00:00Hortense Lacroix, 15h42, nous rejoint. Bonjour Hortense.
00:03Bonjour Guillaume.
00:04Gérante action pour mon pensier Arbevel.
00:06Hortense, vous allez rendre votre verdict et le prononcer dans un instant en direct.
00:09Ce moment, cet instant, ce verdict, l'assumez-vous ?
00:13Totalement. Je l'assume et j'estime que la menace qui pèse sur l'Europe
00:19de la part de la concurrence chinoise est gravement sous-estimée.
00:23Oh !
00:24Et cette concurrence chinoise, la menace qu'elle constitue pour l'économie européenne,
00:28on en parle souvent et pourtant, vous dites, on la sous-estime encore.
00:32Alors que l'Europe, quand même, on a appris par la presse allemande la semaine dernière
00:34que l'Europe envisageait, pourquoi pas, des taxes de 25 à 50% sur l'acier chinois.
00:39Vous dites oui, oui, d'accord, mais globalement, on continue de sous-estimer la Chine.
00:42Complètement. En fait, effectivement, il y a ces mesures de sauvegarde en acier.
00:46On n'est pas tout à fait nouveaux sur la menace que représente la Chine.
00:50Il y a une urgence actuellement de deux natures.
00:53Il y a une urgence conjoncturelle, d'une part,
00:55puisque avec les barrières que les Américains ont mises,
00:58on a nécessairement un déversement des surcapacités chinoises davantage vers l'Europe,
01:02donc un chiffre qui est assez frappant.
01:04Depuis la mise en place des barrières douanières américaines,
01:07on a eu moins 33% d'exportation chinoise vers les Etats-Unis,
01:11plus 11% d'exportation chinoise vers l'Union européenne.
01:14Donc évidemment, ces mesures de sauvegarde sur l'acier sont plus que jamais d'actualité.
01:19Mais honnêtement, j'attire l'attention surtout sur une autre urgence,
01:22ce qui est une urgence structurelle, c'est que la nature de la menace chinoise
01:26est complètement transformée par rapport à ce qu'elle était il y a 10 ans.
01:30On était sur des surcapacités de matières premières,
01:33d'industries à forte intensité main-d'œuvre.
01:36On est maintenant sur un niveau technologique qui est équivalent à celui de l'Europe.
01:40Oui, c'est-à-dire que les Chinois continuent d'être très concurrentiels,
01:43voire de plus en plus, dans la mesure où maintenant,
01:45ils le sont aussi sur des produits à haute valeur ajoutés,
01:47ce qu'il n'était pas avant.
01:48Avant, c'est les Allemands qui venaient à l'au revêt de leurs produits,
01:51de leurs machines outils, le marché chinois.
01:52Aujourd'hui, c'est en train un peu de s'inverser.
01:56Absolument.
01:56En fait, ce qui est assez frappant, c'est quand on entend justement
01:59les économies les plus ouvertes.
02:01Je pense à l'Allemagne, puisque je rentre d'une conférence à Munich
02:05où mon pensier Arbevel a pu voir beaucoup de dirigeants de sociétés allemandes.
02:11C'est assez frappant, parce qu'aussi bien au niveau de l'Union européenne
02:13qu'au niveau des entreprises elles-mêmes,
02:15on a toujours une attitude extrêmement ouverte et extrêmement bienvenue.
02:18Donc, les sociétés allemandes vous expliquent que les deux tiers de leur R&D
02:22sont partis en Chine parce qu'il y a une productivité qui est sensiblement supérieure
02:27pour un niveau finalement de technologie tout à fait équivalent.
02:31Ou alors qu'un business model pourrait être de faire rentrer
02:35les fabricants d'éoliens chinois, de turbines éoliennes chinois,
02:39puisqu'elles ont des problèmes de service.
02:40Finalement, on pourrait faire une joint venture
02:42et puis s'arranger pour leur assurer le service
02:45et la porte d'entrée réglementaire.
02:46Alors, ce qui est assez frappant, c'est qu'avec cette inversion complète
02:50du rapport de force technologique,
02:52je pense qu'à un moment, il faudra appliquer les méthodes
02:55qu'ils nous ont appliquées quand on voulait entrer dans le marché chinois
03:00qui étaient joint venture et partage de technologie éventuellement
03:04quand il faut rattraper.
03:05Oui, c'est-à-dire que pour vous, l'Europe ne s'en sortira face à la Chine
03:08pas qu'avec des taxes ou des droits de douane.
