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Regardez L'esprit de l'info avec Thomas Sotto du 07 novembre 2025.

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00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03L'esprit de l'info jusqu'à 9h30 et ce matin notre grand témoin c'est vous François-Xavier Ménage,
00:07journaliste et grand reporter sur TF1. Bonjour François-Xavier.
00:09Bonjour.
00:09Vous venez de publier chez Robert Laffont les oubliés enquêtes aux racines de la colère française.
00:13C'est absolument passionnant, je l'ai lu de la première à la dernière ligne.
00:17Et c'est vrai que les français sont très remontés contre la classe politique.
00:19Écoutez quelques-uns des auditeurs d'RTL.
00:22Je suis scandalisé par le comportement de la classe politique,
00:25trop incapable de représenter ce que pensent les français.
00:28Moi je crois que ce sont tous des irresponsables.
00:31Ils ne pensent qu'à leur petite carrière, mais pas du tout au bien-être des français.
00:36La situation politique me désespère et me révolte.
00:41Nos hommes politiques ne pensent qu'à leurs petits égaux,
00:44à leur propre carrière politique, sans penser à la France.
00:49Je les trouve presque trop sévères ces français.
00:52C'est le sentiment que vous avez aussi, notamment face aux politiques aujourd'hui ou pas François-Xavier Ménage ?
00:55C'est peut-être plus emmerdant encore, moi ils ne m'en parlent pas de la politique.
00:58C'est-à-dire que j'ai suivi des centaines de français, dans leur quotidien pendant 4 ans.
01:02A chaque fois qu'on parle politique, c'est parce que c'est moi qui prononce le mot.
01:06Donc quand on dit que c'est dans la pièce d'à côté et que la porte est fermée...
01:08Sortie des radars !
01:09Pour beaucoup, je ne veux pas caricaturer.
01:11Et puis je vais vous donner un autre exemple.
01:12Il faut être concret, quand on est reporter,
01:13ce n'est pas pour faire le politologue, sinon vous ne m'auriez pas invité.
01:16Au moment où, à l'Assemblée, on était en train de voter la motion de censure.
01:19Moi j'étais à Brissure-Marne, avec des militants en train de tracter.
01:23Il y avait le visage...
01:24La motion de censure, celle d'avant ?
01:24Parce que celle qui a fait tomber...
01:26Celle qui n'a pas fait tomber le gouvernement.
01:28C'est difficile, l'année de fixisation.
01:30Et donc, il y avait des jeunes LR qui étaient en train de tracter,
01:34avec le visage de Retailleau sur les tracts.
01:36Et les jeunes qui recevaient ces tracts disaient, c'est qui ?
01:39C'est M. Retailleau, l'ancien ministre de l'Intérieur.
01:41Mais il a été en poste 3 jours ? C'est qui ? Je ne vois pas.
01:42Non, non, il a été en poste 1 an.
01:43Et c'est la phrase d'après qui est importante.
01:45C'est que l'un des jeunes disait, je ne sais même plus qui sont les gentils et les méchants.
01:49Ça veut dire qu'il y a vraiment la mer entre la vie politique et les vrais Français ?
01:54Entre parfois la vie médiatique et les vrais...
01:55Parce que nous on en parle beaucoup de politique.
01:57Ça leur passe complètement au-dessus de la tête ?
01:58Je pense que...
01:59Alors, ce serait trop facile de dire que ça ne les intéresse pas.
02:02Ce serait trop facile de dire que cette situation, tout le monde peut la comprendre.
02:06Je parlais de netflixisation, mais en fait c'est génial la netflixisation.
02:09C'est des jolis mots, en fait, quand on est sur la table, là, ici, en train de parler.
02:12Mais en vrai de vrai, vous en connaissez beaucoup d'abord, qui ont netflix,
02:15qui sont abonnés à l'info politique et qui regardent tous les épisodes.
02:19Donc ils ont le droit d'être paumés.
02:20Moi, je suis paumé.
02:21Et ce que je croise, croit quand même en la politique.
