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  • il y a 2 jours
Ce lundi 29 septembre, Hortense Lacroix, gérante actions chez Montpensier ARBEVEL, s'est penchée sur la menace économique de la concurrence chinoise sur l'Europe, la conséquence de cette menace sur les arbitrages en bourse, l'introduction en bourse de Verisure, et la place du directeur financier d'une boite dans sa performance boursière, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00Hortense Lacroix, 15h42, nous rejoint. Bonjour Hortense.
00:03Bonjour Guillaume.
00:04Gérante action pour mon pensier Arbevel.
00:06Hortense, vous allez rendre votre verdict et le prononcer dans un instant en direct.
00:09Ce moment, cet instant, ce verdict, l'assumez-vous ?
00:13Totalement. Je l'assume et j'estime que la menace qui pèse sur l'Europe
00:19de la part de la concurrence chinoise est gravement sous-estimée.
00:23Oh !
00:24Et cette concurrence chinoise, la menace qu'elle constitue pour l'économie européenne,
00:28on en parle souvent et pourtant, vous dites, on la sous-estime encore.
00:32Alors que l'Europe, quand même, on a appris par la presse allemande la semaine dernière
00:34que l'Europe envisageait, pourquoi pas, des taxes de 25 à 50% sur l'acier chinois.
00:39Vous dites oui, oui, d'accord, mais globalement, on continue de sous-estimer la Chine.
00:42Complètement. En fait, effectivement, il y a ces mesures de sauvegarde en acier.
00:46On n'est pas tout à fait nouveaux sur la menace que représente la Chine.
00:50Il y a une urgence actuellement de deux natures.
00:53Il y a une urgence conjoncturelle, d'une part,
00:55puisque avec les barrières que les Américains ont mises,
00:58on a nécessairement un déversement des surcapacités chinoises davantage vers l'Europe,
01:02donc un chiffre qui est assez frappant.
01:04Depuis la mise en place des barrières douanières américaines,
01:07on a eu moins 33% d'exportation chinoise vers les Etats-Unis,
01:11plus 11% d'exportation chinoise vers l'Union européenne.
01:14Donc évidemment, ces mesures de sauvegarde sur l'acier sont plus que jamais d'actualité.
01:19Mais honnêtement, j'attire l'attention surtout sur une autre urgence,
01:22ce qui est une urgence structurelle, c'est que la nature de la menace chinoise
01:26est complètement transformée par rapport à ce qu'elle était il y a 10 ans.
01:30On était sur des surcapacités de matières premières,
01:33d'industries à forte intensité main-d'œuvre.
01:36On est maintenant sur un niveau technologique qui est équivalent à celui de l'Europe.
01:40Oui, c'est-à-dire que les Chinois continuent d'être très concurrentiels,
01:43voire de plus en plus, dans la mesure où maintenant,
01:45ils le sont aussi sur des produits à haute valeur ajoutés,
01:47ce qu'il n'était pas avant.
01:48Avant, c'est les Allemands qui venaient à l'au revêt de leurs produits,
01:51de leurs machines outils, le marché chinois.
01:52Aujourd'hui, c'est en train un peu de s'inverser.
01:56Absolument.
01:56En fait, ce qui est assez frappant, c'est quand on entend justement
01:59les économies les plus ouvertes.
02:01Je pense à l'Allemagne, puisque je rentre d'une conférence à Munich
02:05où mon pensier Arbevel a pu voir beaucoup de dirigeants de sociétés allemandes.
02:11C'est assez frappant, parce qu'aussi bien au niveau de l'Union européenne
02:13qu'au niveau des entreprises elles-mêmes,
02:15on a toujours une attitude extrêmement ouverte et extrêmement bienvenue.
02:18Donc, les sociétés allemandes vous expliquent que les deux tiers de leur R&D
02:22sont partis en Chine parce qu'il y a une productivité qui est sensiblement supérieure
02:27pour un niveau finalement de technologie tout à fait équivalent.
02:31Ou alors qu'un business model pourrait être de faire rentrer
02:35les fabricants d'éoliens chinois, de turbines éoliennes chinois,
02:39puisqu'elles ont des problèmes de service.
02:40Finalement, on pourrait faire une joint venture
02:42et puis s'arranger pour leur assurer le service
02:45et la porte d'entrée réglementaire.
02:46Alors, ce qui est assez frappant, c'est qu'avec cette inversion complète
02:50du rapport de force technologique,
02:52je pense qu'à un moment, il faudra appliquer les méthodes
02:55qu'ils nous ont appliquées quand on voulait entrer dans le marché chinois
03:00qui étaient joint venture et partage de technologie éventuellement
03:04quand il faut rattraper.
