- il y a 8 heures
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Générique
00:00Bonsoir et bienvenue dans BFM Grand Soir.
00:14Les fermetures d'entreprises se multiplient, les plans sociaux également.
00:18L'Etat peut-il empêcher ça ?
00:21On parlera aussi de la nationalisation d'ArcelorMittal qui fait couler beaucoup d'encre cette semaine.
00:26Notre invité ce soir est le ministre délégué chargé de l'industrie.
00:29Bonsoir Sébastien Martin.
00:31Bonsoir.
00:31Merci d'être là.
00:32On est également avec Thierry Arnaud, Tug du Haldenis et Antoine Oberdorf.
00:37Entre nous, vous n'avez pas le job le plus facile, monsieur le ministre, avec ces fermetures d'entreprises, ces plans sociaux.
00:44Qu'est-ce qui est le plus difficile à vivre depuis que vous avez endossé ce poste-là ?
00:50Est-ce que c'est la détresse des salariés ou est-ce que c'est un sentiment d'impuissance ?
00:55Écoutez, j'ai envie de vous dire ni l'un ni l'autre parce que moi j'ai accepté cette mission.
00:59En sachant que la situation était sans doute plus difficile aujourd'hui, sans doute qu'hier.
01:05Mais je l'ai fait aussi parce que je suis élu d'un bassin industriel.
01:08Un bassin industriel qui a connu un accident économique par le passé qui s'appelait Kodak, avec 2500 personnes sur le carreau.
01:14Et qui aujourd'hui a un taux de chômage à 6,5%, 9 usines qui sortent de terre.
01:18Et donc il n'y a aucune fatalité.
01:20Et je crois qu'il faut se battre, il faut être aux côtés des salariés, être aux côtés aussi des chefs d'entreprise parce que c'est eux qui créent les usines.
01:26Et que même si c'est difficile, l'État a encore des leviers d'action et notamment avec les collectivités pour essayer d'inverser la tendance.
01:34Oui, on le sait, vous étiez en Isère par exemple, vendredi, pour deux dossiers industriels importants.
01:41Tesser notamment, que les Français connaissent bien.
01:44Sauf qu'il y a la fermeture de l'usine iséroise.
01:48205 emplois qui vont être supprimés.
01:50Vous avez tenu à apporter votre soutien aux salariés.
01:52Est-ce qu'on peut apporter plus que du soutien ?
01:54Mais pas que, parce qu'on a eu une réunion avant avec la direction de Tesser, avec les élus locaux.
02:01Et j'ai demandé à ce qu'on retravaille sur un projet.
02:04Je recevrai d'ailleurs la direction de Tesser avant Noël.
02:08Parce que certes, il y a une évolution du marché des sirops et ça, je ne le nie pas.
02:13Mais par contre, Tesser nous dit qu'ils veulent garder leur centre de R&D et la direction de la marque à Grenoble,
02:20enfin à Kroll pour être très précis, juste à côté de Grenoble.
02:22Et moi, je crois qu'à côté, on peut peut-être aussi travailler sur la possibilité de maintenir un outil industriel
02:28qui ne sera peut-être pas exactement ce que l'on a aujourd'hui.
02:31Mais en tout cas, moi, j'ai besoin de beaucoup plus de précision que ce qui a été apporté par la direction de Tesser pour le moment.
02:36Et j'ai besoin qu'on réfléchisse à un avenir.
02:38Je prends cet exemple précis, mais globalement, est-ce que vous avez le sentiment de pouvoir agir,
02:42que vous avez encore des leviers pour pouvoir sauver des entreprises ?
02:46Vous savez, il y a deux manières de considérer les choses.
02:49Je peux rester dans mon bureau à Paris, constater les choses, faire des communiqués de presse en disant
02:53« nous sommes très attentifs à la situation » et puis constater.
02:57Ou alors, aller sur le terrain.
02:58Cette semaine, quand je suis allé à Grenoble, vendredi, on y est allé pour quoi ?
03:02On est allé aussi pour Vancorex, qui a un an annoncé la fermeture.
03:05Et là, on y est allé vendredi avec un nouveau porteur de projet,
03:08qui est un projet industriel extrêmement intéressant sur le site,
03:12qui sera soutenu par l'État pour peu qu'un budget puisse être voté,
03:15parce que pour avoir des moyens pour soutenir, il faut aussi qu'un budget soit voté.
