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Regardez L'esprit de l'info avec Anne-Charlène Bezzina avec Thomas Sotto du 11 novembre 2025.

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Transcription
00:00Il est 9h16, nous sommes ensemble jusqu'à 9h30, l'esprit de l'info avec notre grand témoin du mardi.
00:08C'est vous Anne-Charlène Bézina, politologue, constitutionnaliste. Bonjour et bienvenue Anne-Charlène.
00:12Bonjour Thomas.
00:12Nicolas Sarkozy est donc sorti de prison, il y a passé 20 nuits à la prison de la santé.
00:17Et autant vous dire que ça a fait très plaisir à ces quelques supporters qui s'étaient massés près de chez lui.
00:21Je suis très soulagée. C'était une honte pour la France. Le monde entier a été choqué.
00:26On n'a pas le droit de faire ça, un homme d'état. Surtout un homme qui s'est très bien conduit.
00:30Il retrouve sa famille, il retrouve le petit-fils qu'il ne connaît pas. C'est bien.
00:33Il a beau jouer les durs, il faut qu'il récupère avant.
00:37Le petit-fils qu'il ne connaît pas, c'est le fils de Louis Sarkozy, qui est né pendant cette détention.
00:42Bon, sa demande de libération a été acceptée. On entend qu'il y a beaucoup d'affect.
00:46Je l'ai supporté, elle encore, on n'a pris que les pro-Sarkozy endiablés.
00:49Que pense la juriste que vous êtes de tout ça ? C'est quoi ? C'est circulé ? Il n'y a rien à voir à ce qui s'est passé hier ?
00:54Alors, au fond, moi, la question que je me pose toujours, c'est celle de la leçon à en tirer.
00:59Qu'est-ce qu'on va retenir à l'avenir de ces 20 jours de détention ?
01:04Et j'ai le sentiment que le combat pour l'État de droit, il en a pris un sacré choc, étant donné qu'on voit bien qu'au fond, ceux qu'on entend le plus,
01:11ceux qui sont véritablement dans... les plus audibles aujourd'hui, on va dire, c'est ceux qui le soutiennent.
01:19Rappelons quand même que lorsqu'il était en détention, il recevait des cadeaux, des lettres d'affection, etc.
01:23Donc, au fond, il y a ce sentiment que le rendu de la justice ne suffit plus à considérer que justice a été rendue.
01:30Et là, moi, je m'inquiète un petit peu pour, justement, la suite de notre démocratie.
01:34Il n'y a plus de confiance dans les décisions des juges.
01:36Cette affaire a abîmé la justice ? Le traitement de cette affaire, y compris le traitement médiatique, peut-être ?
01:41Alors, je ne suis pas sûre que ce soit la question du traitement médiatique que, finalement, la réception par les citoyens de cette décision
01:46où ils ont eu le sentiment que les trois chefs d'accusation avaient été blanchis et que, de ce fait, on ne l'avait attrapé,
01:52que, moi, j'entends beaucoup ça, on m'interroge beaucoup là-dessus, que sur une infraction fourre-tout, etc.
01:58Et donc, finalement, ça a été une forme de populisme judiciaire qui s'est emparé du débat.
02:03Et, de ce fait, on n'a plus pu récupérer le champ du droit véritablement appliqué.
02:08C'est dommage, étant donné que, bon, voilà, on a tous ressenti une émotion collective au moment de l'incarcération d'un ancien président de la République.
02:15Mais je rappelle quand même que les faits sont là, l'application du droit, elle a été là aussi.
02:20Et donc, on peut continuer à avoir confiance dans la justice.
02:22Et il faut surtout qu'on continue à avoir confiance dans la suite de ce qui se passera.
02:27C'est ce qui m'inquiète le plus.
02:28Alors, il y aura évidemment un procès en appel.
02:30Ça sera dans quelques mois, l'année prochaine.
02:32Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec notamment une interdiction d'entrer en contact avec le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,
02:39qui, on s'en souvient, était allé lui rendre visite à la prison de la Santé.
02:42Écoutez ce qu'en disait Franck Louvrier, qui est l'ancien homme de la communication de Nicolas Sarkozy, conseiller très proche à l'Elysée à l'époque.
02:49Il était chez Anne-Sophie Lapix hier soir.
02:50Que le contrôle judiciaire soit amené à empêcher des relations et discussions avec d'autres, c'est tout à fait normal.
02:57Après, on peut s'interroger sur l'histoire du garde des Sceaux.
02:59Est-ce que c'est le retour d'ascenseur du fait que le garde des Sceaux soit venu le voir en prison ?
