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  • il y a 2 mois
Bullshitomètre : "L'IA inonde tous les secteurs"

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Transcription
00:00Il est 16h48 chaque jour, un expert de marché vient combattre le consensus, c'est notre combattant du jour.
00:07Aymeric Didet, directeur de la gestion de Pergam, en fil rouge avec nous, re-bonjour Aymeric.
00:11Re-bonjour.
00:11L'IA, l'intelligence artificielle, va très vite tout révolutionner dans tous les secteurs.
00:15Certains le pensent, mais pas vous, vous dites bullshit.
00:19Vous foudroyiez cette idée que l'IA a tout inondé en fait.
00:24Oui, parce qu'en fait il y a beaucoup de choses qu'on dit tout et son contraire sur l'IA.
00:29On met de l'IA partout.
00:31Aujourd'hui, il faut aussi se rendre compte qu'il y a beaucoup de choses, c'est des phénomènes auto-entretenus.
00:36C'est un énorme poker entre quelques acteurs où aujourd'hui ils jouent un petit peu ensemble et ils sont interdépendants.
00:41On le voit avec OpenAI qui signe un énorme contrat avec Oracle, avec de l'argent qu'il n'a pas et sur Oracle qui n'a pas les capacités.
00:49Qui Oracle va appeler Nvidia en disant SOS, il me faut absolument des puces pour mes serveurs.
00:54Qui Nvidia va dire attention, il me faut TSMC pour mes puces.
01:00Et Nvidia dit je vais vous financer OpenAI en mettant de l'argent dedans.
01:04Donc aujourd'hui, ils sont tous interdépendants sur finalement des taux de rentabilité à court terme qui sont encore extrêmement faibles voire approuvés.
01:14Donc aujourd'hui, l'IA révolutionne, oui, avec un certain temps ça va impacter très fortement nos économies et beaucoup de métiers parce que ça a une place importante et ça révolutionne certaines opérations.
01:32Mais attention à valorisation aujourd'hui et de ne pas penser qu'on va avoir de l'IA tout de suite là maintenant qui va changer tous les process de toutes les entreprises.
01:42Ce n'est pas quelque chose qu'on peut imaginer à court terme.
01:45Oui mais Emeric, les carnets de commandes sont pleins à craquer, c'est plutôt une bonne nouvelle pour le secteur.
01:49Alors là aussi, les carnets de commandes qui sont pleins quand c'est auto-entretenu, c'est un peu spécial.
01:54Parce que si vous n'avez pas les capacités et que finalement vous n'avez pas l'argent non plus, on revient un petit peu à ce qui se passe par exemple dans l'aéronautique où les carnets de commandes sont toujours pleins.
02:03Et au final, à un moment donné, il faut produire et pour en dégager de la rentabilité, il faut du temps.
02:08Et c'est ça qui est important.
02:10Donc attention à ne pas être trop euphorique à court terme.
02:15On a vu que les marchés savaient ce que c'était que les bulles.
02:19Aujourd'hui, on est peut-être quand même pour certaines valeurs un peu en zone de bulles,
02:23même si encore une fois, c'est des révolutions technologiques qui vont être importantes, qui sont importantes,
02:28mais il y a une histoire de temps et de rentabilité.
02:30C'est-à-dire que le marché aujourd'hui veut sauter l'étape temps.
02:32Et eux-mêmes, les industriels, Nvidia par exemple, en venant financer OpenAI pour qu'OpenAI lui achète les puces le plus vite possible et un maximum possible.
02:39En fait, on veut enjamber le facteur temps.
02:41Oui, on veut enjamber le facteur temps.
02:42Et ça pour vous, c'est dangereux.
02:43Il y a un moment où c'est technique et c'est technologique.
02:46C'est-à-dire que quand vous n'avez pas les capacités, vous n'avez pas la matière première,
02:49c'est là où au final, vous allez décevoir à un moment donné le consensus et le marché.
02:54Donc attention à ne pas vouloir aller trop vite sur ces sujets-là.
02:57Et puis encore une fois, quand vous avez trop de demandes sur un secteur, c'est inflationniste.
03:02Vous regardez aujourd'hui une carte avec une puce Nvidia, c'est plusieurs dizaines de milliers de dollars.
03:07Quand vous avez une ferme de serveurs, vous devez alimenter avec ce type de carte.
03:11Ça vous coûte une fortune.
03:13Donc pour rentabiliser ces data centers, attention à court terme.
03:18On peut avoir des vrais sujets de financement et des vrais sujets financiers sur ces projets-là.
03:25Donc oui, à long terme, c'est des valeurs de croissance qui sont extrêmement nécessaires pour la croissance,
03:33notamment aux États-Unis.
03:34Mais attention à ne pas aller trop vite de temps en temps sur les valorisations.
