- il y a 3 jours
Ce mercredi 5 novembre, Ronan Blanc, gérant obligataire chez Montpensier Arbevel, et Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital, ont échangé leurs points de vue sur le franc succès des obligations Alphabet, le coup d'arrêt de la tech US en bourse et la tendance sur les marchés, ainsi que sur la probabilité de baisse de taux en décembre par la Fed, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00Vous connaissez le rendez-vous, deux acteurs de marché, deux visions qui se rencontrent avec aujourd'hui Ronan Blanc, gérant obligataire chez Montpensier-Arbevel.
00:07Bonjour Ronan, merci d'être avec nous ce matin avec Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marché de capitaux chez Tikio Capital.
00:13Bonjour messieurs, merci à tous les deux d'être là.
00:16Bon, puisqu'on parlait du marché obligataire, touchons quand même un mot de ces montants très élevés qui sont levés par les GAFAM.
00:22La semaine dernière, c'était Meta, là cette semaine c'est Alphabet qui a levé plus de 15 milliards de dollars.
00:29Enfin, ils voulaient 15 milliards, ils ont même eu 17 milliards, si je ne me trompe pas Ronan Blanc.
00:32Et puis du côté du marché euro, c'est un peu plus de 6 milliards avec, comme on le disait il y a un instant, avec Alexandre Péricard, une demande qui était stratosphérique, juste énorme.
00:40Il y a du cash, il y a du cash.
00:42Finalement, les scénarios qui nous ont été annoncés fatalisent que l'économie américaine devait rentrer en récession parce que, quelque part, la théorie économique nous dit que ces scénarios-là sont un petit peu balayés.
00:54Et on a gagné un petit peu de visibilité monétaire, même si côté Fed, je pense qu'ils ont à peine commencé, que ça va sans doute être mis en mode pause assez rapidement.
01:05Et oui, l'appétit est là.
01:07Le seul petit point peut-être de crispation, c'est jusqu'à maintenant les dépenses d'investissement étaient plutôt faites sur le cash qui était généré par ces entreprises-là.
01:16Et là, elles ont quand même massivement recours à la dette.
01:19Donc, il y a une tentation à se ré-endetter aux États-Unis qui est beaucoup moins présente en Europe parce que la visibilité sur le cycle économique est plus faible.
01:27Donc, c'est pour ça que nous, on préfère quand même être plus à l'aise sur le crédit européen que sur le crédit américain.
01:32Et donc, c'est des sources de volatilité supplémentaires qu'on n'avait pas.
01:35Donc, ça ne veut pas dire qu'on va vers de grandes catastrophes.
01:37Mais en tout cas, les périodes un petit peu de hausse de vol comme on a depuis quelques jours vont se répéter sans doute de manière un peu plus marquée que ces derniers mois.
01:47Après, Alphabet a sûrement constaté qu'il y avait une fenêtre de tir et ça ne change pas la qualité de leur bilan.
01:51Pour rappel, à leur échelle, pour eux, le V15 à 20 milliards de dettes, c'est tout à fait gérable.
01:57Alors, c'est gérable et souvenez-vous, c'est un sujet qu'on avait déjà abordé.
02:00Finalement, il y a une certaine méfiance généralisée vis-à-vis des dettes souveraines.
02:03Et quelque part, les investisseurs sont quand même obligés de placer leur argent sur le compartiment obligataire.
02:10Et il y a une espèce de prime aux entreprises parce que c'est elles qui font le job, en fait.
02:14Finalement, c'est elles qui font attention plutôt à leur bilan.
02:17Et c'est quelque part sur leur activité qu'il y a une certaine visibilité.
02:21Alors qu'on le voit bien, en France, la visibilité est quand même relativement faible sur le front des finances publiques.
02:27Donc, c'est vrai qu'il y a des gens qui quand même lèvent le pied sur leur allocation en termes de dépenses de dettes d'État.
02:33Et réoriente ses investissements sur les dettes d'entreprises.
02:36Et bien évidemment, les entreprises en profitent pour se réendetter, notamment sur la partie américaine.
02:41Avec Alphabet qui a annoncé la semaine dernière 35 milliards de profits.
02:44C'est l'AGAFAM qui a dégagé le plus gros bénéfice net.
