- il y a 22 heures
Regardez L'esprit de l'info avec Laetitia Strauch-Bonart avec Thomas Sotto du 11 décembre 2025.
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00:00Il est 9h16, c'est l'esprit de l'info avec notre grand témoin du jeudi, Laetitia Stroge-Bonnard, essayiste.
00:08Bonjour Laetitia.
00:09Bonjour.
00:10Robert Ménard, le maire de Béziers, était l'invité d'RTL Matin tout à l'heure à 7h40
00:13et on l'a interrogé sur le sujet en vogue en ce moment à droite, l'union des droites.
00:19Faut-il l'union des droites ? Faut-il réunir tout le monde de LR au RN à reconquête, etc.
00:23Écoutez ce qu'il dit.
00:24Je pense qu'aujourd'hui, et je l'ai dit aux uns et aux autres, s'ils ne discutent pas, ils vont perdre.
00:29Ils vont perdre.
00:31Ce que confirme un sondage à RIS Interactive Toluna, publié par RTL ce matin,
00:36qui dit qu'en gros deux tiers des Français de droite sont pour cette union des droites.
00:39Est-ce que c'est devenu un chemin inexorable, l'union des droites, Laetitia ?
00:44Alors, je ne sais pas, parce que ça dépend ce qu'on entend par union des droites.
00:47Vous entendez quoi, vous, par union des droites ?
00:48Alors, eh bien, dans union des droites, il y a droite.
00:52Oui, et il y a union.
00:53Je ne sais pas si le Rassemblement National est de droite, parce qu'économiquement, il ne l'est pas du tout.
00:58Donc, c'est un parti qui n'est pas libéral.
01:01C'est un parti, d'ailleurs, que je crois, Éric Zemmour traite de socialiste ou de gauche.
01:06Il n'est pas réputé pour faire dans la mesure.
01:07Non, non, pas du tout.
01:08Mais c'est pour vous donner un exemple des dissensions qui existent à la droite de la droite.
01:13Et Marine Le Pen, elle-même, ne se dit pas de droite.
01:17Marine Le Pen déteste la droite.
01:18Marine Le Pen déteste les bourgeois.
01:20Elle l'a dit.
01:21Elle continue à le dire.
01:23Et j'ai du mal à imaginer qu'elle puisse changer.
01:25Pour vous, Marine Le Pen.
01:26Parce qu'il y a beaucoup qui disent aussi, Jordan Bardella, c'est le libéral de l'équipe.
01:29Et Marine Le Pen, c'est, on met des guillemets, la socialiste.
01:32C'est possible.
01:32Mais quand vous regardez le programme, la plateforme programmatique, pour l'instant, c'est plutôt la voix Marine Le Pen qui émerge le plus.
01:40D'ailleurs, Nicolas Sarkozy le dit, il me semble, dans l'entretien qu'il a donné au point qui sort aujourd'hui.
01:48Il dit, comme beaucoup de gens, qu'il y a deux rassemblements nationaux.
01:52Mais je trouve que pour l'instant, pour pouvoir dire ça, il faudrait avoir plus d'éléments.
01:57Il faudrait savoir vraiment ce que Jordan Bardella pense et veut.
02:01Et pour l'instant, c'est un peu flou.
02:03Le libéralisme, ça n'est pas seulement vouloir réduire les dépenses, réduire les impôts.
02:09C'est toute une vision de la politique, de l'économie, des contre-pouvoirs.
02:13Ça va au-delà de deux petites idées d'actualité qu'on prend à droite ou à gauche.
02:15Bien sûr.
02:15Pour l'instant, un élément essentiel, à mon avis, de ce que doit être la droite, qui est le libéralisme, est absent d'un parti comme le Rassemblement National.
02:26Il y en a un qui se fait moins de nœuds au cerveau que d'autres à droite.
02:29C'est Nicolas Sarkozy, puisqu'il l'écrit dans son journal d'un prisonnier, son livre qui est sorti hier.
02:34Il explique qu'elle eut Marine Le Pen au téléphone et qu'il lui a dit, en gros, pour moi, franchement, le front républicain anti-RN, c'est terminé.
