00:00A 9h13, l'esprit de l'info avec notre grand témoin du lundi, Alain Duhamel, éditorialiste politique.
00:10Bonjour et bienvenue Alain.
00:11Bonjour.
00:11C'est donc là, tout à l'heure, dans un quart d'heure, que la Cour d'appel de Paris va statuer sur la demande de remise en liberté de Nicolas Sarkozy.
00:18Ça fait une vingtaine de jours que l'ancien chef de l'État est incarcéré à la prison de la santé.
00:24Je ne vais pas vous demander s'il doit sortir ou pas. Vous avez un avis là-dessus ou pas ?
00:27J'ai un avis, oui.
00:28Ça ne veut pas dire que j'ai raison, mais j'ai un avis qui est qu'il devrait sortir.
00:33Parce que les raisons pour lesquelles il est détenu en ce moment sont, disons, contestables.
00:39Il ne va pas se sauver, il ne va pas influencer d'autres témoins.
00:43Il ne va pas réitérer puisqu'il n'est pas...
00:44Non, évidemment. Donc la logique serait qu'il sorte.
00:48La logique serait qu'il sorte.
00:49On a l'impression que cette affaire Sarkozy s'est un peu devenue comme la composition de l'équipe de France de foot.
00:53Tout le monde doit avoir un avis. Faut-il, faut-il pas ?
00:57Comment vous expliquez qu'il y a eu une telle cristallisation autour de Nicolas Sarkozy depuis un mois presque maintenant ?
01:03D'abord, il y a toujours eu une cristallisation autour de Nicolas Sarkozy.
01:06Depuis qu'il est en politique, depuis que les Français le connaissent, les gens sont très pour ou très contre.
01:13C'est un atout dans la politique de cristalliser comme ça ?
01:15C'est un atout si on arrive à le piloter. C'est aussi un risque, bien entendu.
01:20C'est quelqu'un qui fait surréagir, soit positivement, soit négativement.
01:25Vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, il n'y a pas de tiède.
01:28Qui d'autre aujourd'hui est comme ça dans la classe politique ? Est-ce qu'il y en a d'autres ou est-ce que c'est un homme politique de l'ancien temps, en quelque sorte ?
01:34Non, alors c'est quand même une très forte personnalité. Je ne suis pas sûr qu'il y ait en ce moment une personnalité aussi contradictoire.
01:44Il n'a pas que des qualités, mais enfin, une personnalité énorme. Non, je ne crois pas qu'il y a d'équivalent en ce moment.
01:49Bon, on suivra en tout cas cette audience et on verra si l'ex-chef de l'État sort ou ne sort pas.
01:54Et s'il sort, si c'est aujourd'hui ou s'il devra encore patienter.
01:57Nous sommes dans une semaine particulière, une semaine qui nous reprend un peu aux tripes.
02:01Puisque c'était il y a dix ans, les attentats du 13 novembre, le Bataclan.
02:04Quelques mois avant, il y avait eu Charlie Hebdo évidemment, il y avait eu Clarissa Jean-Philippe, il y avait eu l'hypercachère.
02:10C'est un traumatisme qui reste prégnant, 132 morts, des centaines de blessés, sans compter les proches, les familles qui ont du mal à cicatriser.
02:19Qu'est-ce que vous faisiez ce soir-là ? Est-ce que vous en souvenez Alain ?
02:22Je me rappelle très bien, ce que je faisais n'avait rien de romanesque.
02:25J'étais en train de regarder A la Maison Blanche, la série.
02:29Et j'avais décroché pour être tranquille.
02:32Ce qui fait qu'en réalité, j'ai appris ce qui s'était passé au moins deux heures après.
02:37Qu'est-ce que vous vous êtes dit quand vous avez réalisé, quand vous avez pris la mesure, comme chacun d'entre nous ?
02:41Je me suis dit tout de suite, c'est à l'échelle européenne.
02:46Mais en Europe, la France sera forcément plus en flèche que d'autres.
02:51Parce que la France a la première communauté musulmane et la première communauté juive d'Europe.
02:56Et donc, franchement, j'ai été impressionné.
03:02J'ai eu des réactions un petit peu, si vous voulez, du genre de celles que j'avais eues.
03:05Ça va vous paraître antique comme référence, mais au moment de l'OAS.
