- il y a 2 jours
Aujourd'hui, c'est au tour de François Lenglet, journaliste éco, auteur de l'ouvrage "Qui sera le prochain maître du monde ?", de faire face aux GG. - L’émission de libre expression sans filtre et sans masque social… Dans les Grandes Gueules, les esprits s’ouvrent et les points de vue s’élargissent. 3h de talk, de débats de fond engagés où la liberté d’expression est reine et où l’on en ressort grandi.
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00:00RMC face aux grandes gueules.
00:04Je suis le maître du monde !
00:07Qui sera le prochain maître du monde ?
00:12La France face au nouveau chaos, c'est François Langlais qui est avec nous,
00:16le visage de l'économie sur TF1.
00:18Bonjour François.
00:18Bonjour.
00:19Il y a une réponse à la question, qui sera le nouveau maître du monde ?
00:21Ça se joue entre les Etats-Unis et la Chine, bien sûr.
00:25Il y a le maître du monde du siècle dernier, au fond.
00:27Ça a commencé au début du XXe siècle, c'est les Etats-Unis qui a eu son apogée
00:31après la chute du mur, et je dirais jusqu'à la guerre d'Ukraine, en gros,
00:36et qui aujourd'hui est plutôt sur la pente du déclin ou en tout cas du recul.
00:41On voit que Trump ne veut plus assumer ce rôle de maître du monde
00:44parce qu'il considère que le rapport qualité-prix n'est pas bon.
00:48Ça coûte trop cher par rapport à ce que ça rapporte.
00:50Du coup, il rançonne ses alliés, il organise ses alliances pour s'approvisionner.
00:55Et puis de l'autre côté, on a une puissance importante qui émerge,
00:59c'est bien sûr la Chine, et qui conteste la domination mondiale des Etats-Unis.
01:04Donc cet affrontement, c'est vraiment le fait majeur de notre époque,
01:07au plan géoéconomique, c'est ça qui structure...
01:09Vous dites qui émerge, c'est encore un pays émergent la Chine ?
01:13C'est un peu plus que ça, mais enfin, on ne peut pas dire
01:15qu'elle ait encore la stature d'un maître du monde.
01:18Et c'est vrai qu'elle est numéro un monde...
01:19Qu'est-ce qu'il lui manque pour être maître du monde ?
01:22Plusieurs choses. D'abord, le fait de faire envie.
01:26Un maître du monde, c'est un pays qui attire les technologies,
01:29les migrants, même qualifiés, les cerveaux, les investissements.
01:34Sur l'année dernière, si vous prenez l'ensemble du stock d'investissement mondial,
01:38il y en a 15% qui vont aux Etats-Unis et seulement 5% en Chine.
01:42Donc la Chine, elle fascine, mais elle inquiète aussi.
01:46Dans votre livre, vous avez parlé aussi de la démographie.
01:48J'allais y venir, bien sûr. C'est l'autre élément, c'est que la Chine est à la veille
01:54d'un effondrement démographique et que la base de la puissance, c'est l'économie,
02:00mais la base de l'économie, c'est la démographie.
02:02Et de ce point de vue, d'ailleurs, il faut relire l'extraordinaire ascension de la Chine,
02:06c'est d'abord la dilatation de la population active grâce aux nombreuses cohortes
02:10qui sont nées dans les années 50-60, qui aujourd'hui partent à la retraite.
02:15Et c'est vrai qu'on a l'habitude de considérer la Chine...
02:17La Chine va manquer de manœuvre.
02:18Bien sûr, elle va manquer de bras.
02:20Et on disait, il n'y a pas longtemps, c'est l'usine du monde.
02:23Eh bien, bientôt, c'est l'EHPAD du monde.
02:25Compte tenu de la rapidité du vieillissement, les priorités du pays vont changer.
02:30Ça va se tourner vers la santé, la retraite, etc.
02:34Alors qu'aux États-Unis, on est toujours sur la tendance inverse.
02:37C'est très intéressant.
02:38Si vous faites des projections démographiques à 2100,
02:41bon, ce n'est pas tout de suite,
02:42mais on voit que les États-Unis, leur population continue à progresser.
02:46Grâce aussi à l'immigration.
02:47Grâce à l'immigration, bien sûr.
02:48Ils font plus d'enfants que les Chinois, les Américains.
02:51Bien sûr, bien sûr.
02:53Et que nous, les Français, on se tient encore à peu près,
02:57sauf jusqu'à récemment où ça a baissé.
02:59Mais en tout cas, que la moyenne d'Europe, c'est...
03:01Et pourquoi la Chine fait moins d'enfants ?
03:02Pour tout un tas de raisons.
03:04Il y a eu l'histoire, déjà, vous avez raconté...
03:06À un moment donné, il est limité, hein.
03:07Non, non, mais excuse-moi.
03:07Quand ils ont interdit les petites filles, déjà,
03:10après, il ne restait que des garçons.
03:12Bien sûr.
03:12Non, mais je l'ai lu, son livre.
03:13Oui, bien sûr.
03:14C'est vrai.
03:14Et vous avez tout à fait raison.
03:15Aujourd'hui, compte tenu de ça,
03:17ils n'ont pas interdit les petites filles,
03:18mais en fait, ils disaient un seul enfant.
03:20C'était un seul enfant.
03:21Et du coup, un nombre important de couples chinois,
03:24grâce à l'échographie,
03:26choisissaient seulement de garder seulement les grossesses
03:28avec un garçon.
03:30Et aujourd'hui,
03:31si on regarde les populations féminines en âge de procréer,
03:33elles sont 8% de moins que le même nombre d'hommes,
03:37que la même génération d'hommes.
03:38Prenons un exemple concret de la domination économique chinoise.
03:41On parlait ce matin de Chine.
03:42Donc, ses vêtements en bon marché,
03:45ça cartonne sur Internet.