03:05Oui, c'est-à-dire que pour vous, l'Europe ne s'en sortira face à la Chine
03:08pas qu'avec des taxes ou des droits de douane.
03:10Il faudrait effectivement pratiquer une forme de réciprocité
03:13pour partager les mêmes mauvaises pratiques.
03:17En gros, c'est ça que vous dites ?
03:18C'est-à-dire que les Chinois viennent comme ça,
03:19profitent des Genevator pour piller un certain nombre de technologies européennes.
03:22Vous dites, comme ils en sont mis à niveau,
03:23voire sont meilleurs que nous dans un certain nombre de domaines,
03:25on devrait faire comme eux.
03:26Je ne sais pas s'ils sont de mauvaises pratiques.
03:28En fait, c'est une inquiétude d'avoir la maîtrise quand même de technologies.
03:33On a instauré en panneau solaire, par exemple,
03:37un précédent qui est assez fâcheux quand même en Europe,
03:39qui était où on avait la technologie,
03:41on a considéré qu'elle était finalement assez intensive, assez polluante,
03:44ce n'était finalement pas très grave de la voir partir chez les Chinois.
03:48On assume de faire une transition énergétique au niveau du solaire,
03:51en tout cas, sans maîtriser la technologie.
03:53Et c'est une technologie qu'on a perdue.
03:55Donc les sociétés du secteur allemande, maintenant,
03:57vous dites, même si on voulait maintenant rapatrier,
03:59il y a des chaînons qu'on n'arrive plus du tout à maîtriser,
04:01qu'il faudrait essayer d'aller demander aux Chinois.
04:04Donc la question qu'il faut se poser,
04:05et en fait, je pense que c'est avant tout une prise de conscience qui est nécessaire,
04:08c'est quelle partie de l'industrialisation on accepte effectivement de voir partir.
04:14Mais ce qui est affolant quand on rencontre un grand nombre de sociétés actuellement,
04:17c'est qu'on a l'impression que la menace pèse sur de nombreux secteurs.
04:20Oui, ça semble vous inquiéter.
04:22Vous dites qu'il y a encore une forme d'inconscience aujourd'hui,
04:24y compris de la part des entreprises elles-mêmes.
04:26Vous dites, quand vous étiez à Munich,
04:27elles sont contentes de créer des jeunes vêtements.
04:29Absolument, il y a effectivement beaucoup d'accusations qui sont faites sur l'Union Européenne.
04:35On a vu le match Mario Draghi-Wanderleyen qui est très intéressant,
04:39et c'est très bien parce que tout ça c'est une prise de conscience politique,
04:43mais la prise de conscience, elle est aussi au niveau peut-être de chacun d'entre nous,
04:46même en tant que consommateur, et puis au niveau des agents producteurs.
04:48Et alors cette inquiétude aujourd'hui que vous venez partager avec nos auditeurs et téléspectateurs,
04:52comment est-ce que vous la traduisez dans vos allocations ?
04:54Vous êtes plutôt inquiète sur la trajectoire européenne,
04:56manque de conscience encore européenne face au danger que représente la concurrence chinoise,
05:00est-ce que ça impacte vos arbitrages en bourse en ce moment ?
05:02Alors bien sûr, on fait très attention à tout ça,
05:05et dès lors qu'une société vous dit qu'elle est absolument frontalement en compétition avec des sociétés chinoises,
05:12ça nous alerte et on essaie d'éviter des pans entiers d'activité.
05:15Je donne un exemple récent, la chimie de spécialité,
05:18notamment la distribution de chimie de spécialité,
05:21jusqu'à encore l'année dernière,
05:23disait qu'il y avait une protection de type réglementaire des marchés européens,
05:26et c'était un marché qui jouissait un peu,
05:28je ne vais pas dire d'un oligopole,
05:29mais d'un marché assez organisé, avec des marges bien défendues.
05:34Cette même société, 18 mois après,
05:36vous explique que maintenant les Chinois maîtrisent plus d'un quart des molécules,
05:39et qu'à la vitesse à laquelle ça va,
05:41on arrive assez vite à la moitié.
05:42Donc en fait, on voit des marchés entiers qui sont menacés,
05:45donc évidemment, ces sociétés-là, on va s'en méfier,
05:48parce que c'est effectivement des menaces sur le niveau des marges à moyen terme.
05:51Et par exemple, le marché automobile,
05:53les constructeurs européens, vous vous dites,
05:54bon, on se cache derrière nos petits doigts,
05:56en espérant qu'ils arrivent à trouver des relais de croissance,
05:58mais en réalité, face aux Chinois, on n'y arrivera pas,
06:00ou vous vous dites, si, quand même, il y a une possibilité, un chemin ?
