- il y a 2 mois
Ce vendredi 12 septembre, les prochaines baisses des taux et l'étonnante résistance de l'économie française, ont été abordées par Aurélien Colson, co-directeur académique de l'Institut Géopolitique & Business de l'ESSEC, Laurent Vronski, directeur général d'Ervor, Patrick Artus, économiste et conseiller économique de la société de gestion Ossiam, dans l'émission Les Experts, présentée par Raphaël Legendre sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00On est de retour avec les experts Patrick Artus, Laurent Vonski, Aurélien Colson, merci d'être là.
00:07Juste avant la Compure Pub, on parlait donc des livraisons d'armes et de la base industrielle de technologie et de défense française qu'on est censé soutenir.
00:18La direction générale de l'armement avait promis de donner un peu de visibilité aux commandes et que de l'argent devrait arriver.
00:25Et aujourd'hui, ce qu'on entend, c'est que quand il y a des retards de livraison, le ministère est plutôt content parce qu'il évite de décaisser.
00:32Vraiment, c'est une pénurie assez inquiétante.
00:35Vous la connaissez bien, la base industrielle de technologie et de défense, Laurent Vonski, puisque vous en faites partie.
00:40Oui, je la connais bien parce que nous avons fait partie de ces entreprises qui, il y a 30 ans, travaillaient, si vous voulez, non pas massivement, mais de manière substantielle pour la défense,
00:50c'est-à-dire entre 20 et 30% du chiffre d'affaires. Et puis après, comme on a eu des grands experts sans jeu de mots qui nous ont expliqué qu'on n'avait plus besoin d'armées,
00:58plus besoin de centrales nucléaires, enfin bref, et j'en passe. Donc la base militaire, elle s'est réduite comme une peau de chagrin et ces entreprises ont dû trouver des débouchés.
01:05C'est le cas de la nôtre. Et si vous voulez, ça représente 1 à 2%, même pas, de notre chiffre d'affaires. C'est-à-dire que c'est complètement anecdotique.
01:13Alors moi, je vais répondre à deux questions, les taux d'intérêt et puis ce qu'a dit monsieur, parce que les deux sont liés.
01:17Vous prenez un industriel qui est sur des développements de projets militaires, mais on est sur le temps moyen et sur le temps long.
01:23On n'est pas sur le temps court de la baisse des taux d'intérêt. Je ne dis pas que ce n'est pas important, les taux d'intérêt.
01:29Mais par exemple, vous prenez notre cas, ce n'est pas parce que les taux d'intérêt vont baisser de 20 points de base
01:35qu'on va se lancer dans des programmes de développement qui vont impacter notre structure et nos chiffres d'affaires
01:41sur le temps moyen et sur le temps long.
01:43Non, non, mais bien sûr, mais ça c'est l'opposition entre macro et microéconomie.
01:46Donc, on a besoin de commandes. On n'a pas besoin de paroles, on n'a pas besoin de calinothérapie.
01:52Alors c'est sympathique, mais on a besoin de concrétude.
01:56Et là, je peux en témoigner. On nous a expliqué clairement et de manière très chiffrée
02:02qu'on a besoin d'augmenter la production des entreprises industrielles de la défense
02:08pour éviter d'avoir à sortir un canon César un seul toutes les six semaines.
02:11Mais ça, ça ne se fait pas en claquant des doigts, ça se fait sur le temps moyen et sur le temps long.
02:16Et pour ça, on a besoin de commandes.
02:18De nous dire qu'on a besoin de nous, c'est super, mais je peux vous dire que les commandes arrivent au compte-gouttes.
02:22Alors qu'elles étaient promises, pourtant, fin 2014.
02:24Mais vous avez tout dit, c'est-à-dire que si vous ne pouvez pas les payer les commandes,
02:27nous, on n'est pas un institut de bienfaisance, comme la plupart de nos camarades industriels.
02:30S'il n'y a pas de commandes qui sont payées, pourquoi voulez-vous qu'on se commette sur le temps moyen et long ?
02:34On vit dans un monde de fous parce que quand même, quand même, il y a des bonnes nouvelles aussi.
02:39L'INSEE a annoncé hier, 0,3% a prévu 0,3% de croissance au troisième trimestre.
02:45C'est le même chiffre qu'au second.
02:48Évidemment, ce n'est pas explosif, mais enfin, c'est un peu mieux prévu.
02:51Ça voudrait dire que sur l'année, la croissance française pourrait atteindre 0,8%.
02:57On a un déficit public absolument colossal.
03:01On se demande où va cet argent, si ce n'est là où il faudrait.
03:04Aurélien Colson, c'est une bonne nouvelle ? C'est 0,3% au troisième trimestre ?
03:09Si on reprend le calcul de Patrick Artus de la première partie, non, ce n'est pas du tout suffisant.
03:14C'est-à-dire qu'une chose qui pourrait nous sauver, puisque les taux d'intérêt sont ce qu'ils sont,
03:18c'est qu'on dégage d'une croissance bien supérieure.
03:21Et la question, c'est comment l'encourager, comment la soutenir ?
03:23Et le gros risque, c'était déjà un reproche qu'on pouvait faire au projet de budget,
03:28c'est l'effet récessif.
03:29Donc il faut faire des économies.