03:47Et Chine a décidé d'ouvrir ses magasins physiques,
03:52en premier en France.
03:53C'est la France qui va découvrir ça.
03:55Et alors, ça y est, là, on se dit,
03:57c'est la mort de nos magasins à nous.
03:59C'est vrai ?
04:00C'est vrai, bien sûr, c'est vrai.
04:01Et de ce point de vue,
04:02c'est une décision incompréhensible
04:03que de laisser ça sans rien faire.
04:05Il y a un enjeu qui dépasse largement l'économie.
04:07Alors, on entend bien les préoccupations
04:08de pouvoir d'achat, etc.
04:10Attendez.
04:12Vous ne pouvez pas prendre le risque
04:13de faire disparaître complètement les centres-villes.
04:15Il y a déjà un sinistre d'ampleur considérable
04:19sur les magasins de vêtements depuis 15 ans.
04:22Les centres-villes vont peut-être être réactivés
04:24grâce à Chine, aussi.
04:25Ce n'est pas sûr.
04:26Vous savez, les Chinois,
04:27ils veulent prendre le business
04:28et puis ils s'en vont.
04:29C'est une logique de prédation économique
04:31parce qu'ils n'ont pas le moteur économique intérieur.
04:34La consommation est trop faible
04:36pour maintenir, justement,
04:37le rythme d'activité du pays
04:38dont ils ont besoin.
04:40L'objectif, c'est 2049.
04:42100 ans après l'arrivée de Mao Zedong,
04:44ils veulent dépasser les États-Unis.
04:45Je pense qu'ils n'y arriveront jamais.
04:47Mais au moins, ils essayent.
04:48Et ils essayent comment ?
04:49Avec les marchés étrangers,
04:50justement, en se présentant maintenant
04:52sur la plupart des créneaux,
04:54la plupart des marchés,
04:55avec des prix cassés,
04:57qui respectent plus ou moins
04:59les normes de sécurité, etc.
05:02Et en tout cas,
05:03avec des entreprises
05:04qui bénéficient de subventions
05:05considérables chez elles,
05:07avec le prix de l'énergie gratuit,
05:09les terrains...
05:10Pourquoi on n'interdit pas ?
05:11C'est toute la question européenne.
05:14C'est que, si vous voulez,
05:15on est des bons garçons
05:16et on pense que le monde
05:18va redevenir gentil comme avant.
05:20Ce n'est pas vrai.
05:21En fait, on revient dans le monde normal
05:22après une parenthèse de 30 ans
05:24où la paix a prévalu.
05:26Enfin, pas pour tous.
05:28Si vous dites ça à un Africain,
05:29il va vous dire,
05:30pas évident quand même
05:30sur les 30 dernières années.
05:31Mais de notre point de vue,
05:33la paix avait prévalu.
05:34C'est fini.
05:35Justement, l'une des explications,
05:37c'est le retrait du maître du monde.
05:38Quand il y a un maître du monde,
05:40d'abord, il fabrique de la loyauté
05:42avec ses alliés.
05:43Ça stabilise les choses.
05:44Et puis, il fait peur aux autres.
05:45Tous les méchants restent chez eux
05:47en se disant,
05:47je vais me prendre un ramponneau
05:49si je fais montre
05:50de mes revendications territoriales.
05:52Mais à partir du moment
05:53où le maître du monde
05:54recule,
05:55eh bien, tous les méchants se réveillent.
05:56C'est exactement ce à quoi
05:58on assiste en ce moment.
05:59Ça fait un bout de temps.
05:59Parce que là,
06:00moi, j'entends,
06:01mais la question,
06:01elle est vite réglée.
06:02En fait, à partir du moment
06:03que Trump fait allégeance
06:03à la Chine
06:04en ne leur mettant pas
06:05des taux de douane excessifs.
06:07On n'y est pas encore.
06:09Pour l'instant, ils sont à zéro.
06:10Ils sont en train de se dire
06:11qu'il a reculé quand même là-dessus.
06:13Aujourd'hui, on sait
06:13que les Chinois,
06:14ils ont acheté beaucoup de dettes.
06:15L'État chinois a acheté
06:16beaucoup de dettes américaines,
06:17des obligations et tout.
06:18Donc, ça veut bien dire
06:18que ça fait un bout de temps
06:19qu'en fait, les États-Unis,
06:20ils sont sur le reculoir.
06:21Et nous, ce qu'on n'avait pas vu,
06:22c'est qu'au lieu de tout miser
06:23à un moment donné
06:24sur notre gauche,
06:25on a peut-être pu un peu
06:26regarder ce qui se passait
06:26à droite et en Chine.
06:28Parce que je pense qu'aujourd'hui,
06:29nous, aujourd'hui, l'Europe,
06:30on a toutes les voitures chinoises
06:32électriques
06:32qui sont en attente de rentrer.
06:34Quand elles vont rentrer
06:34sur le marché,
06:35nous, ça va nous mettre à l'amende.
06:36Nous, on n'a pas produit
06:37en équivalence
06:38ce qu'ils ont fait.
06:39Je trouve réellement que...
06:40Et puis, vous ne parlez pas
06:41assez, moi, je trouve,
06:42de l'Inde qui devient
06:43ce pays plus ou moins,
06:45déjà, au niveau démographique,
06:46qui grimpe.
06:47Et puis, qui, en même temps...
06:48Enfin, moi, je travaillais
06:50à Sencef et je travaillais
06:52pour le fret.
06:52Nous, Arcelor,
06:53quand il avait racheté...
06:55Enfin, Mittal,
06:56quand il avait racheté
06:56tout ce qui était fondré
06:57en France,
06:58et aujourd'hui,
06:58il est en train de se désengager
06:59progressivement.
07:00Ça va être une catastrophe
07:01pour notre économie.
