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  • il y a 11 minutes
Ce lundi 15 décembre, les solutions possibles face à la crise agricole que traverse la France et le vote sur l’accord UE-Mercosur ont été abordés par Léonidas Kalogeropoulos, PDG de Médiation et Arguments, Christian Poyau, co-fondateur et PDG de Micropole, et Patrick Artus, économiste et conseiller économique de la société de gestion Ossiam, dans l'émission Les Experts, présentée par Raphaël Legendre sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et pour parler de tous ces sujets, j'ai le plaisir d'accueillir sur le plateau Christian Poyot, bonjour Christian.
00:05Bonjour Raphaël Legendre, PDG de Micropole.
00:07Face à vous, Léonidas Calogéropoulos, bonjour Léonidas.
00:10Bonjour.
00:11PDG de Médiation et Arguments et Patrick Artus, bonjour Patrick.
00:14Bonjour Raphaël.
00:15Économiste et conseiller économique de la société de gestion OCIAM.
00:19Alors le premier thème c'est évidemment la crise agricole.
00:22La France en fait-elle assez pour son agriculture ?
00:25Alors ce matin, la ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, doit se rendre en Occitanie pour lancer une campagne de vaccination massive.
00:33Sauf que, sauf que, que nous dit la ministre ce matin ?
00:36Elle a ouvert la porte à une éventuelle suspension de la procédure jusqu'ici en place pour gérer la dermatose nodulaire contagieuse.
00:45C'est son petit nom.
00:47Au-delà de la crise sanitaire, la crise est désormais politique.
00:51C'est une très très profonde.
00:53Je vous vois, vous avez envie de réagir.
00:55Non mais, c'est un élément qui vient s'ajouter à une situation que vous avez très bien décrite.
01:02On était en excédent il y a trois ans, en excédent commercial, notre monde agricole.
01:0910 milliards, plus de 10 milliards en 2022.
01:12On est en déficit de près de plus de 300 millions cette année.
01:16C'est une dégringolade vertigineuse.
01:18C'est une crise très très profonde, une crise économique, une crise de modèle, avec un secteur qui est très très accompagné par l'impact, par des subventions, par des aides, très encadrées.
01:33Et très encadrées par des structures qui, depuis trois ans, sont mises au défi d'à peu près tous les problèmes qui existent dans l'économie.
01:47C'est-à-dire ?
01:47Sur réglementation, des contrôles en tous les sens, un modèle économique qui a du mal à suivre le contexte international dans lequel il doit s'inscrire.
02:00Et des autorités politiques et institutionnelles qui sont absentes, sauf pour une chose qui est d'accumuler des réglementations.
02:09Et d'ailleurs, toutes ces administrations qui sont présentes, elles ont un rôle, elles administrent, elles font des règles, elles pondent des normes.
02:17Et donc, comme elles sont là, elles en pondent de plus en plus.
02:19Et l'écoute, le dialogue, le travail en commun avec le monde agricole, il a eu, je ne sais plus, je n'ai pas fait le décompte du nombre de ministres qu'il y a depuis trois ans,
02:33mais dans un contexte d'instabilité absolue, ça fait que c'est véritablement devenu totalement explosif.
02:41Et à l'épicentre de ce contexte, vous avez cette, effectivement, contagion qui se propage et pour laquelle, là, je suis désolé, mais il y a une riposte sanitaire.
02:56C'est effectivement celle qui est mise en œuvre. Il y en a une autre qui a tardé, c'est la vaccination.
03:02Donc elle a tardé, elle est en train d'être mise en œuvre, mais là encore...
03:05Massivement, plus d'un million de bovidés.
03:07On voit bien qu'il y a eu un retard à l'allumage, mais tout cela est effectivement explosif.
03:13On voit bien que la situation politique délétère dans laquelle nous sommes depuis des mois, lorsqu'elle est confrontée à des crises comme celle-là,
03:23c'est tout l'édifice étatique qui est mis en doute, alors que pourtant, il y a des situations dans lesquelles on en a besoin.