03:37D'autant que cette pression inflationniste sur le hardware, attention, derrière il y a la Chine qui arrive,
03:44il y a Alibaba qui bosse sur une carte graphique qui ressemble à Blackwell et qui fait peut-être même mieux.
03:49Il y a Baidu, il y a Tencent, il y a Cherumi qui sont dessus.
03:55Là, les paramètres et les dynamiques de rentabilité de l'activité vont changer dans les prochaines années.
04:00– Totalement, et on le voit, Nvidia l'annonçait, ils sont sur le fil du rasoir.
04:05Ils sont aujourd'hui entre « je veux vendre à des Américains parce que je suis considéré comme Américain,
04:12mais je veux aussi, si possible, vendre au reste du monde et à la Chine ».
04:16Donc attention aux histoires de taxes, on le voit, ça a des vrais enjeux géopolitiques.
04:22Et tout ça avec un fournisseur qui est à Taïwan.
04:24Donc un enjeu géopolitique majeur aujourd'hui pour les deux zones,
04:29les deux grands leaders que sont les États-Unis et la Chine.
04:31Et ne sous-estimons pas non plus la zone chinoise en effet,
04:35parce que les Chinois, le nombre d'ingénieurs qui sortent chaque année en Chine,
04:40c'est quand même deux fois plus qu'aux États-Unis.
04:42– Il y a combien de nouveaux ingénieurs ?
04:44J'ai le chiffre de 18 millions en tête chaque année, mais peut-être que je…
04:47– Alors je crois que c'est plutôt 1,5 million en Chine.
04:49– Oui, pour soi.
04:50– C'est la virgule.
04:51– Et autant en Inde.
04:53– Ah oui, d'accord.
04:54– Donc attention, ça en fait quand même beaucoup,
04:57là où c'est un peu plus faible aux États-Unis.
04:59Donc ils investissent et ils ne sont pas plus bêtes qu'ailleurs.
05:04– Oui, mais alors l'Europe, dans tout ça,
05:05est-ce que l'Europe existe ou peut prétendre malgré tout un jour exister
05:09sur cette carte de la tech, la carte mondiale de la tech ?
05:12Il se trouve que, ok, nos acteurs ne sont pas complètement à la taille,
05:15ASML l'est, mais peut-être pas les autres acteurs tech.
05:17Mais on est en revanche peut-être dans le bon rythme.
05:19– Je dis ça parce que je voyais la valorisation, par exemple, de Mistral AI,
05:22qui n'est pas cotée en bourse, mais sa valorisation a doublé en un an,
05:26ce qui est à peu près la vitesse à laquelle les boîtes américaines se valorisent.
05:29Est-ce qu'à défaut d'être à la taille, l'Europe au moins est dans le bon rythme ?
05:32– Oui, parce que ce n'est pas la taille d'une small cap américaine,
05:34aujourd'hui, Mistral AI.
05:35parce que c'est très bien, je ne peux pas dire le contraire,
05:39mais malheureusement, il faudrait que c'est plus que ça double et que ça aille beaucoup plus vite.
05:43L'Europe a une carte à jouer si elle arrive à ce que nos ingénieurs,
05:46qui sont extrêmement bons, arrivent à rester en Europe.
05:51Malheureusement, aujourd'hui, les très bons ingénieurs partent d'Europe et partent de France,
05:56là où tout le monde beaucoup critique le système scolaire français,
06:01mais pour le coup, les ingénieurs sont très recherchés, les ingénieurs français,
06:05parce qu'extrêmement pointus et extrêmement bons.
06:07Donc, le jour où on arrivera à les ancrer en France
06:11et avoir du financement pour ces grandes entreprises comme Mistral,
06:16il faudrait doubler ou tripler ou quadrupler les financements de ce genre d'entreprises,
06:20leur mettre à disposition des capacités extrêmement fortes pour aller beaucoup plus vite.
06:25Et c'est ça qui permettrait de générer vraiment de la croissance en Europe.
06:28– On s'est extasié il y a quelques jours sur l'investissement d'ASML dans Mistral,
06:31un milliard.
06:33Là, on a Nvidia qui investit 100 milliards.
06:35– Voilà, tout est dit.
06:36Tout est dit.
06:37Tout est dit.
06:38Et pourquoi l'Europe n'est pas capable, aujourd'hui, de financer beaucoup plus que ça ?
06:42Beaucoup plus qu'un milliard.
06:44Il faut être capable de financer beaucoup, beaucoup plus.
06:47Et c'est ça, aujourd'hui, qui serait un mal nécessaire
06:49pour que l'Europe rentre vraiment au centre du jeu de l'intelligence artificielle
06:54et des valeurs technologiques au sens large.
06:56– Juste, vous investissez dans quoi dans la tech aujourd'hui ?
06:58Parce que la tech américaine, elle est très chère, j'allais dire.
07:01Elle est très chère ou elle n'est pas si chère que ça,
07:02compte tenu de la croissance à laquelle on assiste ?