07:02Mais en fait, Mittal,
07:03ça fait un bout de temps
07:03que les Indiens...
07:04Alors, l'Inde fait partie
07:05des maîtres du monde ?
07:09Justement, c'est vrai
07:10que c'est aujourd'hui
07:11le grand pays
07:11qui a la croissance
07:12la plus élevée.
07:13C'est un pays
07:14dont la population active
07:15va continuer à progresser.
07:16Ça, c'est vrai.
07:17Maintenant, est-ce qu'il y aura
07:18un miracle indien
07:19comme un miracle chinois ?
07:20Je n'en suis pas sûr.
07:21Parce que...
07:22Moi, j'ai vécu en Chine
07:23il y a 40 ans, exactement.
07:25Et c'était un pays pauvre
07:26qui sortait de la révolution culturelle.
07:29C'était monstrueux.
07:30Je veux dire, il y a eu
07:31vraiment des catastrophes.
07:34Dans chaque famille,
07:34il y avait une victime
07:35de la révolution culturelle.
07:36Soit un mort,
07:37soit un estropié,
07:37soit quelqu'un qui avait été
07:38embastillé pendant 20 ans.
07:40Mais le communisme
07:41a au moins fait un cadeau.
07:44Je l'ai vu de mes yeux
07:45il y a 40 ans.
07:47C'est que vous aviez
07:47de l'alimentation,
07:49de l'éducation,
07:50de la santé pour tout le monde.
07:52Et que de surcroît,
07:53ça a éradiqué le féodalisme.
07:55Et notamment les différences
07:55entre les hommes et les femmes.
07:57Rien de tel en Inde
07:57où subsistent des inégalités
07:59considérables
07:59et où la population active,
08:01de facto,
08:02elle est divisée par deux
08:02parce que les femmes
08:03ne travaillent pas.
08:04C'est pour ça que je pense
08:05que le socle
08:07de la croissance indienne,
08:09même si je vous rejoins,
08:10aujourd'hui c'est très dynamique,
08:12mais le socle
08:12ne les emmènera pas
08:13aussi loin que la Chine,
08:14je crois.
08:15Un mot sur Trump et la Chine,
08:16ne vous trompez pas.
08:18Il y a une espèce
08:19de séparation,
08:21de désincarcération
08:22qui est super rapide
08:23entre les deux puissances.
08:25Au plan financier,
08:25la Chine a vendu
08:26beaucoup de son papier américain.
08:28Et au plan technologique,
08:29on voit que justement
08:30il y a des interdictions
08:31d'exporter de part et d'autre
08:32et que la Chine
08:33veut s'équiper elle-même.
08:34Et au plan des droits de douane,
08:36Trump a dû baisser d'un ton,
08:38vous avez raison,
08:39mais on est à des niveaux
08:40qui sont très élevés.
08:41Et on attend le sommet
08:43entre Xi Jinping
08:43et puis Trump
08:45qui devrait peut-être
08:47réguler un peu les choses.
08:48Mais aujourd'hui,
08:49il se regarde vraiment
08:50comme de chien de faïence,
08:52comme on dit.
08:52Charles ?
08:53Qu'est-ce qu'on devrait faire
08:53en France et en Europe
08:55pour essayer de rester
08:56dans cette course,
08:57pour essayer de ne pas
08:58se faire bouffer sur place,
09:01enquister que nous sommes
09:02dans nos vieilles lunes
09:03ségetistes
09:04et dans notre glissement
09:06vers les grandes vacances
09:08toute l'année ?
09:09C'est la question.
09:10Qu'est-ce qu'on devrait faire ?
09:11Vous vous posez très bien
09:12la question.
09:13Je pense que tout dépend
09:14des priorités que vous vous donnez.
09:16Mais il me semble
09:17que l'idée d'Europe puissante
09:19est une idée aujourd'hui saugrenue.
09:21Il y a une contradiction même
09:23dans ces deux mots
09:24qu'on ne peut pas associer
09:25parce que les priorités
09:26des Européens,
09:27c'est la RTT
09:28et respirer de l'air pur.
09:30Donc, vous êtes face
09:32à des gens qui sont
09:34justement dans un rapport
09:35de confrontation.
09:36Vous savez,
09:37je voyais récemment
09:38une dame qui avait été patronne
09:40d'une très grande
09:41administration américaine.
09:43Très grande.
09:44Et on parlait de cette question.
09:45Elle disait
09:46« Mais vous, les Européens,
09:47vous n'êtes pas assez
09:48pissed off. »
09:49C'est-à-dire,
09:49vous n'êtes pas assez en rogne
09:50contre les autres,
09:52contre justement...
09:53– On rogne les uns
09:54contre les autres
09:55chez nous.
09:56– Mais en tout cas,
09:57ça ne se traduit pas
09:58par une énergie
10:00pour trouver davantage.
10:02– Conquérante.
10:02– Oui, c'est ça,
10:02pour conquérir,
10:03pour inventer,
10:04pour découvrir,
10:05que sais-je.
10:05C'est que finalement,
10:07nos arbitrages,
10:08c'est plutôt
10:09temps de travail
10:09au plus duré.
10:11Et redistribution
10:12au maximum.
10:13Alors, je ne dis pas
10:14que ça passe à noblesse,
10:15le modèle social,
10:16etc.
10:17Mais enfin,
10:17on est à un moment
10:18où, particulièrement
10:19en France,
10:21ça semble difficile
10:22de se rétablir
10:23sans réformer
10:24le modèle social.
10:25– Pour parler un peu
10:25de la France,
10:26moi je suis frappé,
10:27je ne sais pas
10:27ce que vous en pensez François,
10:28c'est que là,
10:29ça fait des semaines
10:30qu'on est sur un débat
10:31sur la fiscalité
10:32et ce qu'on appelle
10:33la justice fiscale.