03:19Et petit à petit, on reconstruit des solutions.
03:21Oui, Tugdual, Denis ?
03:22Moi, il y a quelque chose que je voulais vous demander.
03:24Est-ce que vous n'avez pas l'impression que l'État est un serpent qui se mord la queue ?
03:29Puisque, en fait, la manière dont l'État cherche à doper l'industrie dans ce pays,
03:35c'est souvent en la subventionnant.
03:36Alors, dans le cas d'ArcelorMittal, c'est un extrême, entre guillemets,
03:39mais il y a toujours beaucoup de subventions, d'aides publiques, même d'aides locales d'ailleurs,
03:44pour accompagner soit cette réindustrialisation, soit cette désimplantation d'usines.
03:49Mais est-ce que vous ne préférez pas agir sur les leviers que sont les impôts de production,
03:54le coût du travail, l'empilement de normes environnementales,
03:58qui font que, selon les études, on est à 20 ou 40% plus cher que d'autres pays
04:02pour implanter des usines en France ?
04:05– Mais parce que les autres pays ne le font pas.
04:08Ceux qui, aujourd'hui, nous mènent une guerre économique,
04:10la Chine, qui subventionne à trois fois plus que n'importe quel pays de l'OCDE,
04:15ils ont aussi des impôts de production beaucoup moins lourds et un peu de travail, évidemment.
04:20– Justement, alors, s'ils n'ont pas d'impôts de production, excusez-moi,
04:23ils ne devraient pas avoir besoin de subventionner leur industrie.
04:26Les États-Unis, aujourd'hui, l'IRA, ce n'était pas des subventions massives aux industries.
04:31Donc, ce qui est valable, juste parce que, moi, j'aime bien qu'on me mette face à mes contradictions,
04:36mais j'aime bien aussi que les gens fassent à leurs propres contradictions.
04:39Si vous considérez que ce qui se passe ailleurs et qui est responsable de la plupart de nos difficultés,
04:46nous, l'Europe, et nous, la France, nous ne devrions pas soutenir notre industrie,
04:51contrairement à ce que font les autres massivement…
04:53– Mais vous êtes trop partagé des gens pour ne pas comprendre ma question.
04:54Ma question, c'est qu'eux font ça, mais en même temps, il y a un espèce…
04:57– Je pense qu'il faut faire les deux, monsieur.
04:58– Des prix vertueux, c'est-à-dire qu'effectivement, ça s'accompagne à la plus de travail.
05:02– Je pense qu'il faut faire les deux.
05:03Quand vous avez des adversaires économiques qui soutiennent massivement leur industrie,
05:07il faut, nous aussi, être là, à la fois en protection, et ça, c'est au niveau européen,
05:12contrairement à ce que peuvent dire les uns ou les autres, c'est au niveau européen,
05:14parce qu'on a décidé d'être forts ensemble avec un grand marché de 450 millions de personnes.
05:19Et donc, ce marché, il faut le protéger, pas avec du protectionnisme,
05:22mais le protéger contre le dumping.
05:23Et en parallèle de ça, bien évidemment, il faut être aux côtés des industriels
05:27quand on peut les soutenir dans la transformation,
05:29et aussi, bien évidemment, continuer à baisser les impôts de production.
05:32Ils ont baissé de 20 milliards.
05:33Là, on propose de poursuivre la baisse de la CVA.
05:35– Mais est-ce que, justement, le problème, il n'est pas là,
05:37au niveau de l'Union européenne, précisément ?
05:39Parce que vous dites « forts ensemble », mais c'est bien souvent aussi « faible ensemble ».
05:42Lorsque Donald Trump décide de sa politique industrielle et commerciale,
05:48il le décide unilatéralement.
05:50Ça tombe d'ailleurs comme un coup près, comme l'affaire des droits de douane.
05:54Vous, vous êtes obligé de négocier énormément,
05:58de passer du temps sur cette affaire de clause de sauvegarde,
06:01notamment, qui va rééquilibrer, on l'espère peut-être,
06:04le dumping par rapport au dumping chinois.
06:06Ça n'en finit plus.