03:29Et manquer de crédibilité politique, alors qu'à l'évidence, il faut traiter dans l'urgence un risque sanitaire qui peut contaminer la totalité de nos élevages,
03:42c'est vraiment la photographie de ce qui peut y arriver de pire dans un secteur comme celui-là.
03:47Christian, ce qui est détonnant quand même, c'est qu'on était d'accord, il y a une sorte de convention sanitaire qui réunit les syndicats, les producteurs, les pouvoirs publics, les vétérinaires, les autorités sanitaires.
03:59Tout le monde depuis le mois de juillet s'est réuni, sauf la Confédération Paysanne qui n'a pas accepté, mais pour appliquer ce protocole sanitaire.
04:06Et là, on se retrouve après 3, 4, 5 mois, 6 mois, 5 mois de crise, avec la ministre qui revient en arrière pour suspendre cette procédure d'abattage.
04:16On a bien lu, elle ne va pas la suspendre, elle a réfléchi à la suspendre, ce qui n'est donc pas la même chose.
04:21Je pense qu'il ne faudrait pas mélanger les choses, c'est-à-dire que, est-ce qu'il y a des sujets de surréglementation ?
04:25Je serais tout à fait d'accord avec l'Unidas, effectivement, enfin on cite toujours l'exemple des noisettes, assez célèbres.
04:30Oui, quand on a ruiné la filière.
04:31La situation française s'est écroulée parce qu'on interdit, alors le nom du produit, je ne le retiens jamais, évidemment.
04:37Donc oui, ça c'est clair.
04:38Maintenant, je pense qu'on est ici pour amener de la rationalité dans le débat, et donc ce qui se passe en ce moment n'a rien à voir, si j'ose dire.
04:45Puisque des cas de contamination, il y en a déjà eu, alors je ne sais plus si c'est Savoie, Haute-Savoie, ou Jura.
04:50Ça a commencé en Savoie, effectivement.
04:52Où là, on a appliqué le protocole, qui est un protocole reconnu par tous les autres pays, partagé par les vétérinaires,
04:59tous les gens qui réfléchissent un minute et qui a permis de bloquer, effectivement, le déploiement de cette maladie dramatique.
05:06Et tout le monde semblait d'accord, y compris les éleveurs.
05:08Donc on est en train de faire la même chose dans le sud-ouest, zone qui met cher au demeurant, enfin passons.
05:14Donc on applique un raisonnement de bon sens.
05:16Et d'ailleurs, la FNSEA, qui est quand même le premier syndicat agricole, est dessus.
05:20Donc là, à quoi faisons-nous face ?
05:24Alors, au désarroi de l'agriculteur à qui on détruit son cheptel, ça on le comprend.
05:27Oui, on peut le comprendre, on peut comprendre l'émotion, évidemment.
05:30Le gars à qui on tue ses vaches, c'est viscéral pour lui, ça c'est clair.
05:37Maintenant, le reste, c'est que de la politique.
05:39C'est que de la politique, d'accord ?
05:40Les deux syndicats que vous avez évoqués sont chacun aux extrêmes, se jettent dessus.
05:45Et j'en ai entendu un à la radio, il mélange tout.
05:47De toute façon, voilà, on prend ça, mais on parle d'autre chose.
05:49J'ai entendu des déclarations de Philippe de Villiers,
05:52qui comme d'habitude sont totalement délirantes.
05:54On part de A, on va à Z, on mélange tout, etc.
05:57Donc faisons la part des choses et amenons la rationalité.
06:01Oui, il y a un problème, comment dire, de cette épidémie actuelle,
06:04sur lequel il faut appliquer ce qui est décidé,
06:07et pas uniquement au Européen, dans tous les autres pays,
06:09et de manière rationnelle, voilà.
06:10Faisons fi des extrêmes qui s'excitent comme d'habitude.
06:13Après, qu'il y ait un vrai problème pour redonner de la dynamique à l'agriculture française.
06:17Ça, bien évident.
06:18Non, mais franchement, je pense qu'il faut séparer les deux choses.
06:21Il faut qu'on redonne les chiffres, Patrick Artus.