02:24Bien sûr, quand ils tirent des ficelles.
02:26Mais surtout, ce qui est fou, c'est que c'est sur le terrain qu'ils se disent que ça peut se faire.
02:29Il y a des choses magiques qui se passent dont je raconte dans le livre.
02:33Vous allez nous le dire, mais qui sont ces oubliés de la France de 2025 ?
02:36Ils sont localisés quelque part ?
02:39Ce sont des catégories sociales particulières ?
02:41Ce sont des métiers particuliers, des situations familiales particulières ?
02:44C'est qui, aujourd'hui, l'oublier ?
02:46Ça peut être tout le monde.
02:47D'abord, on est toujours oublié par rapport à quelqu'un.
02:49Et une fois de plus, je ne vais pas vous dire la France archipélisée,
02:52pas archipélisée, fracturée, pas fracturée.
02:54Parce qu'en fait, ce n'est pas possible.
02:55On ne peut pas définir.
02:56C'est l'infirmière qui travaille bénévolement pour soigner des patients
02:59qui n'ont plus de médecins, donc plus d'ordonnances.
03:01C'est le pompier qui fait à 85% un boulot social
03:04et donc qui n'éteint pas les incendies.
03:06Ce n'est pas comme ça que bosse aujourd'hui un pompier.
03:07C'est des élus locaux, avec ou sans étiquette, qui retapent des écoles primaires
03:12pour que, tout début septembre, quand les gosses rentrent dans la classe,
03:15on se dise « Ouah, c'est beau ! »
03:16C'est le premier parti de France qui est le parti de la débrouillardise,
03:21dont on parle assez peu ou parfois avec mépris.
03:23Et c'est pour ça que le sous-titre s'est écrit « Aux racines de la colère française ».
03:27Oui, exactement.
03:28Ils sont en colère contre qui ? Contre quoi ?
03:29Pas que contre les politiques, il y a autre chose, j'imagine, non ?
03:32Contre, alors évidemment, il y a une notion de pouvoir d'achat,
03:34on ne va pas laisser sous le tapis.
03:35En revanche, ce qui est certain, c'est qu'il y a cette notion de mépris.
03:38Mais cette colère-là, elle ne fait pas de bruit, elle ne tâche pas les murs,
03:41vous ne la voyez pas sur les réseaux sociaux,
03:43on a un dégueulis permanent qui nous tombe sur la gueule.
03:46C'est une colère qui est beaucoup plus diffuse,
03:48qu'on n'arrive pas à mettre dans une case,
03:50et je pense qu'il faut le raconter.
03:51Et ça, pour le coup, c'est la religion de notre métier, c'est le terrain.
03:55Les nuances, elles arrivent quand on passe des semaines et des semaines
03:57avec ceux qui font société, mais qui considèrent qu'on les oublie.
04:01Vous parlez aussi des profs qui organisent des cagnottes
04:03pour que certains élèves dans Seine-Saint-Denis
04:05puissent avoir des logements Airbnb
04:07au lieu de dormir dans leur voiture avec leur maman.
04:09C'est vrai, ça ?
04:10Alors, c'est d'autant plus vrai que ces professeurs-là
04:13que moi, j'ai suivis sur le terrain,
04:15d'abord, font pas de bruit pour ça.
04:16Le font dans des lycées où, littéralement,
04:18on a parfois le plafond qui tombe,
04:20et quand il pleut, il pleut dans les classes.
04:21Ils ont alerté, d'ailleurs, sur les réseaux sociaux,
04:23on leur a dit, fermez vos gueules,
04:24parce que sinon, ça ne va pas être bon
04:25pour la publicité de l'établissement, ce qu'on peut entendre.
04:27Et ces profs s'organisent,
04:29mais ils nous disent autre chose aussi, ces profs.
04:30Et moi, j'ai consulté des documents qui sont saisissants.
04:34L'État ne dépense pas la même somme
04:36d'un élève à l'autre.
04:37Au niveau national, grosso modo,
04:398600 euros dépensés par l'État
04:41pour chaque élève.