03:32C'est ce que souligne le Parti Socialiste, c'est que 44 milliards, c'était trop récessif
03:37et qu'il ne faut pas casser la croissance qui est assez molle pour l'instant.
03:41Patrick Artus ?
03:43D'abord, il faut voir que la croissance du deuxième trimestre à plus 0,3%,
03:47elle vient de plus 0,5% de contribution des stocks.
03:51Donc c'est un peu inquiétant.
03:52Ça veut dire quoi ?
03:53Donc il y a de la reconstitution de stocks, parce qu'on a beaucoup exporté en début d'année,
03:59mais la demande intérieure, que ce soit la consommation des ménages,
04:03l'investissement octa, la demande intérieure est très faible.
04:05J'ouvre une parenthèse, on a beaucoup exporté en début d'année,
04:08est-ce que ça a un rapport avec le Liberation Day de Donald Trump ?
04:12C'est sûr qu'on a exporté, on attend, notamment aux Etats-Unis,
04:14qui eux ont stocké en anticipation des droits de l'année.
04:15Tous les pays européens ont la croissance du premier trimestre
04:18qui a été dopée par le fait qu'ils ont beaucoup exporté,
04:20c'est particulièrement visible en Allemagne.
04:22Et puis, je crois que le projet de budget de Bérou pêchait complètement,
04:28parce que c'est par son aspect récessif, je me répète,
04:32mais on devrait accepter, et les marchés financiers accepteraient beaucoup,
04:36une réduction très très lente du déficit public,
04:38à condition qu'on fasse les bons investissements.
04:41Et si on disait, on met en œuvre une partie...
04:44Le rapport Draghi, c'est à peu près deux points de PIB pour le secteur public.
04:48Donc, ce n'est pas énorme.
04:49Et si on mettait progressivement en place les investissements préconisés
04:52par le rapport Draghi, on aurait probablement,
04:56au fur et à mesure de l'écoulement du temps, davantage de croissance.
05:00Et ça, c'est vendable.
05:02Un projet de budget qui est simplement restrictif en coupant la dépense publique,
05:05ce n'est pas vendable.
05:06Même pour les marchés financiers, ce n'est pas vendable.
05:07En même temps, est-ce qu'il y avait vraiment 44 milliards d'euros
05:10d'économies dans ce budget ?
05:12Quand même, tous les curseurs étaient poussés au maximum de l'optimisme.
05:15Et en creusant un peu, on était plus sur 25 milliards.
05:18C'est 44 milliards d'euros par rapport à la tendance spontanée.
05:20Par rapport à un tendanciel, à l'augmentation naturelle des dépenses.
05:25Est-ce que cette croissance, vous la voyez, vous,
05:28dans votre niveau d'activité ?
05:29Encore une fois, on s'ancre dans réel avec vous, Laurent Wonski.
05:32On passe de la macro à la microéconomie.
05:34Comment ça va chez vous ?
05:36Écoutez, ça va bien.
05:38Ça va bien.
05:39Mais je ne dis pas ça va bien de circonstances.
05:42Mais je pense qu'effectivement, vous avez dit le mot juste,
05:44c'est-à-dire que c'est un chiffre macro.
05:46Dans ce chiffre, vous avez aussi bien des entreprises
05:49qui appartiennent à des secteurs sinistrés
05:50comme bâtiments immobiliers, automobiles,
05:52et puis des entreprises qui sont sur l'IA.
05:56Moi, ce que j'observe,
05:57c'est que les entreprises qui sont sur des créneaux
06:01où il y a une valeur ajoutée qui est assez forte,
06:04qui ont traversé depuis le Covid cette crise systémique,
06:08ces entreprises se portent bien.
06:10C'est-à-dire que généralement,
06:11elles ont une demande qui est là,
06:14et donc il n'y a pas de souci.
06:15Après, elles doivent faire du gymkana
06:17entre le climat hexagonal,
06:20qui est loin d'être incitatif,
06:21et la guerre commerciale qui fait rage,
06:23c'est loin d'être terminée.
06:24Donc celles-là vont bien.
06:25Et nous appartenons à celles-là.
06:26C'est-à-dire que nous avons un savoir-faire,
06:28on est sur un créneau,
06:29et donc ça va bien.
06:31Les entreprises qui sont sur des créneaux
06:35où il y a peu de valeur ajoutée,
06:36où la seule valeur ajoutée,
06:37c'est par exemple le prix.
06:39Bon, ces entreprises-là ne vont pas bien.
06:42Et nous, on a un indicateur,
06:43alors c'est moins sophistiqué que l'INSEE,
06:44mais on travaille aussi, nous,
06:46avec toute une base industrielle
06:47pour fabriquer nos pièces.
06:49Et effectivement, la reconstitution de stock,
06:52nous, on la voit.
06:52On n'a pas besoin d'attendre les chiffres de l'INSEE.
06:54Et nous, on le voit à travers la capacité
06:56de nos sous-traitants.
06:57Quand nos sous-traitants nous disent
06:58pour fabriquer vos pièces,
07:00ces 15 mois de délai,
07:02on a compris que là, l'économie va bien.
07:04Quand on nous dit, c'est pour la semaine prochaine,
07:05ou qu'on reçoit du lundi au vendredi,
07:07des gens au téléphone qui vous relancent,
07:09là, vous n'avez pas besoin d'être un grand économiste,
07:11je dis ça gentiment,
07:12pour se dire qu'il y a un petit sujet.