02:47En attendant, bien sûr, Nvidia qui va publier ses résultats dans 15 jours.
02:50La tech américaine qui fait l'actualité dans le marché obligataire, mais également sur le marché actions.
02:54Avec Raphaël Thuin, hier, un petit coup de stress.
02:57Bon, je ne sais pas comment on peut qualifier cette séance d'hier.
02:59Avec le Nasdaq qui a perdu 2 %, Nvidia moins 5, Palantir moins 8.
03:04Bon, il ne faut pas oublier d'où on vient, comme toujours.
03:07Oui, on a clairement une phase de consolidation.
03:09Il n'y avait pas vraiment de facteurs décisifs qui doivent expliquer qu'il y a eu cette prise de bénéfices.
03:15On sent qu'un marché commence à être un peu inquiet sur la thématique de valorisation, sur la thématique aussi de retour sur investissement.
03:23On le voit, des montants investis absolument colossaux et des retours sur investissement qui, pour l'instant, interrogent.
03:29En tout cas, on a du mal à exactement comprendre d'où viendront ces retours sur investissement.
03:35Et donc, après des performances qui ont été des performances records, à un moment où les valorisations, évidemment, sont exigeantes.
03:41On commence à voir un marché qui s'inquiète davantage, qui prend profit, qui réagit davantage à la baisse qu'il peut réagir à la hausse sur les bonnes nouvelles.
03:50Donc, voilà, une prise de profit peut-être ponctuelle qui pourrait d'ailleurs perdurer sur quelques séances dans le temps.
03:58On reste néanmoins sur des tendances long terme qui sont probablement positives.
04:01En tout cas, la saison des résultats de ces grandes techs a été très bonne, d'une part, en termes de profitabilité, en termes de croissance du chiffre d'affaires.
04:10Et puis, elle a confirmé cette volonté, cette tendance à investir sur l'IA.
04:14Ces grandes entreprises techs continuent de voir une belle opportunité, une grande opportunité d'investissement.
04:20Les dépenses d'investissement vont être encore plus importantes que prévues.
04:24Elles vont croître peut-être de 500 milliards de dollars l'année prochaine.
04:26On ne se rend même plus compte ce que ça veut dire, 500 milliards de dollars, mais bien plus que ce qu'on attendait initialement.
04:32Donc, finalement, cette tendance, même si elle est consolide actuellement, elle semble devoir perdurer peut-être sur le long terme.
04:38Un événement marquant quand même, c'est que dernièrement, les résultats d'entreprise ne font plus monter les titres.
04:43Vous avez vu, hier soir, AMD a publié ses résultats, moins 3 en après-bourse, Palantir, moins 8, alors que les résultats étaient meilleurs qu'anticipés.
04:49C'est un petit tournant là quand même aujourd'hui, Renan Blanc.
04:51Je ne serais pas jusqu'à dire tournant en fait l'enseignement, la période de résultats est quand même plutôt bonne, y compris en Europe, de manière un peu plus surprenante.
05:01Il n'y a pas d'énormes accidents.
05:03Donc, c'est quand même le reflet finalement que les choses ne vont pas si mal.
05:05Encore une fois, les inquiétudes économiques étaient peut-être trop focalisées sur l'emploi, les statistiques un peu old school, etc.
05:12Et on a oublié qu'un des moteurs aussi économiques dans le monde, c'était ce que faisaient les entreprises.
05:18Et les entreprises s'adaptent à un environnement de plus en plus volatile.
05:22On ne parle même plus des conséquences de la hausse des droits de douane parce que ce n'est pas que c'est un non-event.
05:28Mais là encore, il y a une capacité d'adaptation des entreprises qui est particulièrement forte.
05:32Et je pense que c'est une partie de cette mécanique-là qui a été aussi saluée par les investisseurs.
05:37que ça respire un petit peu.
05:38Moi, je le prends plus comme un temps de respiration.
05:41C'est-à-dire, à un moment donné, des marchés à sens unique, ça devient peut-être un petit peu chiant aussi.
05:45Ça permet de retomber un petit peu sur et de prendre le temps un petit peu aussi de l'analyse.
05:50Maintenant, des opérations d'acquisition, il s'en passe.
05:54Vous avez vu Irène qui est un spécialiste data center sur la blockchain avec une opération à 10 milliards avec Microsoft.
