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  • il y a 3 jours
Ce mardi 11 novembre, Vincent Juvyns, responsable de stratégie d'investissement chez ING, s'est penché sur la relance de la Chine dans la course à l'IA, la dette de plus en plus chère de la tech US, ainsi que la bonne saison des résultats pour l'Europe, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00Vincent Juvins nous rejoint, responsable de la stratégie d'investissement d'ING.
00:03Bonjour Vincent.
00:05Bonjour.
00:06Vous allez rendre votre verdict et le prononcer dans un instant en direct à l'antenne.
00:09Ce moment qu'on va vivre cet instant, ce verdict, est-ce que vous l'assumez Vincent ?
00:14Oui, je l'assume.
00:15Je pense sincèrement que la Chine devrait rempoter la bataille de l'IA
00:19et être le leader de demain en la matière.
00:22Oh, la Chine, futur leader de l'IA devant les Etats-Unis,
00:26c'est votre avis, votre opinion que vous portez haut et fière aujourd'hui Antoine ?
00:29Pourquoi ? Tu pensais que c'était la France qui allait gagner ?
00:32Ah non, non, quand même pas.
00:34Enfin, la Chine sera le futur leader de l'intelligence artificielle.
00:37Comme aujourd'hui, on n'a pas encore le bout de l'histoire,
00:38c'est intéressant de savoir ce qui vous amène à tant de convictions en l'occurrence Vincent.
00:42Pourquoi la Chine plutôt que les Etats-Unis sur l'IA ?
00:44Parce que la Chine réellement est en train d'ajuster en tout cas son économie
00:49pour en tout cas déjà une vision claire en la matière.
00:52En tout cas, le leadership IA ou le leadership technologique
00:55fait partie intégrante du plan quinquennat chinois.
00:57La Chine se donne les moyens de ses ambitions.
00:59Elle investit à tout va.
01:01En 2025, on estime que c'est à peu près 100 milliards de dollars
01:04d'investissements publics qui vont dans cette direction.
01:07La Chine sait créer un écosystème complet
01:10pour favoriser l'émergence de champions nationaux.
01:13Je l'ai entendu un petit peu plus tôt dans votre émission.
01:15La Chine contrôle évidemment la production de terres rares,
01:18nécessaire évidemment à la production de puces,
01:20notamment à certains égards.
01:21Elle en contrôle 60% de la production mondiale,
01:2490% du raffinage.
01:26Donc il est certain qu'elle va en exporter à nouveau une partie
01:29sur base de l'accord commercial récemment conclu avec les États-Unis.
01:32Mais enfin, elle garde pour elle évidemment un accès facilité à ces matières.
01:36La Chine a en tout cas ses données, en tout cas des deadlines relativement courtes
01:40pour une adoption branche de l'IA dans sa société.
01:45On a déjà 58% des entreprises en Chine qui intègrent l'IA
01:49dans leur appareil de production ou de fonctionnement.
01:52C'est bien plus que ce qu'on peut avoir au niveau international.
01:55Les chiffres varient.
01:55Je dirais qu'en Occident, on est en général plus proche de 30%.
01:59Donc on voit que la Chine est déjà en avance en la matière.
02:01Et puis on sait évidemment que l'IA sans les données sous-jacentes
02:06ne serait pas grand-chose.
02:08La Chine c'est un réservoir de données de plus d'un milliard de consommateurs,
02:12de citoyens, qui évidemment permet d'alimenter les modèles nationaux.
02:15Et puis le nerf de la guerre sur l'IA,
02:18c'est évidemment la capacité de construire des data centers pour l'alimenter.
02:22Et pour alimenter ces data centers, il faut de l'énergie.
02:25Or, Pékin a une politique énergétique spécifique pour les data centers,
02:30visant en tout cas à réduire leurs factures énergétiques
02:32et à justement leur faciliter la vie.
02:35Alors évidemment que chez nous en Europe,
02:37on a évidemment toutes les difficultés dans ce domaine.