06:07Est-ce que vous comprenez l'exaspération des Français,
06:09en particulier ceux qui voient leurs emplois exposés,
06:12leur exaspération par rapport à tous ces processus européens
06:15qui leur échappent complètement ?
06:16Mais là, je viens d'avoir un scoop.
06:18Vous considérez désormais qu'il faut qu'il y ait un seul président de l'Europe,
06:21qu'il n'y ait plus d'État-nation à l'intérieur de l'Europe ?
06:23Non, ce n'est pas un saut fidèle que je vous propose ce soir.
06:25Ne trompez-vous.
06:25Et donc, effectivement, pouvoir avancer à plusieurs,
06:30c'est plus compliqué que quand vous avez effectivement un régime autocratique chinois
06:34et un régime directif américain,
06:40c'est sûr, c'est plus compliqué, effectivement.
06:42Mais c'est notre histoire.
06:43Il me semblerait que, par ailleurs,
06:45les Français sont attachés à rester Français,
06:47les Allemands à rester Allemands.
06:48Ça nous est arrivé d'avoir une industrie continentale plus performante que nous.
06:50Donc, on ne peut pas, effectivement, avoir un mode de décision
06:53qui fait fi de tout ça.
06:55Moi, j'ai été président d'intercommunauté pendant des années.
06:58On était 51 communes.
07:00Ah bah oui, c'est plus difficile, parfois, de décider à 51
07:03que de décider tout seul.
07:04Mais par contre, c'est largement plus puissant.
07:06C'est l'histoire de la France.
07:07L'un des grands succès revendiqués par le président de la République
07:10depuis son arrivée à l'Elysée
07:11consistait à dire qu'il avait permis davantage d'ouverture
07:15que de fermeture d'usines.
07:17Et que donc, il était en quelque sorte en train de réindustrialiser la France.
07:22Depuis quelques mois, maintenant, ça n'est plus le cas.
07:24Il y a davantage de fermeture que d'ouverture.
07:27Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qu'il faut corriger d'urgence ?
07:30Vous l'avez dit, et de manière assez claire,
07:33depuis quelques mois.
07:35Parce qu'effectivement, entre 2018 et 2024,
07:37la fabrique de l'industrie vient de sortir une étude.
07:40On a recréé 180 000 emplois industriels dans ce pays.
07:43Je veux juste mettre en parallèle parce que,
07:44dans la décennie précédente, on en avait détruit un million.
07:47Donc, on a inversé cette tendance à la désindustrialisation.
07:51Et puis, depuis quelques mois, il se passe quelque chose.
07:52L'élection de Donald Trump, la fermeture des frontières américaines
07:57a fait que nous avons des surproductions,
08:00ce qu'on appelle des surcapacités asiatiques,
08:02qui, effectivement, viennent se déverser sur le marché européen.
08:07C'est le cas pour l'acier.
08:07C'est le cas pour des molécules de chimie.
08:11Et donc, tout ça, additionné les uns aux autres,
08:15fait que vous avez des produits qui sont à des prix défiants,
08:18toute concurrence, parce que dopés à la subvention,
08:21dopés au dumping, qui débarquent chez nous
08:23et qui mettent à mal des pans entiers de notre industrie.
08:25Donc, oui, il faut se protéger et être aux côtés de l'industrie.
08:28Oui, mais alors, justement, comment redonner confiance aux entrepreneurs ?
08:30Notamment, quand on surfe sur ces mêmes chiffres que vous donniez au premier semestre,
08:34la France a perdu 25 usines en net.
08:38Comment est-ce qu'on redonne confiance aussi aux entrepreneurs
08:40pour les pousser à créer ?
08:41Alors, je vais être un peu précis.
08:43Parce que les chiffres...
08:45Merci pour mes chiffres.
08:46Non, mais ils sont très précis, vos chiffres.
08:48Mais le ministère tient un baromètre
08:51depuis maintenant un certain nombre d'années
08:53et auquel nous assoncions les agrandissements de sites.
08:57Et quand on met les agrandissements de sites,
08:59nous restons sur un solde positif.
09:01Ça ne veut pas dire que la situation est bonne,
09:02mais je veux dire que quand on met les agrandissements de sites,
09:05on reste sur un solde positif.
09:06Et c'est quand même important.