07:14Et donc, en ce moment ?
07:15En ce moment, vous avez donc,
07:16c'est la même chose,
07:17tout le tissu industriel
07:19qui travaille sur des produits
07:21qui sont peu spécifiques,
07:23je dirais, ils stockent à bord,
07:25parce qu'il vaut bien qu'ils occupent leurs équipes,
07:26mais les stocks montent,
07:28mais ça, c'est pas du business.
07:29Et les stocks ne manquent jamais jusqu'au ciel.
07:30Et ils ont de la capacité.
07:34Ce que nous dit l'INSEE dans sa note de conjoncture,
07:36c'est aussi que,
07:37à la fois,
07:38le pouvoir d'achat des Français
07:40progresse,
07:41et le taux d'épargne.
07:42Ça veut dire quoi ?
07:43Ça dit quoi de la situation actuelle
07:45du côté des ménages ?
07:46Ça veut dire qu'il y a une forme d'inquiétude,
07:49et que dans cette phase d'inquiétude,
07:50pour des motifs à la fois intérieurs de politique
07:53ou extérieurs en jeu politique,
07:56il y a un comportement de précaution,
07:57qui consiste à augmenter le taux d'épargne.
07:59Mais ce qui me frappe,
08:01et là aussi,
08:01je me tournerai vers le vrai spécifique de la question,
08:03c'est où va cette épargne ?
08:04Parce que ce qui est un peu terrible,
08:06j'ai l'impression que je crois qu'il y a chaque année
08:07300 milliards d'épargne en Europe
08:11qui sont investies,
08:12à l'étranger,
08:13principalement aux Etats-Unis.
08:14C'est même 300 milliards.
08:16C'est même plus.
08:16C'est même plus que ça.
08:17Si ces centaines de milliards étaient investis
08:20ici en France et en Europe
08:21pour nos besoins collectifs,
08:23je pense que ça contribuerait
08:24à régler une partie du plan.
08:25Alors si Jean-Marc Daniel était là,
08:26il vous dirait qu'il faut aller chercher
08:27la croissance là où elle est,
08:29c'est-à-dire à Mumbai,
08:30que l'Europe va devenir
08:31un grand Ehpad géant,
08:33où il n'y aura plus que des vieux,
08:34et que donc c'est très bien
08:35d'aller acheter des entreprises
08:37là où il y a de la jeunesse.
08:40Il y a un débat.
08:41Patrick Artus.
08:42En général, en Europe,
08:43on est volontariste.
08:44On dit, après le rapport de Raghi,
08:47le rapport de l'État,
08:48on dit qu'il faut que l'Europe
08:49rattrape son retard,
08:50donc il faut investir passivement.
08:51On est volontariste,
08:52mais il ne se passe pas grand-chose
08:52pour l'instant.
08:53Il faut investir 800 milliards.
08:5410% des mesures mises en place
08:55du rapport de Raghi.
08:56Raghi a remis son rapport il y a un an
08:57et il ne s'est rien passé.
09:00Mais en général,
09:01on est volontariste.
09:02On dit qu'il faut rattraper le retard,
09:03donc il faut investir beaucoup.
09:05Et une façon d'investir beaucoup,
09:07c'est effectivement de garder en Europe
09:09l'épargne des Européens.
09:10Donc le plan 1,
09:11c'est de garder ces...
09:13Il y a à peu près...
09:15Enfin, l'Europe a à peu près
09:17trois points de son PIB
09:18d'excédent extérieur.
09:20Et donc, ça fait 600 milliards d'euros.
09:21– Ça, c'est une forme de puissance,
09:23parce qu'on ne dit pas assez,
09:24je trouve,
09:24mais ça veut dire que...
09:26– Mais on a 600 milliards d'euros
09:28qu'on pourrait garder
09:29pour investir en Europe.
09:31Et donc, le rapport de Raghi
09:32se finance assez facilement.
09:34Bon, simplement,
09:35ce n'est pas des décisions publiques,
09:36c'est des décisions d'assureurs,
09:37de fonds de pension, etc.
09:38Et le rendement des investissements
09:41aux Etats-Unis,
09:42et ce n'est pas des investissements
09:43obligataires,
09:44c'est des investissements
09:45en actions, en entreprises,
09:46et nettement plus élevés
09:47qu'en Europe.
09:48Le return on equity,
09:49le OE des entreprises américaines,
09:51était 18% en l'année dernière,
09:53et il est 10% en Europe.
09:55– Ah oui ?
09:55– Et donc, si je suis gérant
09:56de fonds de pension,
09:57je n'ai pas un instant d'incitation,
10:00je mets mes investissements...
10:01– Le retour moyen,
10:02et c'est très important ce chiffre,
10:03le retour moyen sur investissement
10:05des actifs américains
10:06est de 18%
10:08quand il n'est que de 10%
10:09en Europe.
10:10Et comment on explique
10:12cette différence de 8 points ?
10:13– D'abord,
10:14par la structure de l'économie,
10:16il y a beaucoup plus de tech,
10:17ensuite par l'investissement
10:20en recherche-développement,
10:21tech, etc., plus élevé,
10:23et puis ensuite,
10:23le partage des revenus.
10:24Alors ça,
10:25c'est une caractéristique discutable
10:28du modèle américain.