07:04– Non, les top positions de la tech sont extrêmement chères.
07:07Les Nvidia et compagnie sont extrêmement chères.
07:09Donc aujourd'hui, pour le moment, il y a quand même un phénomène
07:11auto-entretenu autour de ces valeurs-là.
07:12Par contre, il y a tous les seconds couteaux,
07:14que sont les sociétés de software,
07:15qui là, pour le coup, ne sont pas sur leur plus haut.
07:17Et pour le coup, nous réservent plein de bonnes surprises.
07:20Regardez les histoires autour du paiement,
07:23autour de la cybersécurité.
07:24Qu'est-ce qu'on va faire sans cybersécurité
07:26dans l'intelligence artificielle ?
07:29– Elle s'est encore sous-valorisée, celle-là.
07:32La fameuse vague de l'IA n'a pas encore eu lieu,
07:34elle va finir par rien.
07:34– C'est exactement ça.
07:35Et c'est là où il y a encore beaucoup de valeurs.
07:38Alors, beaucoup s'interrogent aujourd'hui,
07:40et c'est pour ça que les valeurs du software, par exemple,
07:42ne sont pas au plus haut,
07:43c'est que s'interrogent si l'IA va disrupter
07:45toutes ces valeurs du logiciel.
07:47Et en fait, non, ça va être un acteur.
07:49Et les sociétés de logiciels, aujourd'hui,
07:51se servent de l'IA pour accélérer.
07:53– L'IA ne va pas remplacer le logiciel ?
07:54– Absolument pas.
07:55– Elle ne sera pas le logiciel ?
07:56– Non, absolument pas.
07:57Donc, c'est là où, aujourd'hui,
07:58le software nous réserve, typiquement,
08:02encore de la croissance à des prix bien inférieurs
08:05à tout le secteur de l'IA, du prime de l'IA.
08:07– Et une valeur chinoise comme ça, dans la tech,
08:09une dont vous vous dites, celle-là,
08:11elle me donne plus confiance encore que les autres ?
08:13– C'est les grandes chinoises, aujourd'hui.
08:16Malheureusement, on va faire comme aux États-Unis.
08:19Aux États-Unis, ces dernières années,
08:20il a fallu jouer principalement les grands de la tech.
08:22En Chine, c'est pareil.
08:24– Vous diriez qu'investir dans la tech…
08:25– C'est Alibaba et compagnie.
08:25– Oui, alors, on imagine que leur potentiel de croissance
08:28est à peu près comparable, en réalité,
08:30industriellement, technologiquement peut-être aussi,
08:32à ce qu'ont délivré, ce que délivreront encore
08:34les tech américaines, mais elles sont deux,
08:35trois fois moins chères.
08:36Est-ce qu'investir dans les tech chinoises, aujourd'hui,
08:38revient à avoir investi, il y a dix ans,
08:40dans la tech américaine ?
08:41Est-ce qu'on en est là dans le cycle ?
08:42– Il y a deux phénomènes.
08:43C'est qu'aujourd'hui, vous investissez sur un acteur
08:45qui est moins cher,
08:46qui, aujourd'hui, a une croissance importante
08:49et surtout qui a un marché adressable
08:51qui est beaucoup plus large.
08:52Parce qu'aujourd'hui, le marché adressable chinois,
08:54et voire, quand on voit le bloc peut-être naître
08:57Chine, Inde et autres,
08:59et Asie aux sciences larges,
09:01il est quelque part beaucoup plus grand
09:02que le bloc américain au sens propre du terme.
09:06Donc, ça laisse un potentiel de valorisation
09:09sûrement supérieur pour les valeurs chinoises,
09:11surtout particulièrement aujourd'hui.
09:13– Donc, vous diriez, investir aujourd'hui dans Alibaba,
09:15Tencent ou Baidu, ça reviendrait,
09:18ce serait aussi génial,
09:19un coup de génie aussi fort
09:21que celui des investisseurs
09:22qui investissaient il y a dix ans dans Nvidia ?
09:24– Pas dix ans, mais avec quelques années plus tôt,
09:27oui, et surtout, un potentiel supérieur.
09:29Alors, avec un risque supérieur aussi,
09:31il faut être très clair.
09:33Malheureusement, il y a plus de volatilité,
09:35il y a des normes qui sont moins structurées
09:39que ce qu'on peut trouver aux États-Unis.
09:41Donc, le risque est forcément plus important.
09:43Par contre, pour celui qui a vraiment du temps,
09:45avoir une part chine, tech chinoise dans son portefeuille,
09:48ça s'entend clairement aujourd'hui.
09:50– Merci beaucoup, Emmerich Didet,
09:52directeur de la gestion de Pergam,
09:54régulièrement à nos côtés.
09:55– Sous-titrage Société Radio-Canada –
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