09:07Ce qui n'est évidemment pas la même chose,
09:08de créer une usine ou d'en agrandir une.
09:10Ah oui, mais quand chez moi, par exemple,
09:11j'ai une usine Framatome
09:12qui fait 40 000 m2 de bâtiments industriels de plus,
09:16ça vaut bien deux, trois petites usines.
09:17Vous voyez ?
09:18Non, mais pourquoi on ne les compterait pas ?
09:20C'est quand même un petit truchement statistique.
09:22Non, non, non.
09:22C'est pas un petit truchement.
09:23Alors, vous irez l'expliquer aux 200 personnes par an
09:26qui sont recrutés chez Framatome.
09:27Donc, ça vaut bien quelques petites usines.
09:28Vous irez l'expliquer à tous ceux qui se plaignent
09:30de la faiblesse du tissu.
09:32Non, si la situation en ce moment est difficile,
09:37et si on ne réagit pas,
09:38comme on l'a fait sur l'acier,
09:40comme on propose aussi de le faire sur la chimie,
09:42comme on propose d'agir aussi sur l'automobile
09:44en introduisant la préférence européenne
09:46dans les automobiles européennes
09:48pour qu'à l'intérieur des véhicules européens,
09:50il y ait des produits européens.
09:52Alors, effectivement, on va continuer
09:54à constater l'invasion de produits chinois
09:55« On ne fera rien et nos usines fermeront ».
09:58C'est tout l'inverse que propose aujourd'hui la France.
10:00Au-delà de ça,
10:02tous les patrons qu'on rencontre aujourd'hui,
10:04les uns et les autres,
10:05depuis quelques semaines maintenant,
10:07voire un peu au-delà,
10:08nous parlent aussi de ce qui se passe chez nous.
10:10Et pour le dire poliment,
10:12du bazar politique,
10:14de l'incertitude,
10:16de la question de savoir
10:17si on veut avoir un budget ou pas,
10:18de ce qu'ils voient défiler à l'Assemblée nationale
10:21comme concours lépine de fiscalité supplémentaire
10:23pour les entreprises,
10:24et nous expliquent que pour ces raisons-là,
10:27qui pour le coup n'ont rien à voir avec la Chine
10:28ni avec Donald Trump,
10:30ils sont plutôt en train
10:32de réduire leur perspective d'investissement.
10:35Oui, mais je veux aussi
10:37rappeler chacun à garder la tête froide.
10:40Parce que je pense qu'on va peut-être parler
10:42d'ArcelorMittal.
10:43Ce n'est pas parce que l'Assemblée nationale
10:46a adopté en première lecture
10:47la nationalisation d'ArcelorMittal
10:50que le lendemain,
10:50ArcelorMittal était nationalisé.
10:53Donc quand un amendement
10:54est adopté en commission
10:56ou même en séance en première lecture,
10:58ça ne veut pas dire que demain,
11:00cette mesure se met en place.
11:01En fait, il y a ce principe
11:02de navette parlementaire.
11:03Ça vaut aussi pour les impôts supplémentaires
11:04qui ont été votés.
11:05Ça vaut aussi pour tout ce qui est en débat.
11:06Excusez-moi, mais je pense
11:07que ce n'est pas du tout le sens
11:08de la question de Thierry Arnault.
11:09La question de Thierry Arnault,
11:10c'est quand vous voyez
11:10un investisseur étranger ou français
11:12qui vous dit
11:12franchement, j'hésite à y aller
11:14parce que je vois que la majorité
11:16n'est pas stable,
11:17que l'Assemblée est ingouvernable.
11:18Est-ce que, très sincèrement,
11:20ça a de l'impact
11:20sur votre job de ministre aujourd'hui ?
11:22Mais bien évidemment.
11:23Mais bien évidemment.
11:24C'est pour ça aussi que moi,
11:25j'appelle chacun au sérieux
11:27à la responsabilité,
11:28que les Françaises et les Français
11:30veulent qu'on ait un budget,
11:31que les chefs d'entreprise,
11:32moi j'ai croisé du monde
11:33tout le week-end,
11:34je suis redescendu
11:35dans ma circonscription
11:35en Saône-et-Loire.
11:37Les gens, qu'est-ce qu'ils m'ont dit ?
