00:00Céline Pikmalprad nous rejoint pour combattre le consensus et nous livrer sa vérité face aux
00:05marchés et à ses niveaux de la tech américaine et de l'IA, présidente de Pikmal Houghton Investments.
00:09Bonjour Céline. Bonjour Diop. Bienvenue. Certains investisseurs pensent qu'il faut arrêter de
00:13comparer le Nasdaq à la bulle des années 2000, arrêter d'essayer de se faire peur, de se faire
00:17trop peur. Vous, vous n'êtes pas d'accord ? Comme Antoine et Julien d'ailleurs, vous dites bullshit.
00:20Vous foudroyez ceux qui refusent de voir la réalité, en tout cas à vos yeux, ceux qui
00:26refusent de comparer la situation actuelle à la bulle de 2000. Et oui, en effet Guillaume,
00:31parce que je pense que les ingrédients actuels sont ceux que nous avons déjà connus, que j'ai
00:36déjà connus à l'époque, au début des années 2000. Il y a à mon sens trois ingrédients qui étaient
00:42présents et qui sont présents aujourd'hui. Premier ingrédient, des valorisations qui sont
00:46stratosphériques. Je sais que beaucoup de personnes ne sont pas d'accord avec moi, mais à mon sens,
00:50elles sont stratosphériques. Deuxième élément, vous avez un niveau de spéculation qui est extrêmement
00:56élevé aujourd'hui. Là aussi, il y a débat, mais je pourrais vous en dire plus, mais je suis
01:00convaincu qu'on a beaucoup trop de spéculation. Et troisième ingrédient, vous avez des dépenses
01:05d'investissement, dont on parle tous les jours d'ailleurs à la une des journaux, qui sont
01:09extrêmement élevées et qui vont finir par avoir un impact dans la vraie vie, comme on dit.
01:16Oui, mais alors là, on va vous challenger quand même. Il y a débat. Est-ce que la peur du marché
01:20la semaine dernière, la chute du Nasdaq, tout ça était excessif ou pas ? Est-ce que finalement, il faut faire
01:24confiance parce que la révolution industrielle va se poursuivre, on est sur un boom industriel,
01:28on a peur d'une bulle financière, mais le boom industriel, lui, est certain. La bulle financière,
01:31pas complètement encore. Regardez les valorisations. Vous dites qu'elles sont stratosphériques.
01:35Microsoft, par exemple. Le PE de Microsoft, on était à 60 en 2000 de PE, 60 ? Aujourd'hui, on a 37.
01:42Méta, on est à... Non, alphabète. On a 27 alphabètes. C'est pas une bulle.
01:46Et effectivement, il y avait aussi des sociétés comme Apple qui se traitaient avec des multiples
01:51beaucoup plus faibles que ceux dont on parlait en 2000 à l'époque. Mais regardons d'autres valeurs.
01:59Palantir, par exemple, on se traite quand même pour le modique multiple de 350 fois les bénéfices,
02:07pour un multiple de plus de 70 fois les ventes. Autre exemple, Broadcom, pareil, vous êtes à peu
02:15prêt à 80 fois les bénéfices et plus de 25 fois les ventes. Et si je prends du recul sur le SP500
02:23dans son ensemble, ce qui m'inquiète encore plus, c'est que là, je vois que vous avez 35% des sociétés
02:29qui sont cotées dans le SP500, qui se traitent à un multiple supérieur à 10 fois les ventes.
02:35Et en 2000, dont on me dit que c'était vraiment un environnement incroyable qu'on ne reconnaîtra plus jamais,
02:42vous aviez 25% des valeurs qui se traitaient à plus de 10 fois les ventes. Donc on est, à mon sens,
02:49au-dessus, en termes de valorisation, du niveau qu'on a connu en 2000.
02:54– C'est la bulle de 2000 au carré, pour vous, la connaître.
02:57– Pour moi, c'est la bulle au carré, et c'est la question. Pour moi, c'est de savoir justement
03:00si on ne pourrait pas voir le krach au carré.
03:03– Oui, mais alors, le problème, c'est qu'on n'achète pas. En fait, quand on achète,
03:08les multiples de valorisation, en vérité, on n'achète pas un point, on n'achète pas un multiple de temps,
03:12on achète une trajectoire. Et par ailleurs, là, on parle des ventes, mais il faut regarder aussi la rentabilité.
03:16Les grandes valeurs qui drivent l'IA, ce sont des valeurs qui créent des cash flows très positifs.
03:21Microsoft, c'est 136 milliards de dollars, le cash flow opérationnel.
03:24– Ce n'est pas du tout la même chose que dans les années 2000.
03:26– Eh bien, figurez-vous que si, parce que là aussi, vous aviez des entreprises.