10:35Je n'ai pas entendu
10:36un responsable politique,
10:37de gauche comme de droite,
10:39nous parler
10:39de création de richesses.
10:41C'est comment on va
10:41chercher la croissance,
10:42comment on peut
10:43continuer à produire
10:44en France,
10:45malgré ses concurrences
10:46parfois déloyales,
10:47on parlait de Chine.
10:48Et ça m'a frappé,
10:49je me suis dit,
10:49c'est quand même,
10:49on a une classe politique,
10:51même celle qui est censée
10:52être de droite,
10:52un peu libérale,
10:53etc.,
10:53qui n'est que sur
10:54les questions de fiscalité,
10:56on va baisser un peu ça,
10:57on va augmenter un peu ça
10:58et puis finalement,
10:59comme le disait Jean Tirole,
11:00c'est à somme nulle en fait.
11:02C'est-à-dire qu'on a un gâteau,
11:03on ne veut pas le grossir,
11:04donc on essaie de voir
11:05comment on peut mieux
11:05partager le gâteau,
11:07mais en fait,
11:07ce n'est pas l'essentiel.
11:08On a renoncé.
11:09On a renoncé.
11:10On a renoncé.
11:11Mais pourquoi on a renoncé ?
11:12Parce que finalement,
11:15je pense que justement,
11:16c'est ces valeurs
11:17de vie privée,
11:19de temps personnel,
11:21d'environnement
11:22de bonne qualité
11:23qui prévalent.
11:24Même d'ailleurs,
11:25alors qu'on a toute une partie
11:26de la population
11:27qui a des problèmes
11:28de pouvoir d'achat
11:28qui sont très sévères.
11:30Mais collectivement,
11:32on a renoncé
11:32à planter le drapeau
11:34sur le sommet de l'Everest.
11:36Je ne parle même pas
11:36d'être maître du monde,
11:37d'ailleurs,
11:38mais simplement
11:39d'être porté
11:41par un projet national
11:42sur, je ne sais pas,
11:44les découvertes scientifiques
11:46ou sur la remobilisation
11:48de l'appareil de formation.
11:49C'est quand même terrible.
11:50C'est terrible,
11:51notre dégringolade.
11:52Et je ne mets pas en cause
11:53les enseignants.
11:54Je veux dire,
11:54ils sont confrontés
11:55à des difficultés
11:56extraordinaires.
11:58L'autre jour,
11:59justement,
12:00je discutais ça
12:00avec notre ministre
12:01de l'Éducation
12:02qui me racontait...
12:03Pour rappeler qui c'est.
12:04Madame Borne,
12:05qui me racontait
12:06justement,
12:07les alertes quotidiennes
12:09qu'elle reçoit
12:10sur les difficultés
12:11dans les collèges,
12:12etc.,
12:13tout ça témoigne
12:13d'une société désarticulée
12:15qui n'a plus
12:16de projet collectif
12:18qui l'emmène.
12:18D'où,
12:19justement,
12:20cette idée
12:21un peu saugrenue
12:23de,
12:23il n'y a qu'à prendre l'argent
12:25là où il est.
12:25C'est Zuckman
12:26et toutes les bilvesées
12:27qu'on a entendues
12:29dans les dernières semaines,
12:30mais qui séduisent quand même
12:31une partie importante
12:33de notre offre politique.
12:34– C'est parce qu'on fait croire
12:35qu'il y a un magot.
12:35– Oui,
12:36on fait croire
12:36qu'il y a un trésor
12:38caché dans le jardin.
12:39– Il y a Picsou
12:39qu'on pourrait taxer.
12:40– Mais qui est le trésor ?
12:42François Langlais,
12:43on vous le rabâche
12:44à longueur de journée,
12:44le trésor c'est LVMH
12:46et le trésor
12:47c'est les 220 milliards
12:48d'aides aux entreprises.
12:49Voilà le trésor.
12:50C'est ce que vous disent
12:50les syndicats
12:51et les forces de gauche.
12:53Donc c'est là
12:53qu'il faut aller prendre l'argent.
12:54– Non, non, c'est vrai
12:55que ce compte de 221 milliards
12:57et pourtant…
12:57– Alors pourquoi c'est un compte ?
12:58Parce que…
12:59– En fait c'est un rapport
13:00parlementaire
13:01de quelqu'un de qualité,
13:02sénateur communiste.
13:04Il a fait des auditions…
13:05– Et le directeur de l'humanité aussi.
13:05– Il est quand même avec la droite,
13:06on ne peut pas dire
13:07que c'est que Fabien Gué,
13:07il y a aussi quand même…
13:08– Non, non, mais c'est lui
13:09qui a présidé.
13:09– Oui, il a, oui, mais quand même.
13:10– Mais j'allais dire
13:11du bien de lui.
13:11– Oui, oui, mais vous avez très bien.
13:12– Franchement, j'ai assisté
13:13en vidéo, enfin en visio,
13:15aux auditions qu'il a conduites
13:17des patrons pour faire ce rapport.
13:18Ce rapport, c'était formidable.
13:20– Il fait le temps.
13:20– C'était formidable.
13:21C'était très intéressant.
13:23D'abord, les questions étaient bonnes,
13:24les réponses étaient intéressantes,
13:26mais le rapport final,
13:27d'ailleurs quand on le lit attentivement,
13:28c'est un rapport beaucoup plus nuancé.
13:30Mais on en a ressorti un compte,
13:32c'est 221 milliards,
13:33mais on additionne des choux et des carottes.
13:35On met là-dedans
13:35les taux de TVA réduits
13:36pour la restauration,
13:37on met les subventions
13:39que l'État verse pour les retraites
13:41du service public.
13:43Enfin, ça n'a aucun sens.