03:10Il faudrait effectivement pratiquer une forme de réciprocité
03:13pour partager les mêmes mauvaises pratiques.
03:17En gros, c'est ça que vous dites ?
03:18C'est-à-dire que les Chinois viennent comme ça,
03:19profitent des Genevator pour piller un certain nombre de technologies européennes.
03:22Vous dites, comme ils en sont mis à niveau,
03:23voire sont meilleurs que nous dans un certain nombre de domaines,
03:25on devrait faire comme eux.
03:26Je ne sais pas s'ils sont de mauvaises pratiques.
03:28En fait, c'est une inquiétude d'avoir la maîtrise quand même de technologies.
03:33On a instauré en panneau solaire, par exemple,
03:37un précédent qui est assez fâcheux quand même en Europe,
03:39qui était où on avait la technologie,
03:41on a considéré qu'elle était finalement assez intensive, assez polluante,
03:44ce n'était finalement pas très grave de la voir partir chez les Chinois.
03:48On assume de faire une transition énergétique au niveau du solaire,
03:51en tout cas, sans maîtriser la technologie.
03:53Et c'est une technologie qu'on a perdue.
03:55Donc les sociétés du secteur allemande, maintenant,
03:57vous dites, même si on voulait maintenant rapatrier,
03:59il y a des chaînons qu'on n'arrive plus du tout à maîtriser,
04:01qu'il faudrait essayer d'aller demander aux Chinois.
04:04Donc la question qu'il faut se poser,
04:05et en fait, je pense que c'est avant tout une prise de conscience qui est nécessaire,
04:08c'est quelle partie de l'industrialisation on accepte effectivement de voir partir.
04:14Mais ce qui est affolant quand on rencontre un grand nombre de sociétés actuellement,
04:17c'est qu'on a l'impression que la menace pèse sur de nombreux secteurs.
04:20Oui, ça semble vous inquiéter.
04:22Vous dites qu'il y a encore une forme d'inconscience aujourd'hui,
04:24y compris de la part des entreprises elles-mêmes.
04:26Vous dites, quand vous étiez à Munich,
04:27elles sont contentes de créer des jeunes vêtements.
04:29Absolument, il y a effectivement beaucoup d'accusations qui sont faites sur l'Union Européenne.
04:35On a vu le match Mario Draghi-Wanderleyen qui est très intéressant,
04:39et c'est très bien parce que tout ça c'est une prise de conscience politique,
04:43mais la prise de conscience, elle est aussi au niveau peut-être de chacun d'entre nous,
04:46même en tant que consommateur, et puis au niveau des agents producteurs.
04:48Et alors cette inquiétude aujourd'hui que vous venez partager avec nos auditeurs et téléspectateurs,
04:52comment est-ce que vous la traduisez dans vos allocations ?
04:54Vous êtes plutôt inquiète sur la trajectoire européenne,
04:56manque de conscience encore européenne face au danger que représente la concurrence chinoise,
05:00est-ce que ça impacte vos arbitrages en bourse en ce moment ?
05:02Alors bien sûr, on fait très attention à tout ça,
05:05et dès lors qu'une société vous dit qu'elle est absolument frontalement en compétition avec des sociétés chinoises,
05:12ça nous alerte et on essaie d'éviter des pans entiers d'activité.
05:15Je donne un exemple récent, la chimie de spécialité,
05:18notamment la distribution de chimie de spécialité,
05:21jusqu'à encore l'année dernière,
05:23disait qu'il y avait une protection de type réglementaire des marchés européens,
05:26et c'était un marché qui jouissait un peu,
05:28je ne vais pas dire d'un oligopole,
05:29mais d'un marché assez organisé, avec des marges bien défendues.
05:34Cette même société, 18 mois après,
05:36vous explique que maintenant les Chinois maîtrisent plus d'un quart des molécules,
05:39et qu'à la vitesse à laquelle ça va,
05:41on arrive assez vite à la moitié.
05:42Donc en fait, on voit des marchés entiers qui sont menacés,
05:45donc évidemment, ces sociétés-là, on va s'en méfier,
05:48parce que c'est effectivement des menaces sur le niveau des marges à moyen terme.
05:51Et par exemple, le marché automobile,
05:53les constructeurs européens, vous vous dites,
05:54bon, on se cache derrière nos petits doigts,
05:56en espérant qu'ils arrivent à trouver des relais de croissance,
05:58mais en réalité, face aux Chinois, on n'y arrivera pas,
06:00ou vous vous dites, si, quand même, il y a une possibilité, un chemin ?
06:03Alors, les deux.