06:25Je rappelle, un excédent commercial record de 10,3 milliards d'euros en 2022,
06:30qui est une agriculture qui a lentement décroché 6,5 milliards en 2023,
06:344,9 milliards en 2024.
06:37Et là, on parle d'un déficit cumulé de 353 millions d'euros
06:41sur les neuf premiers mois de l'année.
06:43Comment on explique cette dégringolade de la balance agricole française ?
06:47Oui, il y a plusieurs explications.
06:49La première a été évoquée, c'est les réglementations.
06:52Ça joue marginalement pour l'instant.
06:54Ça joue que sur quelques produits.
06:57La seconde, c'est le coût du travail.
06:59Le coût du travail est nettement plus élevé qu'en France, qu'en Espagne, par exemple.
07:02Et pourtant, nos agriculteurs ne se rémunèrent pas des mille et des cents.
07:07Oui, et leurs salariés sont plus au SMIC, etc.
07:11Et puis, surtout, il n'y a pas d'organisation de la filière et il n'y a pas d'industrialisation.
07:19Si on regarde les détails de la balance des paiements des produits agricoles,
07:22on exporte des produits non transformés, des produits frais, des céréales, des fruits et légumes, etc.
07:28Et on importe tous les produits transformés, les conserves, les sauces, etc.
07:36Et donc, il y a un défaut.
07:38Ce n'est pas un défaut de l'agriculture, c'est un défaut de l'industrie agricole et alimentaire.
07:44Donc, on est mal placé sur le marché, en réalité.
07:46C'est encore une fois un problème de stratégie.
07:49On n'a pas suivi le consommateur qui est de moins en moins demandeur de produits frais
07:54et de plus en plus de produits transformés.
07:55Et ces produits transformés sont essentiellement importés.
07:58Et donc, on voit, quand on regarde la balance agroalimentaire en détail,
08:02on voit bien les excédents sur le groupe des produits frais
08:06et les déficits croissants sur les produits transformés.
08:10Et donc, c'est un problème aussi.
08:13Et puis, il y a un problème d'organisation de filière et de taille des exploitations.
08:18Mais l'essentiel, c'est qu'on a raté le mouvement de comportement.
08:24Mais est-ce qu'on exporte moins ?
08:25Ce déficit, il est dû à quoi ?
08:27Non, c'est les importations.
08:29Les importations sont extrêmement dynamiques.
08:33Parce qu'à nouveau, dès qu'il s'agit de produits transformés, on les importe.
08:37Bon, et c'est dans ce cadre-là qu'on devrait voter.
08:41La France s'y oppose toujours, mais le Mercosur.
08:43En fin de semaine, normalement, ça va être totalement exposé.
08:45C'est la dernière...
08:47Il faut le voter ou pas ?
08:47C'est quand même l'épicentre de tous nos défauts.
08:56Il faut, hein, cette situation.
08:58D'ailleurs, pardon, juste pour rebondir sur ce que disait Patrick Arthur,
09:02je pense qu'il a raison de souligner ces carences d'un point de vue industriel.
09:08Mais au milieu de tout ça, vous avez vraiment un monde agricole.
09:12Ce sont des entrepreneurs qui ne gagnent rien.
09:15Oui, en souffrance.
09:16C'est terrifiant.
09:18Enfin, c'est d'autant plus terrifiant que nous avons en parallèle le spectacle de largesses
09:26qui sont accordés à des catégories de la population qui...
09:33Oui, je pense...
09:34Enfin, je n'aime pas du tout ces oppositions entre les uns et les autres.
09:37On ne peut pas faire la guerre de la misère, effectivement.
09:39Non, mais en revanche, véritablement, la population agricole
09:43est nourrie, la France.
09:47Et ces entrepreneurs sont véritablement des gens...
09:50On va parler de la durée du travail.
09:52Ils travaillent mes nuits et jours.
09:54Je ne sais pas si quelqu'un a fait la comptabilisation du temps de vacances
09:59ou des semaines du monde agricole.
10:01Mais c'est un monde à part.
10:04Et c'est un monde à part en termes de revenus.