03:09Je me suis dit, c'est quelque chose qui peut prendre de l'ampleur.
03:14Alors, il y a quand même quelque chose qu'il faut dire, parce que c'est un anniversaire terriblement triste.
03:21Et triste et impressionnant, mais il y a quelque chose qu'il faut dire, c'est que quand même,
03:25les réactions des pouvoirs publics, c'est-à-dire des pouvoirs publics,
03:28c'est depuis le pompier de la base jusqu'au président de la République, ont quand même été très honorables.
03:35Ça réunit le pays, ce qui arrive assez rarement aujourd'hui.
03:40Oui, bien sûr, ça arrive malheureusement très rarement.
03:43Mais oui, et comme souvent, quand il y a rassemblement français, c'est parce qu'on est dans un drame.
03:51Dans la vie normale, les Français sont divisés.
03:54Dans la vie dramatique, les Français se rassemblent.
03:56Céline Berton, la directrice générale de la Sécurité intérieure, la DGSI,
04:00était l'invité d'RTL matin, évidemment.
04:03On redoute de nouvelles actions terroristes, particulièrement cette semaine.
04:06Voici ce qu'elle en disait tout à l'heure sur RTL.
04:09Au moment où je vous parle, et nous sommes toujours très prudents quand nous évoquons ces faits,
04:12parce que ça peut changer de manière extrêmement rapide.
04:15Au moment où je vous parle, nous n'avons pas de menaces concrètes
04:18identifiées ou détectées pour cette semaine du 13 novembre.
04:22Pas de menaces concrètes au moment où nous nous parlons,
04:24mais n'empêche, ces attentats, ils ont changé notre vie
04:26parce qu'on a toujours cette question en tête maintenant.
04:28Est-ce que c'est dangereux ? Est-ce que j'y vais ? Est-ce que c'est risqué ?
04:31Ça a changé nos vies le 13 novembre ou pas ?
04:33Je pense que ça a beaucoup influencé le degré d'inquiétude des Français.
04:40Bon, les Français, ils ont comme tous les peuples,
04:42beaucoup de sujets d'inquiétude, à commencer par des sujets d'ordre matériel et financier,
04:46à propos de l'emploi, de la maladie, de l'état de santé, etc.
04:51Mais je pense que oui, il y a eu une dimension plus tragique collective.
04:56qui est ressortie, comme dans les périodes de grandes épreuves.
05:00Et est-ce que ça a changé le débat politique, les thématiques, les priorités ?
05:04Ça a redistribué les cartes en quelque sorte ou pas ?
05:07Je pense que ça les a caricaturées.
05:09Caricaturées ?
05:09Oui, c'est-à-dire que ça a participé, malheureusement, à mes yeux en tout cas,
05:14mais ça a participé à des positions très tranchées
05:19et pas toujours réalistes de part et d'autre.
05:22Ça a alimenté une forme de populisme, vous diriez ça ?
05:24Oui, absolument. Et je dirais même que ça a alimenté des populismes conflictuels.
05:29Oui, c'est-à-dire ?
05:30C'est-à-dire des populismes de gauche, très de gauche, et des populismes très de droite.
05:34Autrement dit, ça a creusé le fossé entre les Français après une première phase.
05:40Il y a eu une première phase au moment des attentats,
05:42qui était une phase, je ne sais pas s'il faut dire de fraternité,
05:45mais en tout cas de solidarité, sûrement.
05:48Et dans une deuxième phase, on a vu que très à gauche et très à droite,
05:55le fossé était encore plus profond qu'avant,
05:58et malheureusement, il n'a cessé de se creuser depuis.
06:00Et ça, c'est une victoire du terrorisme, en quelque sorte.
06:03C'est un effet du 13 novembre.
06:04Bien sûr, bien sûr, les attentats atteignent leur objectif
06:13quand ils font des horreurs, comme il y a dix ans.
06:18Mais ils atteignent aussi leur objectif quand ils creusent des clivages
06:22de plus en plus antagonistes et violents, en tout cas en parole,
06:27à l'intérieur d'un peuple.
06:29Et en l'occurrence, c'est ce qui s'est passé.
06:32Des clivages, il n'en manque pas en ce moment à l'Assemblée
06:34où on discute du budget, le budget de la Sécurité sociale.
06:37Mercredi sera la question des retraites qui sera abordée.