13:44Ce n'est pas des aides aux entreprises,
13:46c'est des aides justement
13:47aux régimes sociaux
13:48ou à tel ou tel…
13:49– Gattaz, il nous a dit,
13:50Gattaz qui était à côté de moi,
13:52il nous a dit qu'il voyait 100 milliards.
13:53– Oui, c'est ça,
13:54c'est probablement le compte le plus…
13:55– C'est quand même énorme en fait.
13:56– Non, non, c'est beaucoup.
13:57Après, si vous voulez,
13:59bon, le problème,
14:00et là je pense qu'on se rejoindrait
14:01avec le sénateur Gay,
14:03c'est qu'il n'y a pas d'évaluation
14:05sur ces trucs-là.
14:06– On fait quoi avec l'argent ?
14:06C'est ça le sujet aussi ?
14:07– C'est vrai.
14:08– Et par contre…
14:09– Et on a non seulement…
14:10– Pas bien, Gataz, monsieur Consigny.
14:12– Non seulement,
14:13on ne sait pas ce qu'on fait avec l'argent,
14:14mais on ne sait pas précisément
14:16combien d'aides il y a.
14:17C'est-à-dire qu'il paraît qu'à Bercy,
14:18ils ne sont même pas capables
14:19de dire précisément,
14:21il y a tellement d'aides,
14:22c'est tellement complexe.
14:23– C'est le maestro de français,
14:25c'est la même chose pour la fiscalité,
14:26le nombre, les taux de TVA.
14:28On se penchait hier
14:29sur les différences de taux de TVA,
14:31mais c'est saisissant d'invraisemblance,
14:35j'allais dire de bêtises,
14:37mais on se dit,
14:39quel est l'esprit malade ?
14:40Quels sont les esprits malades
14:42qui ont inventé ça ?
14:43Parce que c'est une complexité inouïe,
14:46absolument sans effet économique,
14:48enfin sans effet favorable, j'entends,
14:50et puis ça coûte de l'argent,
14:51parce qu'il faut gérer le truc.
14:53Si vous avez un spectacle
14:54qui a moins de 144 représentations
14:56et dans lequel on peut se servir à boire,
14:58et que vous êtes en Corse,
14:59vous n'avez pas le même taux de TVA
15:00que si vous êtes dans les dom-toms
15:02ou sur la métropole.
15:03Les amis, un peu de bon sens ?
15:05Justement, on va continuer d'en discuter
15:07parce qu'on a un Premier ministre
15:08qui va tenter de trouver un budget,
15:10de rester en place,
15:11alors il va falloir qu'il fasse en même temps
15:13des cadeaux sur les retraites,
15:14s'il veut se prémunir de la gauche,
15:17il va falloir qu'en même temps
15:18il ne casse pas la croissance,
15:19bref, il y a une équation impossible.
15:22Qui sera le prochain maître du monde ?
15:24La France face au nouveau chaos,
15:25chaos économiste aux éditions Plon,
15:26c'est François Langlais.
15:27Le visage de l'économiste de TF1
15:29qui est avec nous,
15:30on va continuer de discuter avec François.
15:32C'est Alain Marshall,
15:33Olivier Truchot,
15:35Les Grandes Gueules.
15:46Sur les Grandes Gueules
15:47qui sont avec vous en direct jusqu'à midi,
15:50aujourd'hui on reçoit François Langlais,
15:53l'homme de l'économie sur TF1,
15:54François Langlais qui s'interroge,
15:56qui se demande, il analyse,
15:57qui sera le prochain maître du monde,
15:59La France face au nouveau chaos,
16:00le livre est aux éditions Plon.
16:02La France est-elle au bord du gouffre ?
16:04Parce qu'on a entendu pendant des semaines,
16:06voire des mois,
16:07François Bayrou nous expliquer
16:08que l'heure était grave
16:09et qu'il fallait se désendetter
16:11le plus rapidement possible.
16:12Il voulait d'ailleurs interpeller les Français,
16:14faire prendre conscience du problème.
16:17Et puis là,
16:17dans une interview à la presse allemande,
16:20Emmanuel Macron dit non,
16:22la France n'est pas au bord du gouffre,
16:23il faut faire attention avec ces termes,
16:25finalement les fondamentaux sont bons
16:27et lui-même a fait de la croissance
16:29plus chez nous qu'en Allemagne.
16:31Alors, qui a raison ?
16:33Il nous raconte des balivernes, le Président.
16:35Ah bon ?
16:35Bien sûr.
16:37Honnêtement,
16:39on comprend pourquoi il dit ça.
16:41Il est au pouvoir depuis 8 ans
16:42et finalement,
16:43la situation s'est détériorée
16:45de façon très importante.
16:47Bien sûr au plan budgétaire
16:49et je rappelle que
16:50nous sommes les seuls
16:51dans la zone euro
16:52à avoir connu une telle détérioration.
16:54Il y a un chiffre
16:55qu'il faut garder en tête.
16:56Sur 2019 et 2023,
16:59la dette moyenne de la zone euro
17:01augmente de 4 points de PIB.
17:04En France, c'est 12.
17:06C'est-à-dire qu'il y a 250 milliards
17:08qui ont été dépensés en plus,
17:09toute chose étant égale par ailleurs.
17:12Bon, qu'est-ce qu'on en a fait ?
17:13Dans l'éducation ?
17:14Je ne sais pas, ça marche mieux ?
17:15Dans la santé, ça marche mieux ?
17:16Les infrastructures...
17:17Mais il est où cet argent ?
17:18Écoutez,
17:19pour une part,
17:20il a été donné aux Français
17:21avec un certain nombre d'aides,
17:23notamment pendant la crise énergétique.
17:25Pour une part,
17:25il a été dépensé
17:26dans des programmes
17:27plus ou moins contrôlés, etc.
17:30Il y a eu aussi
17:31du remboursement de Doliprane.