06:01Donc, ça, c'est du concret, c'est du réel.
06:03C'est des choses qui vont se passer pour demain.
06:05Donc, oui, il y a une problématique sur la valorisation à terme de certains actifs.
06:10En tout cas, les gros acteurs déploient quand même un maximum de capex sur ces thématiques de long terme.
06:16Et après, on fera le tri, comme d'habitude, entre les gagnants et les perdants.
06:20Mais il est peut-être un petit peu trop tôt pour siffler l'arrivée de cette course.
06:27Avec pour rappel, le S&P 500 qui a pris 30% ligne droite depuis le mois d'avril, plus 50% pour le Nasdaq Composite.
06:33Et c'est dans ce contexte, hier, depuis une conférence à Hong Kong, que les patrons de Morgan Stanley et Goldman Sachs ont été quand même assez prudents en disant que, bon, une respiration serait saine.
06:40Ils ne peuvent pas dire l'inverse, au final, aussi, Raphaël Thuin.
06:43Oui, il y a de bonnes raisons de penser qu'effectivement, surtout dans cette période de fin d'année où il y a souvent des prises de bénéfices,
06:49ou en tout cas, on peut y avoir un peu plus de volatilité.
06:52Vous avez parlé des performances historiques et ça fait maintenant plusieurs années que les marchés rebondissent.
06:58On est sur trois ans d'un marché haussier, c'est assez long.
07:02Dévalorisations, on le sait, qui sont exigeantes.
07:04Alors, les valorisations, c'est complexe.
07:06Quand on soulève le capot, on se rend compte qu'une partie de ces valorisations, c'est tiré par l'IA,
07:11sur une méga tendance de profitabilité, d'hypercroissance,
07:15qui peuvent justifier quand même, dans une certaine mesure, des valorisations élevées.
07:19Mais ça, globalement, les valorisations sont exigeantes.
07:22Donc, beaucoup de facteurs qui font penser qu'effectivement, à court, moyen terme,
07:26on pourrait imaginer cette période de consolidation.
07:28C'est très difficile d'investir sur le court terme.
07:31Ce qu'on va regarder, c'est le long terme.
07:32Et effectivement, de ce point de vue-là, on continue d'avoir une croissance économique qui est satisfaisante.
07:37un scénario de réaccélération l'année prochaine, gardons ça en tête.
07:41On a des politiques monétaires qui sont globalement plutôt accommodantes,
07:45avec une Fed qui continue de baisser ses taux.
07:47On a parlé des résultats des entreprises.
07:50Globalement, ils sont bons trimestre après trimestre.
07:52Donc, consolidation court terme, probablement.
07:55Être investi sur le long terme, probablement, continue à faire sens, malgré tout.
07:58Avec notamment la séance d'hier qui était intéressante,
08:01puisque si le Nasdaq a perdu 2%, le Dow Jones, lui, n'a perdu que 0,5%,
08:05puisque vous aviez le secteur pharmaceutique, le secteur pétrolier,
08:10le secteur food and bird wage, qui a très bien résisté.
08:13Et la question que je me demande, c'est est-ce qu'on n'est pas au début d'une rotation sectorielle ?
08:16C'est la fin d'année, il y a des habillages de portefeuille,
08:18et peut-être des tentations de prendre des profits sur les valeurs IA
08:20pour revenir sur certaines valeurs qui n'ont pas vraiment performé depuis le début de l'année.
08:25Alors ça, c'est une thématique clé que vous amenez là.
08:27Effectivement, une des inquiétudes qu'on peut avoir sur le marché américain en particulier,
08:32c'est que le leadership de performance est très concentré autour de cette thématique tech.
08:38Donc on peut juger si oui ou non, c'est légitime.
08:41Est-ce que cette thématique tech pourrait continuer à apporter le marché ?
08:44On verra.
08:45Mais c'est vrai que dans l'absolu, ce n'est pas exactement ce qu'on veut voir
08:47pour avoir des marchés haussiers sur la durée.
08:50On veut voir de nouveaux relais de performance.
08:53Effectivement, une rotation serait saine sur peut-être plus de cycliques, plus de value.
08:58Là où aujourd'hui, pour l'instant, encore une fois, c'est principalement la croissance,
09:02l'hyperconcentration autour de l'IA.