10:07Et il y a donc aussi un accompagnement par la PAC,
10:10mais qui est un accompagnement qui est, à l'évidence, mal calibré
10:13parce qu'il a entretenu une situation au lieu d'accompagner une transformation.
10:20Mais c'est de la mauvaise politique.
10:23Avec des aides qui vont souvent bien davantage aux gros qu'aux petits.
10:25Oui, mais en tous les cas, qui n'ont pas été des aides de restructuration.
10:31Ça a été des aides pour, quelque part, j'allais dire,
10:36mettre des bouts de ficelle ou des sparadraps
10:39sur quelque chose qui était de toute façon totalement déséquilibré.
10:43Et véritablement, en termes de filière,
10:47ces moyens devraient permettre à la filière de se moderniser.
10:50Ce n'est manifestement pas le cas.
10:52Je repose ma question sur le Mercosur.
10:53Est-ce qu'il faut voter le Mercosur ou pas ?
10:54Est-ce que c'est une chance ou pas pour l'agriculture française ?
10:57Je vais y répondre, juste pour compléter ce qu'a dit Patrick Artus.
11:00C'est vrai qu'il y a la réglementation sur les produits phytosanitaires,
11:03mais aussi il y a le blocage sur le choix des grosses exploitations.
11:07On sait qu'en Allemagne, on peut avoir, je ne sais plus le nombre de vaches
11:10dans une exploitation.
11:12En France, dès qu'on fait ça, c'est l'horreur, etc.
11:14Et à côté, il y a aussi le problème d'implantation d'usines de transformation.
11:17On se souvient de l'usine Le Duf, qui n'a pas pu s'installer en Bretagne aussi.
11:21C'est tout un ensemble de choses qui freinent.
11:23Cette filière qui, effectivement, par nature, est un petit peu différente.
11:26On a plutôt des petits exploitants, petit ou moyen, ça dépend des choses.
11:30Sur la betterave, c'est plutôt des gros ou le blé aussi, etc.
11:33qui mettent en avant l'excellence française.
11:35Mais j'insiste quand même sur le poids de la réglementation au sens large
11:39qui bloque quand même les initiatives.
11:41Après, sur le Mercosur, moi, personnellement, je pense qu'il faut le voter.
11:45En rajoutant des compléments, des vérifications, des blocages sur certains sujets, etc.
11:52Mais si on raisonne de manière très globale,
11:54Alors déjà, sur le Mercosur, on entend effectivement les filières
11:58qui, dans le principe, seront perdantes.
12:00Et c'est normal qu'elles s'expriment.
12:02Notamment la filière bovine.
12:03On n'entend pas celles qui, effectivement, seront gagnantes.
12:06Et il y en a un nombre aussi significatif.
12:08Alors, je ne suis pas un expert hyper pointu là-dessus.
12:11Mais quand on regarde la balance générale, si je veux dire, on est plutôt gagnant.
12:14Bon.
12:15Deuxième chose, sans faire la géopolitique de comptoir,
12:17mais c'est vrai que s'ouvrir le marché,
12:19enfin, on y est déjà, mais améliorer et dynamiser le marché sud-américain
12:23semble quand même une bonne démarche.
12:25C'est un marché très intéressant, dynamique,
12:28qui est proche aussi d'une sphère occidentale,
12:30pour de la chose celle qu'elles sont,
12:32alors que la Chine essaie de s'y implanter, etc.
12:34Donc, on a un intérêt aussi, encore une fois, géopolitique,
12:37sans exagérer les choses, à travailler avec eux.
12:39Donc, oui, je pense qu'il faut le signer en mettant des protections,
12:43en rajoutant des barrières, tout ce qu'on veut, etc.
12:45Notamment sur l'alimentation des bovins.
12:47C'est vrai que personne n'a envie d'avoir, chez son boucher,
12:50des vaches qui ont été piquées à je ne sais quel produit, etc.
12:53Mais là encore, si on amène un peu de rationalité dans le débat,
12:57eh bien oui, il faut aller dans cette démarche de signer le Mercosur.
13:00Patrick, même question.
13:01Oui, je crois que le monde se ferme.
13:04C'est beaucoup plus difficile d'exporter aux Etats-Unis.