17:33Donc, je ne crédite pas en soi.
17:34Simplement,
17:35c'est le rôle quand même
17:36de l'exécutif
17:38de contrôler tout ça.
17:39L'autre chose
17:40qui est quand même
17:42assez problématique,
17:44c'est qu'on a
17:45un problème de double déficit.
17:47Déficit budgétaire,
17:48déficit commercial.
17:49En fait,
17:51notre offre productive,
17:52c'est-à-dire
17:53ce que produisent
17:53les entreprises,
17:54ça n'est pas suffisant,
17:56ça n'est pas satisfaisant
17:57pour la demande
17:58des Français.
17:59Du coup,
18:00on adresse
18:01notre demande
18:02à l'étranger.
18:03On fait tourner
18:03les usines chinoises,
18:04celles de Chine,
18:05ou les usines allemandes.
18:07De ce fait-là,
18:08le seul moteur
18:09de la croissance en France,
18:10c'est la consommation.
18:11Donc, on le soutient
18:12avec des transferts
18:14qui proviennent
18:14de l'endettement,
18:15qui nourrissent
18:16le déficit budgétaire.
18:17Donc, vous voyez,
18:18les deux déficits
18:19sont liés l'un avec l'autre.
18:20C'est-à-dire que c'est vicieux.
18:21Et ça,
18:21c'est une maladie française
18:23depuis longtemps,
18:24mais pardonnez-moi,
18:25elle s'est aggravée
18:26sous présidence Macron.
18:28Pourtant,
18:28il avait promis l'inverse,
18:29en quelque sorte.
18:30Oui.
18:30Avec ce qu'on appelle
18:31la politique de l'offre,
18:32on va de nouveau produire,
18:35réindustrialiser la France.
18:36La politique de l'offre,
18:37là encore,
18:38soyons sérieux,
18:39la politique de l'offre,
18:40quand on a presque
18:416% de déficit,
18:42mais où on a vu ça ?
18:44Ça a été une politique
18:46de l'offre à la marge,
18:47mais ça a été surtout
18:48une politique de soutien
18:49massif à la demande,
18:51très conformément,
18:52d'ailleurs,
18:53à ce que la France
18:54a toujours fait,
18:54de droite comme de gauche.
18:55Et de ce point de vue,
18:57Macron est probablement
18:57le plus français
18:58de tous les présidents
18:59qu'on ait eu.
18:59Mais il laisse le pays
19:01dans un état
19:02assez problématique.
19:03Juste un mot sur Bayrou,
19:04on peut le reprocher
19:04beaucoup de choses,
19:06notamment dans le saut de l'ange
19:08qu'il a fait cet été,
19:10mais le constat
19:11dont vous parlez,
19:13c'est-à-dire celui
19:14qui date ma mémoire
19:15est bonne du 15 juillet,
19:16je n'ai jamais entendu
19:18un constat aussi cristallin
19:19et aussi juste
19:20que celui-là.
19:22Alors,
19:22on peut regretter
19:23qu'il n'en ait pas tiré
19:23la conséquence
19:24ou trouvé un chemin,
19:25en tout cas,
19:26pour régler ses problèmes,
19:27mais au moins,
19:27sur le plan du constat,
19:29il a fait le boulot.
19:31Malheureusement,
19:31notre président
19:32ne le fait pas.
19:33Je m'étonne
19:34de ne l'avoir jamais
19:35entendu parler publiquement
19:37dans des termes clairs,
19:39de la nécessité
19:40de régler
19:40le problème budgétaire.
19:42Jamais !
19:42C'est quand même lui
19:43l'autorité ultime.
19:46Il n'en a jamais dit un mot.
19:47J'ai même envie de dire
19:48que Sébastien Lecornu,
19:49dans ses déclarations,
19:50elle est rare
19:51à la presse écrite,
19:52essentiellement,
19:53il est plutôt
19:53en train de reculer
19:54par rapport à François Bayrou.
19:55Oui !
19:55On nous dit que le budget
19:56ne sera pas 44 milliards,
19:58ça sera peut-être 30 milliards.
19:59On va quand même aider.
20:00Donc là,
20:01on fait les retraites des femmes,
20:02c'est sans doute très utile.
20:04On veut...
20:05Voilà.
20:05Il y a encore des dépenses
20:06qui sont annoncées.
20:07Donc finalement,
20:08on continue comme avant ?
20:09Si vous voulez,
20:10je pense que
20:11la dissolution
20:12a condamné
20:13tout ajustement
20:15budgétaire sérieux.
20:17Voilà.
20:18Donc,
20:18la seule chance,
20:20c'est lors de la prochaine
20:22élection présidentielle.
20:23Parce que ça sera 26 ou 27,
20:24probablement 27.
20:26Mais il n'est même pas sûr
20:27que cette élection,
20:28qui en principe
20:29est résolutoire
20:30dans le système politique français,
20:31parce que nous,
20:33on a des débats
20:33seulement au moment
20:35de l'élection présidentielle.
20:36Donc voilà.
20:36parce qu'on veut un chef.
20:39On veut un chef.
20:40Et c'est le moment
20:41où on choisit le chef
20:42qui est le moment
20:43où on discute vraiment
20:45des problèmes.
20:45Et ceux qui sont
20:46les mieux placés,
20:46pardon,
20:47mais les mieux placés
20:48peut-être pour 2027,
20:49c'est-à-dire les chefs
20:50de l'opposition actuelle,
20:51je parlais peut-être
20:52de Marine Le Pen
20:53ou de Jean-Luc Mélenchon,
20:54dans leur discours,
20:56on n'est pas sur
20:57un désendettement,
20:59une prise de conscience
21:01forte sur ce problème
21:02quand même.
21:02c'est deux projets
21:03assez différents.
