- il y a 8 minutes
Regardez L'esprit de l'info avec Anne-Charlène Bezzina avec Thomas Sotto du 26 août 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03Je ne cache pas mon émotion, je ne cache pas non plus ma peine,
00:07non pour moi bien entendu, mais parce que je crois que l'entreprise
00:11à laquelle s'était attaché le gouvernement que je présidais était bonne pour le pays.
00:15Je souhaite de tout cœur que le gouvernement de demain poursuive ce que nous avons commencé,
00:20parce que ce que nous avons fait c'était pour le bien du pays.
00:23Ce que nous avons fait c'était pour le bien du pays, c'est une des idoles politiques de François Bayrou qu'on entendait à l'instant.
00:27Pierre Mendès France, le 5 février 1955, quand il doit lui aussi quitter le pouvoir que son gouvernement ait renversé.
00:37Bonjour Anne-Charlène Pézina.
00:38Bonjour Thomas Soto.
00:40Constitutionnaliste, on a bien besoin de vos compétences, politologue.
00:44Vous êtes ce matin dans l'esprit de l'info sur RTL pour nous aider à comprendre un peu ce qui se joue depuis hier
00:50et cette décision qu'on n'attendait pas complètement.
00:52Il y aurait peut-être une censure, et sûrement une censure, en tout cas des motions de censure pour le budget.
00:55Mais le vote de confiance qui a été déclenché comme ça par François Bayrou, ça sera le 8 septembre à l'Assemblée, on ne savait pas trop.
01:03Il a parlé d'ailleurs de l'article 49.1.
01:05Il dit quoi exactement et simplement le 49.1 ?
01:08Alors cet article 49 alinéa 1, c'est celui qui précise le mécanisme totalement inverse à la motion de censure,
01:15c'est-à-dire le moment où le gouvernement choisit, lui, de se présenter devant l'Assemblée nationale
01:19et de lui demander si, oui ou non, elle le soutient.
01:22Ça peut se faire à deux moments, c'est pour ça que l'article 49 alinéa 1, en fait, contient deux hypothèses.
01:27Celle du programme, c'est-à-dire je viens d'arriver, c'est une forme d'investiture,
01:30je viens me présenter à l'Assemblée nationale, qui a été quand même, dans la plupart des cas, sollicité sous la Ve République.
01:35C'est le coup classique.
01:36J'arrive, je suis nommé, je fais mon discours de politique générale,
01:38derrière je demande la confiance et comme ça je suis légitimé, c'est ça.
01:41Soyons honnêtes, sans risque aucun, puisque dans la Ve République,
01:44la majorité étant tellement confortable à l'Assemblée nationale,
01:47généralement c'est plus un discours de présentation qu'on fait.
01:49Raison pour laquelle ni Michel Barnier, ni François Bayrou, et je crois ni même Elisabeth Borne,
01:54n'avaient posé la question de confiance après leur arrivée.
01:57Et certains autres premiers ministres avanteux, comme notamment même Georges Pompidou,
02:02alors qu'il était légitime, majoritaire, mais bon voilà, c'est un usage.
02:06Il y a la deuxième hypothèse, que c'est celle de la politique générale,
02:09où, six mois après votre investiture, deux ans après,
02:12vous venez solliciter à nouveau une forme de consolidation de votre base autour de vous.
02:16Mais là encore, à chaque fois, on l'a fait dans des hypothèses majoritaires.
02:20Donc c'est la première fois de la Ve République qu'on a un Premier ministre
02:23avec une majorité aussi faible qui vient engager la confiance,
02:27c'est-à-dire demander à ce qu'on le soutienne.
02:29Parce que ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cet article 49 alinéa 1,
02:32en fait, il ne vient pas sur un texte, comme l'article 49.3,
02:35donc on n'adoptera pas de budget, on ne fera rien à l'issue de cette politique.
02:39C'est juste un stop ou encore ?
02:41C'est juste un stop ou encore personnel pour le gouvernement
02:44qui vient demander une assise parlementaire.
02:46Juste un tout petit peu de cuisine, après on va rentrer dans le plus politique.
02:48Mais la motion de censure, vous me dites si je dis une bêtise,
02:52il faut 289 voix, soit la majorité absolue, pour faire tomber un gouvernement.
02:56Est-ce que c'est pareil ou pas avec le vote de confiance ?
02:59Non, ça n'est pas pareil, parce que c'est la majorité des suffrages exprimés et des présents.