13:07Ça va devenir plus difficile d'exporter en Chine, etc.
13:10Et on est à la recherche désespérée de marchés qui restent ouverts.
13:14Donc, je crois effectivement que...
13:16D'abord, tous les travaux montrent que l'Europe serait gagnante
13:21à l'ouverture du marché des pays du Mercosur.
13:25Et effectivement, il reste les filières...
13:29Enfin, la volaille, les bovins, etc.
13:31Qu'il faut protéger.
13:34Le problème...
13:35Les règles sanitaires existent.
13:36Apparemment, elles sont un peu détournées.
13:38Elles sont un peu contournées.
13:39Donc, il faut...
13:40Le problème, c'est effectivement comment on contrôle les produits
13:43qui rentrent sur ça, l'Amérique.
13:44Et comment on fait respecter les clauses miroirs en Amérique latine ?
13:48Mais on ne peut pas...
13:50Je crois qu'il faut rester dans la logique de garder des marchés ouverts
13:55le plus possible et résister à la fermeture des marchés.
13:59Et donc, le Mercosur, c'est un bon accord.
14:01Cela prête qu'il faut vérifier que les contraintes sanitaires soient respectées.
14:05Léonidas ?
14:05Je suis très gêné par ce sujet parce que quiconque a expérimenté la Commission européenne
14:14dès lors que l'on est confronté à un raz-de-marée de concurrence déloyale,
14:22c'est que l'Europe n'a pas les moyens.
14:25Et non seulement n'a pas les moyens de faire face à des situations de concurrence déloyale,
14:31j'ai eu à le constater avec l'arrivée de biocarburants venant d'Asie
14:36qui étaient très manifestement, compte tenu des prix cassés d'origine d'huile de palme
14:46et non pas du tout d'huile de friture et de graisse animale
14:52comme c'est supposé être le cas.
14:54Et on ne sait pas le contrôler ça ?
14:55On ne sait pas le contrôler, on ne sait pas mettre en œuvre les clauses miroirs,
14:59on n'a pas les équipes nécessaires pour aller vérifier ce qui arrive,
15:03donc tout est fait uniquement avec du déclaratif.
15:06Pire que ça, lorsque vous allez constater à la Commission européenne
15:12que vous êtes devant un déversement de produits
15:16qui sont à l'évidence la violation des règles
15:20et que c'est en train de casser le marché et de faire basculer l'ensemble des tarifs,
15:24la Commission européenne, et là on a un véritable problème,
15:27et ce réfugié derrière sa doctrine qui est les marchés ouverts, c'est bien,
15:34et tout ce qui vous motive c'est que vous préféreriez que les marchés...
15:36Mais l'on dit là, on a vu avec le CETA par exemple l'accord avec l'Amérique du Nord, le Canada,
15:41qu'on a été très largement bénéficiaires de cet accord.
15:46Vous avez peur aussi à l'époque, souvenez-vous du bœuf canadien.
15:48Je pense que nous avons une vraie difficulté qui est d'être globalement tous d'accord avec les principes
15:56et de savoir que dès lors que dans ces principes vous avez des vices qui viennent de s'y glisser
16:02et de véritables situations de concurrence déloyale,
16:05nous sommes à ce moment-là totalement démunis.
16:07Et malheureusement, ce n'est pas parce qu'on va signer je ne sais quelle clause,
16:11en parlant de clause miroir et de contrôle,
16:13que le papier en lui-même donnera le moindre effet pratique sur les marchés.
16:18Donc je comprends très très bien l'inquiétude de ceux qui risquent d'être perdants dans ce marché,
16:23même si sur le reste, sur les principes, je serais tenté d'être d'accord.
16:27Mais des principes sans armes efficaces pour les faire appliquer,
16:30vous le savez comme moi, ce sont véritablement, j'allais dire, des miroirs aux alouettes.
16:35Bon, et le bras de fer continue, Emmanuel Macron ayant demandé à Ursula von der Leyen
16:39de reporter le vote qui était attendu entre mardi et vendredi sur la Mercosur.