04:42C'est la moyenne.
04:43Primaire et secondaire.
04:44En Seine-Saint-Denis, c'est 6800 euros.
04:48Alors, forcément,
04:49et je reprends les mots d'une prof,
04:51ça abîme le rapport à la République.
04:53C'est là où on a le plus besoin de moyens,
04:54qu'on en met le moins.
04:55Qu'on en met le moins,
04:56et par ailleurs, un prof sur deux
04:57qui n'est pas remplacé quand on est en Seine-Saint-Denis.
04:58Donc, les dégâts sont considérables.
05:00L'État ne peut pas dire qu'il ne sait pas.
05:01Le problème aussi,
05:02c'est que quand ils sont alertés,
05:03les ministres,
05:04trois semaines après, ils ne sont plus là.
05:05Vous sentez leur porte-parole,
05:06aujourd'hui, de ces Français,
05:07en vous sentant très remontés ?
05:08Sûrement pas.
05:09Je ne suis que reporter,
05:11et je ne serai pas autre chose.
05:12Donc, sûrement pas de conséquences,
05:14si je puis dire,
05:15autres que le fait de rapporter.
05:16Et quand certains me disent
05:17« Mais t'es vraiment con
05:18d'être allé voir les oubliés,
05:19parce que ça ne vant pas
05:20de faire un bouquin sur les oubliés. »
05:22Et vraiment, je vous le dis,
05:23parce que j'ai le ventre qui brûle,
05:24le métier des journalistes,
05:25c'est d'aller voir ceux qui n'ont pas la parole
05:27et qui ne lèvent pas le doigt.
05:29Et quiconque considère que c'est,
05:31d'une certaine manière,
05:32un sentiment politique
05:32que de faire ça se plante,
05:34le reporter,
05:35il doit aller là
05:35où il n'est pas attendu.
05:37Vous entendez aussi,
05:37parmi les commentaires sur votre livre,
05:38ceux qui disent « Ménage, il est sympa,
05:40mais il a fait un bouquin un peu populiste. »
05:41Qu'est-ce que vous leur répondez ?
05:42Alors, déjà, le populisme,
05:44parce que, forcément,
05:45on me pose la question
05:45depuis plusieurs jours.
05:46Moi, je suis allé voir dans le Robert,
05:47le populisme,
05:48c'est un discours politique,
05:50donc pas journalistique,
05:51qui consiste, effectivement,
05:53à dire que le système est pourri
05:54tout en s'adressant
05:55aux classes populaires.
05:56Je caricature,
05:57mais c'est grosso modo
05:57la définition du Robert.
05:59C'est le contraire.
06:01C'est-à-dire que,
06:01moi, je vais regarder,
06:03je ne prends pas parti,
06:04et pour prendre l'exemple
06:05seulement de l'immigration,
06:06pour expliquer ma méthode,
06:07je vais passer des semaines
06:08avec les migrants
06:09à Calais
06:10ou à la frontière italienne,
06:12je passe du temps aussi
06:13avec les associations,
06:14avec les policiers,
06:15et je termine avec les riverains,
06:17et je pense qu'on est
06:18un tout petit peu moins cons,
06:19pardonnez-moi l'expression,
06:21quand on regarde
06:21à 360 degrés.
06:23Et je termine sur un mot
06:24qui, moi,
06:24me semble fondamental,
06:26qui, aujourd'hui,
06:27définit la France ?
06:28Qui ?
06:28Eh bien, justement,
06:29si ce ne sont que ceux
06:30qui ne la rencontrent pas,
06:32on a un petit problème.
06:33Et donc,
06:34on fait notre boulot,
06:35je ne suis pas seul,
06:36je n'ai pas découvert
06:36le journalisme,
06:37mais c'est tellement important
06:38de raconter toutes les nuances
06:39de notre beau pays
06:40et de notre beau métier aussi, d'ailleurs.