09:05On va regarder avec un tiers aussi de l'Europe.
09:07L'Europe, de ce point de vue-là, est mieux lotie.
09:09On a, ces derniers temps, une forme de rotation qui a été beaucoup plus importante qu'aux États-Unis.
09:15La concentration de la performance est moindre.
09:17On a vu la cyclique reprendre, la value reperformer.
09:22Même les autos, malgré des résultats, une saison des résultats assez cataclysmiques,
09:27ont réussi à rebondir dans une certaine mesure depuis octobre sur le marché européen.
09:32Donc, cette thématique de concentration de la performance est moindre en Europe.
09:36La performance est plus diversifiée.
09:37Et d'ailleurs, l'Europe a eu tendance à surperformer plus récemment.
09:40Donc, ça, ça peut être aussi un facteur positif pour les actifs européens.
09:43Est-ce que chez TKO, c'est ce que vous allez faire aujourd'hui ?
09:46Réallouer un petit peu les portefeuilles, réduire la dépendance à la tech ?
09:49Alors, on a globalement, ces derniers mois, réalloué vers l'Europe.
09:53On est plus constructif sur l'Europe qu'on a pu l'être dans le passé.
09:57Avec cette idée que l'Europe est évidemment beaucoup moins chère.
10:00L'écart de valo avec les États-Unis est le plus grand historique.
10:04Et que finalement, il y a plusieurs raisons d'être un peu plus optimiste que le consensus l'année prochaine.
10:09Une réaccélération, on l'a dit, plus de marge de manœuvre fiscale avec la relance budgétaire, en particulier en Allemagne,
10:16qui va commencer à se faire ressentir dans l'économie probablement l'année prochaine, en fin d'année prochaine.
10:21Une politique monétaire peut-être moins contrainte avec des dynamiques d'inflation qui sont moins présentes en Europe.
10:27Donc, peut-être davantage d'Europe dans une allocation, ça, c'est une première thématique.
10:31Sur la tech, clairement, il faut être sélectif.
10:35Il va y avoir de la volatilité.
10:37On a des bulles spéculatives inquiétantes, très clairement.
10:41On reste, en revanche, investi.
10:42On peut s'exposer au facteur IA, en particulier à travers certaines de ces Max 7,
10:47à des niveaux de valo qui sont, malgré tout, chers, mais pas excessifs.
10:51Et donc, oui, de la consolidation, oui, de la sélectivité, mais rester investi sur le long terme, ça nous semble incontournable.
10:57L'un des grands amphores de la fin de l'année, ça sera la prochaine réunion de la Fed, Ronan Blanc,
11:03dans le sens où Jérôme Powell est assez mal à l'aise avec ce shutdown.
11:06C'est vrai qu'on n'a plus de statistiques, en tout cas plus de statistiques officielles.
11:09Cet après-midi, c'est ADP qui prendra le relais avec ses chiffres de l'emploi.
11:13Mais on l'a encore vu lors de la réunion de la Banque Centrale Américaine.
11:17Jérôme Powell le dit très clairement.
11:18Aujourd'hui, il est dans le flou, il est dans le brouillard.
11:20Donc, quand on est en voiture, dans le brouillard, qu'est-ce qu'on fait ? On ralentit.
11:24Est-ce qu'aujourd'hui, il faut ralentir et donc ne rien faire ou au contraire, continuer à baisser les taux ?
11:29Je pense que ça l'arrange de passer son tour, objectivement.
11:33On parlait de dynamique d'inflation un petit peu différente.
11:37Clairement, c'est le ressenti qu'on a.
11:38Il faut regarder dans les peu de statistiques qu'on a aux États-Unis.
11:42Il y en a une qui est assez marquante, c'est que la principale inquiétude des ménages américains,
11:46c'est les hausses de prix, encore et toujours, avant même l'emploi.
11:49On a de l'inflation quand même dans les actifs financiers, c'est la porte de derrière,
11:54mais ça reste quand même des pressions inflationnistes in fine.
11:57Donc, je pense que oui, la visibilité sur le cycle monétaire américain, elle est relativement faible.
12:01Il va passer sans doute son tour en décembre.
12:03Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait des coups de baguette magique l'année prochaine,
12:06avec des baisses beaucoup plus significatives.
