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  • il y a 23 heures
Regardez L'esprit de l'info avec Thomas Sotto du 24 octobre 2025.

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00:00A 9h13, c'est l'esprit de l'info, avec ce matin notre grand témoin Jean-Laurent Casselli,
00:08essayiste, spécialiste des modes de vie et co-auteur de La France sous nos yeux,
00:12avec Jérôme Fourquet.
00:14On va revenir avec vous sur les deux événements marquants de cette semaine, Jean-Laurent,
00:17le cambriolage du Louvre et l'incarcération, un peu en mode Netflix, de Nicolas Sarkozy.
00:22On va commencer par le Louvre.
00:24Comment vous expliquez que ça avait pris une ampleur pareille ?
00:26En quoi ce n'est pas seulement un fil d'hiver, un braquage ?
00:28En quoi c'est tellement plus aujourd'hui ?
00:30D'abord, c'est vrai qu'on a des images de cette intrusion.
00:35On a des images de la nacelle.
00:36Tout le monde les a vues, tout le monde les a commentées.
00:38Aujourd'hui, dès qu'il se passe quelque chose, on a des images qui tournent sur les réseaux,
00:43qu'on voit dans les médias.
00:44Je pense que ça alimente déjà les commentaires, les discussions.
00:48Tout le monde, évidemment, y voit un symbole, voit dans cette intrusion.
00:51Vous avez raison, ça pourrait être un simple vol, entre guillemets,
00:54mais c'est beaucoup plus que ça, parce qu'en raison de la nature du butin,
00:57mais surtout en raison de la nature du bâtiment qui fait l'objet de ce vol, de ce braquage.
01:04D'ailleurs, dans les médias, le terme de braquage s'est rapidement imposé plus que celui de vol,
01:07ce qui est évidemment plus grave, alors qu'on ne sait pas encore si vraiment les malfaiteurs avaient des armes.
01:11Mais en tout cas, on voit bien qu'il y a quelque chose de très sacrilège là-dedans,
01:16un peu comme l'incendie de Notre-Dame.
01:19Vous faites un lien entre l'incendie ?
01:20Oui, parce que dans les deux cas, on a un monument historique, emblématique de l'histoire de France,
01:25connu, visité dans le monde entier, qui quelque part symbolise un petit peu la France.
01:28Donc évidemment, le parallèle est tentant de dire que l'intrusion dans le Louvre,
01:32c'est le déclassement de la France, c'est tout ce qui ne va pas dans le pays,
01:36l'incapacité à faire un budget, etc.
01:37Ce n'est pas un peu excessif, justement, ces réactions-là ?
01:39Parce que quand même, on se dit, on a l'impression que le monde s'est effondré
01:42parce qu'on a braqué, pardon, je caricature, mais trois bijoux au Louvre.
01:46En fait, ce qui est excessif, c'est la volonté de chercher des métaphores, des symboles, des parallèles
01:51dans toutes les images qui tournent sur les réseaux sociaux
01:54et de devoir en faire une sorte d'interprétation peut-être un peu excessive.
01:57Mais il y a quand même quelque chose qui est frappant et qui est de l'ordre du malaise
02:00avec cette intrusion de la criminalité organisée, du grand banditisme.
02:04Il y a aussi le scooter T-Max, qui est le scooter un peu des règlements de comptes.
02:08Donc, il y a quand même ces symboles aussi qui sont assez marquants
02:10et qui inquiètent les gens.
02:12On parle aussi depuis quelques années beaucoup du home-jacking, du fait de faire des vols.
02:16C'est quand on va chez quelqu'un et qu'on le saucissonne, en gros, et qu'on...
02:19Exactement, c'est quand le cambriolage a lieu alors que les personnes sont là.
02:24C'est quelque chose qui traumatise beaucoup les gens, évidemment, qui l'ont vécu.
02:27Ça touche un peu tous les milieux sociaux.
02:28Donc, on peut y voir peut-être un parallèle.
02:30Jean-Laurent Cassely, sans tomber dans la psychologie de comptoir,
02:32ça dit quelque chose de l'état d'esprit du pays, ces réactions parfois hypertrophiées ?
02:37C'est vrai que les réactions sont excessives, mais le fait que ça prenne dans l'opinion, le fait...
02:41L'émotion est réelle, c'est pas contestable, mais...
02:44Oui, oui, encore une fois, ça s'inscrit dans une séquence qui est troublée sur le plan politique,
02:49dans laquelle les gens ont du mal à voir vers où on s'achemine.
02:53Donc, on sait aussi que l'administration du Louvre avait alerté sur l'état du musée,
02:58sur les travaux qui étaient nécessaires.