11:38Attendez, on n'y comprend plus rien
11:39cette histoire.
11:41Vous avez passé des heures
11:41et des heures et des heures
11:42à travailler sur un budget
11:43et puis à la fin,
11:43il n'y a personne qui le vote.
11:44Mais vous n'allez pas voter un budget
11:46pour qu'on puisse passer
11:47les fêtes de Noël en famille,
11:48avoir un peu de stabilité,
11:49un peu de clarté
11:50et que les gens qui ont envie d'investir
11:52reviennent pour faire
11:53leurs investissements ?
11:54Parce qu'effectivement,
11:56tant qu'on n'y voit pas clair,
11:57ça n'aide pas
11:58à installer des entreprises
11:59ou à un chef d'entreprise,
12:00quelle que soit sa taille,
12:01à décider d'un investissement.
12:03Je suis d'accord avec vous.
12:04Donc c'est pour ça
12:05qu'il faut un budget,
12:06qu'il faut que chacun
12:06garde la tête froide
12:07et que les gens raisonnables
12:09se disent qu'il est important
12:10maintenant de passer
12:11à l'étape suivante.
12:12Une question précise
12:13parce qu'on voit bien
12:14effectivement l'incohérence
12:15à laquelle on a abouti
12:16en développant la méthode
12:19préconisée par le Premier ministre
12:20qui consistait à rendre
12:21le pouvoir au débat parlementaire.
12:24Est-ce qu'il faut
12:25qu'il revienne sur sa décision
12:26et que finalement,
12:28on remette le 49-3 sur la table ?
12:29Parce que si on utilise le 49-3,
12:31pour le coup,
12:32on rentrera dans la situation
12:33que vous êtes en train de décrire,
12:34c'est-à-dire qu'on aura un budget.
12:36Peut-être,
12:37mais je ne crois pas
12:38que ce soit le choix
12:38que nous ayons fait
12:39avec le gouvernement
12:40de Sébastien Lecornu.
12:42Aujourd'hui,
12:42il y a une assemblée nationale
12:43telle qu'elle est.
12:44Elle résulte du choix
12:45qu'on fait les Français.
12:46Si elle ne produit pas de décision ?
12:47Elle ne va pas devenir
12:48plus homogène demain.
12:49Je vous invite,
12:50moi, je lis vos confrères.
12:53J'ai lu le président du Sénat
12:55qui dit
12:55qu'il faut que tout le monde
12:57revienne à la raison.
12:58J'ai entendu un certain nombre
13:00d'élus pendant le week-end
13:01dire qu'effectivement,
13:02ça serait bien
13:03qu'on ait un budget
13:04d'ici la fin de l'année.
13:05Et un peu de tout bord.
13:07Donc, les choses
13:08sont sans doute en train de bouger
13:09et sans doute que
13:10si les députés font
13:11exactement ce que j'ai fait
13:13ce week-end,
13:13c'est-à-dire qu'ils sont
13:14dans leur circonscription,
13:15qu'ils ont entendu les gens
13:16qui leur ont dit
13:16écoutez, vous allez peut-être
13:17enfin vous mettre d'accord,
13:19peut-être que dans les semaines
13:20qui viennent
13:21et dans les jours qui viennent,
13:22ça peut faire bouger les choses.
13:23En tout cas, moi,
13:23j'y crois beaucoup.
13:24Oui, on va revenir justement
13:25sur ArcelorMittal
13:26puisque vous le disiez,
13:27il y a un instant,
13:28les députés ont approuvé
13:29cette semaine en première lecture
13:30une proposition de loi
13:31qui vise à nationaliser
13:32les activités françaises
13:34d'ArcelorMittal.
13:35On a entendu Roland Lescure,
13:36le ministre de l'Économie,
13:37qui s'y oppose fortement.
13:39Et pourquoi pas ?
13:40Et pourquoi pas ?
13:41Je vais vous donner
13:42une raison toute simple.
13:43C'est pour faire de l'acier,
13:45il faut des minerais.
13:46Et que si on nationalise
13:49ArcelorMittal France
13:50qui achète ces minerais
13:53dans des mines
13:54qui appartiennent
13:54à ArcelorMittal Monde
13:56et que ces mines
13:57ne sont pas en France,
13:59on met quoi
13:59à l'entrée du Haut-Fourneau ?