03:03Donc ça peut être moins, et surtout, en fait, il faut simplement que les pours l'emportent sur les comptes.
03:09Donc ça peut être 32-31 ?
03:10Ça peut être 32-31, à partir du moment où, justement, le jeu des abstentions fait que.
03:15Et c'est là qu'on se rend compte qu'il y a encore un enjeu pour le 8 septembre.
03:18Je rappelle quand même que c'est dans longtemps, si on considère qu'on est le 26 août,
03:22et que de ce fait, il y a peut-être encore des tractations qui peuvent se faire.
03:25L'idée, c'est d'obtenir le plus de vote pour et surtout le moins de vote contre.
03:29C'est là-dessus que ça se joue aujourd'hui.
03:30Bon, alors Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères, était l'invitié d'RTL Matin tout à l'heure à 7h40.
03:35Et lui, il y croit.
03:37Je crois qu'il est tout à fait possible que le 8 septembre,
03:40les responsables politiques à l'Assemblée nationale disent
03:43« Oui, la situation est grave, il nous faut faire des efforts, le gouvernement a raison de nous y inviter ».
03:49La raison d'y croire, c'est de la méthode couée, c'est des éléments de langage, c'est quoi ?
03:53Quand vous entendez ça, vous vous dites quoi ?
03:55Alors, arithmétiquement, ça me paraît assez complexe au vu des déclarations des différents présidents de groupe
03:59depuis hier soir qui semblent totalement alarmantes.
04:02Ils ne voteraient pas la confiance.
04:03Non seulement on ne votera pas la confiance, mais on votera contre.
04:05Donc, c'est-à-dire qu'on va bien décompter des comptes, ce qui nous semble monter le compteur des comptes.
04:10Néanmoins, je pense qu'il faut dissiper une confusion.
04:12On ne va pas du tout parler du budget le 8 septembre.
04:15En réalité, ce que veut faire François Bayrou, c'est donner une forme d'alerte sur l'état des comptes.
04:20Un peu comme l'avait fait d'ailleurs Pierre-Bendès France, c'est pour ça qu'il le convoque.
04:22C'est-à-dire une forme de discours, de réalité, etc.
04:25Et c'est là-dessus, finalement, que le gouvernement joue son dernier va-tout.
04:28C'est-à-dire, si sur cette réalité-là, on n'arrive pas à consolider une base parlementaire,
04:33ça veut dire que, même pas, le constat est partagé.
04:36Et que, finalement, aucun gouvernement ne pourra plus voter un budget.
04:38Mais est-ce que vous comprenez pourquoi il fait ça ?
04:40Parce que, deux hypothèses.
04:41Un, il est renversé, c'est fini, merci, au revoir.
04:43Deux, il arrive à obtenir la confiance.
04:46Il n'empêche qu'il y aura toujours le budget, qu'il y aura toujours les motions de censure.
04:49Jean-Luc Mélenchon avait dit qu'il déposerait une motion de censure dès le 23 septembre,
04:53parce que c'était le lendemain de la reprise de la session parlementaire.
04:55Là, il y aura une session extraordinaire, donc ils vont reprendre plus tôt.
04:58Est-ce que vous arrivez à comprendre la démarche ?
04:59Est-ce qu'elle a un sens politique, dans le contexte qu'on connaît ?
05:03Alors, moi, il me semble que le seul sens politique qu'on peut lui donner,
05:06c'est justement cette idée, en quelque sorte, un peu de la racquerie.
05:09C'est-à-dire du départ choisi, à partir du moment où la fin étant inéluctable,
05:15c'est le choix du moment, et peut-être aussi le choix...
05:19Voilà, déjà, il y a une idée de soigner son départ,
05:21mais peut-être aussi une forme de...
05:25On va dire qu'on se défausse un peu de la responsabilité sur l'Assemblée nationale,
05:28et ça peut être pertinent sur un point, c'est-à-dire,
05:30est-ce qu'après moi, les choses ne vont pas être encore pires ?
05:33C'est-à-dire, qui pourra adopter un budget en France, dans cette majorité-là ?
05:37Et est-ce qu'une dynamique de dissolution, est-ce qu'une dynamique de destitution
05:40vont changer l'état des forces ?
05:42Et finalement, alerter l'opinion, alerter les parlementaires sur cette question,
05:46c'est peut-être le seul intérêt constitutionnel, en tout cas,
05:49que je vois à cette manœuvre-là, c'est-à-dire d'essayer de faire comprendre
05:53qu'on est dans une situation où il va falloir bouger quelque chose,
05:56parce que sans ça, où est la solution ?