02:39Donc Pékin a des ambitions, se donne des moyens de ses ambitions,
02:43a finalement des avantages concurrentiels en termes de données
02:45et clairement en termes d'accès aux ressources.
02:48Et clairement c'est ce qui fait, en tout cas de Pékin,
02:52potentiellement le leader IA de demain,
02:55concurrence déjà presque à armes égales avec les Etats-Unis.
02:58L'Europe est très en retard dans cette course évidemment.
03:00Oui, on rappelle d'ailleurs, puisque l'IA c'est l'énergie,
03:03c'est le retour aux matières premières, vraiment l'intelligence artificielle.
03:06On a besoin de ressources, de matières premières, d'eau, d'électricité.
03:10Et bien la Chine est en train de bâtir un barrage trois fois plus grand,
03:13avec des réserves trois fois supérieures à celles du barrage des Trois Gorges.
03:16C'est un truc gigantesque, ce sera le plus grand barrage du monde
03:19qui lui aussi participera à nourrir les besoins de l'intelligence artificielle.
03:23Ce barrage, il est en cours de construction au Tibet.
03:25Ce sera aussi une arme géopolitique d'ailleurs,
03:27puisque avec ce barrage, la Chine contrôlera les flux d'eau,
03:30le débit d'eau qui arrivera dans les pays en aval, bien évidemment.
03:34C'est une arme supplémentaire.
03:35Est-ce que la société chinoise aussi est en avance,
03:38même sur la société américaine, quant à l'adoption de l'intelligence artificielle, Vincent ?
03:43On voit en tout cas que ce soit l'adoption des technologies,
03:46que ce soit l'intelligence artificielle ou que ce soit la robotique.
03:48Clairement, il y a aujourd'hui, en tout cas dans les grandes métropoles chinoises,
03:53une intégration de la technologie qui est plus poussée.
03:56En tout cas, les statistiques d'adoption, notamment de l'IA dans les entreprises,
04:00pour reprendre ici une statistique objective,
04:03illustrent combien la Chine est plus en avance dans la matière.
04:07Les robots en ville, les autos autonomes,
04:10ce sont des choses qui sont déjà finalement normales
04:13dans pas mal d'agglomérations chinoises.
04:15Ça l'est dans certaines villes américaines,
04:17mais ça reste évidemment encore très, très, très hors d'idée.
04:21Je vous ai entendu mentionner en effet ce bagrage gigantesque.
04:25Ça me permet peut-être d'étendre le champ,
04:27en tout cas en termes de la technologie dans la société chinoise.
04:31Il y a actuellement évidemment la conférence COP qui se tient au Brésil.
04:35sur tout ce qui est technologie climatique qui était vraiment un sujet d'attention
04:39ces dernières années, que la COP essaie de remettre évidemment à l'agenda.
04:42On voit que la Chine a fait évidemment des avancées tout à fait phénoménales.
04:46On a été dubitatifs sur la capacité de la Chine
04:48à pouvoir finalement embrasser cette transition énergétique comme ils l'ont fait.
04:54Alors certes, les émissions de CO2 chinoises continuent d'augmenter,
04:56mais nulle part ailleurs dans le monde,
04:59on a vu une telle augmentation des capacités de production solaire, éolienne,
05:02de la pénétration de l'automobile électrique et que sais-je.
05:06Donc ce qu'ils ont réussi ces dernières années sur la transition énergétique,
05:10sur l'électrification de leurs économies,
05:12ils le réussiront sans doute évidemment sur le déploiement de l'intelligence artificielle.
05:17On reparlera justement de transition tout à l'heure,
05:19transition environnementale, énergétique aussi,
05:21et des nouveaux besoins avec Emmanuel Lechyps,
05:23ce sera dans la famille BFM Bourse.
05:24Est-ce que du coup quand vous regardez la valorisation des techs chinoises,
05:27vous vous dites qu'il faut absolument y aller quand on la compare à celle des techs américaines,
05:30ou il y a encore trop d'aléas politiques pour y aller, Vincent ?
05:33– Ce ne sont pas les aléas politiques qui me dérangent dans ce contexte-là.