16:44Non, moi je suis d'accord avec le pays de Nila, de toute façon c'est un constat,
16:46donc il n'y avait pas de débat par rapport à ça.
16:47Maintenant, est-ce que pour autant il faut changer de doctrine totale ?
16:50Non, essayons de pallier aux faiblesses de l'Union Européenne.
16:54Alors, on le voit sur les colis, la taxe à 3 euros.
16:57On a porté les taxes à 3 euros.
16:59Bon, ok, c'est un premier sujet.
17:01Bon, la doctrine générale qui était de favoriser la concurrence
17:04pour le bien-être du consommateur européen est en train de bouger aussi,
17:07pas suffisamment vite, on est d'accord, voilà.
17:09Donc la dérivée seconde, si j'ose dire, de l'action de l'Union Européenne
17:12est quand même évolue dans le bon sens.
17:14Donc oui, soyons très vigilants,
17:16et le constat est effectivement, malheureusement, celui-là.
17:19Mais pour autant, ne bridons pas l'ouverture à des marchés
17:22et le développement, on a besoin de ces marchés au niveau européen.
17:26– Mais de toute façon, si l'Europe n'échangait plus avec le reste du monde,
17:34l'Europe ne pourrait vendre qu'à l'intérieur de l'Europe,
17:37et l'intérieur de l'Europe…
17:38– On a le plus grand marché du monde, Patrick.
17:39– Oui, on a le plus grand marché du monde,
17:41en croissant zéro jusqu'à la nuit des temps.
17:44– C'est vrai aussi.
17:44– Et donc si on veut avoir un peu de dynamisme de notre économie,
17:47il faut exporter.
17:48Et donc on ne peut pas exporter sans compromis.
17:50– On ne peut pas exporter ce qui nous arrange
17:53et qu'on laisse la place aux Chinois si on ne signifie pas.
17:57– Je ne peux pas être d'accord avec vous,
17:59parce que je suis d'accord sur les principes
18:00et je suis tellement en désaccord sur la réalité.
18:04La question des paquets et de la taxe à 3 euros,
18:10ça devait être en 2028.
18:12Donc il a fallu un bras de fer,
18:14mais véritablement absolument colossal,
18:16pour faire déjà accepter le principe
18:18que l'on met une taxe sur ces paquets,
18:20qu'ensuite, ça ne soit pas en 2028,
18:22mais que ça soit maintenant,
18:23– Oui, mais on y arrive.
18:24– On y arrive, ce sera le 1er janvier.
18:26– Pardonnez-moi, mais on y arrive avec une telle bataille.
18:29Et pardon, mais 3 euros sur les paquets,
18:33je ne suis pas du tout certain
18:34que ce compromis que l'on a arraché de haute lutte
18:38soit véritablement à la hauteur du défi auquel on a affaire.
18:42– C'est une autre question.
18:42– On peut en parler sur le numérique,
18:44et ce n'est pas Christian qui me donnera la contradiction
18:47sur la question du numérique
18:48et sur l'invasion et le déséquilibre
18:51que nous avons avec les États-Unis sur nos services numériques.
18:56Et sur un certain nombre de sujets,
18:59lorsque l'on constate qu'il y a de la concurrence déloyale,
19:03la Commission européenne dit
19:04« Mais tout ça, c'est parce que vous n'avez pas envie de la concurrence. »
19:06– Patrick, Patrick puis Christian.
19:10– Non, mais elle disait ça.
19:12Je crois que la doctrine de la Commission évolue pas mal.
19:14On voit les droits de douane sur les voitures, par exemple.
19:17– C'est pas qu'il y a Omnibus, pour simplifier un peu la loi d'administratif.
19:21– Je crois que la doctrine qui était effectivement
19:23les marchés ouverts et la concurrence intérieure évolue.
19:27– Il n'y a pas que la doctrine, Patrick Artus,
19:29il y a aussi les moyens.
19:30Est-ce que, véritablement, nous avons des moyens humains,
19:33des contrôles, des contrôles sur place ?
19:36C'est stupéfiant.