03:00Donc, oui, on peut comprendre pourquoi ça s'inscrit dans cette histoire plus globale d'un...
03:06C'était un coup de dos et il manquait plus que ça, c'est ça ?
03:08En tout cas, on le voit plutôt comme un symbole de déclin que de progrès et de rayonnement de la France, ça c'est certain.
03:14Bon, l'autre fait marquant de la semaine, c'est ça.
03:17C'est un gars bien et ce qui lui arrive est totalement injuste.
03:20Je vais vous dire une chose, je suis offusqué, c'est inadmissible qu'on mette un président tel que lui en prison.
03:26C'est une honte pour la France !
03:29C'était mardi matin au moment où Nicolas Sarkozy quittait son domicile pour gagner sa cellule à la prison de la santé.
03:34Des centaines de personnes venues soutenir l'ancien président.
03:37Quand vous avez vu ces images, vous vous êtes dit quoi ?
03:39Elle raconte quoi cette mobilisation ?
03:41Déjà, j'étais très surpris parce que, certes, cette mobilisation n'est pas spontanée.
03:46Elle a été organisée à l'appel des fils de Nicolas Sarkozy.
03:49Louis Sarkozy, très précisément, a dit à 8h30, à l'angle des rues, on va se réunir.
03:55Donc, ce n'était pas spontané.
03:56Il avait dit que ce n'est pas politique, c'est un soutien presque affectif, de ce qu'il avait expliqué.
04:00Oui, tout à fait.
04:02C'est un peu politique quand même, non ?
04:03C'est un peu politique, mais je pense qu'on est en train d'assister à la transfiguration de Nicolas Sarkozy.
04:06Peut-être pas en icône, mais en tout cas en sorte de héros ou d'icône pop post-politique,
04:11puisque ce n'est pas vraiment ses électeurs qui sont venus, c'est plutôt ses fans, en fait.
04:14Ce sont des gens qui l'aiment en tant que personne, pour ce qu'il est, son style, son caractère,
04:18pour les mêmes raisons pour lesquelles il est détesté d'une autre partie de la population.
04:22Et ce que je trouve assez fascinant avec Nicolas Sarkozy, c'est que, comme le disent les communicants,
04:26il a cette capacité à créer de l'engagement.
04:28C'est-à-dire que quand on poste quelque chose sur Nicolas Sarkozy, vous réagissez, en bien ou en mal,
04:31mais les gens ont envie de réagir.
04:33Et je pense vraiment, alors il est évidemment en train d'écrire ses mémoires de prison,
04:38donc on va encore entendre parler de lui.
04:40C'est un côté Trump chez lui ou la comparaison va trop loin ?
04:42Dans la façon dont il est perçu par les opinions,
04:45dans la façon dont chacun de ses faits et gestes est commenté, apprécié, critiqué ?
04:51Je pense que la comparaison est bonne, parce que Nicolas Sarkozy a probablement préexisté à la vague de populisme,
04:57parce que souvent on dit que les populistes, c'est des gens qui n'ont pas forcément un programme,
05:00ils ont plutôt un style, ils ont une manière d'être.
05:01Et en fait, je mets les gens au défi de me citer une mesure du bilan de Nicolas Sarkozy, président de la République.
05:07On se rappelle surtout d'un personnage.
05:09Après en 2007, il y avait un programme.
05:10Tout le monde dit que la campagne de 2007, c'est go, Sarko, c'était bien parce que c'était programme contre programme.
05:15Oui, oui, tout à fait.
05:16Il avait une vision, il avait une vision aussi de la France,
05:19mais on se rappelle de lui pour l'homme plus que pour le bilan politique.
05:23Et aujourd'hui, on voit qu'il joue très habilement de cette manière de se mettre en scène et de devenir,
05:29j'ai envie de dire, c'est un bon personnage en fait.
05:31Vous parliez d'une série Netflix, Nicolas Sarkozy, c'est un très bon personnage.
05:34Ce n'est pas un peu son problème et sa limite, parce que vous dites icône pop, il est populaire, les gens viennent le voir.
05:38Vous savez, quand il fait des dédicaces pour ses bouquins, il y a des queues interminables,
05:44il y a des gens qui attendent parfois des heures pour aller le voir, pour avoir une signature, pour lui serrer la main, faire un selfie.
05:49Et en même temps, quand il a voulu revenir à chaque fois sur la scène politique,
05:52il a perdu en 2012 et il a perdu à la primaire de son propre parti en 2017.
05:56Donc il est ultra populaire humainement, mais politiquement, c'est autre chose.
06:00Oui, exactement. En 2016, quand il essaie de revenir par la primaire de la droite,
06:03il est battu par, il est troisième, il finit derrière Juppé et Fillon.