05:57Quelle solution, et qu'est-ce qui peut se passer derrière ?
06:00Dans l'hypothèse, aujourd'hui, la plus proie, mais restons prudents,
06:03parce que, vous l'avez dit, il n'y a que les votants.
06:04Il y a peut-être qu'ils ne vont pas être là, opportunément,
06:06il faudra quand même bien attendre ce qui va se passer le 8 septembre.
06:10Admettons que le gouvernement soit renversé, hypothèse la plus forte aujourd'hui.
06:14Est-ce qu'il peut y avoir une dissolution derrière ?
06:16Écoutez ce qu'en disait Gérald Darmanin ce matin chez nos confrères de France 2.
06:20La partie au président de la République, c'est son pouvoir propre de le faire.
06:24Évidemment, je pense qu'il vaut mieux pouvoir trouver un compromis
06:26avec les groupes politiques à l'Assemblée.
06:28La dissolution coûte cher, coûte cher à la France,
06:30mais il ne faut pas écarter cette hypothèse.
06:32Il ne faut pas écarter cette hypothèse dite un des ministres les plus puissants du gouvernement,
06:37qui est aussi peut-être un candidat pour 2027, Gérald Darmanin.
06:40Y a-t-il d'autres issues ?
06:42Qu'est-ce qui peut se passer derrière ?
06:43Et là, c'est la constitutionnaliste que je convoque de nouveau.
06:46Oui, alors dans les 108 articles de notre Constitution,
06:48il n'y a pas grand-chose en réalité qu'on peut convoquer de nouveau.
06:51Alors, le référendum, évidemment.
06:53L'article 16, je ne nous le souhaite pas.
06:55C'est la situation exceptionnelle où le président de la République
06:57rentre presque en dictature présidentielle.
07:00Les conditions sont strictes, donc elles ne sont pas réunies.
07:02Mais voilà, il n'y a rien d'autre en effet que la dissolution.
07:05Même si, j'avoue que la dissolution, si on l'apprend dans sa philosophie,
07:09c'est un moment de sentiment de retour aux urnes.
07:11C'est-à-dire, on sent que l'opinion a besoin de faire changer la majorité,
07:14que des choses ont évolué.
07:15Est-ce que vraiment l'étiage politique a changé aujourd'hui dans l'opinion ?
07:19Est-ce qu'on aura des législatives qui nous donneront une majorité absolue pour un bord ?
07:22C'est vraiment loin d'être acquis.
07:23Donc, la dissolution, ça peut être aussi la précipitation
07:26dans une majorité encore plus relative que celle-ci.
07:28Et je ne suis pas sûre que ce soit forcément la solution que souhaitent les parlementaires.
07:32Il faut bien comprendre que notre régime ne fonctionne pas sans un Premier ministre fort.
07:36Et c'est ça que nous perdons aujourd'hui.
07:38Est-ce qu'Emmanuel Macron peut renommer François Bayrou
07:41sitôt la défiance votée, si elle est votée ou pas ?
07:46Alors, le précédent auquel on pense quand on dit ça,
07:48c'est la petite pirouette du général de Gaulle en 1962.
07:50L'Assemblée nationale démet Georges Pompidou.
07:53Dans les 48 heures, le général de Gaulle renomme Georges Pompidou.
07:56Mais pourquoi c'est possible ?
07:57Parce qu'entre-temps, le général de Gaulle a dissous l'Assemblée nationale.
08:00Donc, s'il y a dissolution, oui, il pourrait y avoir fictivement
08:03un nouveau Premier ministre renommé.
08:05Mais n'oublions pas que Georges Pompidou était profondément majoritaire,
08:08qu'il a été nommé aussi parce qu'on était en période de transition constitutionnelle.
08:12Je ne crois absolument pas que ce soit une solution sur la table.
08:14Mais, il faut se poser quand même la question du nouveau Premier ministre.
08:18Un Premier ministre, c'est le chef d'une majorité.
08:20Il n'y a pas de majorité.
08:21Ça fait un an qu'on répète que vous répétez qu'il n'y a pas de majorité,
08:23que tout le monde sait qu'il n'y a pas de majorité.
08:25C'est ça la question qu'il va falloir se poser.
08:27On a eu un an et demi de gouvernance négative,
08:30où on a eu des budgets non votés, mais sans soutien, etc.