12:09Donc, est-ce que c'est une, deux, trois grands max ?
12:11Ça sera sans doute dans ces eaux-là, mais le trésor est assez inventif pour trouver d'autres moyens
12:17de dépressuriser la dette américaine.
12:19Le stablecoin fait partie aussi des solutions,
12:22parce que c'est un aiguillage assez naturel vers la dette américaine.
12:26Donc, je pense que ça les arrange bien.
12:28Nous, en Europe, c'est quand même un petit peu…
12:29Pour développer, c'est-à-dire qu'en fait, les stablecoins…
12:32Les confinés sont investis sur un actif, et derrière, c'est souvent…
12:36C'est le collatéral.
12:37Le collatéral, c'est souvent des trésoristes.
12:39Donc, on comprend bien l'intérêt des Américains de pousser à cette consommation-là.
12:43Et ça dénature un petit peu ce qu'on avait imaginé dès le départ sur les crypto-monnaies
12:48qui voulaient être un petit peu hors système.
12:49Bon, je ferme la parenthèse.
12:51Après, sur cette thématique tech, oui, de toute manière, il faut faire le tri.
12:55C'est pour ça que c'est mieux de passer via les fonds sur cette thématique-là qu'investir en direct,
13:01parce qu'on va dire qu'il y a des compétences pour essayer de faire un petit peu le tri.
13:06Nous, on considère que, pour revenir sur votre question sur les taux américains,
13:10qu'un 10 ans entre 4 et 4,5, c'est plutôt le range qui devrait être le nôtre
13:15dans les prochains mois aux États-Unis.
13:18Il n'y a pas vocation à les voir baisser beaucoup plus pour cette thématique de croissance qu'on a évoquée.
13:22Si vous n'avez pas de récession, il n'y a pas objectivement d'intérêt à baisser plus vite les taux.
13:27Et il y a quand même ce matelas inflationniste qui reste quand même beaucoup plus présent aux US qu'en Europe.
13:35Donc, j'ai envie de dire tant mieux pour les actifs européens,
13:37parce qu'il y a cette souplesse monétaire en Europe qu'on n'a pas aux US.
13:41Nous, on est assez convaincus qu'ils vont quand même recalibrer peut-être d'une ou deux baisses de taux côté BCE.
13:48Pour l'instant, c'est le statu quo qui domine,
13:50parce qu'ils ont l'œil peut-être un petit peu rivé aussi sur les taux de change,
13:53puisque le dollar s'est quand même bien déprécié, notamment contre l'euro.
13:58Et on est assez d'accord sur l'orientation des actifs sur la partie européenne.
14:03Alors certes, on est plutôt un acteur européen,
14:05mais on a aussi des fonds thématiques et des fonds investis sur les actifs américains.
14:10Mais globalement, à part la France, dans le reste de l'Europe, ça va quand même plutôt mieux.
14:13La locomotive allemande est en train de récupérer un petit peu de carburant.
14:18Le Royaume-Uni, ça reste tendu.
14:21On en parlait tout à l'heure en début d'émission.
14:22Là aussi, pour trouver un budget l'année prochaine, ce n'est pas gagné.
14:25Où ça ?
14:25Au Royaume-Uni.
14:26Au Royaume-Uni, oui.
14:27Alors je parlais plus de l'Europe continentale.
14:29Pour le coup, on est sensible aussi à ce qui se passe de l'autre côté de la Manche.
14:34Mais en tout cas, les Allemands, je pense qu'ils s'en fichent un peu.
14:37Et globalement, l'autre effet d'entraînement, c'est l'Italie,
14:39qui bénéficie aussi de la dynamique, le retour de dynamique en Allemagne.
14:45Ça va re-hisseler, in fine, un petit peu sur la France.
14:48Mais clairement, le bonnet d'âne, on va continuer à le garder.
14:50On n'a pas parlé de Donald Trump encore, tiens.
14:52Alors qu'aujourd'hui, la Cour suprême va commencer à étudier les droits de douane
14:56qu'il a mis en place cet été.
14:58Et puis surtout, Donald Trump, vous n'avez pas parlé de Donald Trump avec la Fed,
15:01mais c'est vrai que pour l'instant, il s'est un peu retiré du champ.
15:04Il met moins la pression à Jerome Powell.
