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Bullshitomètre : "L'inflation européenne est stabilisée"

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00:0016h48, chaque jour dans cette famille BFM Bourse, un expert de marché nous rejoint, nous accompagne.
00:04Aujourd'hui c'est Valentine Hennouz pour Amundi Institute qui nous rejoint.
00:08Elle vient déconstruire les idées reçues, combattre le consensus. Bonjour Valentine.
00:11Bonjour.
00:12L'économie européenne résiste, la Commission européenne d'ailleurs anticipe une croissance de 1,5% en 2027
00:18et 1,4% en 2026, un vrai redémarrage aussi peut-être à venir de l'économie allemande.
00:22Bref, c'est pas avec ça que l'inflation va ralentir.
00:25Ah, en tout cas c'est ce que certains pensent. Vous, vous n'êtes pas d'accord, vous dites bullshit.
00:30Vous foudroyiez cette idée que l'inflation serait amenée à rester forte en zone euro compte tenu des perspectives de croissance ?
00:38Oui, je pense qu'on pourrait revoir l'année prochaine le risque des inflationnistes, ça pourrait revenir sur la table en zone euro.
00:44Alors oui, on est au plein emploi avec un taux de chômage à 6,3%, mais si on regarde les créations d'emplois diminuent,
00:51l'industrie allemande souffre et si on regarde l'industrie allemande,
00:56elle a perdu une part importante de 7% de ses effectifs depuis 2019.
01:01Si on regarde les salaires, on a une dynamique sur les salaires qui ralentit.
01:05Les derniers chiffres sur les salaires négociés ont été à 1,9% et toutes les enquêtes suggèrent que les salaires vont encore ralentir l'année prochaine.
01:12Donc au plein emploi, oui, la dynamique sur les marchés de l'emploi n'est pas bonne en Allemagne, en France et dans d'autres pays du cœur de la zone euro.
01:20Et puis si on regarde les ménages, les ménages sont de plus en plus prudents dans son euro.
01:24Alors oui, on a des salaires réels positifs, la croissance des salaires est supérieure à l'inflation,
01:29mais les ménages épargnent de plus en plus.
01:31Au T2, on avait encore un taux d'épargne des ménages à 15,4% qui était encore en augmentation.
01:37Et si on regarde, ça c'est pour la demande domestique.
01:40Et tout ça plaide pour une poursuite du ralentissement de l'inflation.
01:42Ah oui, parce que c'est une demande domestique qui ne va pas forcément être soutenue par un marché de l'emploi qui reste très fort.
01:48Et derrière ces hypothèses qu'a la Commission européenne et la BCE, c'est un recul du taux d'épargne.
01:55Et j'ai du mal à avoir un taux d'épargne reculé si on a des créations d'emplois qui ralentissent.
02:00Et l'environnement mondial reste aussi un frein aux exportations à cause de l'appréciation de l'euro,
02:07la montée du protectionnisme et la concurrence avec la Chine.
02:11La concurrence est de plus en plus forte avec les produits chinois pour les exporteurs allemands et italiens.
02:19On a la Chine aujourd'hui qui est présente sur les marchés où l'Europe avait traditionnellement un avantage comparatif
02:27comme le transport, l'automobile.
02:30Et la Chine est aussi de plus en plus présente sur les biens d'équipement, notamment les machines outils.
02:34Donc il y a maintenant une concurrence très sérieuse avec la Chine à l'international et sur les marchés domestiques.
02:40D'ailleurs en Chine, les pressions déflationnistes en Chine, elles pourraient avoir un impact croissant sur l'Europe ?
02:45Oui, c'est un excellent point.
02:47Ce risque de l'inflation faible pourrait être exporté en Europe.
02:53On voit qu'aujourd'hui, les excédents commerciaux chinois avec l'Europe grimpent, ils sont à 310 milliards.
03:01C'est maintenant au-dessus des excédents commerciaux que la Chine a avec les États-Unis.
03:05Et surtout, ce qu'il faut regarder, c'est la dynamique.
03:08Ils ont fait fois deux depuis 2019.
03:11L'Europe importe de plus en plus de produits chinois.
03:15Alors qu'aux États-Unis, cette politique de protéger l'industrie américaine fonctionne.
03:21Les États-Unis, eux, si on regarde les importations de produits chinois aux États-Unis, reculent.
03:25Par contre, ce n'est absolument pas le cas en Chine, en Europe.
03:30En Europe.
03:30Ce n'est pas encore la Chine.
03:31Ce n'est pas encore la Chine, non.
03:33Et ce qu'on voit, c'est qu'il y a des surcapacités de production en Chine qui sont importantes.
