un, les deux poursuivent la route,
08:02et ce soir, ils ont encore…
08:04– Le couple Fort-Lecornu, ça fonctionne quoi ?
08:06– C'est très laborieux tout ça, c'est très compliqué,
08:09on ne sait même pas si à l'arrivée ça marchera,
08:11mais ce qui est clair, c'est qu'Olivier Faure poursuit sa ligne,
08:16qui est d'obtenir tant et plus auprès de Sébastien Lecornu.
08:21– Vous parlez du prix politique, mais quel est le prix économique ?
08:25– Effectivement, et ça ne fait que grimper, rappelez-vous,
08:28si la suspension de la réforme des retraites n'avait concerné que le régime général,
08:33sans les exceptions qui ont été mises en place via amendement,
08:36les carrières longues, les catégories actives et superactives de la fonction publique,
08:40eh bien la facture monte encore, on estime, enfin le gouvernement estime que pour 2026,
08:45ce serait 300 millions d'euros et 1,9 milliard d'euros en 2027,
08:52ça veut dire qu'il va falloir trouver de quoi financer cette suspension de la réforme des retraites.
08:58Alors, quand on regarde du côté du Parti Socialiste,
09:00ils nous disent que la hausse de la CG permettra de financer,
09:03mais quand on voit l'étendue des dépenses qui ont été votées en plus,
09:08eh bien on a du mal à comprendre que tout ceci va suffire.
09:12En tout cas, pour la génération née en 1964, on gagne 3 mois.
09:17On pourra partir à 62 ans et 9 mois à la retraite au lieu de 63 ans prévus par la réforme.
09:22Mais les autres grands gagnants, ce sont ceux qui sont nés en 1965
09:26et très précisément entre le 1er janvier et le 31 mars,
09:30parce que ces personnes, normalement en 2028,
09:33auraient dû partir à la retraite à 63 ans et 3 mois.
09:37Et dans l'amendement qui a été déposé par le gouvernement aujourd'hui,
09:40eh bien ces derniers pourront partir à 62 ans et 9 mois,
09:45soit un gain de 6 mois.
09:47Et puis il y a un dernier perdant, c'est quand même le président de la République,
09:50Emmanuel Macron, parce que c'était la réforme de son quinquennat.
09:53Son totem, dirons-nous, il l'avait dit à certains députés de son camp,
09:57c'est douloureux pour nous tous.
09:59Lui qui a promis de se tenir un peu en retraite de ces débats de politique nationale,
10:03il était en déplacement aujourd'hui, on n'a pas du tout entendu évoquer ce sujet,
10:06même pas le sous-texte, mais c'est vrai que c'est un renoncement,
10:10mais c'est le prix sans doute de la stabilité et du compromis
10:13pour éviter une censure prochaine de Sébastien Lecornu et de tout son gouvernement.
10:19Parce que le président avait appelé un décalage à leur Premier ministre,
10:21parler de suspension.
10:21Oh oui, ce qu'il avait provoqué à l'époque depuis la Slovénie,
10:25il aurait pu éviter cette question en disant,
10:27je suis à l'étranger, je ne réponds pas de politique nationale.
10:29Il avait quand même répondu, et son Premier ministre,
10:31dans l'hémicycle, avait dû dire qu'il s'agissait bien d'une suspension.
10:35Alors on peut débattre des termes et de la sémantique,
10:37tout le monde n'est pas d'accord,
10:39mais il était arrivé à ses fins et ce soir s'est suspendu.
10:43Merci à tous.
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