06:40Cela dit, Sébastien Lecornu, si on prend les choses étape par étape
06:43ou et par et, a réussi à franchir la première et celle des recettes
06:48du budget de la Sécu, ça a été voté ce week-end.
06:50C'est un succès pour Lecornu ou c'est un peu trop tôt pour le dire ?
06:53Alors, on ne va pas dire qu'il a gagné.
06:56Non.
06:56Mais en revanche, c'est une bonne image ce que vous employez.
07:02C'est un coureur de 110 mètres haies, Sébastien Lecornu.
07:07Et il a passé la première haie et c'était la plus improbable.
07:12D'accord.
07:13Et il l'a passé.
07:14Je pense que mercredi, je serais très étonné qu'il ne passe pas la deuxième haie.
07:19Et s'il y a une logique qui, à ce moment-là, se crée,
07:22en particulier avec la suspension des retraites...
07:25Oui.
07:26Qui sera donc débattue et votée mercredi.
07:27Mercredi, justement.
07:28Et à ce moment-là, je ne dis pas qu'il a gagné, mais je dis qu'il a une chance de poursuivre
07:36parce que les parlementaires tiendront, dans leur majorité évidemment,
07:41mais tiendront à ce que la suspension de la réforme des retraites soit mise en œuvre.
07:47Donc, pour ça, il faut le budget.
07:48Et puis surtout, j'espère qu'il y a un pourcentage croissant de parlementaires
07:53qui ont bien en tête que la France a besoin d'un budget.
07:57Oui.
07:57Ça, on a l'impression que ça commence à infuser.
07:59Les socialistes, vous les trouvez à la hauteur de leurs responsabilités ou pas ?
08:02Ils sont très critiqués sur leur gauche, les socialistes.
08:04Alors, les socialistes, à la fois, ils manifestent un esprit de responsabilité, incontestablement,
08:11mais je ne dis pas ça pour les déprécier, mais c'est eux qui enregistrent le gain politique.
08:20C'est-à-dire que ce qui se fait, ils pourront dire dans les élections à venir,
08:24ça, c'est nous qui l'avons arraché, ce n'est pas quelqu'un d'autre.
08:27C'est ça qui a embêté les filles ?
08:28C'est pour ça que...
08:29Évidemment que ça compte.
08:31Et ça a embêté les filles, ça a embêté le Rassemblement National,
08:34ça a embêté tout le monde sauf les socialistes.
08:36Marine Le Pen, elle en est où dans tout ça ?
08:37Elle sera avec nous après-demain sur RTL en direct à 7h40.
08:40Qu'est-ce qu'elle joue ? Qu'est-ce qu'elle gagne ? Qu'est-ce qu'elle perd dans l'affaire en ce moment ?
08:44Alors, s'agissant du budget, on sait qu'elle, elle voudrait qu'il y ait dissolution.
08:50Elle, elle veut que ça saute le plus vite.
08:51Oui, oui, voilà, exactement.
08:52Bon, pour le reste, pour elle, tout est suspendu aux décisions judiciaires.
08:56C'est-à-dire, elle est dans cette situation paradoxale, j'allais dire presque romanesque,
09:02où elle n'a jamais été aussi près du pouvoir et aussi loin du pouvoir.
09:06Elle est près du pouvoir parce qu'elle a une popularité, des intentions de vote, etc., exceptionnelle.
09:14Elle est loin du pouvoir parce que la décision judiciaire qui la menace,
09:20et qui est quand même assez probable, est une décision qui l'exclut.
09:24Donc, c'est vraiment une situation paradoxale, pratiquement unique.
09:28Jamais aussi forte, jamais aussi vulnérable.
09:30Sachant que le procès en appel est prévu pour ce printemps.
09:33C'est ça.
09:33Après les municipalités.
09:34À partir de...
09:34Oui, oui, c'est ça.
09:35Après ou avant ?
09:35Non, non, non, ça commence en janvier.
09:37Ça commence en janvier.
09:38Absolument, ça commence en janvier.
09:39C'est après pour la décision.
09:41Pour la décision, c'est ça.
09:43Et d'ailleurs, elle n'était pas contente que ça soit...
09:44Absolument.
09:45De toute façon, elle n'est jamais contente.
09:47Merci beaucoup à vous.
09:49Alain Duhamel, on vous retrouvera évidemment...
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