05:38Il ne faut pas acheter de la Chine parce qu'elle est le meilleur marché sur la tech.
05:41Les valorisations moyennes du secteur technologique américain,
05:45ce sont à peu près 30 fois les bénéfices attendus.
05:47Si on regarde la valorisation de la tech chinoise, on est à 25.
05:50Donc ce n'est pas énormément bon marché non plus.
05:54Il faut acheter de la tech chinoise parce qu'on croit dans sa capacité de croissance supérieure
05:59par rapport aux autres marchés.
06:00Et on a vu depuis février cette année, avec notamment l'arrivée de DeepSeek
06:06et l'annonce des performances de DeepSeek,
06:09que depuis, la tech chinoise surperforme.
06:11La tech américaine, les sept magnifiques évidemment,
06:14qui en tout cas, capirent toute notre attention.
06:16Donc c'est davantage une question de performance, d'innovation
06:21qui doit nous attirer sur ce marché,
06:22même si c'est vrai qu'il y a une légère décote de la tech chinoise
06:25par rapport à la tech américaine.
06:27Mais enfin, elle est légère, elle est plus franche sur d'autres secteurs évidemment.
06:30Et c'est intéressant de vous avoir aujourd'hui, Vincent,
06:32parce qu'on n'a pas eu l'occasion de recueillir votre point de vue
06:33sur les doutes autour de l'intelligence artificielle
06:35et des niveaux de valorisation de la tech aux Etats-Unis.
06:38Alors vous nous dites que la tech américaine n'est pas si chère que ça.
06:40D'autres estiment au contraire qu'on est en train de vivre une bulle au carré,
06:43sur les marchés, la bulle de 2000, mais alors au carré.
06:46En plus, on a les géants de la tech qui peu à peu se mettent à lever de la dette
06:49pour financer leurs investissements.
06:50Et des spreads aussi qui augmentent.
06:52C'est-à-dire que les géants de la tech, aussi solides soient-ils,
06:55voient quand même les taux auxquels ils empruntent,
06:56peu à peu progresser plus vite que les taux des bons du trésor.
07:00Est-ce que ça, c'est les petits signaux d'alerte quand même pour la suite
07:02ou vous êtes à l'aise avec les niveaux actuels ?
07:05À ce stade, je suis à l'aise.
07:06Alors on paye la tech 30 fois les bénéfices attendus.
07:08J'ai entendu plutôt dans votre émission mentionner
07:10qu'un certain nombre d'entreprises, notamment Consumers, Staples,
07:13Steel, Walmart ou Costco, se négocient à presque 40 fois les bénéfices.
07:16Donc la tech n'est pas toujours le secteur le plus cher.
07:1830 fois, c'est élevé.
07:20Je te dis toujours que la tech est pricée pour la perfection aux États-Unis,
07:23comme globalement.
07:24Mais jusqu'ici, elle délivre cette perfection.
07:26Alors peut-être s'il y a 30 fois les bénéfices,
07:29tant que les bénéfices suivent, c'est bon.
07:30Ça fait plusieurs trimestres, 2-3 ans,
07:33que la tech délivre 20% et plus de croissance bénéficiaire chaque trimestre.
07:39Donc la croissance bénéficiaire est au rendez-vous.
07:43La tech investit énormément, ce qui soutient cette croissance bénéficiaire.
07:47On estime que, en tout cas pour les hyperscolaires aux États-Unis,
07:50c'est 350 milliards de dollars cette année.
07:52C'est le chiffre qu'elle puisse habituellement citer.
07:54350 milliards, ce n'est que finalement un peu plus de la moitié
07:57de ce que ces entreprises génèrent en cash flow opérationnel.
08:01En d'autres termes, elles peuvent financer ces investissements
08:06purement sur leur flux de trésorerie, sans même avoir à lever de la dette.
08:10Alors il y a beaucoup de questions de la dette pour l'instant.
08:12Alors ces entreprises, finalement, n'ont pas besoin de s'endetter actuellement.