21:05Au contraire,
21:06ils veulent maintenir
21:06les Français
21:07dans leurs illusions,
21:08dans leur confort,
21:09dans l'État provisant.
21:10En fait,
21:10la solution de la France...
21:11Avec un État
21:11qui dépense beaucoup,
21:13qui sait beaucoup.
21:14Avec un État
21:14qui compte
21:14de dépenser beaucoup.
21:15La retraite à 62 ans...
21:17C'est-à-dire qu'on est
21:17dans un pays qui prélève,
21:18dans un pays qui redistribue,
21:20et c'est ça le problème
21:21de la France aujourd'hui ?
21:22On prélève trop,
21:23on redistribue trop ?
21:24Oui, bien sûr.
21:25C'est un très bon résumé
21:26de la situation.
21:27Je pense que,
21:28si vous voulez,
21:28quand on regarde par rapport,
21:29même il y a 30 ans,
21:31la part de la redistribution
21:32dans la dépense publique,
21:33elle a beaucoup progressé.
21:35Et que la redistribution,
21:37elle est indispensable,
21:38mais à un certain degré.
21:39Parce qu'au-delà
21:40de ce cap,
21:42justement,
21:43vous devez prélever davantage.
21:44C'est ce qui se passe.
21:45C'est l'histoire
21:45du jeu à somme nulle.
21:47C'est qu'aujourd'hui,
21:47on dit,
21:48on veut du pouvoir d'achat.
21:48Très bien.
21:49Croissance zéro,
21:50démographie déclinante.
21:51Comment on fait ?
21:52On va chercher l'argent
21:53là où il est.
21:54Dans les entreprises,
21:55et chez les riches,
21:56éventuellement chez les inactifs,
21:58voire chez les étrangers.
21:58Chacun choisira sa victime,
22:00son bouc émissaire.
22:01Mais ce n'est pas comme ça
22:03qu'on peut continuer
22:04à entretenir un pays
22:05qui était naguère
22:07le cinquième ou le sixième
22:08ou la septième économie mondiale.
22:10Parce qu'il faut
22:11qu'on alimente la machine.
22:12Est-ce qu'on peut
22:13réindustrialiser le pays ou pas ?
22:14Parce qu'on entend toujours
22:15que c'est la réindustrialisation
22:17de la France.
22:18Est-ce que la France
22:19peut être de nouveau industrialisée ?
22:21Là, il y a eu des efforts
22:22quand même sous présidence Macron.
22:23La France a été très attractif.
22:25Oui.
22:26Parce qu'on a des infrastructures,
22:27parce qu'on a des bons services
22:28publiques,
22:29les entreprises viennent s'implanter.
22:31C'est vrai.
22:31Mais alors,
22:32on peut penser
22:33que notre position géographique
22:35joue pour beaucoup.
22:35Tant mieux.
22:36Regarde sur la mer.
22:37Et puis au centre de l'Europe.
22:39Donc, ça,
22:40on ne pourra pas nous l'enlever,
22:41quoi qu'il arrive.
22:42Après,
22:43il y a des régimes
22:43d'incitation fiscale,
22:45etc.
22:45Et là,
22:45il y a eu des choses de faites.
22:47Mais quand vous regardez
22:49les chiffres,
22:49l'évolution de l'emploi industriel,
22:51on voit qu'il y a
22:52un petit blip
22:53depuis quelques années.
22:54C'est quand même
22:55de l'ordre
22:55de l'épaisseur du trait.
22:56On n'en fait pas assez.
22:58Et qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
22:59Probablement mobiliser
23:00davantage de ressources
23:01pour être encore plus attractif
23:03et puis travailler
23:03sur la ressource humaine.
23:05Et là,
23:07c'est l'affaire
23:08d'une génération.
23:08Ça veut dire quoi,
23:09travailler sur la ressource humaine ?
23:10Ça veut dire former,
23:11par exemple,
23:12en matière de nucléaire,
23:13en matière
23:14de haute technologie,
23:16en matière
23:16d'intelligence artificielle,
23:18etc.
23:19Si vous voulez,
23:20les cerveaux,
23:20on les a.
23:21Mais il faut...
23:22On reste trop longtemps
23:23à l'école ?
23:24Écoutez,
23:26c'est une question
23:26très compliquée.
23:28Je m'en voudrais
23:29de réponses caricaturales.
23:31Mais ce qui est certain,
23:32c'est que le lycée professionnel,
23:34dans lequel aboutissent
23:35quand même
23:35bon nombre de nos jeunes,
23:36ne remplit pas
23:37ses fonctions.
23:38Parce que,
23:39justement,
23:39la masse de gens
23:41qui arrivent
23:42sont souvent déstructurés,
23:44pas organisés,
23:45n'ont pas la capacité
23:46d'apprendre.
23:46Et puis,
23:47on n'a pas identifié
23:48les filières
23:49dans lesquelles
23:50on a vraiment besoin
23:51de gens.
23:52donc ce travail-là,
23:54là,
23:54pour le coup,
23:55il y a un reproche
23:55qu'on peut adresser
23:56à l'éducation nationale,
23:57c'est qu'elle ne se préoccupe
23:59probablement pas assez
24:00du marché du travail.
24:01Vous savez qu'il y a
24:01une réticence idéologique
24:03très importante
24:03de la part des profs
24:04qui disent
24:04« c'est pas notre boulot ».
24:06Ben,
24:06si quand même un peu.
24:07Parce qu'on forme les gens
24:09pour en faire des citoyens,
24:10pour en faire des maires
24:12ou des pères de familles
24:13responsables,
24:14évidemment.
24:15Mais aussi
24:17parce qu'ils doivent
24:18travailler
24:19un jour ou l'autre.
24:20Mais au 32-16,
24:22ce qui revient souvent
24:23quand même en ce moment,
24:24c'est le problème
24:25du salaire.