10:29Les entreprises américaines
10:30ne distribuent pas
10:31les gains de productivité
10:32à leurs salariés,
10:33alors que les entreprises européennes
10:34le font.
10:34– Les salaires progressent
10:35plus vite en Europe
10:36qu'aux Etats-Unis ?
10:36– Par rapport à la productivité,
10:38les salaires progressent
10:39plus vite en Europe
10:39qu'aux Etats-Unis.
10:40– Bon, on est déjà parti
10:41à l'international,
10:42alors on va continuer
10:43avec la présentation
10:44du premier baromètre
10:46géopolitique et business
10:47de l'ESSEC,
10:48avec vous,
10:49Aurélien Colson.
10:51Quelle est l'idée ?
10:51Comment a germé l'idée
10:53et quel est le but ?
10:54– L'idée,
10:55c'est que l'ESSEC,
10:56en révisant sa stratégie,
10:57s'est dit, de la manière
10:59qu'on ne peut plus faire
10:59du business aujourd'hui
11:00sans réfléchir
11:01aux questions de l'IA,
11:02de la manière
11:03qu'on ne peut pas
11:03continuer à faire du business
11:04sans réfléchir vraiment
11:05aux questions de climat,
11:06de décarbonation,
11:07on ne peut pas non plus
11:08faire du business,
11:09notamment à l'international,
11:10sans se préoccuper
11:10de géopolitique.
11:11– C'est devenu
11:11une préoccupation majeure
11:13dans les Etats-majors.
11:14– Et donc, création
11:14l'an dernier
11:15de cet institut
11:16géopolitique et business
11:17à l'ESSEC,
11:18et une de nos activités
11:19a consisté à faire
11:20le premier baromètre
11:22sur la perception
11:23du risque géopolitique
11:24et la réponse
11:25des responsables d'entreprise
11:26à ces risques-là,
11:27qu'on a fait avec
11:28Opinion Way
11:28en partenariat
11:30avec vos confrères
11:31de l'Express,
11:32et le résultat
11:33est pour le dire
11:34le moins préoccupant.
11:35– Alors dites-nous,
11:36quels sont les principaux
11:37résultats de cette étude ?
11:38Quelles perceptions
11:39les responsables d'entreprise
11:40ont-ils aujourd'hui
11:41des risques géopolitiques ?
11:42– Premier résultat,
11:4397% des chefs
11:45d'entreprise interrogés
11:46reconnaissent que
11:47leur entreprise
11:48a déjà subi
11:49au moins
11:50un choc géopolitique,
11:53évidemment l'inflation.
11:54– Entreprise de toute taille,
11:55on est d'accord.
11:55– Oui, c'est un échantillon
11:56représentatif de la structure
11:57de l'économie.
11:58– La QPME française
12:00qui reste en fond.
12:01– Les ETI,
12:01les grandes entreprises,
12:03services,
12:04industries,
12:04commerces,
12:05c'est représentatif.
12:06Donc 97%
12:07ont déjà vécu
12:08dans leur entreprise
12:09des conséquences
12:10liées à des chocs géopolitiques,
12:11l'inflation bien sûr,
12:13mais aussi des ruptures
12:14d'approvisionnement,
12:15mais aussi des cyberattaques,
12:16mais aussi dans leur corps social,
12:18dans leurs salariés,
12:20des enjeux géopolitiques
12:22qui ont généré du trouble,
12:23tout ça est très présent.
12:25Donc personne ne le dit.
12:26Et le second,
12:27le deuxième enseignement
12:28qui est très préoccupant,
12:30c'est que face à cela,
12:31une forte majorité
12:33des chefs d'entreprise
12:34reconnaissent
12:34qu'ils n'ont pas intégré
12:36dans leur stratégie
12:37d'entreprise
12:37ces aspects-là.
12:38– C'est la question
12:39que j'allais vous poser,
12:40est-ce qu'ils sont préparés
12:41à ce choc ?
12:42– Non seulement,
12:43ils reconnaissent
12:43que ça n'est pas présent
12:44dans leur stratégie,
12:46ils reconnaissent
12:46que ça devrait y être
12:47et vous en avez au moins
12:49un tiers qui dit
12:49je ne sais vraiment pas
12:51comment m'y prendre.
12:51– Et donc on oscille,
12:53quand on regarde
12:53les réactions,
12:55entre de la sidération
12:56face à effectivement,
12:58nous sommes désormais
12:59dans ce que nous,
12:59on appelle la post-globalisation,
13:01on n'est plus du tout
13:02dans la mondialisation heureuse,
13:04on est passé à autre chose
13:05avec une brutalisation
13:06des rapports économiques
13:07à l'échelle de la planète.
13:09Mais face à cette sidération,
13:11la principale réponse
13:12va être de l'attentisme,
13:14voire du désarroi.
13:15Vous avez un chef d'entreprise
13:16sur cinq qui dit
13:17je ne sais même pas
13:17comment m'y prendre.
13:18– Ah oui.
13:20Hervor, vous êtes
13:21une PME française
13:23très axée sur l'exportation.
13:26Comment on vit
13:27quand on est Laurent Wonski,
13:28le patron d'une PME exportatrice,
13:31ce risque géopolitique ?
13:33– Alors je ne veux pas
13:34apparaître comme le bon élève
13:35de la classe, mais…
13:36– Vous connaissez depuis
13:37plusieurs années,
13:38donc vous êtes certainement
13:38plus préparé, oui.
