00:00En direct des marchés comme chaque lundi avec Alexandre Baradez, chef analyste chez IG,
00:06qui est en duplex avec nous. Bonjour Alexandre Baradez.
00:09Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
00:11Merci d'être avec nous dans Good Morning Market.
00:13Un CAC 40 en recul, un moins 0,62% à 8031 points.
00:17Une OAT 10 ans, un 10 ans français qui lui se tend.
00:20On est en progression de 1,65% à l'heure où on se parle.
00:25Est-ce qu'on peut dire, Alexandre Baradez, que les marchés français réagissent aux annonces de gouvernement hier de Sébastien Lecornu ?
00:34Oui, complètement. On peut complètement fermer ça.
00:36On voit effectivement non seulement les taux français qui se tendent un petit peu,
00:39mais ce qui est aussi important à surveiller, c'est le spread avec l'Allemagne,
00:43c'est-à-dire l'écart entre le taux de référence de la France, c'est-à-dire l'OAT de 10 ans,
00:47et le rendement du boom de côté allemand.
00:49Cet écart aujourd'hui progresse un petit peu, autour de 84, 85 points de base.
00:53C'est un peu le haut de la fourchette, on va dire, de la zone qu'on connaît post-dissolution de l'Assemblée nationale.
01:00On a une zone, autour de 85-90 points de base, qui est un peu la zone haute du stress qu'on a connu sur les écarts de taux.
01:08Attention à ne pas passer au-delà de 90 points de base, ce qui serait le signe effectivement que les marchés commencent à avoir par patience.
01:13On va dire que ce matin, c'est une petite réaction du marché.
01:17Assez classiquement, j'ai envie de dire, quand vous avez des petites tensions comme ça sur les taux qui apparaissent,
01:20et sur les écarts de taux avec l'Allemagne, on voit que c'est les valeurs bancaires qui sont les principales touchées ce matin en bourse.
01:26On perd entre 2 et 2,5% sur les principales banques françaises.
01:29Donc, ce n'est pas dramatique, encore une fois, mais on voit qu'effectivement, le marché réagit à cette information.
01:35Et j'ai envie de dire, comme il le fait depuis la dissolution, en fait.
01:37Chaque fois qu'on a un épisode de pression politique, que ce soit sur une question de vote,
01:41on l'a vu par exemple fin août, quand l'annonce d'un vote pour une censure avait été annoncée.
01:46Tout de suite, les taux s'étaient à nouveau écartés avec l'Allemagne, le CAC 40 avait corrigé.
01:51Donc voilà, on a ce matin, l'Europe, et effectivement surtout la France,
01:54est surtout teintée d'un point de vue politique en termes de réaction.
01:57Ça bouge un peu moins sur la partie future aux Etats-Unis pour l'instant.
02:00C'est quoi le risque, Alexandre Baradès ? Qu'est-ce qui fait bouger les marchés ?
02:04C'est cette crainte que ce gouvernement ne dure pas dans le temps ?
02:08Oui, en fait, le risque c'est quoi ?
02:10Le risque premier pour les marchés, avant tout, c'est la question du budget,
02:15de l'équilibre de la trajectoire du budget, du déficit, toujours ce déficit au-delà de 5%.
02:22Et donc, tout épisode politique qui retarde la mise en œuvre de mesures budgétaires
02:27pour résorber ce déficit, pour le ramener sur une trajectoire plus soutenable,
02:30eh bien tout retard, et ce qu'on voit actuellement, effectivement,
02:33s'il y a à nouveau une censure et qu'on se dirige vers une dissolution à nouveau de l'Assemblée,
02:38et puis des législatifs d'ici quelques mois.
02:40C'est un processus qui est long, donc c'est un processus pendant lequel
02:43aucune décision budgétaire n'est prise,
02:45donc une période pendant laquelle on n'a absolument pas de visibilité
02:49sur la trajectoire du déficit de la France.
02:51Et donc ça, c'est un risque pour les marchés,
02:53parce que, in fine, pourquoi les marchés baissent finalement ?