24:26Ça ne paie pas assez.
24:28On a quand même
24:28une France
24:28qui se retrouve
24:29entre 1500 et 2000 euros
24:31avec très peu de chances
24:32de voir d'évolution.
24:34Alors,
24:34il y a la différence
24:35entre le brut et le net
24:36parce qu'on voit bien aussi
24:36ce qu'on nous donne en brut,
24:37ce que l'employeur nous donne
24:38en brut
24:39et ce qui nous reste en net.
24:40Et là,
24:40on se dit
24:40qu'il y a quand même
24:41un problème.
24:42Est-ce que c'est pas là aussi
24:43un des grands problèmes
24:44de la France ?
24:45Alors,
24:47ce qu'on oublie quand même,
24:49même si incontestablement
24:51vivre avec le SMIC,
24:52c'est difficile,
24:52mais c'est qu'on a une part
24:54de salaire indirect en France.
24:55Alors ça,
24:55c'est la réponse.
24:56Ça a l'air différé.
24:57Ça,
24:57c'est ce que dit la gauche.
24:58L'école gratuite,
24:59la santé,
25:00la retraite,
25:01la sécu,
25:02etc.
25:02Mais il y a un autre problème.
25:04Au fond,
25:04le vrai problème pour moi,
25:06c'est pas tant les salaires faibles
25:07que le fait qu'on y reste
25:09toute sa vie.
25:10Oui.
25:10C'est-à-dire que
25:11quand vous êtes collés au SMIC
25:12toute votre vie,
25:13c'est ça la punition.
25:14C'est pour ça aussi que les gens,
25:14quand vous leur dites
25:15maintenant c'est 64 ans la retraite,
25:17moi je les comprends.
25:18Ils se disent
25:18ben non,
25:19parce que je suis plus mal payé,
25:21au moins à la retraite,
25:22je pourrais...
25:22Là-dessus,
25:24il faut responsabiliser les entreprises.
25:26Il y a quelque chose
25:26qu'on oublie,
25:27mais il y a 30 ou 40 ans,
25:29vous aviez quelqu'un
25:29qui faisait le ménage
25:30chez Renault,
25:31par exemple,
25:31dans une usine.
25:33Le gars était malin,
25:33sympa,
25:34travailleur,
25:34il était vite repéré.
25:36Et puis,
25:36Renault se disait
25:37tiens,
25:38je vais le mettre dans un bureau,
25:39il va faire le coursier.
25:40Puis tiens,
25:40on va le former,
25:41il va devenir être comptable.
25:42Puis il va devenir comptable.
25:43À 50 ans,
25:44le type pouvait avoir,
25:46vraiment avoir forcé son destin.
25:48Aujourd'hui,
25:49le même qui fait son boulot,
25:51il est employé
25:51par une société de nettoyage.
25:53C'est-à-dire qu'il va rester collé
25:55dans son activité
25:56pendant toute sa vie
25:57et au même salaire.
25:59Le fait qu'on ait externalisé
26:01ces fonctions-là
26:01a fait que l'entreprise
26:03a changé un peu de fonction
26:04et qu'elle assume moins
26:06ses parcours,
26:07ses associations sociales.
26:08À l'intérieur de l'entreprise.
26:09Et puis au-delà de tout,
26:11ce que vous venez de dire,
26:11c'est vrai,
26:12mais il y avait aussi le fait
26:12qu'à un moment donné,
26:13vous rentriez chez Renault
26:14comme manœuvre
26:15et à un moment donné,
26:16peut-être que vous passez
26:16les contremettes.
26:17Sauf qu'aujourd'hui,
26:18si vous voulez prendre
26:19un contre-mètre
26:20ou même après,
26:21quelqu'un dans le bureau d'études,
26:23vous allez prendre quelqu'un
26:24qui sort des études,
26:24vous allez payer moins cher
26:25parce que le mec
26:26que vous aurez pris comme manœuvre,
26:27il aura déjà 15,
26:2820 ans d'ancienneté
26:28et à un moment donné,
26:29il vous coûtera trop cher
26:29en même passe.
26:30Donc en fait,
26:31les entreprises,
26:32là où les entreprises
26:32ne sont pas vertueuses non plus,
26:33c'est qu'elles n'ont pas
26:34joué le jeu non plus
26:35parce que sous couvert
26:36qu'elles ont,
26:36on est d'accord là-dessus,
26:37qu'elles ont pris quand même
26:38beaucoup d'aides de l'État
26:39suivant n'importe quelle forme,
26:41à un moment donné,
26:41elles n'ont pas joué le jeu
26:42du plan social de dire
26:43moi je prends quelqu'un
26:44et je le forme
26:45et je le fais grandir.
26:45Pas toujours,
26:46c'est vrai qu'il y a
26:47une responsabilité
26:48probablement insuffisante,
26:50il y a des entreprises
26:50qui le font,
26:51il y a des secteurs
26:51qui le font,
26:52de tradition,
26:54mais le bâtiment par exemple,
26:57mais ça reste insuffisant,
27:00c'est vrai,
27:01c'est compliqué à organiser
27:02mais c'est souhaitable.
27:03Ah bah François Langlais,
27:03Bercy,
27:04il va y avoir une place,
27:04non Bercy,
27:06il va y avoir une place
27:07libre à Bercy.
27:09Je vous dis non Bercy.
27:10Non mais François,
27:11est-ce qu'on vous a déjà
27:12proposé de faire la politique ?
27:13Jamais.
27:13Et ça n'est que justice,
27:15parce que j'en serais incapable.
27:17Merci François Langlais,
27:18on vous conseille ce livre
27:19qui sera le prochain maître du monde,
27:21la France face au nouveau chaos,
27:22aux éditions Plombe.
27:23Merci d'être passés
27:24par le plateau des GG.
27:26Merci à vous.
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