03:39Et l'Europe va devenir la destination privilégiée des produits chinois qui sont surtaxés aux États-Unis.
03:45Alors si on regarde un petit peu, nous, notre paysage, théoriquement, il y a un catalyseur.
03:50C'est bizarre qu'il n'arrive pas encore vraiment à infuser dans les indicateurs économiques,
03:55puis dans les consensus des analyses, c'est le plan d'investissement allemand.
03:59Mais théoriquement, il devrait soutenir la croissance et peut-être bien l'inflation du côté européen.
04:04Alors c'est vrai que ce plan allemand, il est conséquent.
04:08Et aujourd'hui, les attentes qu'on a sur ce plan allemand en Europe restent faibles.
04:11Si on regarde globalement le consensus l'année prochaine pour l'Allemagne, c'est 1%.
04:15C'est vraiment du bas de fourchette par rapport aux résultats qu'on pourra avoir
04:20par rapport à ces montagnes d'investissement qui sont prévues.
04:23Alors ce plan va être positif pour l'Allemagne.
04:26Après, on peut s'interroger sur l'impact positif pour les autres pays de la zone euro.
04:31Et une des conséquences de ce plan, qui est déjà visible sur les marchés,
04:36c'est des taux plus élevés.
04:37Parce que ce plan, parce que les investisseurs aujourd'hui, ils anticipent des montagnes d'émissions.
04:41Ça s'est traduit par une hausse des taux.
04:44Et les taux réels aujourd'hui, en France et en Italie, sont beaucoup trop élevés.
04:48On a des taux réels qui tournent autour de 1,7% pour la France et l'Italie.
04:52C'est largement supérieur à la croissance potentielle de ces États.
04:55Donc ces niveaux de taux-là aujourd'hui sont beaucoup, beaucoup trop élevés.
04:59Donc ce que vous dites, c'est que le plan d'investissement allemand ne ruissellera pas
05:02sur les économies européennes, pas autant que ce qu'espère le marché et donc ne sera pas aussi inflationniste qu'on l'imagine.
05:09Ou du moins déjà les autres pays sont aujourd'hui déjà pénalisés par des niveaux de taux
05:11qui sont trop trop forts pour leur économie.
05:13Voilà.
05:14Vous dites aussi qu'il y a cette pression d'inflationnistes en provenance de Chine,
05:17dont de plus en plus de produits inondent notre marché avec un effet à la baisse sur l'inflation.
05:21Vraiment, il faut réaliser aujourd'hui que les importations en Europe de produits chinois
05:25sont en train de s'accélérer et vont vraiment, je dirais, peser sur des secteurs comme le secteur des autos.
05:30Oui, donc tout ça pousse à la baisse, devrait pousser à la baisse l'inflation.
05:33Et vous ajoutez que même si l'Europe est au plein emploi, la dynamique des salaires, elle ralentit.
05:37Donc ce que vous pensez, c'est qu'on va vers quoi ?
05:39Des baisses de taux.
05:40Oui, voilà, baisses de taux de la BCE.
05:41Exactement, des baisses de taux qui aujourd'hui ne sont absolument pas anticipées par le marché.
05:45Alors c'est vraiment une conviction pour l'année prochaine qui n'est pas valorisée par le marché,
05:49c'est que la BCE va devoir baisser ses taux et au moins deux fois, deux nouvelles baisses de taux.
05:55Oui, mais le problème c'est que ça, est-ce que ce n'est pas un point de vue français ?
05:59Est-ce qu'il n'y a pas d'autres pays où on se dit, au contraire, une baisse de taux ?
06:01Attendez, nous on a beaucoup de croissance, c'est le cas des Espagnols, des Portugais,
06:04donc une baisse de taux, ça viendrait peut-être les mettre en surchauffe.
06:06Enfin, est-ce que ça ne dépend pas de quel point de vue on se place ?
06:09Exactement, c'est vrai que c'est un point de vue qui est beaucoup plus fort si on regarde l'angle de vue français.
06:16Mais il faut voir aussi que les économies italiennes et espagnoles aujourd'hui
06:19sont vraiment soutenues par les plans de soutien européens, le Next Generation EU.
06:24Donc ce qui ne sera pas poursuivi au-delà de 2026.
06:28Et il faut voir aujourd'hui que même si on a un plan qui est prévu en Allemagne,
06:34le marché de l'emploi allemand est en train de ralentir très très fortement.
06:38Et la demande pour les produits allemands à l'international est en train de reculer.
06:42Valentin et nous qui nous accompagnent jusqu'à la clôture des marchés tout à l'heure.
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