14:01Et par ailleurs,
14:02en aval,
14:03la majorité des clients
14:05d'ArcelorMittal France
14:06sont des entreprises
14:07qui sont dans le groupe
14:08ArcelorMittal.
14:10Donc ça veut dire
14:10que vous n'avez plus l'amont,
14:12vous n'avez plus l'aval.
14:13Et ce que je dis là,
14:13il n'y a pas que moi
14:14qui le dit,
14:14puisque les autres syndicats
14:16d'ArcelorMittal France
14:17hors CGT
14:18disent tous
14:19que cette nationalisation
14:20est une aberration.
14:22Ça n'a aucun sens économique.
14:23Et d'ailleurs,
14:24pendant neuf heures
14:25de débat
14:25où j'étais au banc,
14:26je n'ai entendu
14:27aucun argument
14:28économique valable
14:29ni au RN
14:30ni à LFI.
14:31Pour autant,
14:32est-ce que vous êtes d'accord
14:32pour dire
14:33que ArcelorMittal
14:34a pris des engagements
14:35qui n'ont pas été tenus,
14:37c'est le moins qu'on puisse dire ?
14:38En matière d'investissement.
14:39En matière d'investissement.
14:40Donc,
14:41il y a
14:41quelles conséquences,
14:42quelles sanctions possibles ?
14:44Non,
14:44ces investissements
14:45sont conditionnés
14:45à deux choses.
14:47Deux choses.
14:48La première,
14:48la mise en place
14:49des clauses de sauvegarde
14:50au niveau européen
14:51sur l'acier
14:52que nous avons obtenues
14:53qui sont en cours d'examen
14:54au Parlement européen.
14:55Première chose.
14:56Deuxième chose,
14:57sur le mécanisme
14:57d'ajustement carbone
14:58aux frontières,
14:59la taxe carbone aux frontières,
15:00pareil,
15:01qui va se mettre en place
15:02à partir du début
15:03d'année prochaine.
15:04Si ces deux éléments
15:05sont mis en place
15:06dans les délais raisonnables,
15:08ArcelorMittal
15:09doit faire ses investissements.
15:10S'ils ne les font pas,
15:12alors il faudra se mettre
15:12autour de la table sérieusement
15:14parce que dans ce cas-là,
15:15il y aura une rupture
15:16de confiance ou d'engagement.
15:17Mais on n'en est absolument pas là.
15:18Ça veut dire quoi ?
15:19Parce que moi,
15:19je préfère que ce soit
15:20des industriels
15:20qui pilotent des industries
15:22plutôt que des fonctionnaires
15:23à la tête de l'État
15:24qui pilotent des industries.
15:25Quel levier avez-vous ?
15:26Quelles sont les sanctions possibles ?
15:27Puisque la nationalisation
15:28est exclue.
15:28Mais pourquoi vous voulez
15:29parler de sanctions ?
15:30On n'en est absolument pas là.
15:32On n'en est absolument pas là.
15:33Parce que la production d'acier
15:35a baissé de 30% aussi
15:37sur le continent européen.
15:39ArcelorMittal est toujours là.
15:41Donc arrêtons un peu
15:42d'expliquer aux gens
15:43que l'usine va fermer demain.
15:45Ce n'est absolument pas vrai.
15:46Il y a des investissements
15:47à faire.
15:48Il y a des financements
15:48qui ont été programmés
15:49par l'État.
15:51Aucun argent public,
15:52d'ailleurs,
15:53lié à ces investissements,
15:54on a été versés
15:54alors que ces investissements
15:56ne sont pas faits,
15:57contrairement à ce que je peux
15:57entendre ici ou là.
15:58Donc, il y a deux choses.
16:00Les protections sur l'acier
16:02qui arrivent.
16:03Il y a la taxe carbone
16:04aux frontières qui arrive.
16:05Et dans la suite,
16:06ArcelorMittal doit faire
16:07ses investissements.
16:07En revanche, la question
16:08est légitime dans la mesure
16:09où des engagements
16:11qui n'ont pas été tenus
16:12par d'autres acteurs
16:13économiques étrangers.
16:15Là, je pense au dossier
16:15notamment de Novasco
16:17à Gondange.