03:04Alors, comment vous interprétez-vous cette interdiction pour Gérald Darmanin et Nicolas Sarkozy d'entrer en contact l'un avec l'autre ?
03:10Pour des risques de pression, pour des risques finalement d'ingérence, c'est-à-dire que la décision de la Cour est motivée sur la question de l'obscurantisme,
03:20au fond, de certains contacts que Nicolas Sarkozy, dans l'affaire libyenne justement, a eu avec des directions intérieures du ministère de la Justice.
03:28Alors, ses avocats s'en défendent en disant que justement c'était pour vérifier qu'il n'y avait pas de pression,
03:32mais il a quand même su actionner des contacts qu'aucun citoyen ne pourrait avoir.
03:38Et de ce fait, c'est tout simplement, à mon avis, l'application de l'égalité devant la justice.
03:42Et je rappelle qu'une mise en liberté sous contrôle judiciaire, ça signifie que contrôle judiciaire il y a.
03:47Donc, il y a évidemment interdiction...
03:49S'ils ne respectent pas les conditions, ils retourneront.
03:50Exactement, c'est pour ça que l'interdiction de rentrer en contact avec les témoins de l'affaire, on la comprend.
03:55Pour cette question du ministre de la Justice, c'est...
03:57Il n'est pas témoin de l'affaire quand même.
03:58Moi, je me suis posé une question en entendant ça hier.
04:00Je me suis dit, est-ce qu'il n'y a pas une confusion entre le pouvoir judiciaire qui interfère sur le pouvoir exécutif ?
04:04Quand des juges interdisent quelque chose à un ministre, il n'y a pas un problème là ?
04:08Alors non, précisément, parce que c'est pour des raisons de séparation des pouvoirs qu'on interdit la communication
04:12entre un ancien président de la République, membre du Conseil constitutionnel,
04:16parce qu'il faut le rappeler quand même, à cette époque-là, il est membre du Conseil constitutionnel,
04:19avec le pouvoir judiciaire, avec le ministre de la Justice,
04:23pour éviter justement qu'il y ait des ingérences,
04:25qu'il puisse y avoir une quelconque pression sur la décision à suivre.
04:28Et je rappelle que s'il a été en liberté conditionnelle,
04:31ce n'est pas parce qu'il risquait de fuir ou etc.,
04:34c'est parce qu'en réalité, on a changé les conditions.
04:37C'est-à-dire que pour l'exécution provisoire, les conditions sont fixées par le Code pénal,
04:40et pour la détention provisoire, alors qu'un appel est en cours,
04:43les conditions étaient beaucoup plus strictes,
04:45et donc cette mise en libération, elle était évidemment appelée de ses voeux.
04:48Ça ne veut pas dire qu'on a changé d'avis,
04:51ou qu'on a dédié la décision des juges de première instance.
04:54C'est important d'avoir ça en tête.
04:55Voilà qui est clair, il est 9h21, nous sommes en direct, nous sommes le 11 novembre.
04:58Je note donc qu'Anne-Charlène Bézina, vous travaillez aujourd'hui.
05:01C'est un vrai jour férié, le 11 novembre, qu'est-ce que ça représente pour vous aujourd'hui ?
05:04Alors moi, je me rends compte, à force d'enseigner,
05:07qu'on perd de plus en plus la mémoire de notre histoire.
05:10Je rappelle que le 11 novembre, c'est la signature d'une armistice.
05:13Alors attention, ça ne veut pas dire que le traité d'EPA a été signé le 11 novembre.
05:17C'est le cessez-le-feu, c'est ce qu'on souhaite évidemment pour la guerre en Russie-Ukraine,
05:21où on sait que les questions d'armistice, c'est juste le fait de poser les armes.
05:26Ça a été l'un des plus grands moments de notre histoire.
05:29On se rappelle que c'est la guerre la plus meurtrière de notre siècle.
05:32Et de ce fait, je pense que c'est important aujourd'hui de se reconnecter à ce qu'est notre mémoire collective.
05:36Ça doit rester férié, vous pensez ?
05:38Ou il faudrait juste peut-être en parler davantage dans les écoles ?
05:40Les deux, mon capitaine.
05:42À mon avis, le 11 novembre n'était peut-être pas le meilleur choix de François Bayrou
05:45quant au jour férié, même s'il avait dit que la liste était ouverte.
05:4911 novembre, c'est la mémoire, c'est l'histoire, c'est la fierté de la France.
05:51Et donc, je pense que c'est important de garder ça.
05:54On a des monuments aux morts dans tous nos villages.
05:56On se rappelle ce que ça nous a coûté.