13:39– Mais si vous voulez,
13:40moi il y a dix ans,
13:41j'ai écrit toute une série
13:43d'articles dans une revue
13:44que vous connaissez
13:44qui s'appelle Géopolitique,
13:45je ne fais pas mon autopromotion,
13:46où justement je faisais le lien
13:48entre l'économie
13:49et la géopolitique.
13:49Parce que très souvent
13:50ce qu'on entend
13:51quand vous êtes
13:52dans les associations
13:53patronales locales,
13:55bon,
13:58oui mais nous ça ne nous concerne pas,
14:00je veux dire,
14:00ça concerne les grosses boîtes.
14:02Faux, complètement faux.
14:04Je veux dire,
14:04il suffit de voir
14:05ce qu'on a dû gérer
14:06comme crise systémique,
14:07vous appelez ça
14:08les crises géopolitiques,
14:09je veux dire,
14:10depuis le Covid,
14:11c'est-à-dire le Covid
14:11ce n'était pas il y a vingt ans,
14:12c'était il y a cinq ans,
14:13je le rappelle.
14:14Et aujourd'hui,
14:15toutes les entreprises
14:16sont touchées.
14:18Donc,
14:18vous avez aussi du déni.
14:21Et ça,
14:22c'est toujours très grave.
14:22C'est-à-dire que c'est comme si,
14:23en clair,
14:24il pleut,
14:25donc vous pensez
14:25qu'il va pleuvoir
14:26pour tout le monde,
14:27mais que vous,
14:27parce que vous avez trouvé
14:28un abri temporaire
14:30sous une porte cochère,
14:31vous n'allez pas être mouillé.
14:32Non,
14:33vous allez être mouillé.
14:35Donc là,
14:35vous appelez à une prise de conscience
14:36des chefs d'entreprise.
14:37Je termine avec ça.
14:38La question qui se pose,
14:39si vous voulez,
14:39évidemment,
14:40ce n'est pas moi
14:40qui vais décrocher mon téléphone
14:41pour rappeler Donald Trump
14:42par rapport à la guerre commerciale
14:44qu'il a déclenchée.
14:45Après,
14:45à chacun son boulot.
14:47La question,
14:48et ce qui est très difficile,
14:50c'est qu'aujourd'hui,
14:51vous ne savez pas
14:52ce qui va se passer
14:52et quand ça va se passer.
14:53Il y a eu une accélération
14:54des chocs.
14:55Donc,
14:56faire des scénarii,
14:57c'est bien.
14:58Je pense que c'est l'ancien modèle.
14:59Il faut plutôt être dans une posture
15:00où il faut être extrêmement agile.
15:02Ce n'est pas forcément...
15:04Qu'est-ce qu'on peut faire ?
15:04Alors,
15:04un point.
15:05Tout à l'heure,
15:06vous déploriez,
15:07à raison,
15:07le manque de vision stratégique
15:09de nos dirigeants politiques
15:10sur l'énergie,
15:12etc.
15:12Le problème que nous avons,
15:13c'est que ce manque
15:14de vision stratégique,
15:15ce n'est pas le rapanage.
15:16Je prends un exemple.
15:182014,
15:19Poutine envahit la Crimée
15:22et place des petits hommes verts
15:24dans le Donbass.
15:25C'est la première fois
15:25depuis la Seconde Guerre mondiale
15:27que des frontières en Europe
15:28sont tranchées ainsi
15:30par la force.
15:32Après 2014,
15:33et jusqu'au déclenchement
15:34le 24 février 2022
15:36de la nouvelle agression russe
15:38contre l'Ukraine,
15:38les entreprises françaises
15:40ont investi en Russie
15:41130 milliards d'euros.
15:44Mais quel manque
15:44de vision stratégique !
15:46Comment pouvait-il se dire
15:47à l'époque
15:47que ce pays
15:49qui était sous sanction,
15:50qui venait de démontrer
15:51son primat de la force,
15:54allait laisser
15:55ses investissements
15:56tranquillement prospérer ?
15:58Ça a coûté très cher
15:59à un nombre d'entreprises.
16:00Il a fallu ensuite
16:00retirer tous ses avoirs
16:02et certains d'entre eux
16:03ont dû les brader complètement.
16:05Donc là aussi,
16:05il y a un manque
16:06de culture géopolitique,
16:08mais ce n'est pas
16:09de la culture générale,
16:10parce que la géopolitique,
16:11ce n'est pas une question mondaine,
16:12c'est une question fondamentale
16:14pour l'entreprise.
16:14On est d'accord.
16:14Et ce que ce baromètre
16:17permet aussi d'objectiver,
16:19c'est de voir
16:19qu'il y a un intense besoin
16:21d'acculturation
16:22des enjeux géopolitiques
16:23auprès des dirigeants
16:24et des salariés
16:25des entreprises.
16:26Quelles sont les principales
16:26menaces aujourd'hui ?
16:28Alors,
16:29les chefs d'entreprise
16:31que l'on a consultés
16:32reconnaissent que
16:33Trump, d'abord
16:34et avant tout,
16:35l'instabilité provoque
16:36par la question
16:38des droits de douane.