06:42La couverture de votre bouquin,
06:43elle est sur un fond jaune,
06:44et on se demande, du coup,
06:46est-ce que ces oubliés,
06:47c'est ceux qu'on appelait jadis
06:48les gilets jaunes ?
06:49Raté, raté, raté.
06:51Le jaune, c'est quoi, en fait ?
06:52Si vous regardez bien,
06:53la couverture,
06:54il y a un petit déplié.
06:55En fait, c'est un post-it.
06:57Et le post-it,
06:57on écrit toujours
06:58ce qui est important,
07:00et après, on le laisse
07:00sur le réfrigérateur
07:02ou sur la table
07:02et on oublie
07:03ce qui est écrit dessus.
07:04Donc, c'est la définition première.
07:06Les personnes que vous avez rencontrées,
07:07ce sont les héritiers
07:08des gilets jaunes ?
07:08Ce sont les mêmes ou pas du tout ?
07:09Non.
07:10Les mêmes colères qui s'expriment,
07:11les mêmes revendications ?
07:12Plusieurs centaines
07:13de Français suivis
07:14sur le quotidien
07:14pendant quatre ans.
07:15Un seul m'a dit
07:16qu'il fallait recommencer
07:16le mouvement des gilets jaunes.
07:18Je pense que pour beaucoup,
07:19même si je ne suis pas devin,
07:20il n'y a plus de perspective
07:21aujourd'hui.
07:22Donc, c'est difficile
07:23de s'inscrire dans la contestation
07:24dès l'instant où il n'y a pas
07:25de perspective immédiate,
07:26politique,
07:26voire parfois d'interlocuteur.
07:28Si vous deviez donner
07:29un conseil, un seul,
07:30à toutes celles
07:31et à tous ceux
07:32qui rêvent de l'Elysée
07:33aujourd'hui,
07:34qui ne pensent qu'à ça,
07:34vous leur diriez quoi ?
07:35Le message que vous leur
07:36feriez passer ?
07:36Déjà, je pense qu'il faut
07:37être tout à fait honnête.
07:38Ce n'est pas évident
07:39aujourd'hui de faire de la politique
07:40au niveau local
07:40et encore moins au niveau national.
07:42Soyons tout à fait honnêtes.
07:42On a vu cette députée LR,
07:43Christelle Pétex,
07:44qui a démissionné hier
07:45et disons,
07:46je n'y crois plus.
07:46Oui.
07:47Écoutez, je pense que malheureusement,
07:48aujourd'hui, on note
07:50le taux de démission des élus.
07:52Ce qui est quand même
07:52assez fascinant
07:53depuis plusieurs années.
07:54Qu'est-ce que je leur donnerais
07:54comme conseil
07:55de toujours se rappeler
07:57pourquoi on fait ça
07:57et pourquoi on le fait
07:58pour le terrain ?
07:59Moi, je dois être tout à fait honnête.
08:00Je ne devrais pas vous dire ça.
08:01J'ai eu des messages de ministre
08:02qui me disent
08:02vous pourriez venir me voir
08:03pour me raconter
08:03ce qu'il y a dans votre livre.
08:05Lesquels ?
08:05Je ne le dirai pas.
08:06J'ai envoyé le bouquin
08:07et pour le reste...
08:08Vous pouvez le dire
08:08parce qu'il changement.
08:09Ce ne sera peut-être pas
08:09les mêmes aujourd'hui.
08:10Donnez la fonction.
08:11Non, mais c'est assez saisissant.
08:12Je ne vais pas faire le procès
08:13parce que je suis ministre,
08:14je ne connais pas le terrain.
08:15Mais en revanche,
08:15d'y aller de temps en temps
08:16juste pour comprendre le thermomètre
08:17et entendre des voix
08:18qu'on n'entend pas,
08:19voilà, c'est pas mal.
08:20Le thermomètre,
08:22on en a une image
08:25très précise dans ce livre
08:26Les oubliés,
08:27enquête aux racines
08:27de la colère française
08:28signée François-Xavier Ménage
08:29qu'on retrouve aussi
08:30dans les JTTF très régulièrement.
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