02:42Est-ce que vous le comprenez ? Est-ce que les digues sont en train de sauter malgré tout et malgré les différences idéologiques que vous pointiez à l'instant ?
02:48Oui, c'est possible, mais je trouve qu'il y a toujours une confusion quand on parle de ces sujets entre une réflexion sur les appareils et sur le choix des électeurs.
03:00Les électeurs sont libres de leur choix.
03:02Ils n'ont pas besoin qu'on leur dise de voter pour tel ou tel parti.
03:07Et beaucoup d'électeurs de droite sont prêts à voter pour le Rassemblement National depuis un certain temps, notamment sur les questions de sécurité.
03:14Après, il est vrai que quand un responsable politique aussi important que Nicolas Sarkozy prend une position de ce genre,
03:20oui, on peut dire qu'une digue est en train de sauter.
03:24Une digue qui n'était peut-être pas très forte, encore une fois, chez l'électorat, mais qui existait dans la classe politique.
03:30Ensuite, sur le terme de front républicain, je le trouve un petit peu ringard, un peu dépassé,
03:37puisque le Rassemblement National est quand même un parti établi aujourd'hui.
03:43Il a beaucoup de députés, par exemple.
03:46C'est difficile de considérer que...
03:48En fait, il devient désirable pour les autres parce qu'il est puissant ?
03:51Non, mais c'est surtout qu'il est là.
03:54Il n'est pas une petite force marginale qui serait dans les marges de la vie politique.
04:01Il n'aurait aucune voie politique concrète.
04:04Il est extrêmement puissant.
04:05Il est présent.
04:06Et aussi, il a changé.
04:08Le Rassemblement National d'aujourd'hui n'est pas le même que le Front National.
04:12Donc vous dites que cette digue, en fait, elle n'a plus tellement de raisons d'être, de votre point de vue, aujourd'hui.
04:15Alors, de mon point de vue, elle n'a pas de raison d'être ni à gauche ni à droite.
04:19C'est-à-dire que je mettrai sur le même plan la France Insoumise et le Rassemblement National.
04:24Ce sont des partis radicaux.
04:26Vous avez une partie de droite radicale, un parti de gauche radicale.
04:29Soit on exclut tout le monde, y compris les communistes d'ailleurs.
04:32Pourquoi on ferait une exception pour les communistes qui portent quand même le nom d'un parti qui est mondialement responsable de millions de morts au XXe siècle ?
04:40Pourquoi on ne mettrait pas la limite devant les communistes ? On ne le fait pas.
04:44Donc, ne la mettons pas.
04:45Ne la mettons plus.
04:46Et laissons les gens voter.
04:49Ensuite, il y a quand même une question d'appareil, d'alliance d'appareil et aussi de report de voix au second tour, le cas échéant.
04:56Laetitia Chorbonard, vous avez écrit un livre qui s'appelle La Gratitude et si vous étiez de droite, vous aussi, aux éditions de l'Osservatoire.
05:01On peut donc dire que vous êtes plutôt de droite aujourd'hui.
05:03Est-ce que pour vous, vous pourriez voter pour un candidat RN, pour un candidat de droite dure ou d'extrême droite ?
05:09Alors, encore une fois, ça dépend comment on définit l'extrême droite.
05:12Moi, je parle plutôt de droite radicale.
05:14Disons Reconquête ou Rassemblement National ?
05:16Reconquête et Rassemblement National, pour moi, n'ont rien à voir.
05:19Alors, dans La Gratitude, je consacre un certain nombre de pages à critiquer Éric Zemmour et Reconquête,
05:25en expliquant que, selon moi, il appartient plutôt au courant réactionnaire qu'au courant libéral-conservateur que je défends.
05:32Pourquoi ?
05:33Parce que, là, on est au domaine quasiment psychologique, mais je pense que ses propositions sont complètement désespérées.
05:41Il a une vision du monde absolument désespérée.
05:43Il ne propose aucun espoir.
05:45Il part perdant d'une certaine façon.
05:46Donc, pour vous, Éric Zemmour, c'est non ?