16:40Dans un second temps,
16:40il remarque aussi
16:41les inquiétudes
16:42venant des tensions
16:43entre la Chine
16:44et Taïwan,
16:45à la fois pour des questions financières,
16:46parce que 50%
16:47du trafic maritime mondial
16:48passe par le détroit
16:50de Taïwan,
16:51parce qu'il y a évidemment
16:51la question des microprocesseurs.
16:5390% des microprocesseurs
16:55les plus avancés
16:56sont produits
16:57par TSMC
16:58à Taïwan.
17:00Mais ce qui nous a frappés
17:01quand même aussi,
17:01c'est que
17:02je pense que
17:03leur perception
17:04est en deçà
17:05de la réalité
17:06des menaces géopolitiques
17:08qui pèsent
17:08sur notre système économique,
17:09en particulier en Europe.
17:10Parce que pour aller très vite,
17:12il y a évidemment
17:13une hyper-agressivité russe.
17:16On a vu,
17:17il y a deux jours,
17:17des drones russes
17:18qui explosent
17:18sur les territoires
17:19de l'OTAN.
17:20C'est invraisemblable.
17:22Il y a une hyper-pénétration
17:25des économies européennes
17:26par la Chine,
17:27avec tout un système
17:27de subvention,
17:28de surproduction,
17:30etc.
17:30Et qui augmente.
17:31Et qui augmente.
17:31Et des actions
17:33très stratégiques
17:33sur des filières clés,
17:35les terras,
17:35etc.
17:36Et puis,
17:37il y a ce qu'il faut
17:37appeler
17:39l'hyper-prédation
17:41du système trumpien.
17:43Qui est proche
17:45même d'une forme
17:45d'extorsion.
17:46C'est-à-dire,
17:46je vais continuer
17:47à vous protéger
17:48plus ou moins
17:49si vous investissez
17:50chez moi,
17:51si vous achetez
17:51mon gaz naturel
17:53liquéfié
17:53très très cher.
17:54Et vous avez même
17:55le secrétaire d'État
17:56américain de la Défense
17:57qui se vante
17:58au micro
17:58en disant
17:59on a obtenu
18:01de la présidente
18:02de la Commission européenne
18:03des achats massifs
18:03d'armement
18:04chez nous
18:04et on va
18:05les leur surfacturer
18:06à ces Européens.
18:07Donc,
18:08c'est de la prédation.
18:10Et je pense
18:10qu'on est en-dessous
18:11dans la perception,
18:12en-dessous du réel.
18:13On est au milieu
18:15de carnassiers
18:16effectivement
18:16et l'Europe
18:17reste
18:18pas encore
18:20même pas omnivore.
18:21Vous savez,
18:22il y a
18:22deux ou trois ans
18:24j'avais assisté
18:25au discours
18:26du haut représentant
18:27européen
18:28pour la politique étrangère
18:29José Borrell
18:30qui réunit chaque année
18:31tous les ambassadeurs
18:33de l'UE.
18:34Et il avait
18:35cette réflexion
18:35très très juste.
18:36Il disait
18:36voilà,
18:36nous,
18:37l'Europe,
18:38on a toujours été
18:38très canciens.
18:40Quand ?
18:40Oui.
18:42La norme,
18:43les questions impératives.
18:45Et il faut
18:45qu'on s'inspire
18:46un peu plus
18:46de Hobbes.
18:47Hobbes,
18:48voilà,
18:49l'homme est un loup
18:50pour l'homme,
18:51un paradigme réaliste.
18:53Et je crois
18:53qu'il ne faut rien
18:54perdre de nos valeurs,
18:56de nos exigences,
18:57de notre...
18:58de ce qui fait...
19:00Voilà,
19:01c'est une forme
19:01d'exigence un peu morale.
19:02Mais il faut devenir
19:03réaliste et lucide.
19:04Sur la prédation
19:05trumpienne,
19:05Patrick Artus,
19:06on attend
19:07la décision
19:08de la Cour suprême.
19:10Rappelez-moi la date.
19:11Novembre.
19:12En novembre.
19:13sur les droits de douane,
19:15une décision très importante.
19:16Vous voulez en parler ce matin.
19:17Je voudrais juste
19:18ajouter...
19:19Je pense qu'on est revenu
19:21à un monde
19:22où il y a un retour
19:23des impérialismes.
19:24Dans le monde d'avant,
19:25on avait des énergies fossiles.
19:28Donc,
19:28le point,
19:29c'était la stratégie,
19:31c'était de sécuriser
19:32des approvisionnements
19:33en pétrole et en gaz.
19:34Aujourd'hui,
19:35il faut sécuriser
19:35des approvisionnements
19:36en terres rares,
19:37en métaux stratégiques,
19:38etc.
19:39Ça reste des matières premières,
19:40finalement.
19:40Ce n'est pas du tout
19:41les mêmes pays
19:41qui les produisent.
19:43Et donc,
19:43on va beaucoup dépendre
19:44de l'Amérique latine,
19:45de l'Afrique,
19:46de l'Australie,
19:47de l'Indonésie
19:48pour le nickel,
19:49etc.
19:50Et on va avoir
19:52une attitude
19:52soit coopérative,
19:54c'est l'attitude européenne,
19:55soit une attitude
19:55très agressive
19:56vis-à-vis de ces pays.
19:57Et Trump essaie
19:58de mettre la main
19:59sur des ressources naturelles
20:00qui lui manquent.
20:00Les Chinois investissent
20:01en l'Afrique.