08:34Comment est-ce qu'on peut faire aujourd'hui pour travailler ensemble ?
08:36C'est vraiment les dernières questions qui se posent aujourd'hui.
08:39La dissolution, c'est l'hypothèse 1.
08:41L'hypothèse 2, elle a été avancée par Jean-Luc Mélenchon ce matin.
08:44Emmanuel Macron doit partir si François Bayrou n'obtient pas la confiance
08:47de l'Assemblée le 8 septembre.
08:51Alors, la démission, c'est un acte personnel qui ne peut être prévu,
08:53évidemment, par aucun texte.
08:55Et certainement pas par la Constitution, qui est le plus noble d'entre tous.
08:58Est-ce que le Président, par sa démission, apportera une solution sur la table ?
09:02Je n'en suis pas convaincue.
09:03Parce qu'encore une fois, un Président de la République
09:05avec une Assemblée aussi bloquée...
09:06J'avoue que j'ai été plus optimiste que dans cette rentrée 2025.
09:11Mais n'oublions pas quand même que ça signifie que
09:13chacun a proposé des contre-budgets.
09:15Le RN a proposé un contre-budget.
09:17Le PS a proposé un contre-budget.
09:18Est-ce que ces budgets-là sont majoritaires dans le pays ?
09:20C'est ça la question qu'il faut se poser.
09:22C'est quand même très loin d'être acquis,
09:24même avec une nouvelle présidentielle.
09:26Et j'ajoute en plus que la nouvelle présidentielle,
09:28elle se fera dans un mouchoir de poche.
09:29A chaque fois, ça ne nous a pas apporté de grandes solutions sous la 5e.
09:33En tout cas, la démission, si elle devait avoir lieu,
09:34elle appartient à Emmanuel Macron et à lui seul.
09:36Il n'y a pas d'outils institutionnels qui peuvent l'y forcer.
09:39Alors si la destitution...
09:40La destitution qui avait été agitée par Jean-Luc Mélenchon...
09:42On pensait que des députés insoumis avaient voulu destituer.
09:45En 2023.
09:46C'est ça ?
09:47En 2024, oui.
09:47En effet, l'été dernier.
09:49Pourquoi la destitution est possible ?
09:51C'est pour un manquement manifestement incompatible avec l'exercice du mandat.
09:55Quel serait le manquement qu'on pourrait avérer,
09:58et alors avec des majorités très élevées,
09:59trois cinquièmes de tous les membres du Congrès réunis ?
10:02J'ai peur que ce soit compliqué à trouver dans la situation actuelle.
10:04Je sais que vous dormez à votre constitution de la 5e République sous l'oreiller.
10:08Mais est-ce que tout ça n'est pas le signe qu'il faut changer les règles ?
10:11Qu'il faut changer de constitution, peut-être ?
10:13Encore une fois, la constitutionnaliste que je suis aime la 5e République,
10:17mais ce n'est pas pour autant qu'il faut l'enfermer dans du formol.
10:18Néanmoins, si on n'arrive pas à trouver une majorité pour voter le budget de la RATP,
10:23est-ce que c'est possible de changer la constitution,
10:25de voter une constituante, de réécrire tous les articles d'un pacte fondamental ?
10:30C'est ça qu'il faut se poser comme question.
10:31On n'a pas de majorité pour n'importe quelle loi,
10:33et on aurait une majorité demain pour créer une 6e République,
10:36mais sur quel fondement et en combien de temps ?
10:38Je rappelle quand même que les constituantes, en règle générale,
10:40c'est deux ans d'instabilité,
10:41puisqu'on fait travailler quelques députés sur la rédaction d'un nouveau texte.
10:46Est-ce qu'on veut vraiment cette instabilité ?
10:48On n'aurait même plus de Premier ministre, plus de budget,
10:50et cette fois-ci plus de Président et plus de Constitution.
10:51Ça ferait beaucoup.
10:52On n'est pas tiré d'affaires.
10:53Je suis d'accord.
10:54On peut y lire en attendant,
10:55cette Constitution qui nous protège,
10:57peut-être que ça jouera un peu comme un pansement sur vous,
10:59c'est un de vos livres,
11:01un de Jalène Bézina,
11:02publié chez Ixo Éditions,
11:03cette Constitution qui nous protège.
11:04Merci beaucoup.
11:05Merci à vous Thomas.
Recommandations
3:00:48
|
À suivre
2:03
4:09
3:58
2:11
11:46
5:35
3:00
2:54
3:14
8:02
1:45