15:05Et surtout, il n'a toujours pas donné le nom de son successeur.
15:08Alors j'ai envie de dire, tant mieux.
15:10Parce que le pire des scénarios, c'est qu'il donne un nom de manière très précoce.
15:13et finalement, 10 à 7 personnes d'intervenir dans les médias.
15:17Auquel cas, Powell, sa parole est quasiment nulle.
15:22Donc je pense qu'il y a eu quand même...
15:24S'il y a une personne qui est assez vigilante sur ce qui se passe,
15:26sur l'échange et sur les taux d'administration américaine,
15:28c'est quand même Trump.
15:30Et quand la pression se fait un petit peu trop forte,
15:32il a tendance quand même à lever le pied sur la manière dont il a de s'adresser à Jerome Powell.
15:37Donc j'ai envie de dire qu'en termes de...
15:39On joue quand même à terme la crédibilité de l'institution.
15:42Mide de rien, il y a quand même pas mal d'institutions qui ont été attaquées ces dernières années.
15:46On ne porte pas de jugement, mais c'est quand même assez factuel.
15:49Donc si on peut éviter de mettre un petit peu trop de pression sur la Fed,
15:55j'ai envie de dire que même pour la lisibilité sur le cycle américain,
15:58ça serait plutôt positif.
16:01Et encore une fois, il n'y a pas de catastrophe économique.
16:04On ne va pas refaire le film,
16:06mais globalement, la trajectoire économique aux États-Unis est quand même assez enviable.
16:10Avec le dollar qui retrouve des couleurs ces dernières semaines.
16:13Ça, c'est assez frappant, Raphaël.
16:14On est passé de 1,17, 1,18 sur l'euro-dollar à 1,15,90 ce matin.
16:19C'est bien le reflet que la confiance revient un petit peu quand même.
16:22Oui, il y a un peu de ça.
16:23Il y a aussi cette thématique autour de la Fed dont vous parliez,
16:26qui a eu ces derniers temps peut-être un virage un peu moins commodant que précédemment.
16:32On commence à entendre des voix au sein de la Fed qui disent qu'il ne faut pas baisser trop vite.
16:36Et on se retrouve avec une forme de paradoxe,
16:39avec d'une part, clairement, la notion que probablement que les taux sont trop élevés aux États-Unis,
16:44que la politique est trop restrictive,
16:46même si l'inflation est résiliente, elle a beaucoup baissé ces dernières années.
16:50On estime que le taux neutre est plus proche de 3%.
16:53Là, on est très supérieur à ce niveau.
16:55Et dans ces conditions, la notion que oui, il faut continuer à baisser les taux
16:59pour se rapprocher d'une politique neutre, d'une part.
17:03Et puis, d'autre part, notre idée qui consiste à dire
17:05« Mais attendez, l'économie marche très bien.
17:07Certes, le marché de l'emploi décélère, mais que très légèrement.
17:10Les entreprises sont dans une forme éclatante.
17:13Les marchés sont au plus haut.
17:15Pourquoi baisserions-nous les taux ? »
17:17Et donc, on a ces deux théories qui s'affrontent,
17:20qui ne sont pas complètement incompatibles d'ailleurs.
17:22Et donc, beaucoup de dissensions au sein de la Fed.
17:24On a rarement vu une Fed aussi divisée.
17:27Un bruit politique, évidemment, du président Trump,
17:31qui met aujourd'hui la pression pour des baisses de taux.
17:34Et finalement, là où l'institution traditionnellement privilégie
17:38un maximum de visibilité pour les marchés,
17:41on se retrouve un petit peu à naviguer à vue.
17:43Et donc, avec plus récemment cette notion que finalement,
17:46les baisses de taux seront moins dramatiques que prévues,
17:49que la Fed va temporiser,
17:50et que dans ces conditions, un impact sur le dollar en filigrane.
17:54Donc, effectivement, cette photo Fed aujourd'hui,
17:56elle interpelle.
17:57En tout cas, on a rarement vu un phénomène,
18:00un scénario de dissension aussi important qu'actuellement.
18:04Merci et beaucoup à tous les deux.
18:05Raphaël Thuin pour Tikeo Capital,
18:07directeur des stratégies de marché de capitaux.
18:09Et Ronan Blanc, gérant obligataire chez Montpensier Arbevel.
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