05:48Oui, c'est non. Je l'ai écrit et je l'ai écrit, c'est assez clair.
05:51Et je lui ai dit.
05:53Ensuite, le Rassemblement National, je l'ai dit tout à l'heure,
05:56tant qu'ils continueront à avoir des positions qui me semblent plus proches du socialisme,
06:01c'est pour moi impossible que je me tourne vers eux.
06:04Et tant qu'ils n'auront pas aussi une réflexion sur ce qu'est la liberté,
06:08la liberté politique, la liberté économique, ça me semblerait impossible.
06:11Mais si vous voulez, s'ils font ça, ils ne seront plus le Rassemblement National.
06:14Parce que, par définition, ils ont quand même fondé leur succès sur une certaine conception de la nation, de l'État,
06:23mais aussi du peuple et de son rapport à l'élite.
06:25Et ça, c'est une autre chose que je reproche au Rassemblement National.
06:27C'est son manichéisme.
06:28Vous avez un peuple formidable et vertueux qui s'oppose à une élite corrompue, qui ne fait rien pour lui.
06:33Et je pense que c'est absolument faux.
06:35Et c'est un peu démagogique quand même.
06:36J'imagine, à vous entendre, que la proposition faite par le député LFI, Émeric Caron, ne va pas vous plaire.
06:41Il veut passer la durée légale du travail de 35 heures à 15 heures par semaine.
06:46Il trouve qu'on passe trop de temps au boulot.
06:48Alors, ça dépend.
06:49Je vais peut-être vous surprendre.
06:51Ça dépend si on passe à 15 heures payées 15 heures ou 15 heures payées 30.
06:55Le problème, à gauche, c'est que souvent, on vous propose de réduire le temps de travail.
06:58Il n'a pas précisé.
06:59Oui, mais c'est ça.
07:00C'est comme les 35 heures.
07:01On vous dit qu'on réduit le temps de travail, mais on vous paye comme si vous travailliez deux fois plus.
07:05Je ne suis pas tout à fait contre le fait de passer à 15 heures de temps de travail par semaine si on est payé 15 heures.
07:11Je ne crois pas que, comment dire, la vie doit se résumer à travailler.
07:16Dans la vie, il faut manger derrière.
07:17Donc, si vous travaillez 15 heures par semaine, vous avez du mal à remplir l'assiette.
07:19Mais nous rencontrons quand même dans la société moderne un certain problème qui est que nous confondons le temps passé au travail et la productivité.
07:29Ce n'est pas parce que vous passez 8 heures à votre bureau à envoyer des mails, à en recevoir, à faire des réunions, que vous travaillez.
07:35Vous ne faites pas de travail productif.
07:37Et d'ailleurs, les gens s'en plaignent.
07:38C'est ma mère qui me disait quand j'étais petit, arrête de passer des heures à ton bureau et fêtez de voir.
07:42Parce que ce n'est pas le nombre d'heures qui fait le résultat.
07:44Votre mère avait raison.
07:45En fait, il suffit de passer un temps concentré, limité, mais vraiment très sérieux, où on travaille très sérieusement, pour être productif.
07:54Donc, il vaut mieux 2 heures de travail productif que 5 heures où vous mélangez tout, les réunions, les mails.
08:00Mais on est dans un monde qui est très scolaire quand même.
08:03Il faut toujours être là, il faut faire des heures, il faut pointer.
08:06Le monde du travail n'est pas prêt à responsabiliser les salariés, en fait.
08:10Tout à fait.
08:10Donc, je ne suis pas contre, a priori.
08:12Et là, je sais que je me distingue de beaucoup de personnes à droite.
08:14Une réduction du temps de travail.
08:16Si tant est que c'est accompagné par une véritable réflexion sur ce que travailler veut dire.
08:20Bon, et bien voilà, le débat est lancé.
08:23Et ce qui est bien avec vous, c'est que vous n'êtes jamais dans la caricature.
08:25Ça permet d'avancer.
08:26Même Émeric Caron arrive à vous convaincre.
08:28En tout cas, à ouvrir une discussion.
08:30Merci.
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