03:31Microsoft était déjà une société qui générait des cash flows.
03:34Intel était une société qui générait des cash flows. Cisco aussi.
03:36Mais ce qui s'est passé, et que nous avons aujourd'hui,
03:39et c'est pour ça que le parallèle me semble extrêmement intéressant,
03:41c'est qu'à l'époque, vous avez eu des dépenses d'investissement qui ont été très fortes
03:46de la part de toutes ces entreprises, notamment parce qu'il fallait déployer la fibre optique.
03:50et vous avez atteint des dépenses d'investissement comparées aux bénéfices qui sont devenus de plus en plus élevés.
04:00Et on a atteint au pic 75% à peu près des bénéfices d'AT&T,
04:06qui était à l'époque le leader de la téléphonie aux États-Unis,
04:10qui étaient dépensés en investissement.
04:12Et à un moment, quand tous vos bénéfices sont mangés par l'investissement,
04:17vous finissez vous-même par ne plus pouvoir vous financer et par ne plus pouvoir croître du tout.
04:22Et bien aujourd'hui, si vous en croyez Bank of America,
04:27vous allez avoir en 2026 80% des bénéfices avant impôts,
04:32des cinq plus grandes valeurs de la technologie américaine,
04:35Meta, Alphabet, Amazon, Microsoft,
04:38qui vont être utilisés pour des dépenses d'investissement, 80%.
04:42Donc là aussi, je suis au-dessus du niveau de 2000,
04:47alors qu'on m'avait dit en 2001, en 2002, 2003,
04:50on ne sera jamais assez fou pour refaire la même chose.
04:53Et bien nous refaisons la même chose aujourd'hui,
04:54c'est pour ça que je voulais alerter les personnes qui nous écoutent.
04:57Cela dit, il y a une petite différence, c'est que contrairement à 2000,
05:00les bénéfices n'arrêtent pas de croître.
05:03Il n'y a pas de ralentissement là-dessus, il n'y a pas de tassement en fait.
05:06– Alors, c'est exactement la même chose là aussi Antoine,
05:09c'est le problème, c'est qu'en 2000, si vous regardez les chiffres,
05:13entre janvier 2000 et fin 2000,
05:15vous continuez à voir une petite musique d'augmentation
05:17des dépenses d'investissement de la presse d'entreprise.
05:20La cassure, elle se fait début 2001,
05:22et au niveau des bénéfices, c'est la même chose,
05:25on continue à avancer.
05:27La cassure par contre, au niveau des chiffres des entreprises,
05:29et c'est là qu'on doit s'alerter,
05:31c'est que vous avez une baisse à partir du Q4 99 des flux de trésorerie
05:38de la presse d'entreprise.
05:38Et les flux de trésorerie, ce sont donc mes bénéfices avant impôts,
05:43moins mes dépenses d'investissement.
05:46Et là, il y a la cassure, et c'est Q4 99.
05:49Et l'autre cassure, plus récente, elle se fait au Q3 2021,
05:52juste avant le choc qu'on a connu en 2022, début 2022.
05:59Donc on a une cassure, mais la cassure, elle est du côté des flux de trésorerie.
06:03Si c'est une bulle, c'est la bulle la plus anticipée de l'histoire.
06:05On ne fait que parler de ça tout le temps.
06:08Le Nasdaq monte dans le scepticisme,
06:10est-ce que de ce point de vue-là, on ne peut pas être rassuré ?
06:11C'est Warren Buffett lui-même qui a toujours dit et répété
06:14que les marchés les plus longs à la hausse,
06:17les plus longs, se sont amenés à durer le plus longtemps,
06:19les plus pérennes sont ceux qui forgent,
06:21qui construisent la hausse dans le scepticisme.
06:23On est en plein là-dedans, là, Cécile ?
06:25J'aimerais bien qu'on soit en plein scepticisme,
06:27mais malheureusement, on n'est pas dans le scepticisme,
06:29parce que c'est ce que je disais tout à l'heure.
06:31Troisième ingrédient, la spéculation.
06:33Aujourd'hui, les emprunteurs n'ont jamais été aussi nombreux,
06:39et donc le niveau d'emprunt qui est réalisé pour acheter des actions américaines,
06:44il se situe à peu près à 6,6,2%.
06:48Mais figurez-vous que la dernière fois qu'on a tapé ces niveaux-là,
06:50c'était 2008, et la fois d'avant, c'était 2000.
06:53Donc, on est à des niveaux de spéculation frénétiques.
06:56À retrouver votre argumentaire, bien sûr, en replay,
06:59la séquence s'appelle le bullshit-omètre,
07:00c'est Céline Pilep-Malprat qui nous accompagne,
07:02Pique-Mal ou son investment.