16:19Vous étiez sur place
16:19d'ailleurs, il y a quelques jours.
16:21Absolument.
16:21Et l'État a déversé,
16:23si je m'abuse,
16:2485 millions d'euros.
16:26En retour,
16:27on avait un investisseur
16:28qui devait mettre
16:2990 millions d'euros
16:30d'investissement sur la table
16:30pour mettre à flot
16:32ces hauts fourneaux
16:34et contribuer
16:36à la relance productive.
16:37Bon, résultat des courses,
16:39il n'y a rien au final.
16:40Il a apporté 1 million.
16:41Il a apporté
16:421,5 million d'euros.
16:44C'est ça.
16:45Vous avez vu que
16:45je n'hésite pas
16:46à traîner ces gens
16:47au tribunal.
16:48Parce qu'effectivement,
16:49derrière,
16:49il y a une usine qui ferme
16:51et que les engagements
16:51n'ont pas été tenus.
16:531,5 million sur 90 millions
16:54qui devaient être apportés.
16:56Moi, j'estime
16:57que Grébul doit
16:5888,5 millions
16:59au territoire
17:00d'Agondange.
17:01Parce qu'on ne peut pas
17:02s'engager,
17:04dire,
17:05on vient reprendre la boîte,
17:06redonner de l'espoir
17:07aux gens
17:07et ensuite,
17:08ne pas assumer
17:09ses responsabilités
17:10ni pendant la période
17:11de la reprise,
17:12ni aujourd'hui,
17:13alors que les salariés
17:14de cette usine
17:15sont dans une grande difficulté.
17:17Donc, j'attaque
17:18aux civils,
17:18aux pénals,
17:19à partir de la fin de semaine
17:20ou début de semaine prochaine,
17:21nos avocats sont en train
17:22de plancher sur les choses
17:23parce que ça ne peut pas
17:24continuer.
17:24Les investisseurs
17:24ont une qualité de voyons.
17:26Oui, parce que ça ne peut
17:27pas continuer.
17:28Parce qu'ils n'ont pas
17:28tenu leurs engagements.
17:29Parce que sinon, ça veut dire
17:29qu'il n'y a plus aucune règle
17:30et que les règles doivent être respectées.
17:31Alors, pardon,
17:32je vais mettre les pieds
17:33dans le plat,
17:33mais plutôt que de donner
17:34de l'argent public
17:35à des entreprises
17:36qui vont mal,
17:37est-ce qu'il ne vaut pas mieux
17:38donner de l'argent
17:39à des entreprises
17:40qui vont bien
17:40mais en conditionnant
17:41par exemple
17:42ces aides publiques
17:42à des créations d'emplois,
17:44à des engagements
17:44de non-licenciement
17:45sur les prochaines années ?
17:46Mais quand avec, par exemple,
17:48un dispositif comme France 2030,
17:50on soutient des entreprises
17:51qui vont innover.
17:54Par exemple,
17:54France 2030 va soutenir
17:55une usine
17:56qui va se construire
17:57à côté de Grenoble
17:58qui va faire
17:59des éléments essentiels
18:00pour les batteries électriques
18:03notamment.
18:04Ces aides,
18:04elles sont conditionnées
18:06à ce que l'investissement
18:07soit effectivement réalisé
18:08et si cet investissement
18:09est effectivement réalisé,
18:10en l'occurrence,
18:11c'est la construction
18:11d'une usine
18:12pour passer à une étape
18:12industrielle
18:13pour produire des aimants,
18:16eh bien,
18:16dans ce cas-là,
18:17il n'y a pas de sujet.
18:18On est aussi là
18:18pour accompagner
18:19le développement
18:20des entreprises.
18:21Moi, je le vois partout
18:22en France.
18:23Il y a aussi des accompagnements
18:24qui sont faits
18:25sur de la modernisation,
18:26sur de la décarbonation.
18:27On va sans doute
18:28pouvoir annoncer
18:28un certain nombre de choses
18:29dans les semaines qui viennent.
18:31Mais à chaque fois,
18:32ces soutiens
18:33sont bien évidemment
18:34conditionnés
18:35à la réalisation
18:36effective
18:37des investissements
18:37qui débouchent
18:38sur des emplois.