02:56Au-delà de la question du risque de dégradation supplémentaire de la note,
02:59c'est aussi des questions fiscales sous-jacentes.
03:01Là, on parle d'entreprise, on parle d'un indice du CAC 40,
03:03mais les entreprises du CAC 40 sont fiscalisées.
03:06Et on voit que le débat, ces derniers mois, il a beaucoup tourné,
03:08il tourne toujours autour de la fiscalité, notamment des entreprises aussi,
03:12des ménages, des retraités, d'un peu tout le monde.
03:14Donc les groupes du CAC 40 ont beau être international,
03:17si on a des sujets franco-français qui nous concernent actuellement,
03:21mais qui peuvent aussi toucher la fiscalité de ces grands groupes,
03:24et bien c'est ça, en fait, que le marché sanctionne un petit peu.
03:27Et pour les banques plus spécifiquement,
03:29c'est parce que les banques, dans leur bilan,
03:30elles ont des obligations françaises,
03:32quand ça bouge un peu sur les obligations françaises,
03:33ce qui est le cas actuellement,
03:34et bien forcément, les investisseurs ajustent un petit peu
03:37sur la partie actions, via les banques notamment.
03:39Rapidement, Alexandre Baradez,
03:40alors effectivement, le CAC 40 ouvre en baisse,
03:43ça se tend en côté obligataire,
03:45on reste quand même sur les actions au-dessus des 8 000 points
03:48touchés il y a quelques jours la semaine dernière.
03:50Est-ce qu'il faut s'attendre à ce que la situation se normalise
03:53sur les marchés dans les prochains jours,
03:54puisqu'on est quand même sur une baisse maîtrisée,
03:57ou à l'inverse, est-ce qu'il y ait plus de volatilité
03:59dans les prochains jours, voire prochaines semaines ?
04:02Pas simple, parce que c'est vrai que le débat
04:04qu'on avait jusqu'à présent, c'est le débat,
04:06l'observation qu'on faisait, c'est que le CAC 40
04:08était resté coincé pendant quasiment 5 mois,
04:11dans une zone assez étroite, entre 7 500 et 8 000 points,
04:14et on cherchait le moment où le CAC allait sortir de cette zone.
04:16En fait, on surveillait si c'était par le bas ou par le haut,
04:19il a décidé d'essayer de sortir par le haut,
04:21donc des 8 000 points, il est même monté à 8 080, 8 090,
04:24et puis ce matin, ça se replie un petit peu.
04:27Donc, normalement, quand vous restez aussi longtemps
04:29dans une zone comme ça, assez étroite,
04:31quand vous sortez dans une direction,
04:33vous cherchez à accélérer, en fait.
04:355 mois de latéralisation, c'est important.
04:37Donc voilà, l'idée, d'un point de vue technique,
04:39on peut même aller jusqu'à 8 500,
04:41d'un point de vue technique.
04:42Mais c'est vrai que, de l'autre côté,
04:43vous avez effectivement ces questions politiques
04:45qui reviennent sur la table,
04:46et puis il y a toujours aussi cette question
04:47de démarche américain,
04:49qui envoie des trajectoires extrêmement tendues.
04:52que se passera-t-il sur la partie européenne
04:54quand on commencera à voir apparaître
04:55un peu de correction sur les marches américaines.
04:57Donc je dirais que, pour l'instant, oui,
04:59quand c'est au-dessus de 7 900, 8 000 points,
05:01tout va bien.
05:01Si on commence à repasser sous les 7 900 points,
05:04il faudra quand même se méfier un petit peu
05:05sur le CAC 40.
05:06Pour l'instant, c'est un peu mouvementé ce matin,
05:08mais ce n'est pas encore indicatif
05:09de quelque chose de beaucoup plus grave pour l'instant.
05:11Merci Alexandre Baradez d'avoir été avec nous
05:12en direct au Desmarchés.
05:13Je rappelle que vous êtes chef analyste chez IG.