20:01Ils ont commencé
20:02il y a longtemps déjà.
20:03Donc,
20:03c'est le retour
20:03des impérialismes,
20:04alors qu'on avait
20:05la disparition
20:07des impérialismes
20:08agressifs
20:09entre les deux guerres.
20:10Alors,
20:11pour répondre
20:11à votre question
20:12qui est plus précise,
20:15il va y avoir
20:15une décision
20:16très importante
20:17de la Cour suprême
20:18qui va dire
20:19si Trump
20:20avait le droit
20:23de ne pas passer
20:24par le Congrès
20:25pour fixer
20:26ses droits de douane.
20:27Et si la Cour suprême
20:28dit que Trump
20:29avait le droit
20:30de faire
20:30un décision
20:39présidentielle
20:39un exécutif ordre
20:40pour les droits
20:42de douane,
20:43eh bien,
20:44le problème
20:45des États-Unis,
20:45ça va être
20:46l'inflation
20:47et ça ne sera pas
20:47le déficit public
20:48parce qu'il y aura
20:49à peu près
20:49250 milliards
20:50de recettes additionnelles
20:52liées aux droits de douane.
20:53Et si la Cour suprême
20:54décide que Trump
20:54n'avait pas le droit
20:55de ne pas passer
20:56par le Congrès,
20:56le problème
20:57des États-Unis,
20:58ça va devenir
20:58le déficit public
20:59parce qu'on perdra
21:00250 milliards.
21:02Et donc,
21:02même pour avoir
21:03un jugement
21:04sur la perspective
21:04sur l'économie américaine,
21:06cette décision
21:07de la Cour suprême
21:08est extrêmement importante.
21:09Donc,
21:09c'est l'inflation
21:10ou la dette ?
21:10C'est l'inflation
21:11ou la dette.
21:13Et Trump,
21:14évidemment,
21:15stabilise la dette
21:16pour financer
21:16toutes sortes
21:17de dépenses
21:17et accepter
21:19un supplément
21:19d'inflation.
21:20Oui.
21:21Après,
21:21il a été élu
21:21sur une crise
21:22inflationniste,
21:23Donald Trump aussi.
21:24il est en train
21:25de monter
21:25lui-même
21:26les mécanismes.
21:28Les droits de douane
21:29font de l'inflation
21:30pendant un ou deux ans
21:31et après,
21:32cette inflation se tasse.
21:33Donc,
21:33Trump avait dit aux Américains
21:35vous allez souffrir
21:36à court terme
21:37mais vous serez mieux
21:37à long terme
21:38parce qu'on va relocaliser.
21:38Il a prévenu les Américains,
21:40vraiment,
21:40ils ont conscience
21:41les Américains
21:41que l'augmentation
21:42des droits de douane,
21:43c'est eux
21:43qui vont les payer.
21:44Non,
21:44mais il a dit
21:44vous allez souffrir
21:45à court terme
21:45mais on sera mieux
21:46à long terme
21:46parce qu'on aura
21:47relocalisé
21:48plein d'activités
21:50aux Etats-Unis
21:50grâce aux droits de douane.
21:52Mais il n'est pas sûr
21:53que la Cour suprême
21:54accepte la vision
21:56de Trump
21:57qu'il a le droit
21:58de bypasser le Congrès.
22:00Déficit ou inflation,
22:02rendez-vous au mois de novembre
22:03avec la décision
22:04de la Cour suprême.
22:05Laurent Worski,
22:06vous travaillez beaucoup
22:06avec les Etats-Unis.
22:07Comment vous vivez-vous
22:08en tant que chef d'entreprise
22:09cette montée
22:10des barrières douanières ?
22:12Ben, mal.
22:15Mais justement,
22:16je voudrais commenter
22:16les propos de...
22:17Certains secteurs,
22:18non mais je me permets
22:18cette question
22:19parce que certains secteurs
22:20estiment que 15%,
22:21ils peuvent tout à fait
22:22les absorber dans leurs prix.
22:23Si vous parlez
22:24de certaines marques
22:24dans le luxe
22:25où il y a une forme
22:26de pricing power,
22:27ils disent 15%,
22:28les Américains sont riches,
22:30la croissance est bonne,
22:31ils ont de l'argent,
22:32il faut qu'ils payent
22:3315% en plus
22:33leur Bordeaux
22:34ou leur sac Louis Vuitton.
22:37Ce n'est pas très grave.
22:38Oui, alors c'est sûr
22:39que vu comme ça,
22:40ça paraît simple.
22:41Bon, sauf que moi,
22:42je crains finalement deux choses.
22:44Je pense que le mal est fait.
22:46C'est-à-dire que même
22:46si on revient
22:47à des taux de taxes
22:48qui sont minorés,
22:48le mal est fait.
22:49C'est-à-dire que beaucoup
22:50d'agents économiques,
22:51d'agents économiques américains
22:52ont compris que finalement,
22:53on est rentré
22:54dans une période d'instabilité.
22:56Et donc je dirais,
22:57je vais être un peu provocateur,
22:59mais c'est la fin de la semaine,
23:00il faut bien se faire
23:00quelques petits plaisirs,
23:01c'est l'économie en 140 caractères.
23:03Donc là, sur ce coup-là,
23:04ok, on va les baisser.
23:05Puis la semaine prochaine,
23:06on ne sait pas
23:06ce qui va se passer.