08:17C'est juste, évidemment, pour diversifier leurs sources de financement
08:20et ne pas faire tout sur fond propre.
08:22Donc elles testent le marché, elles restent connectées au marché obligataire
08:25en émettant de la dette, qu'elles n'ont objectivement pas forcément besoin.
08:29Donc c'est finalement une gestion de trésorerie sainte que, finalement,
08:33même si on a le cash, que de faire appel au marché obligataire,
08:36lorsque les conditions font favorable.
08:38Alors les spreads se sont légèrement tendus,
08:40mais le problème sur les marchés obligataires,
08:42c'est qu'on a des spreads, de manière générale, qui sont historiquement bas.
08:45Donc quelque part, j'y vois finalement de la bonne gestion
08:48que de, finalement, lever de, en tout cas des moyens financiers
08:51via le marché obligataire actuellement.
08:53Ce qui est souvent amené, en tout cas, par les gens qui craignent une redite de 2000,
08:59c'est-à-dire qu'on fait des investissements pléthoriques
09:01qui, finalement, on va brûler du cash, ce sera de la destruction de valeur.
09:05Contrairement à 2000, on a aujourd'hui des data centers
09:07qui sont utilisés à 80% de leur capacité,
09:10autant dire à plein de capacités.
09:12La fibre optique, en 2000, c'était 10% de la capacité.
09:15Donc il y a réellement ici un besoin d'investir en data centers.
09:19Par ailleurs, lorsqu'on regarde leur rendement sur capitaux investis
09:23dans ces data centers, il oscille actuellement entre 20-25%.
09:26C'est deux fois ce qu'on peut voir dans d'autres secteurs.
09:29Donc il y aura évidemment des gagnants et des perdants
09:32dans cette course au leadership en termes d'IA.
09:35Soyons réalistes, je pense que les acteurs du secteur en sont conscients.
09:38Tout le monde essaye, évidemment, d'avoir cette course au leadership.
09:40On n'aura sans doute pas 10 modèles d'IA qui survivront dans 10 ans.
09:44On aura peut-être 5 bons.
09:46Donc il y aura de la destruction de valeur.
09:48Ça, c'est la gestion active.
09:49Mais sur la thématique aujourd'hui, il me semble qu'il n'y a pas,
09:52en tout cas, des signes évidents qu'on est face à une bulle spéculative.
09:56Ça fait du bien de vous l'entendre dire.
09:58En 30 secondes vraiment, en Europe, ici en Europe,
10:00quel secteur vous attire ?
10:02Alors, les banques, sans aucun doute,
10:05elles affichent des performances fantastiques cette année.
10:08Je pense que ce qui fait, évidemment, le jeu des banques actuellement va perdurer.
10:12On a par ailleurs en Europe, en tout cas l'avantage,
10:14que c'est un des rares secteurs où on voit timidement, en tout cas,
10:18des mouvements de fusion-acquisition, des fusements de rapprochement transfrontalier
10:23qui sont de bonne augure.
10:24On espère, évidemment, voir davantage de ce type de mouvements,
10:27davantage de secteurs pour réellement approfondir cette union des marchés de capitaux.
10:31Mais voilà, les éléments qui soutiennent les banques,
10:34demandes de crédit, quantification de la courbe des taux, sont bien présents.
10:37Et puis, il faut aussi donner que les banques sont, justement,
10:39un des secteurs qui, assez rapidement, a intégré l'intelligence artificielle
10:43pour détecter les fraudes, dans son offre de services, et ainsi de suite.
10:47Moi, je le vois au quotidien chez ING,
10:49l'intelligence artificielle prend de plus en plus de place dans nos processus,
10:53soit de gestion, mais ce soit également d'offres de services à nos clients.
10:56Ça nous permet d'être plus efficaces et d'améliorer la rentabilité.
10:59– Secteur bancaire, donc, pourquoi pas encore un privilégié pour la suite.
11:02C'est Vincent Juvins qui nous accompagnait.
11:04Merci beaucoup, Vincent.
11:05Merci beaucoup, Vincent.

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