06:03Alors, les deux.
06:04D'abord, il y a des sociétés qui sont effectivement plus menacées que d'autres,
06:07ça veut dire que vous avez encore des équipements anti-automobiles,
06:09par exemple en Europe,
06:10qui fournissent les OEM chinois.
06:15Donc on a encore quand même des avantages technologiques
06:18qui, du coup, ont un pricing power, etc.
06:20Pour combien de temps ?
06:21T'as-tu la question à résoudre ?
06:24Ce n'est pas parce qu'une société, effectivement,
06:26les OEM chinois sont un exemple assez intéressant,
06:30parce que je pense que c'est quelque chose qui a été frappant
06:32pour tout le monde,
06:34de croiser dans la rue des voitures BYD,
06:36de comprendre un petit peu le nouveau prix qu'ils vous proposent
06:39par rapport au niveau de technologie qui est embarqué.
06:42Et donc, ça fait un petit peu prendre conscience, effectivement,
06:44au grand public de ce qui se présente,
06:46peut-être dans d'autres secteurs.
06:48Tout a un prix en bourse,
06:49donc il faut aussi s'interroger sur
06:51qu'est-ce qui est déjà intégré dans le cours.
06:54Ce ne sont pas des sociétés qui sont appelées à faire faillite demain non plus.
06:56Donc, il faut raison garder,
06:58mais il faut aussi être alerté
07:00et ne pas être naïf au niveau collectif.
07:04Alors, tout a un prix en bourse.
07:07On a été très étonnés.
07:08Il y a une grosse introduction qui se prépare
07:10du côté de Stockholm.
07:12C'est l'introduction en bourse de Vérissure,
07:14qu'on connaît bien ici,
07:15parce qu'ils font des pubs tout le temps.
07:17Et puis, c'est un secteur en pleine expansion,
07:18la sécurité domestique, la domotique, etc.
07:20Mais, 14 milliards !
07:23Ça commence à être vraiment très, très élevé.
07:27Et alors, pour le coup,
07:29nous qui étions un petit peu en ras
07:30d'introduction en bourse,
07:32de belles introductions en bourse ces derniers mois,
07:34voilà un projet qui attire l'attention, en tout cas.
07:38Ça va faire du bien aux banques
07:39qui sont dans le syndicat de Stockholm.
07:41Ils s'occupent des IPOs.
07:42C'est sûr qu'une IPO de cette taille-là,
07:44une introduction en bourse de cette taille-là,
07:46c'est extrêmement rare.
07:47C'est une société de belle qualité
07:49qui est cédée par des private equity.
07:52C'est une taille qui pourrait être
07:53un petit peu inquiétante,
07:54mais c'est vrai qu'on est d'abord
07:55dans un contexte où les capitaux
07:58sont assez ouverts,
07:59à la fois sur les actions
08:00et sur les obligations.
08:01Et puis, il y a 40% quand même de l'offre
08:03qui est déjà assurée
08:04par ce qu'on appelle des cornerstone investors,
08:06donc des grosses banques
08:08ou des fonds d'investissement privés
08:10qui ont déjà dit
08:11qu'ils préemptaient une partie des actions.
08:15Par ailleurs, c'est une société
08:16qui était évaluée de façon un petit peu chère
08:20au début de sa présentation
08:23et les prix ont déjà été un petit peu ajustés
08:26à la baisse.
08:26Alors, on ne dit pas que c'est l'affaire du siècle,
08:28on dit que c'est une société
08:29qui est correctement pricée
08:31parce que c'est effectivement
08:31une société de très belle qualité quand même.
08:33C'est le leader mondial de la surveillance
08:37à distance professionnelle,
08:39donc d'alarme surveillée,
08:41qui est cinq fois plus gros quand même
08:43que l'acteur suivant
08:44et qui a des taux de croissance
08:45de 9% de ses ventes prévues
08:48sur les prochaines années.
08:49Donc, un très, très beau tric record.
08:52Vérissur qui va donc s'introduire
08:53à la bourse de Stockholm
08:54visant une capitalisation,
08:56valorisation quasiment 14 milliards d'euros.
08:58Ce serait la plus grosse intro en bourse
09:01en Europe depuis plusieurs années.
09:02Est-ce que quand les intros reviennent,
09:04et on en a vu quelques autres
09:05et aussi à Wall Street,
09:06est-ce que ça, d'un point de vue cyclique,
09:07c'est bon signe ?