23:07Et la semaine d'après,
23:07il va encore se passer autre chose.
23:09Donc ils vont se dire,
23:10premièrement,
23:10est-ce que c'est intelligent
23:11dans ma source d'approvisionnement
23:13d'acheter des produits
23:15fabriqués en Europe ?
23:16Première chose.
23:17Et deuxième élément
23:18dont on ne parle absolument jamais,
23:19mais moi j'ai habité
23:20huit ans aux Etats-Unis,
23:21donc je connais un petit...
23:21Et j'étais dans le Midwest.
23:22Donc j'étais au cœur
23:23de l'électorat de M. Trump.
23:24Donc je pense avoir
23:25quelques petits avantages.
23:28Je crains beaucoup
23:28les risques de stigmatisation.
23:30C'est-à-dire, en clair,
23:31si vous êtes un bon Américain,
23:33vous achetez Américain.
23:35Et si vous achetez
23:35des produits étrangers,
23:37vous êtes, en clair,
23:38vous êtes un traître.
23:39Vous n'êtes pas un bon Américain.
23:40Et c'est pour ça que je pense
23:42que ce n'est pas juste
23:42qui va payer.
23:43Oui, évidemment,
23:44qui va payer.
23:44Mais il y a aussi ça.
23:45Et sur, par exemple,
23:46des projets où vous avez
23:47un bout d'argent public,
23:49où vous avez des projets
23:50d'équipement, par exemple,
23:53pour des villes ou des régions,
23:54moi je crains beaucoup
23:55les risques de stigmatisation.
23:57Oui.
23:58C'est à la montée
23:58des impérialismes en même temps.
24:00C'est-à-dire qu'il y a
24:00à l'intérieur et à l'extérieur.
24:02C'est l'expression
24:02de ce que disait monsieur,
24:03exactement.
24:04Et donc, un monde
24:05de plus en plus carnivore
24:06avec une Europe
24:07qui a du mal à se mettre
24:08à changer de régime.
24:09Vous autorisez une dernière remarque ?
24:11Non, je vous en prie.
24:11Oui, vous voyez,
24:12quand vous dites
24:12que c'est un monde
24:12de plus en plus carnivore,
24:13je vous avouerai
24:13que quand j'écoute monsieur
24:15et son étude
24:16est absolument passionnant,
24:18je veux dire
24:18que je suis extrêmement agacé
24:19parce que ces phénomènes
24:20qui sont décrits
24:22ne sont pas des phénomènes
24:23qui sont apparus
24:24en 24 heures.
24:25Ça a mis des années
24:26à se construire.
24:27Vous voyez, par exemple,
24:28je suis orthogonal
24:29par rapport aux propos
24:30de Jean-Marc Daniel
24:31qui dit oui,
24:31on va investir
24:32là où il y a de la croissance.
24:33Donc, ça veut dire
24:34que si vous pensez
24:35un instant
24:35que vous allez investir
24:36dans des pays
24:36où ces pays vont travailler
24:37pour nous,
24:38vont construire des compétences
24:39que demain,
24:40face à des échéances géopolitiques,
24:42ils ne vont pas s'en servir
24:43contre nous.
24:43Prenez les terres rares.
24:44Ça fait dix ans
24:45qu'on dénonce le risque.
24:47Aurélien Colson.
24:47Je crois qu'il faut souligner aussi
24:48que ce que nous vivons actuellement,
24:50ce retour des impérialismes
24:52tel que vous l'avez reformulé,
24:53ce n'est pas une crise passagère.
24:55Il ne faut surtout pas
24:56s'imaginer qu'on va
24:57faire le dos rond,
24:59on va attendre
25:00les midterms
25:01en novembre 2026
25:02et puis Trump
25:03sera empêché
25:04par un congrès
25:04qui sera revenu
25:05à majorité démocrate.
25:06C'est structurel.
25:07Nous, on n'est absolument
25:08pas en vue
25:09qu'on est passé
25:09dans un autre État.
25:10Absolument.
25:11Un autre État.
25:12Et d'ailleurs,
25:13de ce point de vue,
25:13il y a une décision stratégique
25:15que vont devoir prendre
25:15les entreprises européennes
25:17ou françaises,
25:18c'est est-ce que je vais pouvoir
25:19continuer à produire
25:21et à vendre
25:21dans le monde entier ?
25:23Et ça, par exemple,
25:24est-ce que je vais continuer
25:25à pouvoir avoir à la fois
25:27des clients chinois
25:28et des clients américains ?
25:29Ou est-ce que la dispute
25:30entre les pays et la Chine
25:31va être allée au point
25:33et il va falloir choisir ?
25:35Ça, c'est une décision stratégique
25:37à laquelle il faut vraiment réfléchir.
25:39Bon, ce grand découplage,
25:40c'est vrai que ça fait des années
25:41qu'on en parle,
25:42ça a commencé sous Barack Obama,
25:44ça s'accélère.
25:45Très sérieusement,
25:46ça nous donnera l'occasion
25:47d'en parler
25:48et de faire de très belles émissions
25:49dans Les Experts
25:51tous les jours
25:51de 10h à 11h
25:53sur BFM Business.
25:54Merci Laurent Bronson.
25:54Merci beaucoup.
25:55Merci Patrick Artus.
25:56Merci Aurélien Colson.
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