06:07Donc il est vu comme un homme du passé, y compris par son camp politique.
06:10Et aujourd'hui, encore une fois, je pense qu'il y a un petit effet Chirac, transfiguration en icône pop.
06:15Je ne suis pas sûr que le peuple de droite ait envie de le voir revenir reprendre le pouvoir.
06:20Mais en tout cas, il y a cet attachement affectif à ce personnage qui est encore une fois,
06:24un personnage qui appartient à notre culture et à notre, je dirais, à notre environnement médiatique
06:29et qui surnage au-delà de la politique.
06:32Et d'ailleurs, Louis Sarkozy vient d'annoncer qu'il était papa ce matin.
06:35Et voilà, on vous l'apprend.
06:37Et le nom, donc le prénom de ce petit sera Sylla Nicolas Sarkozy.
06:43D'accord. Je voudrais qu'on revienne sur les personnes qui étaient là mardi matin pour l'accompagner, pour le soutenir.
06:51C'était qui ces gens ? Est-ce que c'était la France des honnêtes gens, pour reprendre le slogan des Républicains,
06:56qui est celui qui s'affiche sur le site de LR, là, vous l'avez en grand, la France des honnêtes gens.
07:00C'était ça, le public était là pour Sarkozy ?
07:02Je n'étais pas allé récemment sur le site des LR, mais merci de l'avoir vérifié.
07:07En tout cas, j'étais frappé par cette formule de la France des honnêtes gens.
07:11C'est assez paradoxal, évidemment, pour le rassemblement en soutien à quelqu'un qui va en prison.
07:15Mais au-delà de la plaisanterie, c'est vrai qu'on a vu les voisins de Nicolas Sarkozy.
07:21On est dans le 16e arrondissement de Paris, donc plutôt dans les quartiers plus que bourgeois, les très beaux quartiers.
07:26Donc on a, je dirais, cette frange du peuple de droite, plutôt bourgeoise, plutôt âgée également,
07:32qui, encore une fois, est restée attachée à Sarko, non pas comme homme politique, mais comme, encore une fois, comme quasi-icône.
07:40Est-ce qu'il n'incarne pas, c'est plusieurs fois que vous appelez ce mot icône, une sorte de manque de repère, de personnalité ?
07:46Je m'explique, ce n'est peut-être pas très clair, mais à une époque, il y avait tapis, il y avait des grandes gueules comme ça,
07:53il y avait des personnages qui étaient à la fois fascinants, attirants, ça plaisait aux uns, les autres le détestaient, qui étaient très clivants.
08:00Est-ce qu'il n'est pas un peu le dernier de cette catégorie-là, face à une classe politique qui s'est quand même beaucoup affadie ?
08:05Oui, c'est une figure hyper polarisante, c'est une figure qu'on adore ou qu'on adore détester,
08:09et qui fait parler d'elle, parler de lui, encore une fois, même quand il part en prison,
08:15les gens viennent le soutenir, les gens parlent de lui, et je suis sûr qu'on reparlera de lui quand il sortira de prison.
08:19Quand il sortira de prison, voilà.
08:21Un quelques mots quand même sur ce qu'on a vu, les scènes des prisonniers qui prennent des vidéos,
08:26tout le monde s'indigne, alors déjà il faut dire que, pardon, mais ça gueule tout le temps dans les prisons, partout,
08:30ce n'est pas un sort qui est réservé à Nicolas Sarkozy.
08:32Et c'est étonnant parce qu'on oublie de s'indigner du fait que les prisonniers ont des téléphones et puissent poster des messages TikTok.
08:39C'est quand même, il y a un problème dans nos prisons là ?
08:40Je pense qu'on en est un peu tous là, c'est tous les gens qui ne sont pas allés en prison,
08:43on découvre à partir de ce qui arrive à Nicolas Sarkozy ce qu'est la prison,
08:48et on découvre que ce n'est pas le Club Med, contrairement à ce qu'on entend parfois,
08:52et qu'en même temps, bah oui, il y a une vie qui s'y déroule,
08:55on sait aussi que ce n'est pas le meilleur endroit,
08:58enfin la meilleure idée de mettre forcément les gens les plus dangereux ensemble,
09:01au même moment, ils n'en sortent pas forcément dans des très bonnes conditions,
09:04donc j'allais dire la France des honnêtes gens découvre ce qu'est l'envers du décor de la prison
09:09à travers l'incarcération de Nicolas Sarkozy.
09:12Eh bien merci beaucoup à vous Jean-Laurent Casselli, essayiste,
09:15d'être venu nous voir ce matin sur la telle,
09:17restez avec nous parce que dans un instant...
09:18Merci à vous.
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