19:37Quand vous demandez à la Commission européenne
19:39quels sont les contrôles,
19:40elle vous dit « Mais j'ai des tableaux Excel qui sont très très bien faits. »
19:43Je dis « Mais les tableaux Excel, ils sont déclaratifs. »
19:46Donc vous n'avez pas derrière les moyens humains.
19:48Les moyens qui existaient avec les frontières,
19:51je ne dis pas qu'il faut revenir à un système antérieur,
19:56mais à un moment donné, au-delà des principes,
19:57il faut véritablement des personnes qui soient capables
20:02de contrôler, de mettre des limites et de bloquer des importations
20:05quand, véritablement, les règles ne sont pas respectées.
20:08Pour les règles miroir, il faut aussi des personnes qui aillent…
20:12– Il faut des services, c'est sûr.
20:13– Il faut des services.
20:13– S'il n'y a personne derrière.
20:14– Christian Pouillard, d'arrivée.
20:15– Sur le sujet numérique, effectivement, je le connais assez bien,
20:19on ne peut pas incriminer juste la Commission.
20:22C'est aussi la position des États.
20:23Moi, pour avoir négocié avec le BDI, avec les Hollandais,
20:27enfin, peu importe lesquels, etc.
20:29Je ne parle pas des Anglais qui sont sortis, etc.
20:31Là, la Commission, en grande partie, n'y est pour rien.
20:34C'est les États qui, eux, ne veulent pas avoir l'influence française
20:37et préfèrent avoir l'influence américaine
20:39sur les différents sujets, sur le cloud act, etc.
20:43Enfin, voilà.
20:43Donc, je ne suis pas un fanatique ou un agéographe
20:47de la Commission européenne, mais reconnaissons aussi
20:50que l'Europe pâtit malheureusement du fait qu'on est 27 États,
20:53qu'on a 2000 ans d'histoire, qu'on s'est foutu sur la gueule
20:56pendant assez longtemps, qu'on n'a pas la même langue, etc.
20:58Mais ça, c'est un état de fait qui va évoluer progressivement
21:02dans le temps, dans plusieurs générations.
21:03Mais ça avance.
21:03Mais encore une fois, la Commission n'est pas la seule coupable.
21:06Il y a plein de sujets dans lesquels c'est chacun des États.
21:08On voit sur l'automobile la position des Allemands.
21:10D'ailleurs, la décision a été décalée au mois de janvier, etc.
21:13Et là, ce n'est pas la Commission, c'est les États
21:15qui prennent leur position.
21:16Donc, il faut faire avec cet état de fait de l'Europe
21:19qui est une multitude d'États.
21:20Allez, Patrick, il nous reste trois minutes.
21:22Je voulais qu'on parle un tout petit peu de budget quand même,
21:23puisqu'aujourd'hui, c'est le vote du PLF par le Sénat.
21:25C'est important.
21:26En fin de semaine, jeudi, arrive la Commission mixte paritaire.
21:29Est-ce qu'un compromis est possible ?
21:32La Commission mixte paritaire est la majorité de droite.
21:37Du bloc central et de droite, effectivement.
21:40Probablement, il sortira chez la Commission mixte paritaire
21:42un projet de budget qui n'est pas votable
21:44par l'Assemblée nationale dans l'État.
21:46Donc, le PS, par exemple, ne retrouvera pas
21:50ce qu'il demande sur la taxation des entreprises,
21:54sur quelque chose...
21:56On ne peut pas trouver un mi-chemin dans la CMP ?
21:59Les négociations, est-ce que ce n'est pas l'endroit ?
22:00Ou les négociations de coulisses pour en faire ?
22:03Je pense que ce sera compliqué.
22:04Bon, si le Premier ministre ne veut vraiment pas
22:06utiliser le 49.3,
22:08comme il l'a répété maintes fois,
22:10la seule solution, ça sera
22:12de reconduire le budget de l'année dernière,
22:14ce qui est catastrophique,
22:16en particulier pour le budget de la Défense.
22:18Bon, on a quand même Elisabeth Borne qui sort ce matin,
22:20pour la première fois, un membre du bloc central
22:24qui dit qu'il faut utiliser le 49.3.