18:39Plutôt que d'agir
18:40toujours avec le levier
18:42de la perfusion,
18:43est-ce que vous n'avez pas
18:43plutôt envie
18:44de simplifier
18:45la réindustrialisation
18:47et l'implantation
18:48d'usines ?
18:49Je prends un exemple.
18:49Les délais administratifs
18:50pour implanter
18:51une usine en France.
18:53Vous parliez de l'Europe
18:54et qu'on avance
18:55tous ensemble,
18:55sauf qu'en fait,
18:56c'est deux fois moins
18:57de temps pour implanter
18:58une usine en Italie
18:59que pour en implanter
19:01une en France.
19:02Je ne vous parle même pas
19:02des Etats-Unis,
19:03c'est trois fois moins.
19:03En France,
19:04c'est 18 à 24 mois,
19:0536 quand c'est des métiers
19:07compliqués liés à la chimie
19:08avec des risques
19:09environnementaux
19:09ou ce genre d'industrie.
19:1218 à 24 mois
19:13entre le moment
19:13où on signe
19:14la vente du terrain
19:15et l'ouverture,
19:16c'est rapide.
19:16Non, non.
19:17Ça, c'est pour les délais
19:17administratifs.
19:18C'est-à-dire qu'on met
19:18plus de temps
19:19à obtenir l'autorisation
19:20d'ouvrir une usine
19:21que à la construire.
19:22Vous savez pourquoi ?
19:23Là, les ouvriers
19:23bossent très bien.
19:24En revanche,
19:24les fonctionnaires
19:25qui sont à billon
19:26sur le respect
19:27des normes
19:28et de je ne sais
19:29quelles réglementations
19:30qui s'empilent
19:31pour ceux qui veulent
19:32implanter une usine,
19:32ça, c'est très compliqué.
19:33Si vous voulez bien
19:33que je réponde,
19:34c'est une question
19:34extrêmement intéressante
19:35parce que dans les textes,
19:37en fait,
19:37nous appliquons à peu près
19:38tous les mêmes
19:39réglementations européennes.
19:40Sauf qu'effectivement,
19:42en France,
19:43qu'est-ce qui peut se passer ?
19:45Il se passe la chose suivante.
19:47C'est pour ça que moi,
19:47je défends l'idée
19:48d'avoir des sites industriels
19:49clés en main.
19:50Il se passe que
19:51vous commencez
19:52votre projet
19:53d'implantation d'usine
19:54et mince pas de bol
19:56sur le terrain,
19:57vous découvrez
19:58qu'il y a une espèce
19:59naturelle protégée.
20:00Trois grenouilles.
20:00Et là,
20:01c'est le début de l'enfer.
20:03C'est parce que là,
20:04ça part à l'adréal,
20:06ça revient chez vous,
20:08il faut relancer une étude
20:09que vous n'aviez pas prévue
20:09et ça,
20:10l'industriel,
20:10il ne sait pas faire.
20:12Donc,
20:12je vais le signer
20:13une circulaire
20:14la semaine prochaine
20:14pour qu'on ait encore plus
20:16de sites industriels clés en main.
20:17Un site industriel clés en main,
20:18ça veut dire quoi ?
20:19Ça veut dire
20:19un site dans lequel
20:21l'industriel,
20:21il arrive,
20:22il est sécurisé
20:23sur son investissement
20:24parce que toutes les études
20:25environnementales
20:26sont faites avant,
20:28parce que les études
20:28archéologiques sont faites avant
20:30et dans mon propre territoire,
20:32j'ai réussi à implanter
20:33neuf usines
20:34avec zéro recours
20:35et des délais administratifs
20:36qui sont tenus
20:37entre neuf et douze mois.
20:39Donc,
20:39il n'y a pas de raison
20:40que ce qui se passe
20:41dans certains territoires
20:42ne puisse pas se passer ailleurs.
20:43Mais pour ça,
20:44il faut qu'on ait du foncier
20:45sécurisé
20:45et après les procédures,
20:46elles se passent bien
20:47et des élus locaux
20:48qui sont en général
20:49aux côtés des porteurs de projets
20:50qui vont chercher
20:51les autorités de l'État
20:52en territorial
20:53et les choses se passent bien.
20:54Merci.
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