06:04D'abord, il y a des sociétés qui sont effectivement plus menacées que d'autres,
06:07ça veut dire que vous avez encore des équipements anti-automobiles,
06:09par exemple en Europe,
06:10qui fournissent les OEM chinois.
06:15Donc on a encore quand même des avantages technologiques
06:18qui, du coup, ont un pricing power, etc.
06:20Pour combien de temps ?
06:21T'as-tu la question à résoudre ?
06:24Ce n'est pas parce qu'une société, effectivement,
06:26les OEM chinois sont un exemple assez intéressant,
06:30parce que je pense que c'est quelque chose qui a été frappant
06:32pour tout le monde,
06:34de croiser dans la rue des voitures BYD,
06:36de comprendre un petit peu le nouveau prix qu'ils vous proposent
06:39par rapport au niveau de technologie qui est embarqué.
06:42Et donc, ça fait un petit peu prendre conscience, effectivement,
06:44au grand public de ce qui se présente,
06:46peut-être dans d'autres secteurs.
06:48Tout a un prix en bourse,
06:49donc il faut aussi s'interroger sur
06:51qu'est-ce qui est déjà intégré dans le cours.
06:54Ce ne sont pas des sociétés qui sont appelées à faire faillite demain non plus.
06:56Donc, il faut raison garder,
06:58mais il faut aussi être alerté
07:00et ne pas être naïf au niveau collectif.
07:04Alors, tout a un prix en bourse.
07:07On a été très étonnés.
07:08Il y a une grosse introduction qui se prépare
07:10du côté de Stockholm.
07:12C'est l'introduction en bourse de Vérissure,
07:14qu'on connaît bien ici,
07:15parce qu'ils font des pubs tout le temps.
07:17Et puis, c'est un secteur en pleine expansion,
07:18la sécurité domestique, la domotique, etc.
07:20Mais, 14 milliards !
07:23Ça commence à être vraiment très, très élevé.
07:27Et alors, pour le coup,
07:29nous qui étions un petit peu en ras
07:30d'introduction en bourse,
07:32de belles introductions en bourse ces derniers mois,
07:34voilà un projet qui attire l'attention, en tout cas.
07:38Ça va faire du bien aux banques
07:39qui sont dans le syndicat de Stockholm.
07:41Ils s'occupent des IPOs.
07:42C'est sûr qu'une IPO de cette taille-là,
07:44une introduction en bourse de cette taille-là,
07:46c'est extrêmement rare.
07:47C'est une société de belle qualité
07:49qui est cédée par des private equity.
07:52C'est une taille qui pourrait être
07:53un petit peu inquiétante,
07:54mais c'est vrai qu'on est d'abord
07:55dans un contexte où les capitaux
07:58sont assez ouverts,
07:59à la fois sur les actions
08:00et sur les obligations.
08:01Et puis, il y a 40% quand même de l'offre
08:03qui est déjà assurée
08:04par ce qu'on appelle des cornerstone investors,
08:06donc des grosses banques
08:08ou des fonds d'investissement privés
08:10qui ont déjà dit
08:11qu'ils préemptaient une partie des actions.
08:15Par ailleurs, c'est une société
08:16qui était évaluée de façon un petit peu chère
08:20au début de sa présentation
08:23et les prix ont déjà été un petit peu ajustés
08:26à la baisse.
08:26Alors, on ne dit pas que c'est l'affaire du siècle,
08:28on dit que c'est une société
08:29qui est correctement pricée
08:31parce que c'est effectivement
08:31une société de très belle qualité quand même.
08:33C'est le leader mondial de la surveillance
08:37à distance professionnelle,
08:39donc d'alarme surveillée,
08:41qui est cinq fois plus gros quand même
08:43que l'acteur suivant
08:44et qui a des taux de croissance
08:45de 9% de ses ventes prévues
08:48sur les prochaines années.
08:49Donc, un très, très beau tric record.
08:52Vérissur qui va donc s'introduire
08:53à la bourse de Stockholm
08:54visant une capitalisation,
08:56valorisation quasiment 14 milliards d'euros.
08:58Ce serait la plus grosse intro en bourse
09:01en Europe depuis plusieurs années.
09:02Est-ce que quand les intros reviennent,
09:04et on en a vu quelques autres
09:05et aussi à Wall Street,
09:06est-ce que ça, d'un point de vue cyclique,
09:07c'est bon signe ?
09:08Est-ce que ça signifie qu'on est peut-être
09:10au début à l'orée d'une poursuite
09:12à la hausse sur les marchés
09:13ou au contraire, c'est le signe
09:14qu'on est au top et que, attention ?