09:08Est-ce que ça signifie qu'on est peut-être
09:10au début à l'orée d'une poursuite
09:12à la hausse sur les marchés
09:13ou au contraire, c'est le signe
09:14qu'on est au top et que, attention ?
09:17Alors, les deux, parce que c'est vrai
09:18que c'est en général à des points
09:19un petit peu hauts
09:20et c'est vrai que la bourse
09:21a beaucoup monté récemment
09:22et qu'on est à des niveaux
09:23de valorisation un peu tendus,
09:25même si on trouve que les small mids
09:27ont encore du chemin à faire.
09:28D'un autre côté, c'est extrêmement positif
09:30puisque ça renouvelle un petit peu la cote
09:32et donc ça redonne un petit peu
09:34d'intérêt à ce segment.
09:35Ce qui est intéressant,
09:36c'est que la semaine dernière,
09:37on a eu Noba Bank
09:39qui s'est introduite à Stockholm,
09:40qui a été 20 fois sursouscrite
09:42et qui a pris plus de 20%
09:44dans la première séance de cotation.
09:46On avait de la même façon à New York
09:47toutes les sociétés fintech
09:49qui systématiquement s'appréciaient
09:51monstrueusement dans les premières séances,
09:54ce qui effectivement fait un petit peu penser
09:57à des périodes un petit peu de bulles
09:59sur certains secteurs
10:00qu'on a pu connaître autrefois.
10:02Ça fait très longtemps qu'on n'avait pas vu ça.
10:04On n'est pas servi.
10:05Donc en fait, si vous faites une demande
10:07pour ce genre d'introduction en bourse,
10:09vous risquez soit de ne pas être servi du tout,
10:10soit d'être servi quelques pourcentages
10:12de ce que vous aviez demandé.
10:13Donc on sent un petit peu
10:14cet excès d'intérêt quand même
10:19par rapport à ce qui serait purement rationnel
10:22en termes de valorisation.
10:23On arrive, la marmite arrive en phase
10:24de début d'ébullition, quoi, attention.
10:26Un peu, un peu.
10:27Il n'est pas impossible qu'effectivement
10:28ça marque un petit début de phase de consolidation
10:30qui n'est pas forcément une grosse correction.
10:33Bon, toute dernière question.
10:35Dans l'actu des entreprises du jour,
10:36c'est l'antiste qui change de directeur financier.
10:39Est-ce que, et c'est une question qu'on pose aussi
10:40à nos auditeurs et téléspectateurs
10:41sur nos réseaux sociaux,
10:42X et LinkedIn, le X BFM Bourse,
10:44le LinkedIn BFM Bourse,
10:45est-ce que ce poste de directeur financier
10:47à vos yeux est clé dans la performance boursière
10:49d'une entreprise ?
10:50Oui ou non ?
10:50C'est la question qu'on vous pose à vous tous.
10:52Et vous avez déjà été nombreux à commencer à répondre
10:54et nous laisser vos arguments en commentaire.
10:55On va rebondir dessus dans la suite de BFM Bourse.
10:57Et pour vous, pourtant,
10:58est-ce que, oui, le directeur financier
10:59est clé dans les performances boursières d'une boîte ?
11:02Alors, en règle générale,
11:04ça dépend, j'ai quand même envie de dire,
11:07de la configuration de la gouvernance
11:08et de la partie fusion-acquisition
11:12qui est incluse dans le modèle de l'entreprise.
11:14En général, le directeur financier
11:16est responsable des acquisitions.
11:18Donc, une société qui a beaucoup
11:19de croissance acquisitive,
11:20va donner plus de responsabilité
11:22à son directeur financier.
11:23Si on parle du cas de Stellantis,
11:25qui est le cas du jour en particulier,
11:27je serais tentée de penser
11:28qu'il y a un tel rôle
11:30qui pèse sur les épaules du CEO
11:32que le rôle du CFO
11:34est peut-être moins important
11:35que dans d'autres sociétés.
11:38Et on verra.
11:39Alors, Julien Marion, notamment,
11:40qui va nous trouver un certain nombre d'exemples
11:41où, pour certaines sociétés,
11:42c'est exactement ce que vous disiez,
11:43le changement de directeur financier
11:44a eu un impact,
11:45et pour d'autres, aucun.
11:46Ce sera intéressant,
11:47ce sera à suivre tout à l'heure
11:48dans la famille BFM Bourse.
11:49Merci beaucoup, Hortense,
11:50d'être passée nous voir.
11:50Merci, Guillaume.
11:51Hortense Lacroix
11:52pour Montpensier Arbevel.
11:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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