05:58Et voilà, je pense très important dans les périodes que nous vivons,
06:02où on parle de post-vérité, où on nous parle des récits,
06:05de revenir sur le factuel et le réel.
06:08C'est ça qui nous connecte à la...
06:09Ça veut dire que quand vous avez entendu François Bayrou dire
06:11qu'il voulait supprimer deux jours fériés,
06:13et peut-être, je crois, que le 11 novembre était sur la liste ?
06:14Le 11 novembre était sur la liste.
06:15Il dit quoi ? Quelle indignité ? Il ne faut surtout pas faire ça ?
06:17Je me suis un petit peu dit quelle indignité, en effet,
06:19parce que le 11 novembre me semble être un jour de commémoration,
06:23important pour la mémoire, important pour la jeunesse,
06:26important pour l'histoire.
06:27Et voilà, je pense que là, on sait que je suis totalement favorable à ce qu'il reste férié.
06:32Bon, tout ça ne nous fait pas un budget.
06:34On est bien d'accord, puisque demain,
06:36les travaux vont reprendre à l'Assemblée,
06:38après deux jours de pause,
06:40puisque les députés et les élus sont en général en circonscription aujourd'hui
06:42pour les commémorations de cet armistice.
06:45Suspension de la réforme des retraites ou pas ?
06:47On devrait le savoir demain.
06:49A priori, ça va être suspendu,
06:51et ça ne fait pas du tout plaisir à Thierry Breton,
06:53l'ancien ministre de l'économie,
06:54qui ne comprend pas qu'on fasse machine arrière sur cette réforme.
06:57Il l'a dit ce matin à 7h40 sur RTL.
06:59Mais il faut quand même avoir un cap,
07:01s'y tenir,
07:02même si c'est au risque d'être mis sur le banc ou de démissionner.
07:06Il faut prendre le risque de l'instabilité et de la chute du gouvernement.
07:08Mais l'instabilité, elle est là.
07:10Et il faut à un moment dire peut-être stop au Parti Socialiste,
07:13où je compte du reste beaucoup d'amis.
07:15Mais on voit bien qu'aujourd'hui, le Parti Socialiste,
07:17pardon de le dire comme ça,
07:18mais il fait danser ce qui reste de la majorité gouvernementale.
07:21Thierry Breton, Antoine Bézina,
07:23qui disait qu'il n'y a pas de risque d'instabilité
07:25puisqu'on y est déjà dans l'instabilité.
07:26Lui, il dit qu'il ne faut surtout pas revenir sur cette réforme.
07:28Vous êtes d'accord avec ça dans la perception de la politique,
07:31la perception de la décision politique,
07:33de la chose votée ?
07:34On a l'impression que plus rien ne tient, en fait.
07:36Au-delà de ce qu'on peut penser du fond.
07:38Jean, peut-être, mais c'est trop tard.
07:40C'est-à-dire qu'à partir du moment
07:41où la survie d'un Premier ministre
07:43a été indexée à la déconstruction de la mesure
07:47qui était censée être la mesure clé
07:49du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron,
07:53on a tué, en quelque sorte,
07:55l'idée de ce que la politique
07:59était encore capable de faire aujourd'hui.
08:01Il me semble que cette instabilité,
08:03elle a en effet complètement rongé
08:04l'idée d'un caractère programmatique
08:06de ce deuxième mandat.
08:07On voit bien qu'on est ici en train de sauver les meubles,
08:09même si, moi je suis attachée...
08:11Donc il faut la suspendre, alors, c'est très fort.
08:12C'est le moindre des mots aujourd'hui
08:13dans le contexte que vous décrivez ?
08:14Soyons honnêtes, moi je connais bien
08:16les procédures d'exception en matière budgétaire.
08:18Enfin, si on reconduit le budget de l'année dernière,
08:20il n'y a plus aucune des mesures
08:23qui puissent être favorables aux Français
08:24dans notre budget.
08:25Si on passe par ordonnance,
08:27il y en a à nouveau qui vont s'appliquer,
08:29qui sont très durs pour les Français.
08:31Donc, il me semble que dans l'intérêt national,
08:33il faut de toute façon que nous ayons
08:34un nouveau budget avant le 31 décembre.
08:36Et pour ça, il faut céder à la majorité,
08:38à ceux qui sont susceptibles
08:40de soutenir encore la majorité
08:41qui risque de vivre une très difficile journée demain.
08:44On n'a pas beaucoup progressé sur le compromis
08:46dans ce pays, décidément.
08:47On n'y est pas, non.
08:48Bon, merci beaucoup à vous.
08:49Sous-titrage Société Radio-Canada
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