09:17Alors, les deux, parce que c'est vrai
09:18que c'est en général à des points
09:19un petit peu hauts
09:20et c'est vrai que la bourse
09:21a beaucoup monté récemment
09:22et qu'on est à des niveaux
09:23de valorisation un peu tendus,
09:25même si on trouve que les small mids
09:27ont encore du chemin à faire.
09:28D'un autre côté, c'est extrêmement positif
09:30puisque ça renouvelle un petit peu la cote
09:32et donc ça redonne un petit peu
09:34d'intérêt à ce segment.
09:35Ce qui est intéressant,
09:36c'est que la semaine dernière,
09:37on a eu Noba Bank
09:39qui s'est introduite à Stockholm,
09:40qui a été 20 fois sursouscrite
09:42et qui a pris plus de 20%
09:44dans la première séance de cotation.
09:46On avait de la même façon à New York
09:47toutes les sociétés fintech
09:49qui systématiquement s'appréciaient
09:51monstrueusement dans les premières séances,
09:54ce qui effectivement fait un petit peu penser
09:57à des périodes un petit peu de bulles
09:59sur certains secteurs
10:00qu'on a pu connaître autrefois.
10:02Ça fait très longtemps qu'on n'avait pas vu ça.
10:04On n'est pas servi.
10:05Donc en fait, si vous faites une demande
10:07pour ce genre d'introduction en bourse,
10:09vous risquez soit de ne pas être servi du tout,
10:10soit d'être servi quelques pourcentages
10:12de ce que vous aviez demandé.
10:13Donc on sent un petit peu
10:14cet excès d'intérêt quand même
10:19par rapport à ce qui serait purement rationnel
10:22en termes de valorisation.
10:23On arrive, la marmite arrive en phase
10:24de début d'ébullition, quoi, attention.
10:26Un peu, un peu.
10:27Il n'est pas impossible qu'effectivement
10:28ça marque un petit début de phase de consolidation
10:30qui n'est pas forcément une grosse correction.
10:33Bon, toute dernière question.
10:35Dans l'actu des entreprises du jour,
10:36c'est l'antiste qui change de directeur financier.
10:39Est-ce que, et c'est une question qu'on pose aussi
10:40à nos auditeurs et téléspectateurs
10:41sur nos réseaux sociaux,
10:42X et LinkedIn, le X BFM Bourse,
10:44le LinkedIn BFM Bourse,
10:45est-ce que ce poste de directeur financier
10:47à vos yeux est clé dans la performance boursière
10:49d'une entreprise ?
10:50Oui ou non ?
10:50C'est la question qu'on vous pose à vous tous.
10:52Et vous avez déjà été nombreux à commencer à répondre
10:54et nous laisser vos arguments en commentaire.
10:55On va rebondir dessus dans la suite de BFM Bourse.
10:57Et pour vous, pourtant,
10:58est-ce que, oui, le directeur financier
10:59est clé dans les performances boursières d'une boîte ?
11:02Alors, en règle générale,
11:04ça dépend, j'ai quand même envie de dire,
11:07de la configuration de la gouvernance
11:08et de la partie fusion-acquisition
11:12qui est incluse dans le modèle de l'entreprise.
11:14En général, le directeur financier
11:16est responsable des acquisitions.
11:18Donc, une société qui a beaucoup
11:19de croissance acquisitive,
11:20va donner plus de responsabilité
11:22à son directeur financier.
11:23Si on parle du cas de Stellantis,
11:25qui est le cas du jour en particulier,
11:27je serais tentée de penser
11:28qu'il y a un tel rôle
11:30qui pèse sur les épaules du CEO
11:32que le rôle du CFO
11:34est peut-être moins important
11:35que dans d'autres sociétés.
11:38Et on verra.
11:39Alors, Julien Marion, notamment,
11:40qui va nous trouver un certain nombre d'exemples
11:41où, pour certaines sociétés,
11:42c'est exactement ce que vous disiez,
11:43le changement de directeur financier
11:44a eu un impact,
11:45et pour d'autres, aucun.
11:46Ce sera intéressant,
11:47ce sera à suivre tout à l'heure
11:48dans la famille BFM Bourse.
11:49Merci beaucoup, Hortense,
11:50d'être passée nous voir.
11:50Merci, Guillaume.
11:51Hortense Lacroix
11:52pour Montpensier Arbevel.
11:54Sous-titrage Société Radio-Canada