22:26C'est la petite musique qui monte, là, Léonidas.
22:28En tous les cas, ce qui devient évident,
22:31c'est qu'il y a un grand nombre de groupes
22:35qui sont favorables à ce qu'on en sorte,
22:38qui ne veulent pas assumer la responsabilité
22:40du contenu de ce budget.
22:44Oui, d'un texte qui ne va à personne,
22:45mais c'est peut-être qu'il est équilibré.
22:46Oui, mais dès lors qu'il ne va à personne,
22:47personne ne veut l'assumer.
22:49C'est d'ailleurs aussi la raison pour laquelle
22:50le Premier ministre ne veut pas du 49.3,
22:54parce que s'il présente au 49.3,
22:56ça veut dire qu'il est lui-même le responsable,
23:00enfin, il assume la paternité d'un budget,
23:03donc personne ne veut assumer la paternité.
23:05Tout le monde se repasse la patate chaude, quoi.
23:07C'est un peu ça le budget qui brille les doigts.
23:10C'est très vraisemblable de volonté,
23:14d'irresponsabilité collective.
23:16Je trouve que c'est un spectacle très, très déroutant.
23:21Mis à part le sujet de la fin, qui est très important,
23:23mais non, est-ce que reconduire le budget 2025
23:26est une si mauvaise nouvelle que ça ?
23:27Moi, j'ai lu différents sujets entre,
23:29est-ce que ça sera vraiment stricto senso,
23:31en clair, il y aura un gel du barème de l'IRPP,
23:35par exemple, ou des choses comme ça,
23:36ou est-ce qu'il y a une partie des votes
23:38qui ont été faits qui sera dedans ?
23:40Non, c'est vraiment le...
23:40Non, c'est le budget de l'année dernière.
23:43Donc, il y a beaucoup...
23:44Moi, j'ai entendu une fois en disant,
23:46enfin, ce n'est pas une bonne nouvelle, bien sûr,
23:47mais ce n'est pas non plus si mauvaise que ça.
23:50Ça pose un problème sur les armées, par exemple.
23:52Les Espagnols s'en tirent bien,
23:53mais les Espagnols ne font pas d'efforts sur le militaire.
23:56Oui, oui, non, mais c'est une solution imparfaite.
23:58Dès le moment que vous souhaitez déformer
23:59la structure de la dépense, c'est très compliqué.
24:01Mais au final...
24:02Et puis, le problème, c'est qu'on va atterrir en 2026
24:06avec un déficit public à peu près de l'ordre
24:08de celui de cette année.
24:09Eh oui, on sera à 5, 2, 5, 3...
24:12Ce qui est le sujet le plus dramatique, c'est clair.
24:14C'est du calamité collective.
24:16Et là, c'est...
24:16Bon, ça n'aura aucune conséquence financière,
24:19puisque tout le monde...
24:20Dans le monde des investisseurs,
24:22personne ne croit que l'État français fera faillite.
24:25Et personne ne croit que la BCE
24:26laissera l'État français faire faillite.
24:27Donc, sans conséquence.
24:28Donc, personne n'attaque l'État français.
24:30Donc, en réalité, on pourrait avoir 5% de déficit public
24:33jusqu'à la fin des temps.
24:34Il ne se passerait rien.
24:35Alors, pourquoi on s'embête ?
24:36Attendez !
24:37Mais c'est inacceptable par les autres pays.
24:39Les autres pays ont fait leur réforme
24:41et leur restructuration budgétaire.
24:43Et pourquoi la France serait dispensée de ça ?
24:45Et ça réduit la puissance de la parole française.
24:48Oui, oui.
24:49Et d'ailleurs, quand on voit la manière
24:51dont la Grèce est rétablie
24:53et le fait qu'elle prenne la tête...
24:55De l'Eurogroupe.
24:55De l'Eurogroupe.
24:56De l'Eurogroupe.
24:56Ça montre à quel point un pays
24:58peut gagner en autorité
25:00en mettant de l'ordre dans ses comptes.
25:02Bon, ce sera la morale de l'histoire.
25:03Bon, c'est bon.
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